Je regrette que le procès du #13novembre ne soit pas retransmis publiquement, ou de savoir qu'on ne pourra sans doute pas le visionner ultérieurement. Dans certains cas la réforme que Moretti espérait me semble intéressante. Après tout le procès Barbie fut diffusé.
Ou mieux, si le support vidéo est trop dérangeant ; un ouvrage en plusieurs volumes, la retranscription intégrale du procès, ce serait une lecture édifiante j'en suis certain. Et je voudrais lire cela. (Ces attentats m'ont plongé dans une belle dépression à l'époque.)
D'ailleurs j'avais mis le temps à le comprendre et je ne voulais pas en parler aux gens autour, par décence. Je n'y étais pas, je n'ai perdu aucun proche. Mais un jour j'ai lu des articles à propos d'un potentiel de PTSD collectif induit par les médias. Je pense être concerné.
Je bossais sur les attentats de Charlie Hebdo avec une cinéaste qui sort actuellement son film ("Tu me ressembles" de Dina Amer) quand le 13 novembre est arrivé. J'ai abandonné mes études en ciné-docu dans les mois qui ont suivi, selon ma mère j'étais rachitique et effrayant.
Je me rappelle de réunions des étudiants à la fac, surtout après Charlie, avec le directeur de notre UFR de l'époque, Christophe Bident, un bon gars qui me manque parfois. Le répondant n'était pas là. On suggérant de la merde. Exemple :
Tracer des silhouettes au sol en Gare d'Amiens, pour que les voyageurs n'oublient pas. Moi je pétais un câble. "Vous voulez faire piétiner le souvenir des victimes ?". C'est la seule idée qui circulait. J'étais atterré par l'absence de créativité de nous aspirants artistes.
Rencontrer la famille de Ahmed Merabet, apprendre des choses révoltantes sur l'état et ses manipulations à l'occasion, puis douter de mon engagement à la fac, trouver Dina plus puissante seule que nous tous ensemble. Et paf, 13 novembre.
Les petits soucis et les petites frustrations du quotidien devenaient des cerises versées en pluie sur un gâteau se cassant la gueule. Les médias étaient tantôt sur le sensationnalisme, tantôt sur une solennité maladive, on se sentait tous invités à un enterrement interminable.
La violence rhétorique de gens remontés contre les musulmans d'un côté, le jeu du "charlie/pas charlie" par ailleurs, la division qui prenait corps quoi, donc la victoire du terrorismes sur l'intelligence collective et la culture de la raison.
Bref tout ça m'a mis un gros coup et je suis sur qu'une grande partie de la noirceur qui m'habite est héritée de cette année 2015 hyper difficile. Après on s'en tamponne en comparaison du martyr de tant de nos concitoyens directement touchés.
Mais bref. J'aimerais bien que quelque chose puisse faire sens, donner une leçon, permettre de réfléchir ensemble, et pas dans la haine ou la colère, pour me dire "On reprend des forces, on ne s'enfonce pas dans la rancoeur, on n'a pas fait triompher les assassins".
J'aimerais donc vraiment que nous puissions avoir un ouvrage, un support, un aboutissement utile, une leçon sur la vie, sa fragilité, sur la haine politique plus que religieuse, car tout ça est politique avant d'être religieux, et aussi sur l'amour, le soutien, le respect.
Vidéo + exemples en images arrêtées de choses qu'on ma mises sous les yeux sans aucune barrière, sous forme de #thread. DONC attention : c'est violent.
(Le nombre de vues sur ces contenus évolue toujours de façon exponentielle ; la violence se partage extrêmement vite, et sans contrôle. 4,5M de vues pour Yuriy. Probabilité que ça tombe sur des yeux et des cerveaux fragiles : très élevée.)
Je vous avais demandé de croiser les doigts bon sang. Maintenant je vais p'tet faire la plonge dans un lycée privé catho. Bravo hein. La postulation la moins passionnante. (Par contre le lycée est magnifique, joli cadre de travail).
Par contre faut pas trop songer à l'actualité du moment. Sinon les tables de pingpong tu les regarde vite de façon malsaine.
PUNAISE, de la plonge en 35h/sem c'est foufou. 7h/jour en plonge. Punaise.