Bonjour à tous,

C'est aujourd'hui la 15e semaine d'audience au procès des attentats du #13Novembre 2015. 59e journée.

Le compte-rendu de la dernière journée, illustré par @ValPSQR est disponible ici > franceinter.fr/justice/proces…
@ValPSQR L'audience reprend, mais Salah Abdeslam et Osama Krayem refusent encore de comparaître aujourd'hui.
L'audience est donc immédiatement suspendue "pour les sommations d'usage" précise le président.
@ValPSQR A suivre, les auditions des proches des terroristes décédés Chakib Arkouh et Najim Laachraoui.

LT à suivre ici.
Retrouvez @sophparm à l'antenne de @franceinter
Et les dessins de @ValPSQR
Mais avant cela, l'enquêtrice 020SI, qui a déjà été entendue à cette audience, doit faire un exposé sur les frères Jean-Michel et Fabien Clain, voix des revendications des attentats du #13Novembre 2015.
Cet exposé avait été reporté en raison d'une journée d'audience trop longue
Enquêtrice 020SI : "le clan Clain se regroupe autour de la matriarche. Elle a trois enfants : Jean-Michel, Fabien et Anne-Diana avec un première époux et une autre fille avec un autre homme".
Elle part en Syrie le 22 février 2015 où elle décède peu après d'une maladie du foie.
L'enquêtrice 0201SI débute avec Fabien Clain, né le 30 janvier 1978 à Toulouse. Il a épousé Mylène Foucre avec laquelle il a eu quatre enfants.
"Fabien est d'abord de confession chrétienne et se convertit à la religion musulmane en 2000".
L'enquêtrice 020SI évoque maintenant Jean-Michel Clain, né le 29 août 1980, marié à Dorothée Maquere. "Ils ont ensemble huit enfants", indique l'enquêtrice qui cite les prénoms de chacun (sauf le petit dernier qu'elle ignore).
Enquêtrice 020SI : "cette famille vit en clan très fermé, en application de la charia".
"A Toulouse, Fabien et Jean-Michel vont évoluer au sein de la mouvance radicale. Et même en devenir les figures emblématiques".
Enquêtrice 020SI : "Fabien Clain fonde une association avec son frère Jean-Michel. Ils fréquentent un groupe de salafistes et se retrouvent à la mosquée de Bellefontaine à Toulouse.
Fabien pratique un prosélytisme agressif de communauté. Il vit dans une logique clanique."
Enquêtrice 020SI : "Fabien Clain va tenir un discours de plus en plus violent envers les kouffars.
Les frères Clain vont ensuite se tourner vers l'étranger et fréquenter la sphère salafiste et djihadiste européenne et égyptienne."
Enquêtrice 020SI : "Jean-Michel Clain et sa femme vont vouloir s'installer au Yémen, mais ils se font refouler faute de visa. Ils vont alors s'installer au Caire. A l'époque de nombreux Français s'y installent.
Ils tissent de solides amitiés qui ont leur importance par la suite".
Enquêtrice 020SI : "Fabien Clain, lui s'installe en Belgique avec femme et enfants. La Belgique apparaît à l'époque comme la plaque tournante de la propagande salafiste à l'échelle européenne. Fabien Clain est susceptible d'y avoir rencontré Farouk Ben Abes et d'autre islamistes"
Enquêtrice 020SI : "En 2006, Fabien Clain et sa famille rejoignent Jean-Michel en Egypte. Là, ils vont évoluer au sein d'un groupe de français et belges.
Ils comprennent rapidement l'utilité du djihad médiatique."
Enquêtrice 020SI : "En 2008, les frères Clain reviennent en France et c'est le début des dossiers judiciaires.
Pour Fabien Clain, tout d'abord le dossier Artigat, filière d'acheminement de combattants vers l'Irak. Il est jugé en juin 2009 et condamné à 5 ans d'emprisonnement"
Enquêtrice 020SI : "ensuite, il y a le dossier Farouk Ben Abbes : Fabien Clain est entendu comme témoin depuis la prison de Fleury-Merogis.
Ensuite, le dossier de départ de membres de la famille Clain en Syrie, qui est toujours en cours.
Enfin, le dossier du #13Novembre "
Enquêtrice 020SI : "Jean-Michel Clain, il est mis hors de cause dans le dossier Artigat. Puis, placé en garde à vue dans le dossier Farouk Ben Abbes. Puis, le dossier de départ en Syrie de la famille Clain, toujours en cours.
Et enfin, le dossier des attentats du #13Novembre "
Enquêtrice 020SI : "Jean-Michel quitte le territoire national le 14 février 2014. Son trajet est Barcelone-Istanbul-Hattay. Sa famille le rejoint le 13 mars 2014, passe par Milan.
Ils partent par petits groupes, pas tous en même temps, pour ne pas attirer l'attention."
Enquêtrice 020SI : "en 2014, Jean-Michel Clain aurait rejoint un groupe de combattant avec le titre d'émir. Il supervise aussi l'arrivée de combattants en Syrie. Dès 2015, il commence son activité de revendication et de menaces envers la France par le biais d'anasheeds."
Enquêtrice 020SI : "les anasheeds sont des chants pieux, ils ont toujours existé en islam, mais là, ils sont utilisés à des fins dijhadistes. Ces chants sont galvanisants, ils rendent sacrés un combat armé.
Jean-Michel Clain chante des anasheeds diffusés par l'Etat islamique"
"Jean-Michel apparaît comme l'interprète des anasheeds publiés depuis 2015", indique l'enquêtrice 020SI. Elle cite par exemple celui présent sur la vidéo de revendication d'Amedy Coulibaly, auteur des attentats de Montrouge et de l'Hypercacher en janvier 2015.
Enquêtrice 020SI : "En 2013, Fabien Clain se rend plusieurs fois en Belgique, fréquente des mosquées salafistes. Puis, il cherche à financer son voyage. Il fait aussi des achats à crédits soit sur internet, soit des magasins de téléphonie à Toulouse."
Enquêtrice 020SI : "il fait une déclaration de perte de sa carte d'identité et s'en voit délivrer une nouvelle. Puis, le couple part en Syrie.
Fabien réussit à passer en Turquie avec sa mère, mais Mylène est refoulée et rentre en France avec ses enfants. Elle est interpellée."
Enquêtrice 020SI : "pendant sa garde à vue, quand on lui pose la question : "souhaite-t-elle rejoindre sa famille en Syrie?", Mylène Foucre répond : "non".
Suite à sa garde à vue, elle est laissée libre. Elle prépare son nouveau départ. Elle est en Syrie le 16 août 2015."
Enquêtrice 020SI : "tous les documents d'identité de Mylène Foucre avaient été placés sous scellés, mais le dossier dit Catalogue, du faussaire belge révèle l'hypothèse que Mylène Foucre aurait bénéficié d'une fausse carte d'identité belge, comme d'autres auteurs du #13Novembre "
Enquêtrice 020SI : "en août 2015, le clan Clain s'est reformé en Syrie.
Fabien et Jean-Michel Clain se consacrent au djihad médiatique en diffusant la propagande francophone de l'Etat islamique. Par exemple, la revendication des attentats du #13Novembre 2015".
Enquêtrice 020SI : "A Raqqa, les frères Clain prennent de nombreuses précautions dans leurs déplacements et leur sécurité. Ils prennent des camions, traversent des rues bâchées pour qu'il n'y ait pas de visibilité. Ils prennent toujours soin de dissimuler, crypter leurs échanges"
Enquêtrice 020SI : les frères Clain sont "tous les deux aujourd'hui présumés morts entre février et mars 2019."

Le président précise qu'Anne-Diana et Jennifer Clain seront entendues demain à l'audience.
Nicolas Braconnay (avocat général) : "vous pouvez nous en dire un peu plus sur la conversion collective de cette famille catholique à l'islam?"
Enquêtrice 020SI : "ce sont d'abord les frères qui se sont tournés vers l'islam et ont participé à la conversion de la famille"
Nicolas Braconnay (AG) : "est-ce qu'ils se convertissent immédiatement à un islam rigoriste?"
Enquêtrice 020SI : "ils vont rapidement fréquenter le groupe d'Olivier Correl (Artigat) et c'est à ce moment-là que l'on peut dater la radicalisation"
Enquêtrice 020SI : "les hommes et les femmes sont séparés, ils ne vivent pas dans les mêmes pièces".
"Les murs sont couverts de photos de la Mecque. Les femmes sont dissimulées sous d'épaisses burqas noires", ajoute l'avocat général qui lit un rapport de la DGSE datant de 2003.
Nicolas Braconnay (AG) : "on comprend que celui qui a le rôle le plus charismatique est Fabien Clain. Et puis son frère prend le relais pendant son incarcération jusqu'en août 2012, en entretenant le réseau."
Enquêtrice 020SI : "tout à fait".
Nicolas Braconnay (AG) : "vous avez parlé de Farouk Ben Abbes, auteur de menaces sur le Bataclan."
Enquêtrice 020SI : "il y a des liens entre Fabien Clain et Farouk Ben Abbes. Mais pas de liens entre les menaces de 2009 de Farouk Ben Abbes et les attentats du #13Novembre 2015"
L'enquêtrice 020SI explique qu'avant le départ des Clain en Syrie, "ce sont des gens qui sont devenus encore plus prudents qu'avant. Fabien Clain avait fait sa peine, il était libre et il part avec sa femme et ses enfants."
Me Chemla (PC) : "une des idées des frères Clain auraient été de préparer des attentats en Europe confiés à des enfants nés en Syrie ?"
Enquêtrice 020SI : "ces enfants sont complètement inconnus des services de renseignement européens puisqu'ils sont nés et ont grandi en Syrie".
Me Chemla (PC) : "est-ce qu'on a des nouvelles des enfants Clain?"
Enquêtrice 020SI : "ils doivent se trouver normalement dans le camp où sont Mylène Foucre et Dorothée Maquere. Elles ont été vues dans un reportage de France 2."
- dommage qu'on en apprennent plus via France 2
Me Chemla (PC) : "on entend en ce moment que certains essaient de sortir des camps ..."
Enquêtrice 020SI : "on essaie de faire du mieux qu'on peut pour repérer ces gens. Mais c'est extrêmement difficile de suivre au jour le jour ce qu'il se passe dans les camps."
L'avocat général tient à apporter "une précision sur l'entourage des frères Clain : ils font tous l'objet de mandats d'arrêt en France. Cela ne signifie pas qu'on sait où ils se trouvent là-bas, mais en revanche sur le plan judiciaire, ils sont pris en charge en France."
Me Nogueras, avocat de Mohamed Amri, homonyme du mari d'une d'Anne-Diana Clain, tient a "faire une précision" : "il est pas marié à la soeur Clain. C'est pour les gens qui arriveraient en cours de débat.

Président : "il n'y a pas d'ambiguïté, mais j'ai vu qu'il tiquait"
Fin de l'audition de l'enquêtrice 020SI. La connexion avec la salle de retransmission est coupée. L'huissier part chercher le témoin suivant, en l'occurrence le père de Najim Laachraoui, artificier des attentats du #13Novembre et kamikaze le #22Mars 2016 à Bruxelles.
Driss Laachraoui s'est avancé à la barre : "j'habite à Bruxelles, je suis né le 1er janvier 1995, profession chauffeur, je suis pensionné [c'est ainsi qu'on dit retraité en Belgique, ndlr]."
Il évoque son fils Najim Laachraoui : "un bon enfant, il travaillait bien à l'école".
Driss Laachraoui au sujet de son fils: "il a été endoctriné. Quand j'ai constaté que son niveau d'études a diminué, on n'était plus en bon termes".
Président : "ça arrive à beaucoup de pères que leur fils ne soit pas à la hauteur de leur espérance, c'est même assez banal".
Président : "endoctriné, cela veut dire quoi pour vous?"
Driss Laachraoui : "c'est comme si je parlais à un mur, quoi"
- c'est sur le plan politique? religieux?
- c'est général
- mais c'était sur l'islam?
- oui, c'est ça.
- vous n'aviez pas la même vision que lui?
- c'est ça.
Driss Laachraoui au sujet de son fils Najim : "on n'avait pas de dialogue."
Président : "quand il est parti [en Syrie, ndlr]?
- le 17 février 2013.
- il vous dit quoi ? Qu'il va combattre Bachar Al-Assad?
- c'est ça. J'ai essayé de le retenir, mais il ne voulait rien savoir.
Président : "vous avez essayé de lui prendre ses papiers d'identité?"
Driss Laachraoui : "je lui ai pris son passeport"
- et il est parti quand même ?
- oui, il est parti en Turquie. Et là il m'a appelé
- il avait des connaissances là-bas?
- je ne sais pas, mais sûrement.
Président : "vous aviez des contacts avec lui là-bas?"
Driss Laachraoui : "oui"
- vous lui demandiez de rentrer?
- c'est lui qui voulait me faire venir
- et il vous disait quoi pour vous convaincre ?
- il ne pouvait pas me convaincre sur ce sujet-là
Président : "on essaie de comprendre ce qu'il avait dans la tête
Driss Laachraoui : "monsieur le président, mon fils était un gentil garçon. Il a été endoctriné.
- endoctriné dans une mosquée ?
- j'ai des doutes, à mon avis à Molenbeek. Mais je n'ai pas de confirmation.
Président : "la dernière fois que vous avez parlé à votre fils, c'était quand?"
Driss Laachraoui : "en août 2015, il a appelé juste pour demander comment ça va la famille, mais c'est tout."
- après, il est rentré en Belgique en septembre,
- on ne le savait pas du tout.
Première assesseure : "il apparaît que votre fils avait des compétences en explosifs. Il a notamment fait un bac en électrotechnique ..."
Driss Laachraoui : "c'est des journalistes qui disent ça, c'est du bidon."
[Najim Laachraoui est l'un des artificiers du #13Novembre ndlr]
Première assesseure : "certains éléments de la procédure lui attribuent un rôle de geôlier à Alep, de journalistes otages ...."

Driss Laachraoui : "qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? C'est affreux ! Quand je vois comment il était à 17 ou 18 ans"
Assesseure : "on a compris que votre fils est parti en Syrie alors qu'il n'avait pas 22 ans, il ne travaillait pas, n'avait pas de revenus. Avec quel argent, il est parti en Syrie?"
Driss Laachraoui : "ah ça, il faut demander aux gens qui l'ont endoctriné. Je ne sais pas."
Avocate de partie civile : "est-ce que dans votre famille en général, il n'y avait pas de communication ou est-ce que c'est seulement avec votre fils?"
Driss Laachraoui : "seulement avec lui."
Avocate de partie civile : "avec recul, qu'est-ce que vous pensez que vous auriez pu faire différemment pour ne pas en arriver là? Qu'est-ce que ça a changé pour votre famille ?"
Driss Laachraoui : "ça change tout, madame. C'est catastrophique, quoi. Je n'ai rien à rajouter."
Fin de l'audition du père de Najim Laachraoui. Le président voudrait entendre le témoin suivant, en l'occurrence la mère de Chakib Akrouh, assaillant des terrasses mais elle n'est pas là. "Cela fait trois heures de retard. Je crains fort qu'elle ne vienne pas."
En parties civiles, un avocat s'oppose "à ce qu'on passe outre l'absence de Mme Akrouh. Ce serait intéressant qu'on l'entende compte-tenu qu'elle maintient des relations avec l'épouse de Chakib Akrouh."
Président :"elle vit en Belgique, les moyens de coercition sont donc limités"
Un autre témoin, en l'occurrence le père des frères El-Bakraoui, logisticiens du #13Novembre 2015 et kamikazes du #22Mars 2016 à Bruxelles a fait savoir qu'il ne viendrait pas.
"On a vraisemblablement un certificat médical de complaisance", regrette l'avocat général.
Face à l'absence de ces témoins, l'audience est suspendue avant l'examen d'une demande de remise en liberté de l'accusé Farid Kharkhach.
L'audience reprend. Le président entame la lecture de l'audition de Jawal El-Bakraoui, père des frères El-Bakraoui qui a donc fourni un certificat médical pour justifier son absence à l'audience.
"Il était boucher au moment des faits", indique le président.
Dans l'audition lue par le président, Jawal El Bakraoui évoque ses fils : "ils sont plus que des frères, comme les deux doigts de la main.
Je pense que c'est après la prison qu'ils sont devenus plus religieux. Le problème ce sont les fanatiques dans la religion."
"Qu'avez-vous pensé quand vous n'avez plus eu de nouvelles de vos fils?", demande l'enquêteur à Jawal El-Brakraoui dans l'audition lue par le président. "Je n'ai rien pensé, on ne savait pas où ils étaient. On a demandé à droite et à gauche, mais personne ne savait."
Dans une autre audition, Jawal El-Bakraoui évoque la radicalisation de ses fils : "quand ils sont sortis de prison, je ne les ai pas reconnus. Avant, il sortait avec des copains. En sortant, ils étaient des autres. Ils ont même changé de tenue vestimentaire : finis les jeans."
Suite de l'audition de Nawal El-Bakraoui, lue par le président : "nous avons travaillé dur pour les élever, par pour ce qu'ils fassent ce qu'il s'est passé. C'est dommage. Je ne sais pas si ce sont les imams de la prison. Mon épouse ne s'en remet pas."
La parole est aux avocates de l'accusé Farid Kharkhach qui plaident pour sa remise en liberté.
"Nous plaidons devant vous humblement, mais aussi complètement convaincues. Notre propos n'est pas fantaisiste, facétieux, provocateur ou idéaliste", plaide Me Marie Lefrancq.
Me Marie Lefrancq : "ce qui est reproché à monsieur Kharkhach c'est d'avoir servi d'intermédiaire entre le faussaire des papiers et monsieur El-Kakraoui. Il n'a pas été arrêté à l'autre bout du monde, dans les rues de Caracas ou Mexico, ni dans une cave d'ailleurs."
Me Marie Lefrancq : "il a été arrêté dans la rue, à Bruxelles. Ce qui prouve qu'à aucun moment, il n'a tenté de se soustraire à la justice.
Monsieur Kharkhach est père de deux enfants, un garçon de 11 ans et une fille de 5 ans, auxquels il est extrêmement attaché."
Me Lefrancq : "chaque soir, en rentrant à la maison d'arrêt de Nanterre, monsieur Kharlkhach appelle ses enfants. Et les soirs où on a fini tard, cela a été très contrariant pour lui de ne pas pouvoir passer ce petit coup de fil. En bref, c'est quelqu'un de profondément ancré".
Me Lefrancq : "monsieur Kharkhach est un père de famille qui a certes fourni des faux papiers, mais qui l'a reconnu tout de suite. La radicalisation de monsieur El-Bakraoui [logisiticien du #13Novembre à qui il a fourni ces faux papiers, ndlr], il l'a découverte en mars 2016.
Me Lefrancq : "notre boussole à tous c'est le droit et il me semble nécessaire que monsieur Kharkhach doit bénéficier d'un contrôle judiciaire. Et on a tous remarqué qu'il y avait un 4e strapontin à côté des accusés déjà placés sous contrôle judiciaire. Moi j'y vois un signe."
Me Lefrancq : "pour monsieur Kharkhach, son pays c'est la Belgique. Il est très reconnaissant de ce que la Belgique a fait pour lui à la naissance de son fils, qui est né prématurément."
Me Lefrancq : "monsieur Kharkhach a toujours été là, malgré sa santé fragile, même lorsqu'il a fait des malaises. La facilité pour lui, ce serait de rester en bas. A aucun moment il n'a fait ce choix. Et ça c'est la première garantie de représentation."
Place à la 2e avocate de Farid Kharkhach, Me Fanny Vial : "vous avez un homme de 39 ans, père de 2 enfants, qui n'a jamais connu la prison. C'est sa 1ere incarcération. On vous a parlé du faussaire déjà condamné. Sa peine était de 5 ans. Ce qu'il a fait en détention provisoire."
Me Fanny Vial : "Si vous lui faisiez droit, monsieur Kharkhach voudrait pouvoir passer Noël avec sa fille qui a cinq ans. Il a été séparé d'elle quelques mois après sa naissance. Son fils a 11 ans. C'est quelque chose d'extrêmement important pour lui."
Me Fanny Vial :"vous avez une enquête en quartier d'évaluation de la radicalisation qui a été faite et qui montre qu'il n'y a aucun élément de radicalisation. Qui montre aussi qu'il y a eu un véritable travail de remise en question de la part de monsieur Farid Kharkhach."
Me Fanny Vial : "on a beaucoup entendu qu'il serait bien impossible de le remettre en liberté. Qu'on soit clairs : vous ne le libérez pas, vous avez la possibilité de lui mettre un bracelet ou sous contrôle judiciaire en l'obligeant à pointer les jours où il n'y a pas d'audience"
Me Fanny Vial : "on sait que quand on plaide une remise en liberté dans ces dossiers, on est rarement écoutés. Ce mot là "terroristes" est pire que le coronavirus, il est pire que tout, c'est une réalité."
Me Fanny Vial : "il y a des parties civiles qui vont s'exprimer. Et on voudraient les remercier parce que beaucoup nous on fait savoir qu'elles ne s'opposeraient pas à cette demande."
Me Fanny Vial : "il y a ensuite les conditions de détention. Et la maison d'arrêt de Nanterre est tristement célèbre, avec des conditions indignes, inhumaines. Farid Kharkhach a récolté les puces et les cafards qui se trouvaient dans sa cellule, à ma demande."
Me Fanny Vial : "ces puces et ces cafards, lorsque Farid Kharkhach s'endort c'est quelque chose qui lui le terrorise avec la personnalité troublée qui est la sienne. C'est quelque chose qui va continuer à générer des malaise, à peser dans la balance"
Me Fanny Vial : "l'isolement c'est affreux. L'isolement c'est quelque chose qui peut sincèrement vous faire vaciller. Lorsque vous n'avez pas d'interaction sociale, vous êtes seul, vous ne pouvez même pas ouvrir la fenêtre, cela peut mener à des décompensations psychiatriques."
Me Vial : "il faut que les parties civiles qui nous entendent sachent que le placement sous contrôle judiciaire avec un bracelet électronique ou des conditions strictes ne veut rien dire sur la tenue du procès. Voilà ce que nous voulions dire, simplement, sans effet de manche."
Les parties civiles font savoir qu'elles n'ont pas d'opposition à cette demande de remise en liberté de l'accusé Farid Kharkhach.

Nicolas Braconnay, avocat général se lève à son tour. Il rappelle les risques qui doivent être pris en compte.
Nicolas Braconnay (AG) : "le coeur de ce que vous devriez apprécier c'est l'appréciation de la situation personnelle de monsieur Kharkhach et le risque à le voir ne pas se représenter à l'audience. Ce qui impliquerait, sauf à faire une disjonction, à suspendre ce procès".
Nicolas Braconnay (AG) : "le dossier met en évidence l'absence d'activité professionnelle mais surtout une activité d'intermédiaire dans une activité de fourniture de faux papiers. Tout cela permettrait à monsieur Kharkhach de fuir aisément à l'étranger."
Nicolas Braconnay (AG) : "je ne conteste pas la fragilité de l'état de santé de monsieur Kharkhach. J'observe simplement qu'il préexistait à son placement en détention. Et qu'on ne produit pas de certificat médical jugeant son état de santé est incompatible avec la détention"
Nicolas Braconnay (AG) : "sans nier l'épreuve que l'isolement peut représenter, je voudrais préciser que le placement à l'isolement de la maison d'arrêt de Nanterre permet d'éviter la surpopulation de la maison d'arrêt incompatible avec les conditions de sécurité de ce procès".
Nicolas Braconnay (AG) : "je tempère cela en disant que monsieur Kharkhach n'est à l'isolement que depuis le mois de juin. Et que 4 jours sur 7, il est en réalité ici et pas à l'isolement.
Pour toutes ces raisons, je vous demande de rejeter cette demande de remise en liberté."
Le président annonce que la cour rendra sa décision sur la demande de remise en liberté de Farid Kharkhach dans le courant de la semaine.
La dernière témoin de la journée, soeur du terroriste Chakib Akrouh n'étant toujours pas arrivée, la cour passe outre son témoignage et le président entame la lecture de ses auditions.
Fin de l'audience pour aujourd'hui. Elle ne reprendra qu'à 14h exceptionnellement demain en raison d'un mouvement de grève des magistrats et greffiers.
Et le compte-rendu du jour illustré par @ValPSQR c'est ici >
franceinter.fr/justice/proces…

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15 Dec
1ere assesseure : "vous vous êtes mariée avec Kevin Gonot?"
Jennifer Clain : "j'avais 15 ans et demi."
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15 Dec
Bonjour à tous,

60e journée d'audience aujourd'hui au procès des attentats du #13Novembre
Le compte-rendu d'hier au sujet, notamment du "clan Clain", avec les illustrations de @ValPSQR est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/proces…
L'audience ne débute qu'à 14 heures aujourd'hui en raison d'un mouvement de grève des magistrats et greffiers.

A noter par ailleurs que Salah Abdeslam et Osama Krayem sont toujours absents du box et qu'il faudra le temps des sommations d'huissier désormais habituelles.
Aujourd'hui, la soeur aînée des Clain et sa fille ainsi que la mère du terroriste du Bataclan Foued Mohamed-Aggad doivent témoigner à l'audience.

LT à suivre ici.
Read 58 tweets
10 Dec
Bonjour à tous,

58e jour d'audience aujourd'hui au procès des attentats du #13Novembre
Le compte-rendu d'hier, illustré par @ValPSQR est à (re)lire ici >
franceinter.fr/justice/proces…
@ValPSQR Au programme aujourd'hui : les auditions du père et de la soeur du terroriste du Bataclan Samy Amimour.

LT à suivre ici.
Et l'antenne de @franceinter c'est @sophparm dès le journal de 13h.
L'audience reprend. Mais ni Salah Abdeslam, ni Osama Krayem ne sont présents dans le box.
Comme le veut le code de procédure pénale, l'audience est donc immédiatement suspendue le temps des sommations d'huissier.
Read 90 tweets
9 Dec
Bonjour à tous,

C'est aujourd'hui le 57e jour d'audience au procès des attentats du #13Novembre 2015

Le compte-rendu de l'audience d'hier illustré par @ValPSQR est à (re)lire ici > franceinter.fr/justice/proces…
@ValPSQR Au programme aujourd'hui : la dernière audition d'un enquêteur belge au sujet des accusés Hamza Attou et Mohamed Amri.

Puis un des frères d'Abdelhamid Abaaoud sera entendu en visioconférence.

LT à suivre ici.
@sophparm à l'antenne de @franceinter
Et @ValPSQR en dessins
L'audience reprend. Comme depuis le début des auditions des enquêteurs belges, des accusés ont refusé de venir dans le box. Aujourd'hui, il s'agit d'Osama Krayem, de Salah Abdeslam et de Sofien Ayari.
L'audience est donc suspendue le temps que l'huissier procèder à la sommation.
Read 81 tweets
8 Dec
Bonjour à tous,

C'est aujourd'hui le 56e jour d'audience au procès des attentats du #13Novembre 2015

Le compte-rendu de l'audience d'hier, signé @sophparm et illustré par @ValPSQR est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/proces…
Aujourd'hui et demain, sont les derniers jours consacrés aux auditions des enquêteurs belges. Avec, pour aujourd'hui, les parcours d'Abdellah Chouaa et de Ali Oulkadi.

LT à suivre ici.
Retrouvez @sophparm à l'antenne de @franceinter

Et @ValPSQR en dessins.
Comme systématiquement ces derniers jours, l'audience ne reprend que pour constater l'absence de certains accusés. Ils sont trois aujourd'hui : Salah Abdeslam, Sofien Ayari et Osama Krayem.
Un huissier doit procéder aux sommations d'usage. Et l'audience pourra reprendre.
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25 Nov
Bonjour à tous,

C'est aujourd'hui le 49e jour d'audience du procès des attentats du #13Novembre 2015.

Le compte-rendu de la journée d'hier, par @sophparm et illustré par @ValPSQR est à retrouver ici >
franceinter.fr/justice/proces…
@sophparm @ValPSQR Aujourd'hui, c'est le début des auditions des enquêteurs belges. Elles doivent durer jusqu'au 9 décembre prochain.

A suivre en LT ici.
Retrouvez @sophparm sur l'antenne de @franceinter
Et toujours les dessins de @ValPSQR
L'audience tarde à débuter car plusieurs des accusés, dont Salah Abdeslam, refusent de venir s'installer dans le box.
Logiquement, un huissier devrait prendre acte de leur refus afin que le procès puisse reprendre.
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