Thread by @RSouveraine

Bonjour à toutes et tous, nous revoici pour un ultime #VendrediLecture avant une pause estivale durant le mois d’août. Afin de marquer le coup, nous vous recommandons un monument de la création artistique française : A la recherche du temps perdu, de Marcel Proust. (1/21)

Oui, l’ouvrage est assez long. Oui, il est ardu, dense, et ne se lit pas comme un roman de gare. Dès lors, l’œuvre peut en effrayer ou en décourager plus d’un. Néanmoins, nous allons vous expliquer pourquoi vous devriez profiter du mois d’août pour vous y mettre. (2/21)

Marcel Proust, c’est une langue. Une technicité syntaxique inouïe qui lui permet d’écrire des phrases aussi longues à suivre qu’un projet de réforme de l’Union européenne. C’est également un vocabulaire incroyablement diversifié, qui enrichira le vôtre comme aucune (3/21)

autre lecture. Une conjugaison peu commune avec l’emploi fréquent de l’imparfait du subjonctif. Surtout, c’est un style, et des formules exceptionnelles qui n’ont pas pris une ride. Ainsi, le héros, très malade, à l’image de l’auteur, écrivait quelque chose qui (4/21)

sied encore tout à fait pour comprendre notre situation : « Croire en la médecine serait suprême folie si ne pas y croire n’en était pas une plus grande encore ». (5/21)

L’ouvrage en question aborde avec un talent incroyable une multitude de sujets, à travers une fantastique comédie humaine, composée d’une infinité de personnages. Celle-ci lui permet de développer des lois psychologiques fondamentales, concernant le désir, (6/21)

la représentation, la mondanité, la procrastination, l’habitude, l’amour. Les personnages sont finement décrits et analysés, et produisent une excellente mosaïque de la nature humaine. (7/21)

Cette fresque nous permet de replonger dans les temps de la Belle époque et de la Grande guerre, à travers des grandes questions politiques et sociales de ces années, très bien analysées par un auteur nuancé à la culture immense : l’affaire Dreyfus, la montée (8/21)

en puissance progressive de la grande bourgeoisie face à l’aristocratie, le clivage entre anticléricaux et conservateurs, le concert international et la rivalité franco-germanique, la guerre totale, le nationalisme, l'antisémitisme, etc. (9/21)

C’est également et surtout une grande théorie de l’art, proche des perspectives impressionnistes, représentées dans l’œuvre par le peintre Elstir et le musicien Vinteuil qui sont les grandes inspirations du héros. L’écriture de l’auteur est musicale, et ses mots (10/21)

peignent ce qu’il décrit grâce à un vocabulaire détaillé. La quantité de références artistiques est incommensurable, le livre souhaitant traiter le sujet presque entièrement. Il est donc une excellente occasion de s’ouvrir à des dizaines ou plus de peintures, (11/21)

d’opéras, de musiques et de textes littéraires. Vous ferez d’une pierre, certes assez lourde, mille coups. (12/21)

L’intrigue, malgré les imperfections des derniers tomes qui n’ont pas pu tout à fait être terminés, est très bien ficelée. Si vous aimez le fusil de Tchekhov (ou « foreshadowing »), vous allez être servi. Un passage au début de l’ouvrage sera indispensable pour en (13/21)

comprendre un autre situé un millier de pages plus loin. Soyez donc attentif, même si les maisons d’éditions vous aideront à vous repérer. (14/21)

Enfin, c’est une réflexion colossale sur le temps qui passe ainsi que la mémoire volontaire et involontaire (la fameuse madeleine). L’œuvre apporte un recul qui place le temps en perspective, et octroie au lecteur la capacité de réfléchir à sa propre existence, (15/21)

hors d’elle-même, hors du courant temporel, et de ne plus perdre de temps. L’art et la littérature semblent être la voie suprême d’existence pour le héros. Ce n’est pas une exagération quand certains avancent que cet ouvrage a changé leurs vies. (16/21)

Il s'agit d'une méditation et d’une introspection tout à fait propices à vous éclairer concernant votre vie et vos vocations personnelles, avant de reprendre vos vieilles habitudes à la rentrée. (17/21)

Nous vous recommandons l’excellente initiative de la @ComedieFr qui a pris le temps de mobiliser d’excellents comédiens, afin d’organiser des lectures très professionnelles et vivantes de l’œuvre :
youtube.com/playlist?list=… (18/21)

De plus, voici un lien pour accéder à l’ouvrage écrit gratuitement, même si nous vous recommandons très vivement de consulter le roman avec un travail d’édition qui éclaire une œuvre complexe, pleine de références et de mystères : ac-grenoble.fr/PhiloSophie/a-… (19/21)

Si cette présentation vous a convaincus et séduits, n’hésitez pas à la partager autour de vous, afin de permettre à d’autres de pouvoir également se lancer. Profitons de la chance que nous avons de pouvoir lire dans notre langue natale une merveille littéraire (20/21)

reconnue sur les cinq continents. Bonnes vacances en pleines lettres !

P.S. Le début peut-être compliqué, mais accrochez vous. Ça ira mieux très vite. (21/21)