Eh bien… je crois qu'on aura jamais autant parlé de la « bascule » que cet été ! Entre les commentaires puis les détournements sur Twitter, les articles qui s'en sont fait l'écho…
Ça fait près de 30 ans que le service public joue la complémentarité sur la diffusion d'évènements sportifs. Chaque chaîne ayant ses obligations — la première d'entre elle étant l'information — l'exercice de la bascule est un exercice obligé.
Je ne vais pas refaire toute l'explication, il y a pas mal d'articles publiés récemment qui en expliquent les enjeux — l'article de @Gubalda, en haut de ce thread, est super à ce sujet.
Alors oui, la bascule existe depuis de nombreuses années maintenant, si bien que les chaînes sont quand même relativement rodés à l'exercice.
Et ça va au delà de la technique, je pense que ça fait quasiment partie de la culture d'entreprise maintenant. C'est « normal » que les chaînes publiques jouent la carte de la complémentarité, les équipes doivent être tout-à-fait dans cet état d'esprit.
Certes, la technologie a évolué et elle permet aujourd'hui d'en faire plus, de le faire mieux, et de le faire plus facilement. Nonobstant, cette histoire de « bascule » reste quand même une sacrée prouesse.
1 • Il faut d'abord synchroniser deux antennes. Autrement dit, faire coïncider tant bien que mal deux conducteurs très émiettés — puisque c'est un enchaînement de plein de petits modules, que ce soit les pubs, bandes-annonces, etc.
Grossièrement, quelque chose de ce genre ⤵️
J'ai simplifié à mort le principe dans le schéma. En pratique, la bascule ne peut pas se faire systématiquement à la seconde près.
Toujours est-il que gérer un conducteur, bascule ou pas, est toujours une question de seconde(s). On est à ce niveau de précision.
Pour ne rien arranger, un conducteur est un objet mouvant. Ça se décale, ça s'ajuste au fil de la journée et des aléas de la diffusion…
Alors on pourrait imaginer diffuser, sur la chaîne qui prend la main, un générique dit « de décrochage » pour faire tampon. Par facilité, disons.
Évidemment, ça n'aurait rien de très agréable pour le téléspectateur. Il faut voir le générique décro comme une salle d'attente…
Une autre contrainte qui existait pendant les JO de 2012 (ça ne semble plus le cas cette année) : la visibilité des sponsors. La bascule était décalée, de sorte à ce que, quand vous zappiez, vous étiez sûr de voir le sponsoring et le générique avant la reprise du direct. Eh oui !
2 • Il faut faire avec la matière difficile que représente une compétition sportive. Les bascules sont « fixes » mais, évidemment, les organisateurs ne programment pas les épreuves en fonction des horaires de changement de chaîne.
La finale du 100m qui tombe pendant une bascule, c'est malheureux mais il faut faire avec… On peut, à la limite, faire déborder un peu le direct sur une chaîne pour la diffuser. Et si la chaîne d'en face ne peut pas décaler la reprise du direct, ça finit en co-diffusion.
Bref, ce sont quand même des manœuvres qui demandent du doigté, de la réactivité et une capacité d'adaptation assez folle. Tout ça en très peu de temps à chaque fois.
3 • Il y a pas mal de personnes impliquées dans la chaîne pour que la bascule se fasse aussi naturellement que possible. Ça implique de la coordination et surtout de la communication.
Dans ce dispositif…
Une régie de production, qui réalise le direct des JO.
Ça suppose de produire les images du plateau, de récupérer et d'assembler les flux des sites olympiques, de mettre l'habillage qui va bien…
La régie finale, qui assure la diffusion de la chaîne — il y en a donc deux : celle de France 2 et celle de France 3.
Elle récupère le direct des JO de la régie de prod. Pour plus de facilité, c'est elle qui diffuse les sponsorings et les génériques autour des directs.
C'est le moment de dégainer cet article remonté par @azerty774 sur les coulisses de la bascule lors des JO de 2012, et qui expliquera bien mieux que moi et dans le détail les échanges qu'une telle manœuvre implique ⤵️
Vous imaginez qu'il y a pas mal de personnel impliqué dans ce réacteur — et tous jouent un rôle important. Mais on peut retenir de l'article quelques personnages clés :
Le rédacteur en chef, qui choisit ce qu'il faut montrer à l'antenne (indispensable sur une compétition multisport)
Le coordinateur, pour faire le lien avec les régies finales
Et puis le présentateur est important, aussi ! Il a un rôle d'interface, c'est lui qui doit gérer la conduite d'antenne auprès du public, donner quelques repères aux téléspectateurs.
Pour ne rien arranger, le personnel travaille à distance : quelques personnes à Tokyo sur le plateau et le reste à Paris — où se trouvent régies de prod et finale.
Bref, la bascule est un exercice complexe et assez fascinant, autant techniquement qu'humainement.
Maintenant qu'on a dit tout ça… Il y a sans doute matière à amélioration — on peut toujours s'améliorer.
Je ne vais pas émettre des hypothèses à l'emporte-pièce sur ce qu'il faudrait faire. Déjà parce que, passé cette explication globale, je ne connais pas dans le détail comment fonctionnent les équipes, la technique…
Je ne suis pas un professionnel, contrairement à tous ceux qui gèrent ces bascules au quotidien. Le moindre des respects, c'est de les laisser faire leur travail et de garder pour moi des réflexions qui n'auraient de toutes façons pas grand sens.
Je sais une chose cela dit : le champ des possibles est immense.
Après tout, l'exercice est rodé, les téléspectateurs en ont l'habitude… Pourquoi ne pas se servir de l'habillage pour « faciliter » ces bascules ?
À minima un synthé pour annoncer le passage d'une chaîne à l'autre, une jauge à l'écran qui égraine les secondes avant la bascule, si on va un peu plus loin…
Je pense qu'il y a matière à être vraiment créatif (voire ludique) autour de ce qui n'est, au départ, qu'une opération simplement technique.
C'est peut-être excessif de dire que la « bascule » est rentrée dans la culture populaire, mais c'est quand même un élément bien intégré du public, et même sujet à détournement aujourd'hui, avec les réseaux sociaux…
Pourquoi ne pas le mettre davantage en scène à l'antenne ?
[Addenum] @azerty774 a mis des images sur ce qu'il se passe lors de la bascule, en terme de réalisation.
Un détail : les entrées et sorties de bascule se font généralement sur un plan neutre (vue de Tokyo, plan global du plateau…) pour + de fluidité
Un élément d'habillage pas comme les autres dans la Médiathèque aujourd'hui.
Le générique antenne de France 3 aux trois bandes, avec cette musique iconique, emplie de voix et aux accents exotiques… Une vraie madeleine de Proust ✨
Pour les plus vieux, des souvenirs nocturnes de fermeture ou d'ouverture antenne… Pour les plus jeunes — j'en fais partie ! — des moments de flottement où l'antenne plantait et où ce générique prenait le relai.
Le plus fou dans cette histoire, c'est que ce générique est si culte que le concept va survivre pendant 15 (!) ans — et ce, malgré les changements d'habillage successifs… Le plus frappant, c'est vraiment la musique qui n'aura pas bougé d'un poil.
Découverte ce matin de la signalétique et du mobilier du @GdParisExpress à la Fabrique du métro pour l'ouverture de l'exposition « Les lignes du design ».
C'était ma toute première visite à la Fabrique du métro d'ailleurs (depuis le temps que je voulais y faire un tour), j'avais assez hâte de découvrir l'espace de démonstration, avec la reproduction du quai à l'échelle 1:1.
Cela fait plusieurs années que l'on voit circuler les maquettes de la signalétique et du mobilier mais l'exposition permet de faire le point sur les dernières versions qui ont été validées — et de montrer, au passage, tout le chemin qui a été fait.
L'arrivée du nouvel habillage de @M6 (qui renoue assez largement avec les origines de la chaîne) m'a donné envie de m'arrêter quelques secondes sur le logo de la chaîne. Car mine de rien, ce logo est un petit miracle.
(Si vous ne le saviez pas, le logo de M6 est né du crayon d'Etienne Robial, qui a également travaillé pour une certaine chaîne cryptée au signe algébrique)
Il n'est pas inutile de rappeler qu'à quelques mois près, ce logo est présent depuis le tout début de la chaîne, soit 33 ans… Trois décennies donc – ce qui, en tant que tel, se présente déjà comme une solide preuve de son succès.
Vous l'avez peut-être vu, Arte Journal s'est doté d'un tout nouvel habillage samedi dernier, qui rompt nettement avec les codes des habillages info traditionnels #habillage#ArteJournal
J'ai envie de dire : « Arte est de retour ». Parce que oui, ça faisait longtemps qu'Arte ne nous avait pas proposé un générique info qui casse un peu les codes, justement.
Le précédent générique reprenait les marottes des habillages infos : une mappemonde, des ondes et une musique solennelle. Rien que de très ordinaire, hormis un logo « labyrinthique » assez bien vu medias.lenodal.com/video.php?id=1…
On parlait hier du plan de métro produit par Île-de-France Mobilités et c'est, au fond, un cas d'école intéressant. Car en reprenant la forme carrée du logo d'IDFM, il nous montre ce que devient la cartographie : un outil politique.
Imaginez un territoire que l'on déforme, dont on change les dimensions, les proportions, la physionomie en somme pour le faire coïncider avec les contours d'un logo, donc d'une marque. Symboliquement, c'est assez fort.
Des tentatives de géométriser Paris, il y en a eu. On pourrait évoquer cette tentative de plan de métro circulaire, conçu par Constantine Konovalov konbini.com/fr/tendances-2…
Je vais vous raconter l’histoire du piratage télévisuel le plus mystérieux de tous les temps. Ou comment, un soir de novembre 1987, un étrange personnage fit irruption sur les ondes de deux chaînes locales de Chicago… Déroulez donc 😉 #thread
Mais avant d’évoquer plus en détail cette étrange affaire, je dois vous présenter celui qui en est devenu, un peu malgré lui, le protagoniste. Son nom est Max Headroom.
Le public découvre Max Headroom en 1985, lorsqu’il devient l’animateur d’une émission musicale sur la télévision britannique. Il est alors présenté comme le « premier présentateur télé conçu par ordinateur »