Bonjour à tous. L'audience ne va pas tarder à reprendre au procès du #13novembre2015 Aujourd'hui, la cour d'assises spéciale continue d'entendre les victimes des attentats des terrasses. 17 auditions de parties civiles sont prévues. LT à suivre pour @franceinfoplus
L'audience est reprise #13Novembre2015 Les bancs des parties civiles sont fournis. Beaucoup de fils rouges autour du cou
Alice s'avance à la barre. Elle était au Petit Cambodge avec son frère (qui va témoigner après) et trois amis #13novembre20m15
Témoignage d'Alice : "Il faisait doux ce soir là dans Paris, c’était la joie. Je suis voltigeuse, mon travail est de faire rêver les gens en prenant appui sur mes bras. On décide d’aller manger au Petit Cambodge car c’est super bon le Petit Cambodge" #13novembre2015
La jeune femme aux cheveux longs bruns raconte que la terrasse étant bondée, ils s'apprêtaient à repartir. "On fait quelques pas et les tirs commencent. Comme c’était la joie et la fête, j’ai cru que c’était des pétards" #13novembre2015
Son frère, Aristide, rugbyman professionnel, la plaque au sol. "J’ai pris une balle dans le bras gauche. Sur ce moment, je ne peux vous raconter que des flashs. Je voyais des flashs lumineux, je ne voulais pas regarder en direction des flashs" #13novembre2015
Alice : "Je me suis fait réveiller de ce cauchemar par des gens qui agonisaient autour de moi, j‘ai commencé à parler à Aristide, et je me suis rendu compte qu’il avait pris d’autres balles, mon frère me répondait plus" #13novembre2015
"J‘ai attendu une heure avec lui, je lui parlais, ma priorité c’était de le sauver, de le maintenir en vie. Ensuite, ce sont 2 opérations dans 2 hôpitaux différents la même nuit. Après, c’est l'hypervigilance, les nuits sans sommeils, les cauchemars" #13novembre2015
Alice a fait deux ans de centre de rééducation. "Je suis aujourd'hui handicapée, pourtant je me bats pour continuer à travailler dans ce métier (voltigeuse). C’est mon souhait à moi, continuer à faire rêver les gens, voilà" #13novembre2015
Son frère, Aristide Barraud, s'avance à son tour. Il avait 26 ans à l'époque, jouait au rugby depuis 17 ans et était professionnel depuis 7 ans. "J’étais à un moment de ma carrière très important,un virage, un point culminant, j'allais être sélectionné en Italie." #13novembre2015
Aristide Barraud : "J’étais numéro 10, demi d’ouverture, j’avais une bonne vision, des bons réflexes, j’ai eu la chance d’avoir ces capacités d’analyses. J’ai été touché par trois balles, dans la poitrine, la cuisse gauche et la cheville gauche" #13novembre2015
Aristide Barraud: "La balle a explosé avant l’impact, j'ai eu plusieurs centaines de morceaux de balles dans ma jambe,je me souviens très bien de tout ce que j’ai entendu, des moments qui ont suivi entre la vie et la mort, ces moments d’entre deux, de basculement" #13novembre2015
Aristide Barraud : "On m’a diagnostiqué un sentiment de mort imminente, j’arrive à vivre avec mais c’est quelque chose qui prend de la place. Si je suis en vie c’est grâce à a soeur qui a tout fait pour me maintenir en vie et me tenir du bon côté" #13novembre2015
Aristide Barraud remercie à la barre Serge Simon, vice président de la FFR et médecin, qui est intervenu ce soir là. "Je l’ai reconnu et ça m’a donné énormément de confiance. Le personnel médical a fait des miracles, je voulais leur rendre hommage" #13novembre2015
Aristide Barraud : "Ensuite, j’ai essayé pendant un an et demi de revenir sur le terrain car j’acceptais pas ce qu’il se passait. On m‘a annoncé que je risquais de perdre un poumon, j’avais 5 côtes pulvérisées, des dommages cérébraux importants car je m'étais vidé de mon sang"
Aristide Barraud : "De nouvelles opérations ont été nécessaires. Mon corps a commencé à flancher et mon moral, mon mental aussi car j’allais beaucoup trop loin dans la douleur, ma vie était devenue une montagne de douleur physique et psychique" #13novembre2015
Aristide Barraud : "J’ai dû arriver en urgence à l’hôpital psychiatrique de Sainte Anne. Finalement, c’est en mars 2017 que j’ai choisi d’arrêter." Aujourd'hui, il est artiste, écrit et prend des photos #13novembre2015
Aristide Barraud: "J'ai énormément d’espoir et de confiance envers ce procès. Je suis persuadé que la justice est la réponse pour créer une base sur laquelle on va pouvoir avancer, ma génération a besoin de la justice" #13novembre2015
Aristide Barraud : "Je suis très heureux que les accusés puissent être défendus, écoutés, et qu’on prenne le temps d’avoir la parole de chacun. Auj, malgré les journées difficiles physiquement, avec un corps cabossé, je n’en veux à personne." #13novembre2015
La cour entendu maintenant Yann, 39 ans 2015, photographe depuis une quinzaine d’années. "J’allais fêter mes 40 ans le 14 novembre, et je rechignais un petit peu à le faire." Finalement il organise quelque chose et la veille, il va avec son frère et une amie au Petit Cambodge
Le plan du restaurant est projeté à l'audience, avec des numéros. "Nous étions 49, 48, 50, contre la vitre. Je me souviens d’avoir entendu une voiture piler puis clac clac clac (il claque des doigts au micro), des rafales de tirs" #13novembre2015
Yann: "J’ai tout de suite la sensation qu’il y a un danger, on s’est tout les trois couchés et on entendait ces rafales de tirs, j'étais paralysé par la peur, la stupéfaction, ça a duré une minute je pense" #13novembre2015
Son amie est atteinte aux jambes, ils parviennent à ramper vers la cuisine du restaurant. Yann se rend compte qu'il a été touché. "j’ai été surpris, j’avais trois impacts". Lorsqu'ils ressortent de la cuisine, "j’ai vu dans le fond du bar deux draps bancs posés" #13novembre2015
L'"autre choc", c'est "aux urgences de la Salpétrière, il y avait plein de blessés, je demandais aux gens mais d’où vous venez ? Ils me disaient "on était à une terrasse de restaurant". "On était au Bataclan". "J’ai commencé à partir dans une solitude extrême" #13novembre2015
Yann : "Par chance, j’ai retrouvé mon amie (blessée) et on a passé la nuit sur un brancard ensemble. On était dans un cocon dans cet hôpital pendant trois jours" #13Novembre2015
"Ce soir là, c'était une succession de hasard heureux malheureux, ça s’est joué à peu de choses, tout ça pour quoi ?" Il regarde le box."Je sais pas quoi vous dire, je suis pas dans la haine car la haine ça accroche et excusez-moi messieurs mais j’ai pas envie de vivre avec vous"
Yann se retourne vers la cour: "je vous remercie pour ce procès, d’être parfois dans le détail sur ce qu’il s’est passé, cela permet d’objectiver les choses et de donner l’importance à tous les lieux d’attentats". #13novembre2015
L'assesseure fait savoir à Yann que la vitre du Petit Cambodge derrière laquelle il se trouvait a été criblée par 17 balles de kalachnikov #13novembre2015
La cour vient d'entendre Camilla, une psychologue brésilienne, en master à Paris au moment des attentats. "Je suis sortie dîner avec mes amis au Petit Cambodge", dit-elle avec un léger accent.Elle est le numéro 9 sur le plan."J’ai reçu 3 balles, deux dans la jambe, une à la main"
Camille a subi 30 chirurgies. "Je suis restée trois mois hospitalisée." Deux ans de rééducation. "J’ai réussi à ouvrir mon cabinet au Brésil, j’ai cru que je pourrais jamais écouter de la souffrance, de la violence, c’était la peur que j’avais" #13novembre2015
Camilla:"J’étais vraiment blessée, je pensais que j’allais mourir sans finir mon master, ce rêve d'être venue en Europ pour avoir une autre vie dans mon pays. Une fois que j’étais à l’hôpital, j’ai su que j’avais survécu, j’ai eu vraiment de la chance, je suis là" #13novembre2015
Amanda, également Brésilienne et ami de Camilla, témoigne à son tour. Ils étaient huit ce soir là à la terrasse du Petit Cambodge. "Je suis le numéro 13 sur le plan. J'étais arrivée à Paris trois semaines plus tôt pour un master" #13novembre2015
Très émue, elle raconte comment elle a tout de suite réagi en entendant des tirs. "Mon corps a réagi, je suis devenue une bête irrationnelle, à aucun j’ai pensé aider mes amis, j‘étais déjà par terre, je suis rentrée à l’intérieur du restaurant pour me protéger" #13novembre2015
Amanda :"il y avait des gens partout par terre, j’étais toute seule, je pleurais, j’étais sûre que j’allais mourir, je protégeais mon visage, j’attendais, et après le bruit en continu, et j’ai entendu le bruit de la voiture qui partait et là une espèce de silence immense"
Amanda : "j’arrivais pas à comprendre où j’étais, ce qui se passait, j’étais perdue, je cherchais mes amis, j’avais jamais vu une scène pareille, des gens qui criaient partout du sang, je pensais que j’étais dans un film de fiction, une scène de guerre" #13novembre2015
Amanda : "J’ai vu Camilla, j’ai demandé de l’aide, c’était elle, blessée, qui m’a calmée et m’a fait retrouver ma sérénité. je suis restée à côté d’elle, elle m’a demandé si elle allait mourir, j’ai dit non mais en vrai je savais pas." #13novembre2015
Un autre ami de leur groupe est grièvement blessé mais il va s'en sortir aussi. "On a eu vraiment beaucoup de chances car on était huit et tout le monde est vivant", dit Amanda #13novembre2015
La maman de Caroline, grièvement blessée au Carillon, lit une lettre à la barre. "Je l'ai eue ce matin au téléphone, elle m’a dit que la nuit des attentats était triste et floue, elle n’en veut à personne, se sent terriblement chanceuse, elle remarche et c’est le principal"
Sa fille a été blessée par une balle dans chaque jambe. "Je sais que ma fille m’écoute à la webradio, je lui fais de gros bisous et je lui dis qu’on l’aime beaucoup" #13novembre2015
La soeur d'Asta Diakité s'avance maintenant à la barre. Cette dernière a été tuée alors qu'elle se trouvait dans sa voiture à l'angle de la rue Bichat et Alibert #13novembre2015
La soeur de cette victime est aussi une miraculée:elle était aussi dans la voiture, son fils de 1 an à l'arrière. Elles ont fait face aux terroristes. Son enfant hurlait en entendant les tirs. "Ma soeur s’est retournée pour poser la main sur lui pour le rassurer" #13novembre2015
Elle pense que c'est ce geste qui lui a coûté la vie. Après le départ des terroristes, elle sort sa soeur de la voiture et l'allonge au sol avec de l'aide. Un médecin fait un massage cardiaque pendant cinq minutes, en vain. #13novembre2015
Son fils a dû être hospitalisé car il avait des morceaux de verre dans l'oreille. Elle-même avait des éclats au niveau de la tête. "Aujourd'hui encore j'ai des migraines et je ne supporte pas la lumière trop forte comme ici" #13novembre2015
Asta Diakité, 35 ans, a été enterrée au Mali. Elle était l'aînée d'une famille de six enfants, "très soudée". "L’aide psy, on l’a entre nous, c’est plus dur pour notre maman." "On est musulmans nous aussi. A partir du moment où on tue, on n’est plus musulman", ajoute sa soeur
Suite à ses propos, Salah Abdeslam demande à prendre la parole. Le président hésite à la lui donner. "Ce n'est pas le moment. Seulement si vous n'avez pas des paroles aussi provocatrices que jusqu'à maintenant. Ne m'obligez pas à vous couper le micro". #13novembre2015
Salah Abdeslam : "C’est pas pour être provocateur que je prends la parole, en tout cas pas plus provocateur que les personnes qui se sont exprimées hier". "Vous étiez le premier à provoquer", rétorque le président #13novembre2015
Salah Abdeslam : "je vais aller droit au but, les victimes qui se sont exprimées à l’instant se sont revendiquées de l’islam et je tiens à dire quand nous avons attaqué nous avons attaqué les mécréants si nous avons touché des musulmans ce n’était pas notre intention" #13novembre
Ses déclarations provoquent des clameurs dans la salle. "J’entends bien que des personnes souffrent, je ne doute pas que ce sont des bonnes personnes, nous aussi les musulmans on a été touchés,beaucoup de victimes en Syrie, en Irak, qui a allaient à la boulangerie, à l’école"
"ça vous l'avez déjà dit mr Abdeslam",le coupe le président. "C’était pour dire à ces deux victimes, nous, on n'a pas visé les musulmans, si votre soeur est décédée, c’est un accident de notre part". Indignation dans la salle. "Merci pour les non musulmans", rétorque le président
Yolande, la mère des deux jumelles Charlotte et Emilie Meaud, tuées au Carillon, a lu une lettre à la barre, pendant que des photos de ses filles étaient projetées à l'audience. #13novembre2015
"Elles étaient belles, vivantes, heureuses, dynamiques gaies, j’étais et je serai toujours fière d’elles. Emilie travaillait dans une agence d'architecture parisienne, Charlotte était titulaire d’une thèse de génie civil à Lyon", lit leur mère, dans la retenue #13novembre2015
"Elles étaient sensibles à la fragilité de la planète, elles se déplaçaient en vélo, d’ailleurs le vélo d’Emilie est resté longtemps accroché" près du lieu des attentats, précise Yolande. Les deux jolies jeunes femmes, comme on peut le voir sur l'écran, étaient sportives aussi
Yolande : "Elles sont tombées toutes les deux en même temps sous les balles." Elle raconte l'attente abominable jusqu'au 14 novembre 21h, où une policière lui annonce la nouvelle :"mortes, décédées, c'est fini, toutes les deux. Je crois que sur le moment j'ai hurlé" #13nvovembre
Yolande Meaud : "Maintenant de mes filles, il ne me reste plus que ces souvenirs, ces jours heureux ces photos que j’aime regarder, même plus de 5 ans après. On avance, on vit oui, mais à l’intérieur on est brisé" #13novembre2015
Yolande Meaud :"C’était des cibles faciles tous ces jeunes en terrasse, à écouter de la musique, placé au mauvaise endroit, au mauvais moment". Ses filles "luttaient contre l’intolérance, le fanatisme et elles en ont été les tristes victimes." #13novembre2015
Yolande Meaud : "Pour elles, pour moi, pour mon fis, mon petit fils, c’est important de témoigner, j’ai qd même confiance dans ce procès, je crois qu’il devait avoir lieu, pour tous ces morts, ces blessés il faut bien que la justice fasse son travail." #13novembre2015
Après son témoignage, l'accusé Yassine Atar demande à prendre la parole. Un souffle d'agacement parcourt la salle.Mais son propos est tout autre: "Très sincèrement, j'en peux plus, je suis très peiné, je n’ai pas dormi de la nuit, notamment avec le témoignage de Maya" #13novembre
Yassine Atar : "Je suis extrêmement touché, je voudrais que les gens sachent qu’il peut y avoir des gens dans ce box qui sont peinés par les témoignages, on est des êtres humains" #13novembre2015
Yassine Atar : "J’entends dans les journaux 'les terroristes qui sont dans le box', les gens qui sont dans le box sont présumés innocents. Moi je ne suis pas un terroriste, c’est pas pour ça que je prends la parole, mais pour condamner avec une grande fermeté ces atrocités"
Yassine Atar : "et faire part aux victimes qui écoutent (il mentionne la webradio) de ma plus grande compassion. Je leur souhaite beaucoup de courage et vraiment ça me tenait à coeur, je voulais prendre la parole et m’exprimer." #13novembre2015
L'audience est suspendue un quart d'heure #13novembre2015
L'audience a repris avec le témoignage de Claude, ex-inspecteur du travail, "57 ans au moment des faits", blessé à la Bonne bière #13novembre2015
Claude: "j’ai longtemps pensé que je n'attendais rien de ce procès, que mon témoignage serait inutile. Mais je pense qu’avec les autres victimes, on a depuis le 13 novembre des destins liés. Et que sans justice, c’est la loi des plus forts. C’est pour ça que je suis là."
Lorsqu'il arrive à La Bonne bière avec un ami, le serveur lui demande "intérieur ou extérieur" ? "Je lui dis extérieur". Puis il se ravise : "intérieur". "Ce réflexe inconscient nous a sauvé la vie à tous les deux. Avant de commander les tirs éclatent." #13novembre2015
Claude: "J’ai rien vu, j’ai entendu les tirs, les cris, le bruit du verre qui se brise, j’ai tout de suite pensé à me protéger et à essayer de me réfugier derrière le fauteuil où j’étais. Au moment de me réfugier, j’ai senti un impact léger sur ma jambe, j’ai pas fait attention"
Claude : "j’étais déjà allongé par terre et j’ai senti que mon pantalon se trempait, se mouillait et j’ai seulement réalisé que c’était avec mon sang. Petit petit, j’ai senti la douleur monter et la la flaque de sang autour de ma jambe augmenter. J’ai commencé à m’inquiéter"
Claude : "Selon des témoins, j’ai crié plusieurs fois 'je veux vivre'. J’ai senti que toutes mes forces m’abandonnaient, je me suis vu mourir, j’ai pas eu peur, j’ai été révolté, je me suis dit non j’ai pas choisi ce moment là, je me suis cramponné à la vie" #13novembre
Claude apprendra à l'hôpital qu'une première balle a brûlé son intestin et qu'une seconde a touché le nerf sciatique, tout près de la vessie. Il est opéré plusieurs fois puis manque de mourir une 2e fois d'une embollie pulmonaire #13novembre
Après une longue rééducation, "aujourd'hui, vous avez devant vous un homme debout, tranquille, heureux même si encore fragile." Claude a changé de métier et aide des jeunes des quartiers à s’insérer #13novembre2015
Claude : "je voudrais m‘adresser aux accusés. Je vous parle sans haine, je sais que certains d’entre vous, notamment vous monsieur Abdeslam vous étiez désireux de dialoguer, de mon côté malgré tout ce que j’ai pu endurer, je vous considère comme des êtres humains" #13novembre2015
Claude à Salah Abdeslam: "‘j’ai lu que vous n’aviez rien de personnel contre nous, contre moi. Mais si, bien sûr, je suis un mécréant. Ce sont des humains comme nous, comme moi, comme vous qui ont été tués blessés. On n’est pas des numéros et vous vous n’êtes pas des robots"
Claude:"Comment avez vous pu penser que la mort de centaine de gens ici pouvaient compenser la mort de gens là bas ? Vous pensez qu’on vit mieux là bas en Syrie ? Que l’Occident a appris de ces erreurs, qu’il va les réparer ?" #13novembre2015
Claude : "Sachez une chose, c’est que si vous êtes prêts à dialoguer et à regretter, moi je suis prêt à pardonner. Mais le pardon, ça se demande. Je n’attends pas de réponse de vous aujourd'hui, j'aimerais juste que vous y réfléchissiez" #13novembre2015
Claude:"Votre condamnation ne me réparera pas et ça ne m’apaisera pas mais ça ne m’empêchera pas non plus, si vous le désirez un jour, y compris en prison, d’aller vous parler." Il achève son témoignage, très ému #13novembre2015
Le père de Kerheddine Sahbi, tué à l'âge de 29 ans rue de la Fontaine au roi, s'avance à la barre. "J’ai hésité longtemps avant de venir d’Alger, je suis venu pour mon fils, didine. Ce n’est pas seulement un fils assassiné mais aussi un frère assassiné." #13novembre2015
Lui aussi s'adresse aux accusés :"On a vécu des années de terrorisme en Algérie. Chez nous, y’a pas de mécréants, y’a que des musulmans donc je vois pas la signification de tout ça." #13novembre2015
"Nous sommes musulmans, pour aucun motif ni aucune justification, on ne peut aller dire je vais tuer X ou Y au nom de l’islam. Moi mon islam, c’est l’islam de la tolérance de la paix, de l’amour, du partage, cet islam dont certains parlent n’est pas le mien". #13novembre2015
Il cite un verset du Coran : "Dieu est beau et il aime la beauté". Ce père craque quand il raconte comment son autre fils lui appris la terrible nouvelle. "J’étais perdu." Kerheddine Sahbi était violoniste. #13novembre2015
"On retrouvera son étui à violon sur le trottoir", précise l'assesseure. "Il avait toujours son violon chevillé à son corps, c’était son amoureux", acquiesce son père. #13novembre2015
C'est au tour de Grégory Reibenberg ,le patron de la Belle équipe, de s'exprimer. Il a perdu la mère de sa fille, Djamila Houd, le soir des attentats #13novembre2015
Grégory Reibenberg:"je voudrais commencer à m'adresser à toutes les familles de la Belle équipe que je ne connais pas, je pense tout particulièrement aux parents qui ont perdu un enfant ce soir là, et je n’oublie pas ceux qui sont blessés dans leur chair." #13novembre2015
"Me concernant, je n’attends pas de réparation de ce procès. Mais dans cette histoire, il n'y a pas de place pour le moi, seul le nous compte ce soir là. Dans ma maison, 21 personnes sont mortes assassinées sans avoir pu se rendre compte de ce qui se passait" #13novembre2015
Grégory Reibenberg : "Dix faisaient partie de ma vie, ce sont des morceaux de ma chair qui ont été arrachés. Quand je pense à Djamila, mon drame personnel s’intensifie" #13novembre2015
Grégory Reibenberg : "Ce soir là, j’ai perdu une femme extraordinaire, cette femme, c’est un reine à qui j’ai fermé les yeux après son dernier souffle et son dernier mot, “Tess”. Je ne lui dois que des mercis. Djamila, je t’aimais je t’aime et je t’aimerais" #13novembre2015
Grégory Reibenberg: "Notre fille avait 8 ans et demi. Depuis, elle est handicapée pour la vie entière. Toute sa vie, elle sera privée de son amour, de son magistère, de sa tendresse" #13novembre2015
Grégory Reibenberg:"Je n’entends pas de réponse de nos assaillants, ils sont de simples fantassins du mal, des écervelés disciplinés, qui n’ont rien à avoir avec l’islam, une belle religion." #13nvovembre2015
Grégory Reibenberg : "Ce n’est pas personnel, c’est tout à fait vrai, c’est personne en particulier qui est visé, c’est nous tous." #13novembre2015
Grégory Reibenberg : "Pour finir je veux dire à ma fille que je suis fier d’elle, que sa mère serait fière d’elle et lui rappeler ici que je l’aime plus que tout." Tess, qui devait venir témoigner aujourd'hui, ne viendra pas, précise son père. #13novembre2015
Nicolas, serveur de la Belle équipe au moment des attentats (il en est aujourd'hui le directeur), lui succède à la barre. Il rend hommage à Hodda Saadi, qui fêtait son anniversaire ce soir-là et qui a été tuée avec sa soeur Halima #13novembre2015
Nicolas cite un vers d'Aragon : "Quand il faudra fermer le livre ce sera sans regretter rien. J'ai vu tant de gens si mal vivre et tant de gens mourir si bien." #13novembre2015
Le récit de Baptiste, qui était serveur à la Belle équipe, est terrible. "J’ai perdu plus d’une dizaine de potes dont mon meilleur ami (Romain Feuillade). Mon plus grand regret c’est de ne pas avoir pu les sauver" #13novembre2015
Baptiste: "Quatre jours après j’ai dû travailler, en même temps on faisait les enterrements. J’ai dû choisir entre deux potes pour savoir qui sauver et j’ai dû aussi choisir entre leurs enterrements, le même jour à la même heure." #13Novembre2015
La mère de Romain Feuillade s'avance à la barre, déjà en larmes. Elle tient un petit papier entre ses mains #13novembre2015
"J’ai voulu témoigner pour la mémoire de Romain et pour parler de la personne qu’il était, dont le destin a été brisé par les terroristes." Ils le surnommait "l’artiste" car il a fait une école de théâtre et "titi". #13novembre2015
Elle parle de son dernier SMS le 12 novembre : "Je vous appelle lundi au téléphone". "Il n’a jamais appelé." "Quand on apprend la mort de Romain, là on fait n’importe quoi, on crie on pleure, j’ai été chercher dans sa chambre la peluche que je lui avais offert pour ses 20 ans"
La peluche, un nounours, est à côté d'elle à la barre. Elle l'a prise pour aller à Paris reconnaître son fils. Elle voulait qu'elle l'accompagne dans sa "dernière demeure" et finalement elle l'a gardée #13Novembre2015
La mère de Romain Feuillade, en larmes: "Cela fait 6 ans, il me manque de plus de plus, j’ai besoin d’aller dans sa chambre et cette peluche maintenant, elle est à côté de la photo de Romain." #13novembre2015
C'est "une plaie qui ne cicatrisera jamais". "Maintenant, les Noëls, les anniversaires sont trop difficiles pour nous, ce ne sont pas des fêtes. Son papa ne peut pas l’accepter, il vit dans une bulle, il n’est pas à ce procès." #13novembre2015
Elle lit une lettre de Romain, qu'il a envoyé à ses parents en 2009, comme cadeau de Noël, où il leur dit tout l'amour qu'il a pour eux et les remercie pour l'éducation qu'il lui ont donné. C'est bouleversant #13novembre2015
Son fils, le grand frère de Romain Feuillade, s'avance à son tour. Il est lui aussi très éprouvé #13novembre2015
"Je ne peux pas m’empêcher de me dire que j’aurais pu le sauver, prendre ces putains de balles à sa place, qu’il continue sa vie. Pendant un an il m’a fallu 4 fois la dose prescrite pour pourvoir fermer les yeux ne serait-ce qu’une heure de temps" #13novembre2015
Le frère de Romain Feuillade : "Il ne sera ni père ni tonton, tout le monde est meurtri, anéanti. J’ai mis un an pour pouvoir me remettre à respirer. Chaque fois que je prononçais le prénom de mon frère, je pleurais." #13novembre2015
Il s’est tatoué la devise de Paris et les coordonnées de La Belle équipe sur les jambes. "Même si la vie de Romain a été stoppée, il continuera à avancer avec moi et on continuera à battre les flots sans sombrer et et ça personne ne pourra l’enlever" #13novembre2015
Après ces deux derniers témoignages bouleversants, l'audience est suspendue et reprendra demain à 12h30 #13novembre2015

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Je vous racontais ici les coulisses des préparatifs de ce rendez-vous judiciaire inédit, et la façon dont le monde judiciaire s’est mobilisé pour être à la hauteur du défi francetvinfo.fr/faits-divers/t… #13Novembre2015
Le préfet de police de Paris Didier Lallement vient de passer devant la presse #13Novembre2015
L’accès à l’intérieur du palais était prévu à 10h30. Je suis donc rentrée pour passer les contrôles, dignes des portiques d’un aéroport #13novembre2015
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