Selon un journaliste du Monde, les arguments en faveur des nouveaux OGM ressemblent à ceux en faveur des anciens OGM, qui n'ont pas tenu leurs promesses. Qu'en est-il vraiment ? lemonde.fr/idees/article/…
On va commencer avec le titre même. « L’agriculture occidentale a déjà connu une révolution génétique dont les promesses n’ont pas été tenues ».
Elle a surtout connu une révolution génétique qui a permis l'explosion de la production agricole, et d'arriver à l'agriculture d'aujourd'hui, qui nourrit quasiment tout le monde dans les pays occidentaux, sans avoir impacté les surfaces cultivées. ourworldindata.org/grapher/index-…
La révolution verte, dont il est question ici, est également due à l'apport d'intrants de synthèse, à la mécanisation, l'irrigation, mais aussi bel et bien à des avancements dans la génétique et le développement de cultivars à hauts rendements.
Alors évidemment le journaliste ne parle pas de ça, lui il parle de la transgénèse. Mais c'est une erreur, on a bel et bien des preuves que la génétique a fait ses preuves.
Plus loin, le journaliste nous dit ceci. C'est faux, car la directive en question exclut de son champ d'application de nombreux OGM, issus de mutagénèse notamment, et le résultat c'est qu'ils sont bel et bien cultivés en Europe, dont en France. Ils n'en sont pas moins des OGM.
Difficile d'estimer leur proportion, ironiquement à cause du peu de traçabilité vis-à-vis de ces méthodes, mais il est probable qu'ils représentent une majorité de ce que l'on consomme.
Par exemple, il est estimé que la majorité si ce n'est toutes les variétés d'orge en Europe descendent de cultivars obtenus par mutagénèse. Pourtant personne ne sait qu'il consomme un produit issu d'OGM en buvant une bière. link.springer.com/article/10.100…
Franchement ya des points qui sont incroyables, ce "dit-on" qui sous-entend que ça pourrait ne pas être vrai, c'est désolant. C'est le cas, et si le journaliste ne le sait pas il est soit incompétent soit malhonnête. Mais bon il le sous-entend juste donc il peut se dédouaner.
Encore une fois, le journaliste se trompe. Il ne s'agit pas ici de ne plus considérer ces organismes comme OGM, mais d'en assouplir la régulation, tout en continuant à considérer que ce sont des OGM.
Evidemment passons sous silence l'enthousiasme de toute la communauté scientifique académique qui travaille sur l'amélioration des plantes cultivées.
Et j'ai plus accès à la suite, mais comme le sujet c'est les variétés transgéniques qui n'auraient, selon le journaliste, pas fait leurs preuves, voyons un peu ça.
Déjà, comme le rappelle le journaliste (en confondant transgénique et OGM), ces variétés sont strictement régulées en Europe, résultant en une quasi absence. Comment alors juger objectivement de si elles font leurs preuves ou non?
Cette opposition aux organismes transgéniques fait qu'aujourd'hui, la majorité de ces variétés cultivées dans le monde sont de deux types seulement : résistants au glyphosate (environ 2/3), et Bt (résistants aux insectes, le tiers restant).
Encore une fois, difficile de voir si "les OGM" ont fait leurs preuves sur la base de deux types de variétés qu'on a réussi à mettre sur le marché.
Alors il y a aussi une minorité d'autres applications, comme la papaye rainbow qui a littéralement sauvé la culture de papaye à hawaï, ou les pommes arctic, qui permettent un brunissement ralenti, et donc une baisse du gaspillage.
Rien que ça, ça me parait une preuve du potentiel de ces applications, mais revenons sur les deux types majoritaires.
Pour ce qui est des résistants au glyphosate, leur utilisation permet de remplacer des herbicides bien plus problématiques, et d'adopter des pratiques de conservation des sols, notamment le non labour, qui ont des effets bénéfiques sur la vie du sol et l'érosion notamment.
Il est estmé que l'adoption de ces variétés permet des réductions significatives d'émissions de gaz à effet de serre, en réduisant le carburant utilisé pour passer dans les champs, ainsi que les gaz émis directement lors du retournement du sol. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29883251/
Pour ce qui est des Bt, ils permettent de contrôler efficacement certaines populations d'insectes, évitant ainsi l'épandage d'insecticides, bien plus problématiques pour l'environnement.
De nombreuses études montrent que leur adoption permet de diminuer les quantités d'insecticides utilisées contre ces ravageurs, et a des effets bénéfiques sur la biodiversité alentours.
Au global, il est estimé que l'adoption d'OGM résistants au glyphosate et Bt a permis une augmentation des rendements de 22%, des bénéfices des agriculteurs de 68%, et une réduction de l'utilisation de pesticides de 37%. journals.plos.org/plosone/articl…
Au vu de tout ceci, je pense quil est clair que l'apport de la génétique a clairement fait ses preuves, que ce soit pour ses bénéfices environnementaux, agricoles, et même sociétaux.
Sans parler du potentiel de ce qui n'a pas encore été mis sur le marché.
Il est désolant qu'un journal de cette envergure nie cela, allant à l'encontre de ce qu'avance toute la communauté scientifique travaillant sur le sujet.
Avec toute la désinformation que l'on voit autour du COVID, on devrait avoir un minimum pris conscience de la responsabilité des médias dans le traitement de l'information.
En publiant ceci, ils continuent de participer au dénigrement de la génétique dans toutes ses applications, notamment dans les vaccins.
AMHA, ceci est en partie responsable de tout le délire qu'on a pu voir cette année (et qu'on continue à voir) contre les technologies à ARNm.
Alors j'ai eu accès à la suite donc on va poursuivre.
Les opposants ont raison sur le fait que l'agroécologie, et des variétés adaptes au terroir soient nécessaires pour une agriculture durable. Mais rien ne dit que la génétique n'est pas complémentaire à ceci, au contraire.
Et puis si on veut développer des variétés adaptées au terroir, bah la génétique c'est pile ce qu'il faut hein...
Là encore on présente les arguments des opposants sans y apposer la réalité : ces modifications imprévues sont rares, et sont bien plus (genre, BEAUCOUP plus) fréquentes avec les méthodes habituelles.
Pour ce qui est des résultats comparables, le journaliste nous sous-entendait plus haut que ce n'était pas le cas ????????
Si c'est comparable, pourquoi s'y opposer ?
L'avantage de ces techniques étant qu'on évite justement les modifications imprévues bien plus nombreuses aves les autres techniques (soigneusement évitées dans l'article), et qu'on arrive au même résultat beaucoup plus rapidement.
Ensuite on écarte complètement les Bt de l'article pour ne parler que des résistants au glyphosate.
L'usage d'herbicides n'a pas forcément été réduit en quantités, mais la toxicité liée à leur utilisation a clairement diminué grâce à l'adoption des résistants au glyphosate. nature.com/articles/ncomm…
Et pour ce qui est des rendements, on a des études qui montrent que c'est clairement le cas.
Quant à l'avis de la NAS, il s'agit uniquement des USA, et le journaliste omet de mentionner qu'ils disent aussi ceci :
En disant ceci, le journaliste admet que le passage au glyphosate a bien permis d'éviter ces autres herbicides bien plus problématiques.
La résistance étant un réel problème qu'il faut gérer, mais pas inhérente aux OGM, et pas un argument pour arrêter de les utiliser.
Et le journaliste nous présente justement une variété qui permet d'éviter ces résistances juste après, mais il présente ceci comme si c'était un problème. Faudrait savoir.
Et avec tout ça, l'article ne parle pas à un seul moment des Bt, qui sont un exemple bien plus flagrant que les résistants au glyphosate que l'usage de la génétique a fait ses preuves.
Voilà, quand on dit que les OGM actuels ont augmenté les rendements, ce n'est pas que le rendement maximum théorique de la variété est augmenté. C'est qu'on évite les pertes de rendements (principalement sur les Bt)
Donc dans des pays comme les US ou on a un accès à des méthodes pour éviter les pertes de rendements (des pesticides principalement), les rendements vont peu changer, cf ce que dit le rapport de la NAS.
En revanche dans les pays ou l'accès aux intrants est plus limité, l'usage d'OGM Bt va permettre des rendements meilleurs. Pas en les augmentant, mais en évitant qu'ils soient diminués.
Parce qu'en dehors de ça, ces variétés n'ont pas été développées avec un but d'augmenter les rendements.
Illustration de ce que je disais sur les fameuses modifications indésirables. A gauche, des mutations nombreuses, une procédure longue. A droite, des mutations précises, des très rares mutations indésirables, une procédure plus rapide.
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
On passera sur le fait que si de telles variétés ne sont pas sur le marché aujourd'hui, c'est en grande partie à cause de l'opposition d'organismes comme Greenpeace.
Comme l'a soulevé @saprinti on trouve par exemple des projets de riz développé pour dégager moins de méthane. phys.org/news/2015-07-s…
La France est rapporteure pour la réautorisation du glyphosate au niveau UE en 2022, et vu que la controverse médiatique sur le glyphosate, l'ANSES a entrepris de trancher en mettant en oeuvre une batterie d'études.
Un groupe d’expertise collective en urgence (GECU) a été mis en place à l'ANSES, et ce groupe a défini les études à mener, et a rédigé le cahier des charges devant les encadrer.
Les arguments favorables aux OGM seraient soumis à très peu d'esprit critique, selon Stéphane Foucart. lemonde.fr/idees/article/…
Dès le châpo, il annonce la couleur : les industriels influencent le débat scientifique.
C'est le seul prisme par lequel Stéphane Foucart voit le monde, celui des lobbies partout. A aucun moment il ne peut imaginer qu'on soit en faveur de quelque chose indépendamment de lobbies.
Et si vous être pro-OGM sans être en conflit d'intérêt avec les lobbies, c'est juste que vous avez été soumis aux éléments de langage pro-OGM de l'industrie et vous êtes manipulés sans même le savoir.
Récemment, un certain directeur d'un certain IHU disait ceci quand à la significativité des résultats d'un test clinique. En fait c'est contre-intuitif, mais c'est littéralement l'inverse.
Et niveau contre-intuitif, il y a plein de choses un peu contre-intuitives en stats, plein d'idées reçues auxquelles j'ai moi-même longtemps crues, donc même si je pense que ça a déjà été abordé des dizaines de fois, un rappel n'est peut-être pas inutile.
Donc on va parler biostatistiques, pvalues et significativité, entre autres. Et on finira par voir pourquoi la plupart des découvertes scientifiques publiées sont fausses (c'est suffisamment putaclic c'est bon ?)
En premier lieu, les auteurs mentionnent cette étude, publiée en octobre dernier, qui montrait qu'un passage au bio en GB causerait une hausse des émissions de gaz à effet de serre. nature.com/articles/s4146…
Ils contre-argumentent alors que cette étude est simpliste et ne prend pas en compte de nombreux aspects.
Ils mentionnent leur propre étude, pas encore publiée, pour affirmer que de nombreuses caractéristiques bénéfiques du bio sont négligées.
L'EPA vient de rendre un rapport dans lequel ils évaluent les deux dernières méta analyses sur le lien entre glyphosate et cancers (principalement les lymphomes non Hodgkiniens, NHL) dans le cadre de leur réévaluation du glyphosate. epa.gov/sites/producti…
Premièrement, la méta-analyse de Zhang et al (2019), première méta-analyse à prendre en compte les résultats ultérieurs de la cohorte AHS (Andreotti et al 2018), résultats les plus solides à l'époque. sciencedirect.com/science/articl…
J'avais déjà soulevé des biais de l'étude à l'époque ici :