@ValPSQR Au programme aujourd'hui : les auditions du père et de la soeur du terroriste du Bataclan Samy Amimour.
LT à suivre ici.
Et l'antenne de @franceinter c'est @sophparm dès le journal de 13h.
L'audience reprend. Mais ni Salah Abdeslam, ni Osama Krayem ne sont présents dans le box.
Comme le veut le code de procédure pénale, l'audience est donc immédiatement suspendue le temps des sommations d'huissier.
L'audience reprend. "Après les sommations prévues par la loi, messieurs Abdeslam et Krayem ont refusé de venir à l'audience", précise le président, sans que l'on connaisse les motivations de ces absences désormais puisque les auditions des enquêteurs belges sont terminées.
Les accusés étant à nouveau neuf dans le box (trois d'entre eux comparaissent libres et sont installés devant), le président les prient "de bien garder le masque".
Place à l'audition du premier témoin, monsieur Azdyne Amimour, père du kamikaze du Bataclan Samy Amimour.
Azdyne Amimour s'avance à la barre. "Je suis retraité. J'ai 74 ans. Et je réside à Liège en Belgique", précise-t-il comme le veut la procédure.
"Lorsque j'ai appris l'attentat, je savais qu'il y avait un attentat et puis c'est tout. Et le lundi, ils sont venus nous chercher."
Azdyne Amimour : "moi, ma femme et ma fille ont a été en garde à vue. Je ne savais absolument rien. On m'a interrogé, plusieurs fois. J'ai passé je crois quatre jours et quatre nuits en garde à vue. Et j'ai été relâché."
Azdyne Amimour : "mon fils a fait un parcours scolaire sans faute. Il a eu son bac du premier coup, s'est inscrit pour faire une licence en droit. Et puis après, ça s'est passé à une vitesse vertigineuse. Il a commencé à s'intéresser à la religion, à fréquenter la mosquée."
Président : "est-ce que vous pouvez dater cette évolution, ses fréquentations?"
Azdyne Amimour : "je sais qu'il allait faire du foot. Je suis allé le voir une ou deux fois aux entraînements. A propos de la mosquée, j'étais un peu inquiet donc j'y suis allé avec lui."
Azdyne Amimour : "je suis allé deux ou trois fois avec lui à la mosquée du Blanc-Mesnil. J'ai entendu le prêche, mais je n'ai remarqué d'anormal."
Président : "mais vous étiez inquiet par rapport à quoi?"
- par rapport à sa nouvelle façon de s'habiller.
Azdyne Amimour : "au départ, je me disais "s'il est sur la bonne voie en pratiquant la religion, je préfère ça qu'être dealer ou autre ..."
Mais il s'est mis à porter le qamis, tout ça. Lorsqu'il est parti [en Syrie, ndlr], il nous a dit qu'il allait dans le sud de la France."
Azdyne Amimour évoque la dernière fois qu'il a vu son fils : "c'était bizarre. Je partais et il est venu jusque dans l'ascenseur pour m'embrasser. Ca m'avait marqué. Et puis quelques jours après, il a appelé sa mère pour lui dire "pas la peine de me chercher, je suis en Syrie".
Azdyne Amimour : "on parlait avec lui par Skype. Je lui posais des questions. Mais à un moment donné, cela l'a dérangé et comme je ne voulais pas qu'il rompe le contact, je ne lui ai pas fait la morale.
Il m'a dit qu'il apprenait le dialecte syrien. "
Azdyne Amimour : "il me disait qu'il voulait apprendre l'arabe et qu'il voulait aider."
Président : "aider?"
- au début, en Belgique, il faisait des maraudes pour ramasser des vêtements pour la Syrie.
- vous l'avez cru
- au début, oui. C'était un enfant sage. Donc on le croit.
Président : "à quel moment vous comprenez qu'il n'est pas dans l'humanitaire, mais avec le Jabat Al Nosra"
Azdyne Amimour : "une cousine qui travaillait à l'Unicef m'a dit que c'était une association humanitaire. Puis après, j'ai compris que c'était une filière d'Al-Qaïda."
Président : "vous êtes allé en Syrie pour essayer de récupérer votre fils?"
Azdyne Amimour : "j'y suis allé en 2014. Mais quand j'ai été entendu par la DGSI, je venais d'apprendre que mon fils était impliqué dans les attentats, j'étais sous le choc, alors j'ai dit non."
Azdyne Amimour : "c'était en juillet 2014. Je suis allé en Turquie. J'ai contacté mon fils par téléphone. Et le lendemain, quelqu'un a frappé à ma porte : il m'a dit dans 5 minutes, tu descends, tu ne parles à personne. Il m'a arrêté devant un minibus."
Mais arrivé devant le minibus, Azdyne Amimour explique qu'ils n'ont pas voulu le prendre. Deux jours après, en revanche, "je n'ai pas eu de problème. On est parti vers la Syrie. On a traversé un barrage ou je voyais le drapeau noir..."
Président : "le drapeau de l'Etat islamique"
Azdyne Amimour : "j'ai discuté avec les gens qui étaient là. Il y avait un Allemand qui m'a dit : "je vais te présenter l'émir". L'émir m'a dit : comment il s'appelle ton fils? Il est dans quelle katibat?"
Et quand je lui ai dit le nom de la katibat, il a renvoyé tout le monde."
Azdyne Amimour : "je suis entré dans le bureau de l'émir, il m'a embrassé et il m'a dit : "votre fils est dans la katibat des héros".
J'ai passé la nuit dans une caserne dans la ville de Jarabulus, je crois. "
Azdyne Amimour finit par voir son fils. Président : "qu'est-ce qu'il vous a dit ?"
"Bah, pas grand chose. Il avait une tenue militaire et des béquilles. Il m'a fait un sourire. On a pris la voiture, j'essayais de lui parler mais il n'y avait pas vraiment de communication."
Azdyne Amimour : "je voulais aller tout doucement avec lui, pour essayer de comprendre."
Président : "vous êtes resté combien de temps avec lui?"
- en tout 4 jours.
- mais vous avez discuté quand même ?
- à peine. A peine, une phrase.
Président : "vous restez quatre jours sans avoir plus de précisions?"
Azdyne Amimour : "j'ai essayé de lui poser deux questions. J'ai pas eu de réponse et j'avais l'impression de l'enquiquiner"
- mais vous avez compris qu'il était chez Daech?
- ah oui, bien sûr, j'ai compris !
Azdyne Amimour : "et puis un jour, il m'a dit qu'il y avait un bus qui repartait pour la frontière."
Président : "qu'est-ce que vous lui avez dit en repartant?"
- bah, il n'était pas très volubile. Je lui ai demandé comme il s'était blessé, il ne m'a pas répondu.
Azdyne Amimour : "j'ai beaucoup plus communiqué avec ses collègues qu'avec lui. Je ne sais pas s'il avait reçu des instructions. Donc je lui ai dit aurevoir et je suis rentré."
Président : "et vous avez continué à avoir des contacts?"
- oui, jusqu'à six mois avant les attentats.
Azdyne Amimour : "après, j'ai commencé à recevoir des messages écrit sur Skype, mais j'ai dit à ma femme "ce n'est pas lui qui écrit ça". Ca ne ressemblait pas à son langage."
Azdyne Amimour raconte une scène vécue en Syrie. "Il y avait un type sur son lit d'hôpital, il avait des fils qui pendaient". Il touche son épaule. Ca avait l'ait de le gêner, j'ai voulu les enlever. Il m'a repoussé la main violemment. C'était une ceinture explosive."
Azdyne Amimour : "j'ai vu une vidéo où il disait aux gens d'aller faire le djihad, d'agresser les gens avec des pierres. J'ai vu cette vidéo, j'ai essayé de l'éviter mais bon ..."
Président : "vous ne l'avez pas vu en train de s'en prendre à un prisonnier?"
Non.
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Azdyne Amimour : "mais Georges Salines [père de Lola, tuée au Bataclan] avec qui j'ai fait un livre m'a parlé d'une autre vidéo"
Président : où on voit votre fils et d'autres décapiter des otages.
- ça, je l'ai appris par Georges. Je n'étais pas au courant. Et je ne l'ai pas vue.
Azdyne Amimour semble physiquement éprouvé.
"Vous voulez une chaise?"
Il accepte.
Le président revient à la charge : "vous passez quatre jours, votre fils ne veut pas communiquer quoi que ce soit. Qu'est-ce que vous pouvez espérer?"
"Je voulais garder le contact".
Azdyne Amimour se trouve en Syrie au moment où le califat est proclamé, le 29 juin 2014. Il repart deux jours après : "j'étais soulagé, j'avais peur qu'on ne me laisse pas repartir."
Président : "on essaye de comprendre ..."
Azdyne Amimour : "moi même, là-Bas, j'essayais de comprendre. Il a été complètement lobotomisé. J'ai essayé de l'égayer avec le foot, ça n'a pas marché. J'ai essayé autre chose, non plus. Et puis j'étais épuisé, malade."
La 1ere assesseure revient sur la première interpellation de Samy Amimour en octobre 2012.
Azdyne Amimour : "ma femme et moi, on a été menottés dos à dos. J'ai demandé : c'est des affaires de dealer? On m'a dit : non, c'est plus grave que ça."
Azdyne Amimour : "après sa garde à vue, il nous a invité au restaurant. Et nous a dit qu'il avait été interpellé parce qu'un copain à lui avait hébergé quelqu'un qui était fiché."
La 1ere assesseure précise que des fichiers djihadistes ont été retrouvés dans son ordinateur.
1ere assesseure : "il a été placé sous contrôle judiciaire ..."
Azdyne Amimour : "oui, on lui avait pris son passeport. C'est après que j'ai appris qu'il avait fait une déclaration de perte et demandé un nouveau."
- et c'est avec ce nouveau passeport qu'il est parti en Syrie"
1ere assesseure : "il a travaillé comme chauffeur de bus à la RATP, à quelle époque?"
Azdyne Amimour : "je ne connais pas les dates exactes. Il a travaillé environ un an. Et puis il a arrêté, il m'a dit qu'il avait pris une année sabbatique. Mais on ne pouvait rien faire."
Azdyne Amimour au sujet de son voyage en Syrie pour tenter de récupérer son fils : "moi j'avais espoir qu'il revienne, que quand il me voie, il change d'avis. Mais je pense qu'ils l'ont tellement impliqué qu'il ne pouvait plus faire marche arrière."
2e assesseure : comment votre fils que vous décrivez comme gentil garçon a pu égorger des prisonnier puis tirer sur tout le monde au Bataclan? Vous dites qu'il est influençable mais vous n'avez pas réussi à l'influencer
Azdyne Amimour : je n'ai jamais voulu brusquer mes enfants
Une assesseure revient sur le fait qu'aux dates où Azdyne Amimour a affirmé être en Syrie pour récupérer son fils (à la fin juin 2014), il y avait "des combats avec l'Etat islamique, les kurdes : vous n'avez rien vu?"
Azdyne Amimour : "rien du tout. Les magasins étaient ouverts"
L'avocate générale revient sur le fait qu'Azdyne Amimour a déclaré au Monde avoir été en Syrie pour récupérer son fils, puis le contraire à la DGSI. "Vous êtes en garde à vue au lendemain des attentats dans lequel votre fils est impliqué, on imagine les raisons de ce mensonge..."
Azdyne Amimour : "c'est un refus de communiquer. Le procureur m'a dit brutalement : "votre fils est mort et je vais vous garder encore". J'étais choqué".
Avocate générale : "non, monsieur, vous avez menti avant la prolongation de garde à vue qui s'est mal passée"
Azdyne Amimour évoque une vidéo que son fils lui a montrée en Syrie : "on voyait un officier prisonnier. Ils obligent son fils à creuser une tombe, il était mineur. Et puis on le voit décapité. Cette vidéo m'a bouleversée".
Azdyne Amimour explique qu'il y a 8 mois, il a appris d'un avocat que sa petite-fille était en vie. Cet enfant est née en Syrie après les attentats du #13Novembre 2015 et donc le décès de son père Samy Amimour au Bataclan.
Azdyne Amimour aimerait la retrouver, dit-il.
Me Aude Rimailho (PC) : "vous savez d'où vient la fragilité psychologique de votre fils que vous et votre épouse évoquez?"
Azdyne Amimour : "je ne sais pas s'il s'est trouvé mal entre deux soeurs. Il a aussi une cousine qui s'est suicidée, mon épouse dit que ça l'a travaillé."
Azdyne Amimour : "j'étais croyant mais pas pratiquant. Mais je me suis mis à prier pour lui [son fils Samy, ndlr] pour espérer, en l'accompagnant pouvoir mieux le contrôler. Mais Samy n'était pas stable, il y avait une mauvaise influence autour de lui."
Azdyne Amimour au sujet de la radicalisation de son fils Samy : "je culpabilise souvent. Et je n'arrive pas à comprendre moi-même. Je n'ai pas eu le millionième de ce que lui a eu. On fêtait Noël, il avait des cadeaux. Je n'ai pas eu tout ça, moi. Je ne comprends pas."
Sur question de Me Dewavrin (PC) sur la manière dont le départ de Samy Amimour a été discuté au sein de la cellule familiale, Azdyne Amimour reconnaît que "la communication dans la famille n'est pas très très riche. J'aurais aimé communiquer plus avec ma fille par exemple."
Les questions des avocats de parties civiles se multiplient : sur la durée de son séjour en Syrie, ses relations avec son fils etc.
Mais Azdyne Amimour y a déjà assez largement répondu. Et n'a pas beaucoup plus d'éléments à fournir à la cour.
A nouveau interrogé sur son séjour en Syrie aux côtés de son fils, Azdyne Amimour explique qu'il n'a eu qu'un seul instant en tête-à-tête. "J'en ai profité pour lui donner la lettre [de sa femme, ndlr] pour tenter de l'adoucir un peu car c'était une belle lettre, intelligente."
Azdyne Amimour : "dans l'enveloppe, j'avais glissé un billet pour aller ou restaurant ou je ne sais pas quoi. Quand il est revenu [après s'être retiré pour aller la lire], il m'a rendu le billet et il a gardé la lettre."
Devant une nouvelle question de parties civiles, le président s'agace un peu : "si on pouvait poser de nouvelles questions. Car les techniques d'interrogatoires, je connais un peu. Or, je lui ai moi-même déjà posé cette question et je ne pense pas que la réponse sera différente".
Face à une nouvelle question sur les dates de présence d'Azdyne Amimour en Syrie, le président s'agace encore : "cela fait trois heures que ce témoin est entendu. J'ai moi-même posé cette question, madame l'assesseure est revenue sur la question. C'est bon là ..."
Une avocate de partie civile évoque "vous avez vécu 4 ans en Jordanie dans les années 1960, vous avez été en Syrie. Je voudrais savoir ce qui n'a pas fonctionné dans la transmission que vous auriez pu faire à votre fils au sujet de la Syrie?"
Le président s'agace encore ...
"Ah encore une question de partie civile", soupire le président. Puis assure "oui, oui, vous aurez la suspension. On y pense. On y pense tous ..."
Fin de l'audition d'Azdyne Amimour. L'audience est suspendue un instant avant l'audition de Maya Amimour puis du père du terroriste Ismael Mostefai.
L'audience reprend pour l'audition de Maya Amimour, soeur Samy Amimour. "J'ai 28 ans. Je suis accompagnatrice d'enfants en maternelle"
Le président rappelle : "vous êtes mise en examen dans le cadre d'une autre procédure donc ne vous posera pas de questions à ce sujet"
Maya Amimour : "je n'étais pas du tout au courant de ce qui allait se passer. J'avais interdiction d'être en contact avec lui depuis mars 2015.
Mon frère était quelqu'un d'introverti, de très timide. Avant qu'il parte, on n'avait pas trop de contacts lui et moi. C'était cordial"
Maya Amimour : "mon frère a toujours été très distant avec moi jusqu'à ce qu'il s'en aille.
Mais à part le fait qu'il avait changé de tenue et que la mosquée était devenu son quotidien, il n'y avait rien qui m'indiquait qu'il s'était endurci dans la religion".
Président : "il part en Syrie en septembre 2013, que dit-il à ce moment-là?"
Maya Amimour : "Il avait dit qu'il partait dans le sud. Ma mère trouvait ça étonnant mais elle s'est dit que ça lui ferait du bien. Il avait dit qu'il partait une semaine. Et puis ça se prolongeait."
Maya Amimour : "il y a un manque de communication chez moi qui a toujours été présent. Chaque sujet est tabou."
Président : "quand avez-vous su qu'il était en Syrie?"
- je l'ai su par après, mais un peu par hasard, par des amis à moi.
Président :"vous aviez des contacts quand il était en Syrie?"
Maya Amimour : "oui, par Skype. Mais, il nous parlait surtout d'animaux. C'était pas un discours guerrier en fait. Ca s'est fait au fil des mois, il disait qu'il allait s'entraîner dans les montagnes"
Maya Amimour : "au bout d'un moment, il m'a dit qu'il combattait.
Après, il m'a montré des photos avec des têtes de personnes sur des piquets, il me disait que c'était des violeurs et des pédophiles."
Maya Amimour : "et puis il m'envoyait des PDF sur la manière de bien se comporter en islam. Je lui disais que je les avais lu pour ne pas le froisser.
Je ne voulais pas qu'il se vexe parce que j'étais le seul contact direct avec lui."
Président : "est-ce qu'il vous parlait d'un retour possible?"
Maya Amimour : "j'avais osé un jour lui poser la question et il m'avait dit "non, je ne compte par revenir, ma vie est terminée là-bas. Je reste ici".
- Il vous avait dit qu'il avait des armes?
- oui
Président : "votre père a tenté de le ramener?"
Maya Amimour : "oui, c'était à l'été 2014. Il est allé en Syrie"
- et qu'est-ce qu'il vous a dit ?
- rien du tout parce qu'il est rentré épuisé, il est resté plus de 20 jours alité. Et après, on n'en a plus reparlé.
Président : "votre frère était assez autoritaire avec vous?"
Maya Amimour : "pas spécialement autoritaire, mais c'était une figure que je respectais beaucoup."
- il vous parlait beaucoup?
- j'ai beaucoup plus parlé avec lui à cette période-là que pendant toute mon adolescence
Le président évoque une vidéo dans laquelle Samy Amimour décapite un otage. "Vous avez une explication à cette dérive?"
Maya Amimour : "aucune. La personne que j'ai connue en France n'a rien à avoir avec celle qu'il est devenu. Même manipulateur, il ne l'était pas à la base."
Président : "vous n'avez pas essayé de convaincre votre frère de revenir?"
Maya Amimour : "absolument pas. C'était inimaginable pour moi. Car j'avais cette peur qu'il me tourne le dos."
Maya Amimour : "j'ai grandi essentiellement avec ma mère. Je n'ai pas eu de figure paternelle présente. Mais je n'ai pas eu de manque. Ma figure paternelle c'était Samy."
La première assesseure évoque la démission de Samy Amimour de son poste de chauffeur de bus à la RATP.
Maya Amimour : "moi, je n'ai su que beaucoup plus tard qu'il avait démissionné. Parce qu'il partait, il faisait sa journée".
La première assesseure lit un texte écrit par Maya Amimour sur les réseaux sociaux le jour de l'anniversaire de Samy : "chaque jour que Dieu fait tu me manques un peu plus. Je ne voulais pas me l'avouer mais chaque jour je te ressemble un peu plus : ton rire, ton sourire."
Première assesseure : "en famille, on en discute pas? Même quand votre père revient de Syrie, qu'il l'a vu alors qu'on sait qu'il combat dans une katibat ?"
Maya Amimour : "non, on n'en parle pas. Je pense que toute le monde a voulu protéger tout le monde. Et surtout ma mère."
Maya Amimour : "j'ai eu du mal à le dire à l'époque, mais aujourd'hui j'arrive à dire que j'ai été suffisamment attendrie pour qu'il me demande les services qu'il a pu me demander"
En l'occurrence, l'aide qu'elle apportera à sa future épouse pour qu'elle le rejoigne en Syrie.
Me Dewavrin : "qu'avez-vous ressenti quand vous avez appris l'implication de votre frère dans les attentats?"
Maya Amimour : "J'étais très énervée. Je me suis dit : comment il a pu faire ça ? Et six ans après, je lui en veux toujours. Je me sens honteuse d'avoir le même nom."
Maya Amimour au sujet de sa mère : "elle n'est plus la même personne qu'avant. Elle regarde dans le vide ..."
Mohamed Abrini se lève dans le box, très énervé : "je suis désolé d'intervenir. Mais ces gens-là sont innocents. Ils ont pas à s'excusez. Vous accusez des témoins !"
Fin de l'audition de Maya Amimour. Elle quitte la salle d'audience alors que l'huissier va chercher le dernier témoin dans la salle réservée. Il s'agit du père d'un autre terroriste du Bataclan, Omar Mostefai.
Mohamed Mostefai s'avance à la barre : "mon fils était un garçon normal. Il était correct, juste , travailleur. Il était chef boulanger chez Paul. Et on n'a rien vu de mal chez lui, que du bien."
Président :"il est parti en Syrie en septembre 2013, vous n'aviez pas remarqué de changement dans son attitude?"
Mohamed Mostefai : "non, pas du tout. Il était pratiquant, normal. Comme tous les musulmans pratiquants."
Président : "il fréquentait quelle mosquée?"
Mohamed Mostefai : "la mosquée de Beaulieu."
- que vous fréquentiez aussi?
- oui
- et c'était comment?
- normal
- C'était pas une mosquée un peu rigoriste?
- Non, je ne pense pas.
Président : "votre fils, il s'est radicalisé à un moment donné, non?"
Mohamed Mostefai : "moi je n'ai pas vu de radicalisation."
- il est quand même parti en Syrie, non?
- il nous a dit qu'il allait travailler à Dubaï.
- et de la Syrie, il vous appelait ?
- oui, par téléphone
Président : "monsieur, vous êtes témoin. On ne vous poursuit pas. Vous dites que vous avez su qu'il s'était radicalisé quand il était là-bas. On a toutes les raisons de penser que vous le saviez avant."
Mohamed Mostefai : "je reconnais que j'aurais du le signaler à la police."
Président : "il faisait quoi en Syrie, vous saviez que votre fils participait à des massacres?"
Mohamed Mostefai : "moi, je suis contre ça, monsieur. Je lui disais que l'islam ce n'est pas tuer les gens."
- et qu'est-ce qu'il vous disait?
- il me disait : je suis bien où je suis
Le président : "vous n'avez pas pensé aller le chercher, comme monsieur Amimour?"
Mohamed Mostefai : "non, moi je suis contre leurs idées. On ne pensait pas qu'il serait impliqué dans ces attentats"
Président : "comment expliquez vous que votre fils qui est gentil se retrouve à décapiter quelqu'un avec un couteau?"
Mohamed Mostefai : "je n'ai pas la réponse. C'est barbare. Faire une chose pareille ...."
- et vous n'avez rien vu, rien compris?
- non rien, franchement.
La 1ere assesseure évoque le parcours d'Omar Mostefai : "il a eu trois enfants. Les deux premiers sont nés en France et le troisième en Syrie. Il fréquentait la mosquée tous les jours?"
Mohamed Mostefai : "moi aussi, je vais à la mosquée tous les jours. Je ne suis pas radicalisé"
Camille Hennetier (avocate générale) : "Votre fils part en Syrie. Puis sa femme part le rejoindre avec ses deux enfants de 1 et 4 ans ..."
Mohamed Mostefai : "oui, elle a dit qu'elle allait le voir en Syrie avec les enfants et puis qu'elle revenait."
- Et elle n'est pas revenue.
Avocate de parties civiles : "quelles relations aviez vous avec votre fils?"
Mohamed Mostefai : "J'étais très proche de lui. C'était un garçon charmant. Ce qui lui a pris, je ne sais pas."
- Et vous aviez beaucoup de discussions sur la religion?
- Oui, on en parlait souvent.
L'audition de Mohamed Mostefai touche à sa fin. Il veut rajouter quelques mots : "je suis désolée pour les victimes. Je suis touché parce que c'est un acte barbare. Et je leur demande pardon."
L'audience est suspendue. Elle reprendra mardi à 12h30.
Et voici le compte-rendu du jour, avec les témoignages d'Azdyne et Maya Amimour et de Mohamed Mostefai, proches de deux des terroristes du Bataclan.
Compte-rendu illustré par @ValPSQR
> franceinter.fr/justice/proces…
Un excellent week-end à tous.
Merci encore pour vos nombreux, gentils et encourageants messages.
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L'audience reprend. Comme depuis le début des auditions des enquêteurs belges, des accusés ont refusé de venir dans le box. Aujourd'hui, il s'agit d'Osama Krayem, de Salah Abdeslam et de Sofien Ayari.
L'audience est donc suspendue le temps que l'huissier procèder à la sommation.
Aujourd'hui et demain, sont les derniers jours consacrés aux auditions des enquêteurs belges. Avec, pour aujourd'hui, les parcours d'Abdellah Chouaa et de Ali Oulkadi.
Comme systématiquement ces derniers jours, l'audience ne reprend que pour constater l'absence de certains accusés. Ils sont trois aujourd'hui : Salah Abdeslam, Sofien Ayari et Osama Krayem.
Un huissier doit procéder aux sommations d'usage. Et l'audience pourra reprendre.
L'audience tarde à débuter car plusieurs des accusés, dont Salah Abdeslam, refusent de venir s'installer dans le box.
Logiquement, un huissier devrait prendre acte de leur refus afin que le procès puisse reprendre.
Au programme aujourd'hui : les auditions de deux enquêteurs de la DGSI sur le parcours des deux accusés arrêtés en Autriche mais soupçonnés d'avoir été prévus pour faire partie des commandos du #13Novembre 2015.
L'audience reprend.
On débute, comme souvent, par de nouvelles constitutions de parties civiles.
Puis, le président lance la connexion avec la salle de vidéotransmission où se trouve l'enquêteur de la DGSI qui va témoigner anonymement, sous le matricule 287SI.
L'audience du jour ne débutera pas avant 14h30 en raison ce matin d'un débat en chambre du conseil (c'est-à-dire dans les accusés, parties civiles, presse, public) sur la question de l'anonymisation réclamée par les enquêteurs belges qui doivent être entendus la semaine prochaine
Au programme aujourd'hui, la suite des auditions des enquêteurs de la DGSI avec les parcours des trois terroristes du commando du Bataclan, notamment.
Au programme aujourd'hui : les auditions du ministre de l'Intérieur et du procureur de la République de Paris de l'époque : Bernard Cazeneuve et François Molins.
L'audience reprend pour aujourd'hui. Quelques points de procédure avec le versement de différentes pièces aux débats, de nouvelles constitutions de parties civiles également.