2/ Si le droit européen s'impose sur droit national ce n'est que parce que les constitutions nationales le permettent, ou plutôt ne s'y opposent pas.
3/ La meilleure preuve de cet état de fait est que l'Union européenne ne parvient pas à imposer à la Pologne et à la Hongrie qu'elles respectent un certain nombre de principes qu'elle défend.
4/ Comment à la fois prétendre la supériorité de son droit tout en s'avérant incapable de le faire respecter dans des États (Pologne et Hongrie) qui par ailleurs se gavent de subventions européennes?
(On voudrait démontrer l'impuissance de l'UE on ne s'y prendrait pas autrement.)
5/ Par ailleurs, faut-il le rappeler? La Commission européenne est une autorité exécutive et non une autorité judiciaire. Elle n'a pas le pouvoir de dire le droit européen. C'est à la Cour de justice de l'UE de définir la légalité européenne et non à la Commission.
6/De ce fait, en publiant ce texte la Commission européenne sort totalement de son rôle et ne respecte elle-même pas la philosophie des traités. Rappelons que les décisions de la Commission sont régulièrement contestées par la CJUE et parfois déclarées illégales.
7/ Bref, ce texte lunaire relève du bluff. Non seulement rien n'est au-dessus d'une Constitution, mais il n'existe pas de Constitution européenne. Et même si les traités font office de Constitution, ils ne sont en aucun cas supérieurs aux Constitutions nationales.
8/ En dernière analyse, la légitimité d'un texte relève du crédit que lui prête un peuple de citoyens. En piquant une telle crise d'autorité, la Commission démontre à quel point sa légitimité est faible. Car celui qui a besoin de dire "je suis le chef!" est rarement un chef.
Pour clarifier mon propos et répondre à un certain nombre de remarques, j'ai reformulé et précisé ici mon analyse:
2/ Si le droit européen s'impose sur le droit national c'est parce que les Constitutions nationales le permettent, ou plutôt ne s'y opposent pas explicitement.
Ainsi, en France, l'appartenance européenne est inscrite dans la Constitution et cette dernière a été régulièrement modifiée pour éviter toute incompatibilité du texte constitutionnel sur le droit européen.
Une anecdote amusante à ce sujet.
En 2009, jeune MCF à Angers j'envoie début septembre une tribune au Monde sur la rentrée universitaire très difficile que nous connaissions après les grèves de la loi LRU qui paralysèrent les universités pendant des mois.
Après plusieurs semaines sans aucun retour, je la publie sur un blog Mediapart, puis je n'y pense plus.
À la mi-octobre, je reçois un email du Monde m'informant que cette tribune avait été sélectionnée pour paraître en fin de semaine. Je suis évidemment très heureux.
J'achète le numéro du lendemain pour trouver ma tribune. Il y a bien un dossier sur la rentrée universitaire avec des points de vues de chercheur, mais point de papier signé David Cayla. 😭😭
Beaucoup s'interrogent sur le sens de cette corrélation.
J'entends que ce serait lié au niveau d'instruction ou même d'intelligence, à la faiblesse des services publics, à des considérations politiques (les macronistes se vaccinant plus), au conformisme des classes supérieures...
Le problème de ces explications est qu'elles analysent la réticence vaccinale comme la conséquence de choix purement individuels.
Or, je pense au contraire qu'on a affaire à un phénomène social, qui résulte de l'histoire récente et de choix politiques.
#Thread 1/ Le taux de vaccination est lié à la confiance envers les institutions. Or, cela fait bien longtemps que les gouvernements ont abandonné les classes populaires. De ce fait la défiance dans cette catégorie de la population est extrêmement élevée. D'où le succès du RN.
2/ La gauche aurait dû reprendre le rôle qui a longtemps été le sien et s'intéresser à leurs pbs, y compris à l'insécurité, à l'islamisme, à la dégradation des services publics. Mais elle se réfugie dans les thématiques écologiques et sociétales et perd l'électorat populaire.
3/ Vient la pandémie de Covid-19, avec ses morts, pas mal de gens qui souffrent de séquelles, le burn-out des soignants, l'incompétence du gouvernement systématiquement dans la réaction, parfois le mensonge (l'épisode des masques) et jamais dans l'anticipation. Bref.
Qu'est-ce que le néolibéralisme? Petit fil. #Thread
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On trouve dans Le Choix du chômage, la BD-enquête de Damien Cuvillier et Benoît Collombat cette infographie qui tente de clarifier la "galaxie libérale" à la suite d'une interview du sociologie François Denord.
Je n'ai pas grand chose à redire sur ce que dit Denord dans le livre et sur sa manière de définir le néolibéralisme et l'ordolibéralisme.
Par contre, l'infographie ci-dessus est trompeuse et mérite quelques rectifications. On va donc expliquer ce que sont les écoles libérales.
1/ Le Libéralisme classique d'Adam Smith est-il celui de "la main invisible"?
Il est vrai que la pensée de Smith a été souvent réduite à l'idée qu'il faut laisser les gens se comporter librement pour que ces derniers soient poussés par "une main invisible" vers l'intérêt commun.