Thread by @DebunkerHED

#Science #Ethique et #Politique A #Thread ⤵️ L'époque est assez étrange, et dans ce qu'elle a produit de pire, en particulier en temps de pandémie, on y retrouve sa perception des sciences.

2 Il est souvent commode d'invoquer la science© pour s'opposer à l'obscurantisme, ou tout du moins, un discours de déni.
Là où les choses se compliquent, pour quelqu'un qui n'a pas de bagage scientifique, après une année à avoir été exposé à des discours scientifiques

3 disant tout et son contraire, c'est d'arriver à faire le tri.
Et que répondre à quelqu'un qui affirme "je ne veux pas m'injecter de produits chimiques dans le corps" ? Que la fraise est un concentré de chimie ? Que la nature est un concept ?

4 Agiter jusqu'à l’écœurement le canular du monoxyde de dihydrogène ?
Aux yeux du profane, "science" est un gage de sagesse et de certitudes. C'est pourtant une vaste famille qui ne repose justement pas sur des certitudes.

5 Considérons donc qu'il y a "des sciences".
La biologie, les mathématiques fondamentales, l'Histoire et la physique nucléaire sont autant de disciplines si spécialisées qu'il est difficile de demander à un physicien nucléaire de parler de sociologie, ou à un biologiste

6 de parler de physique nucléaire. Non pas que chacun ne puisse pas avoir un avis, mais les champs d'étude sont si variés que l'avis de l'un sur le champ d'étude d'un autre ne vaut pas tripette.
Prenons deux biologistes, l'un dont le champ d'étude est la capacité d'adaptation

7 des phasmes, et l'autre qui étudie l'impact des produits sanitaires sur la peau humaine, qu'on-t-ils en commun? Est-ce que si l'un est doctorant, et l'autre chercheur avec un diplôme inférieur, est-ce que le doctorant peut donner son avis sur les études de l'autre?

8 Ce que tous ont en commun, c'est une culture. Et à défaut de pouvoir être pointu sur tous les sujets, ce que personne ne peut être, il importe d'avoir une culture scientifique, soit un corpus de connaissances basiques (qui fait partie de l'enseignement général), et une approche

9 générale permettant de faire usage de ces connaissances : les méthodes, etc...
Cette culture scientifique est accessible à tous, ou tout du moins, elle permet de structurer une approche du savoir, des événements de la vie, etc...

10 Du coup, les sciences si très variées, tout comme leurs usages. A ce titre, il est judicieux de ne pas confondre sciences et technologie, si le second ne peut existe que grâce aux premiers, il n'en est qu'une utilisation concrète. Par exemple, des chercheurs ont permis

11 de créer la technologie arnm en allant de découvertes en découvertes (40 ans quand même), l'industrie fabrique le vaccin, les praticiens
l'injectent. Les sciences ont été invoquées à chaque étape du processus, pourtant le PDG de Pfizer n'est pas un scientifique

12 (enfin, si un peu, il est véto à la base), et le médecin qui vous interroge avant de vacciner est incapable de produire lui même un vaccin, ni de développer une nouvelle technologie.
Revenons en au merdier médiatico-scientifique depuis un an :

13 Comment trier le bon grain de l'ivraie ? Et parlons un peu de nous.
Je n'ai même pas, à priori, la culture scientifique délivrée au lycée (enfin si, mais non, n'insistez pas, je vous en prie). Ce n'est pas parce que j'ai eu un intérêt tardif pour ce corpus que j'ai pour

14 autant une maîtrise suffisante.
C'est à ce moment précis que la question éthique s'impose.
Quand, sur un plateau TV, les chaînes invitent le professeur Raoult, qui a toute la légitimité pour parler, j'ai tendance à y prêter l'oreille en premier lieu. Dans un second temps,

15 d'autres chercheurs publient une mise en garde sur le personnage, son éthique, et la qualité de ses recherches. Puis, la star de la recherche brille par son manque de respect de la méthodologie, et enfin il se positionne politiquement.

16 Quels sont les enseignements de cette séquence ?
Je peux considérer qu'un salaud peut être un génie, mais là n'est pas la question.
Il s'est avéré que la personnalité de Raoult, sa culture politique ont eu une influence sur son discours scientifique publique.

17 Sa position "antisystème" l'a poussé à avoir une position éthiquement discutable (voir condamnable, soyons fous), le mettant même en porte-à-faux avec l'ordre des médecins.
Si je n'attends pas qu'il soit une oie blanche, parangon de vertu, sa méthodologie douteuse

18 et la cohérence avec son positionnement politique (au sens de la chose publique) l'a rendu invalide à mes yeux.
Voilà donc un exemple qui explique l'importance de l'éthique dans l'approche des sciences du profane. Parce que peu importe que le profane ne bite rien

19 à un discours technique, c'est même normal. Il est pourtant nécessaire de comprendre qui parle, quelle est sa position. L'éthique c'est aussi comprendre que sa science est le produit d'une société, et qu'elle peut être dans l'erreur, dans le déni,

20 et qu'il est très important de remettre constamment en question sa position de scientifique.