[ PEGASUS ] Les téléphones portables de nos journalistes @LenaBred et @edwyplenel ont été infectés par le logiciel espion #Pegasus, actionné par des services secrets marocains.
Nous déposons plainte auprès du procureur de la République de Paris.
Au total, plus de 80 journalistes ont épluché pendant plusieurs mois une fuite de données massive permettant d’identifier les cibles potentielles de cette surveillance : 50.000 numéros de téléphone, répartis dans cinquante pays et sélectionnés par les clients de #NSO.
Pour rappel aussi, il ne s’agit pas d’une « simple » écoute téléphonique ou d’un « classique » piratage d’une messagerie, mais d’un véritable changement de paradigme dans la collecte (légale ou illégale) de données.
Comme nous l'expliquons ici, nul besoin d’accéder à un lien corrompu, aucune manipulation de l’utilisateur ciblé n’est nécessaire: le logiciel prend seul le contrôle d’un appareil et peut avoir accès à l’intégralité du contenu d’un téléphone en temps réel. mediapart.fr/journal/intern…
Il peut même permettre d’activer à distance – et de manière totalement invisible – le microphone et la caméra de l’appareil infecté.
NSO a par exemple, fabriqué de faux « messages d’initiation d’appel » Whatsapp pour injecter le code, même si la personne ne prend pas l’appel.
Huit ans après les révélations d’Edward @Snowden sur les agissements de la NSA aux États-Unis, c'est un nouveau scandale mondial sur la surveillance qui est mis au jour.
On l'a compris, les victimes de cette surveillance massive n’ont rien à voir avec des suspects dans des affaires criminelles ou terroristes – ce qu’assure NSO dans sa communication officielle.
Ce sont, pour l’essentiel, des membres de la société civile : des journalistes (dont Mediapart), des opposants de tel ou tel régime ou des activistes. Et, parfois, des diplomates, des magistrats, des avocats, voire des hommes et femmes politiques de premier rang.
Au total, 11 pays clients de NSO et utilisateurs du logiciel #Pegasus ont été identifiés par l’enquête : le Maroc, l’Inde, le Mexique, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Rwanda, l’Arabie saoudite, le Togo, les Émirats arabes unis, le Bahreïn et la Hongrie (seul pays européen).
Les conséquences de cet espionnage numérique mené par des régimes autoritaires ont pu être dramatiques : des journalistes et des militants ont été réduits au silence, pourchassés, harcelés, censurés, arrêtés, emprisonnés et, parfois, tués.
De son côté, le Maroc de Mohammed VI déploie des moyens colossaux pour bâillonner les dernières voix libres et, plus largement, toute la société civile. Il est à lui seul soupçonné d’avoir ciblé 10.000 numéros de téléphone ces deux dernières années. mediapart.fr/journal/intern…
Plusieurs journalistes marocains ou défenseurs des droits humains tels Omar Radi (@LeDesk_ma), Soulaimane Raissouni (Akhbar Al Youm), Taoufik Bouachrine, Maati Monjib, Hicham Mansouri, ont été surveillés, et font l’objet de cabales effroyables.
La nouvelle arme répressive inventée par le royaume contre les activistes et les journalistes qui le dérangent : utiliser le contexte international de prise de conscience des violences sexistes et sexuelles #MeToo comme un cheval de Troie pour les réprimer et les discréditer.
À Mediapart, ce sont les numéros des téléphones portables de nos journalistes Lénaïg Bredoux et d’Edwy Plenel que les services secrets du #Maroc ont ciblés.
Pendant plusieurs mois, en 2019 et 2020, l’appareil répressif du royaume chérifien a violé l’intimité privée de nos deux journalistes, porté atteinte au métier d’informer et à la #LibertéDeLaPresse, volé et exploité des données personnelles et professionnelles.
Des vérifications techniques approfondies, réalisées avec leur accord sur leurs téléphones par le Security Lab d’@amnesty International, ont permis d’établir avec précision les dates de cette surveillance.
Notamment : du 21 au 23 juin 2019, le directeur de Mediapart s’était rendu au #Maroc pour intervenir à un forum des droits de l’homme, organisé à Essaouira pendant le Festival Gnaoua Musiques du monde (Mediapart en parlait dès 2010)
Edwy Plenel prit soin d’affirmer publiquement sa solidarité avec le mouvement populaire du Rif, ce #Hirak marocain dont des manifestants avaient été lourdement condamnés quelques mois plus tôt. ledesk.ma/2019/06/24/ess…
Le 5 juillet 2019, soit peu de temps après son retour en France, les services marocains décidaient d’infecter son téléphone portable avec le logiciel espion #Pegasus, en même temps qu’ils reprenaient et intensifiaient la surveillance de celui de Lénaïg Bredoux.
Depuis qu’elle a révélé en 2016 ce qui deviendra l’affaire Baupin, Lénaïg Bredoux est connue pour avoir été pionnière dans les médias s’agissant des enquêtes sur les agressions et harcèlements sexuels. nybooks.com/daily/2019/03/…
Quand commence l’espionnage de son téléphone, le 23 février 2019, le procès intenté à Mediapart par Denis Baupin vient juste de se terminer.
Tout porte à croire que l’espionnage de Mediapart a fait partie de l’offensive destinée à faire taire les journalistes indépendants au Maroc, en cherchant à savoir comment nous enquêtions dans ce domaine afin de nourrir les scénarios imaginés ensuite par l’appareil répressif.
Mais rien ne permet d’exclure qu’il ait aussi servi à d’autres fins, par l’exploitation des données volées et leur partage avec d’autres services de renseignement.
La seule façon d’en avoir le cœur net, c’est que la justice en soit saisie afin de mener une enquête indépendante sur cet espionnage d’ampleur organisé en France par le Maroc.
C’est pourquoi Mediapart a demandé à son avocat, Me Emmanuel Tordjman, du cabinet Seattle, de déposer plainte dès ce lundi 19 juillet auprès du procureur de la République de Paris, au nom de notre journal, de Lénaïg Bredoux et d’Edwy Plenel. mediapart.fr/journal/intern…
Au-delà des suites judiciaires, cette atteinte aux libertés fondamentales, menée par une puissance étrangère à l’encontre d’un journal indépendant, exige une ferme réaction des autorités françaises qui aille au-delà d’une condamnation de principe.
Nous l’attendons.
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Ces révélations mettent au jour le logiciel espion #Pegasus, commercialisé par la firme israélienne NSO auprès d’États ou encore de cartels de la drogue. Les téléphones de journalistes, militants politiques… ont notamment été ciblés 👉 mediapart.fr/journal/intern…
Les services secrets du #Maroc en font un usage important contre les opposants au régime mais aussi particulièrement contre les journalistes, souvent victimes d’accusations de violences sexuelles pour discréditer leur travail à l’ère #MeToo. mediapart.fr/journal/intern…
[ 🇺🇸 #Election2020 🗳 J-11 ] C'est vendredi, on revient sur la semaine écoulée, à onze jours de l'élection présidentielle américaine. Déroulez ! 👇
L’ancien président @BarackObama a mis tout son poids dans la campagne mercredi à Philadelphie, terre natale de #JoeBiden. L’occasion de tailler en pièces le bilan de son successeur, de manière inédite, et d’appeler à voter pour son ancien vice-président.
#EarlyVoting 🇺🇸 Le vote a déjà commencé en Géorgie, profitant du système de vote anticipé. Dans cet État du sud-est, berceau du mouvement des droits civiques, beaucoup espèrent tourner la page #Trump.
[INFO MEDIAPART] Scandale judiciaire au sommet de l’Etat. L’enquête du @pr_financier qui menaçait Alexis Kohler, bras droit d'@EmmanuelMacron, a été classée sans suite après une intervention du président de la République, au mépris de la séparation des pouvoirs ⤵️
Cette intervention s’est faite au lendemain d'un premier rapport de police, le 7 juin 2019, accablant pour Alexis Kohler. Ce rapport pointait ses mensonges et manquements dans ses relations avec le groupe MSC, avec lequel il a des liens familiaux 👉 bit.ly/3hU6f5w
Mais un 2nd rapport est venu miraculeusement corriger le tir, le 18 juillet. Ce document a réduit le premier rapport d’une bonne dizaine de pages. Surprise : tous les faits dérangeants contre Alexis Kohler ont été supprimés 👉 bit.ly/3fU11Fo
Notre journaliste Pascale Pascariello, qui avait permis de démontrer les mensonges du président de la République dans une affaire de #ViolencesPolicières, a été entendue comme suspecte, mardi 26 mai, par l’IGPN. bit.ly/3gnFeH5
L’audition comme suspecte de @p_pascariello est d’autant plus inquiétante qu’elle s’inscrit dans une succession de tentatives judiciaires d’entraver le travail de la presse depuis dix-huit mois ⤵️
➡️ Février 2019 : deux magistrats du parquet de Paris, accompagnés de policiers de la #Brigadecriminelle, ont tenté de perquisitionner notre rédaction dans l’affaire #Benalla