Bonjour, nous venons d'arriver au palais de justice de Paris pour le procès des attentats du #13Novembre2015. Ce mercredi marque la première semaine d'audience. @EBRApresse
L'audience du jour devrait être marquée par une première prise de parole des accusés sur les charges qui pèsent contre eux.
Le président a en effet proposé hier qu'ils puissent donner aujourd'hui leur position générale sur le dossier, afin de ne pas attendre les premiers interrogatoires d'accusés, prévus début novembre, pour s'exprimer.
Si l'ordre alphabétique est choisi pour ces prises de parole, Salah Abdeslam sera le premier à parler. Avec la crainte de nouvelles provocations.
Mais c'est peut-être la parole de ses co-accusés, qui sont restés muets et calmes depuis le début du procès, qui pourrait être intéressante. Vont-ils reconnaître les faits? Expliquer que s'ils ont participé aux préparatifs des attentats, ils n'en connaissaient pas la finalité?
Pour bien savoir ce qu'on reproche à chacun de ces hommes avant qu'ils ne s'expriment, vous pouvez jeter un oeil ici: c.ledauphine.com/faits-divers-j…
Les accusés sont amenés dans le box, un à un. Dans le même temps, les avocats entrent dans la salle d'audience, et revêtent leur robe en échangeant quelques mots.
Tout se met en place. Le nombre de parties civiles dans la salle d'audience est très réduit.
Les bancs des parties civiles sont assez clairsemés pour que les journalistes soient autorisés à en utiliser quelques-uns.
13h01 : l'audience est reprise, à Paris, au procès des attentats du #13Novembre2015
La parole va donc être donnée à chaque accusé "un bref instant" indique le président Periès: "C'est pas un interrogatoire mais une déclaration spontanée."
ce sont les 3 accusés libres qui commencent
Les prises de parole viennent de s'achever. Cela a donc duré un quart d'heure environ. Nous allons tenter de vous les restituer en quelques tweets⬇️
Salah Abdeslam a pris la parole en dernier, et il a expliqué "pourquoi on a attaqué la France". "On a visé des civils mais ça n'a rien de personnel. On a visé la France et rien d'autre."
Sans surprise, il justifie les attentats par les frappes de la coalition contre Daech: "Quand François Hollande a pris cette décision, il savait très bien que des Françaises et des Français allaient rencontrer la mort."
Il assure que le but de ses propos "n'est pas d'enfoncer le couteau dans la plaie mais d'être sincère." Salah Abdeslam assume ses actes.
Les autres accusés ont été bien plus courts dans leur prise de parole.
Mohamed Abrini: "Je reconnais ma participation au attentats. Dans ce malheur qui a touché la France, je ne suis ni le commanditaire, ni le cerveau. Je n'ai fourni aucune aide logistique ou financière."
Mohammed Amri: "Je condamne avec fermeté ce qu'il s'est passé. On m'a collé une étiquette de terroriste mais je ne suis pas un terroriste. Je n'ai jamais été au courant de ce qui allait se passer."
Yassine Atar: "Je condamne avec fermeté ces attentats. Je dis ma plus grande compassion aux victimes. J'ai été arrêté fin mars 2016, et depuis le premier jour je dis que je suis innocent. J'ai à coeur de m'expliquer. Ce que je veux, c'est la manifestation de la vérité."
Yassine Atar ajoute: "Je ne suis pas Oussama (son frère émir de Daceh, accusé au procès mais absent car vraisemblablement tué en Syrie). C'est très important pour moi de le dire. Je condamne avec la plus grande fermeté ce que j'entends sur Oussama Atar."
Mohamed Bakkali: "Je reconnais avoir commis certains actes. Jen conteste d'autres. Voilà."
Ali El Haddad Asufi: "Je n'ai pas participé à la préparation des attentats."
Sofien Ayari: "Je n'ai pas de déclaration à faire aujourd'hui."
Adel Haddadi: "ça fait 6 ans de j'attends ce procès. J'ai fait des fautes. Je fais tout pour les réparer. Chaque fois que j'ai été interrogé j'ai répondu aux questions. Je suis prêt à répondre à toutes les questions."
Farid Kharkhach: "J'avoue que je suis coupable pour les faux papiers. je ne nie pas mon rôle (...). J'ai essayé de travailler honnêtement, j'ai même ramassé les poubelles. Ma soeur était malade, j'avais besoin d'argent. Jamais je n'ai été au courant de ce qui allait se passer."
Osama Krayem: "Pour moi, c'est prématuré de vous donner ma position à l'égard des faits. Je répondrai à vos questions plus tard."
Muhammad Usman: "Quatre choses: 1, je sais pourquoi je suis ici. 2, je suis désolé pour les attentats, de ce qu'il s'est passé. 3, je suis très content de ne pas avoir participé directement à ce massacre. 4, je répondrai à toutes les questions."
Hamza Attou: "Je reconnais être allé chercher Salah Abdeslam à Paris (après les attentats NDLR). A aucun moment je n'ai voulu faire du terrorisme."
Abdellah Chouaa: "Je suis vraiment choqué par les attentats qui ont eu lieu à Paris et Bruxelles (...). Je suis devenu malade suite à toutes ces accusations contre moi (...). J'espère que justice sera faire car je suis tout à fait innocent."
Ali Oulkadi: "J'attends cette audience depuis fort longtemps maintenant. Je suis prêt à répondre à toutes les questions qui me seront posées."
Voilà donc les déclarations des 14 accusés présents. Où l'on comprend que les stratégies de défense sont fort différentes de l'un à l'autre.
Salah Abdeslam assume avec provocation, d'autres se disent innocents, et d'autres reconnaissent les faits en expliquant qu'ils n'avaient pas conscience de participer à une action terroriste.
A noter qu'un seul es absents a été cité: Oussama, l'émir de Daceh en charge des opérations extérieures. Le seul à être poursuivi pour "direction d'une organisation terroriste". Son frère Yassine tient à se détacher un maximum de cet encombrant frère, même mort.
Yassine Atar qui a condamné "avec la plus grande fermeté ces atrocités" (et non "attentats" comme écrit plus haut).
On notera aussi que deux accusés n'ont pas voulu développer de propos: le Suédois Osama Krayem et le Tunisien Sofien Ayari.
Pour revenir sur la déclaration de Salah Abdeslam, on retiendra que le terroriste, seul membre des commandos du 13-Novembre encore vivant, se place sur le terrain de la guerre, et non de la justice.
Il parle de représailles après les frappes de la coalition visant Daech: "On a voulu faire subir à la France que ne nous subissions." Salah Abdeslam se place donc comme "citoyen" de Daech, et "combattant de l'Etat islamique" comme il le disait mercredi dernier.
Il assume d'avoir tué des civils: "les avions français qui combattent l'Etat islamique ne font pas la distinction entre hommes, femmes et enfants", justifie-t-il.
Ces prises de paroles étant faites, l'audience reprend avec l'audition d'un nouvel enquêteur. Il retrace actuellement le parcours des commandos terroristes le soir des attentats, à bord de leurs trois véhicules loués: une Seat Leon, une Renault Clio, une VW Polo.
La cour débute maintenant une séquence qui va aller jusqu'à la fin de la semaine. Il sera question des attentats en eux-mêmes, leur déroulement, les constatations réalisées, les expertises génétique et médico-légales, et finalement tout ce qui s'est passé le soir du 13-Novembre.
Comme tous les enquêteurs à la barre d'une cour d'assises, l'enquêteur est extrêmement précis. PowerPoint à l'appui de son propos, il retrace rue par rue le parcours des terroristes, et leurs contacts téléphoniques à la minute près.
Le policier met en évidence les appels téléphoniques multiples, au moment des attentats, entre les commandos et "la Belgique". Notamment le SMS du commando du Bataclan, quelques instants avant la tuerie: "On est parti on commence."
La vidéo de deux terroristes, Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh, qui entrent dans le métro parisien après les attentats est diffusée dans la salle d'audience.
C'est un élément que l'on connaissait, mais c'est la première fois que l'on peut voir ces images, prises à l'arrêt Croix-de-Chavaux à Montreuil, sur la ligne 9.
On y voit les deux terroristes resquiller pour entrer dans le métro, souriants. Ils se font réprimander par un autre usager qui ne semble pas imaginer une seconde que ces gens viennent de commettre un attentat.
Selon l'enquêteur à la barre, "ils viennent de tuer 30 personnes". Et leur comparse Brahim Abdeslam vient de se faire exploser sur une terrasse. Pourtant, ils ont l'air tout à fait détendus. La vidéo sidère la salle.
Apparaissent maintenant les kalachnikovs retrouvées dans la Seat Leon abandonnée par les terroristes à proximité du métro, ainsi que les chargeurs et les couteaux.
On en vient à la Clioo abandonnée par Salah Abdeslam dans le 18e arrondissement de Paris. A l'intérieur: une liste manuscrite d'endroit:« Place de la République, Bd saint Martin, Stade de France, Aéroport
Charles de Gaulle ».
Cette note est l'un des éléments laissant penser que d'autres lieux devaient être touchés par les attentats le soir du 13 novembre 2015. C'est d'ailleurs ce que laissait entendre aussi la juge d'instruction belge entendue hier.
Pourquoi Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh ont-ils abandonné la Seat Leon à Montreuil? "Il y a là un point d'inconnue, reconnaît l'enquêteur. Je n'ai pas d'explication rationnelle à cela."
Deux hypothès toutefois: un "sentiment d'être repéré" ou "un changement de plan qui nous aurait échappé". Mais "la logique nous dépasse un peu" quand à la raison de cet abandon.
Et pourquoi y laisser 81 munitions, soit deux chargeurs pleins? Là encore, c'est obscur. "Pour ces personnes qui ont combattu en Syrie, 81 munitions c'est paradoxalement peut-être pas beaucoup. Et ce n'est pas discret."
L'enquêteur évoque, à la demande d'un avocat des parties civiles, ce qu'il a ressenti le soir des attentats: "Difficile, dit-il. On était sur Charlie. On s'est dit que ça allait être pire. Mais il faut que le professionnalisme reprenne le dessus."
Le policier a un avis partagé sur "l'échec" des renseignements: "Je n'aime pas ce mot. Je ne suis pas certain que l'on avait les moyens de tout empêcher."
Pourquoi les terroristes arrivent-ils après le début du match au Stade de France? L'enquêteur: "On ne comprend pas le comportement précis qu'ils ont eu." "Objectivement, entrer avec une ceinture explosive dans le SdF, il faut tomber sur le mauvais stadier."
Les terroristes ont pu se retrouver coincés à l'extérieur: quand le match commence, "les portes ferment sauf une pour les retardataires, qui sont donc encore plus contrôlés que les autres."
Sur le sourire d'Abaaoud dans le métro: "Ce qui devait être fait a été fait. Il a pas l'air mécontent de lui."
Cette journée d'audience va s'achever. Demain et vendredi, d'autres enquêteurs viendront déposer. Des photos et vidéos seront projetées. Quelques secondes du son du Bataclan seront diffusées également (vendredi). Bonne soirée.

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