Je suis en train de débunker ça et ça va permettre de réexpliquer plein de choses qui reviennent souvent dans les débats, de refaire le point. C'est cool.
Par contre j'en suis à 55 s de vidéo et 4 pages de Word (avec les images, quand même).
Une belle petite compilation de mensonges, donc, mais avant de parler du fond, @Clemence_Guette, commençons par relever que vous dites « énergie » et, aussitôt, pensez « nucléaire ». Oubliés le climat et les énergies fossiles, ce n’est plus assez vendeur.
@Clemence_Guette Alors oui, un peu plus tôt, vous mentionnez la convention citoyenne pour le climat, l’urgence climatique… Mais ce n’est alors que plus malhonnête d’embrayer sur le nucléaire, d’entretenir cette confusion que trop de citoyens font
@Clemence_Guette de penser que lutter pour le climat et contre le nucléaire sont deux causes convergentes alors qu’au mieux, elles sont parallèles et qu’au pire, elles sont divergentes.
@Clemence_Guette Passons la rhétorique, vous enchaînez en attaquant le nucléaire, dans un premier temps, sur ses coûts, sur les coûts du grand carénage en particulier.
@Clemence_Guette Je rappelle à qui voudra l’entendre que le Grand carénage, si l’on retient le chiffrage à 100 milliards d’euros sur 15 ans de la Cour des comptes, c’est, en simplifiant énormément :
•un quart pour rattraper le retard historique sur la maintenance et traiter le vieillissement de certains matériels (inspections, remplacement…)
•un quart pour remonter le niveau de sûreté aux standards actuels,
•un quart pour intégrer les aspects de sûreté spécifiques au retour d’expérience de Fukushima-Daiichi.
Ces trois items permettent de faire la démonstration de sûreté que les réacteurs peuvent fonctionner dix ans de plus et en particulier, pour les plus anciens, jusqu’à 50 ans (car en France, les réacteurs nucléaires ont une durée de fonctionnement autorisée de dix ans en dix ans.
Et enfin, un quart de dépenses d’exploitation, c’est-à-dire les salaires des personnels, le coût du combustible, la maintenance courante… pendant les dix années supplémentaires.
Soulignons également que ce Grand carénage est déjà largement engagé, entre un tiers et la moitié de la dépense doit probablement déjà être derrière nous, que les processus d'instruction sont bien entamés, et qu'en fait...
Bah le carénage, c'est même plus une option.
Donc ouais, premièrement, s’opposer au carénage, c’est s’opposer à la sûreté nucléaire. Évidemment on pourrait dire « yaka pas les prolonger » mais j’ai déjà montré en quoi c’est une absurdité (
Même négaWatt en convient d’ailleurs, et RTE est également très ferme à ce sujet. C'est un faux sujet, un épouvantail pour agiter les peurs avec de gros chiffres hors de perception du commun.
Deuxièmement, non, ce n’est pas cher. En fait, la prolongation – sous condition de respect des exigences de sûreté – des réacteurs nucléaires déjà amortis est grosso modo reconnu par les experts comme le gisement d’électricité bas-carbone le moins cher.
Purement et simplement. Genre on fait pas d’électricité bas-carbone moins cher qu’au moyen de ce que vous qualifiez d’« extrêmement coûteuse ». Aïe.
Un calcul de coin de table peut être vite réalisé d'ailleurs.
60 GW qui produisent 10 ans avec un facteur de charge de 65% (on va espérer que ça remonte), ça fait 3400 milliards de kilowattheures.
Pour 100 milliards d'euros ?
3 centimes par kilowattheure.
Je vous laisse consulter votre facture électrique, déduire vous même les taxes, et faire la comparaison.
Par la suite, vous clamez, et c’est franchement pathétique d'encore entendre ça en boucle dans les médias sans plus de réaction, qu’il s’agit d’une énergie intermittente.
Mais expliquons en mille mots : depuis des années, les partisans du tout-EnR, qui se caractérise par de l’éolien et du photovoltaïque à foison, intermittents (intrinsèquement pour le second), défendent que cette intermittence serait réduite par un effet de foisonnement.
Autrement dit, il y aurait toujours du vent ou du soleil quelque part tel qu’en fait la production serait constante ou pas trop variable.
Bon, les faits montrent l’inverse. Dont acte. Par contre, pour le nucléaire, ça marche bel et bien, le foisonnement.
Quand des réacteurs doivent être arrêtés, ce ne sont pas tous à la fois, et l’électronucléaire français assure toujours aujourd’hui une solide base robuste et pilotable, qui en rien ne ressemble à de l’intermittence.
Vous affirmez ensuite qu’en 2003, deux tiers des réacteurs étaient arrêtés sous l’effet de la canicule.
Dans ce rapport du Sénat au sujet de la même canicule senat.fr/rap/r03-195/r0…, il est question d’un manque de 16 000 MW pour l’ensemble des centrales thermiques (nucléaires, fioul, charbon, gaz).
Même s’il ne s’agissait que de nucléaire, on serait à un quart du parc. Pas deux tiers, un quart.
Dans le même rapport, EDF parle de 10 000 à 15 000 MW, un poil plus bas. Et il est question d’une perte de production de… 4%.
Je ne sais pas si vous avez improvisé ce nombre en tentant le bluff, ou si ça vient de je ne sais quelle source interne, mais demandez des comptes dans ce cas, parce que cette source vous a fait dire n'importe quoi.
Pour le plaisir du tacle, toujours dans ce même rapport, il est rappelé, si cela était nécessaire, que les énergies alternatives ne sont pas franchement, en pareil cas… une alternative. Prenez note ?
Ensuite, vous parlez des centrales nucléaires qui ne résisteraient pas au changement climatique, à la montée des eaux, à la sécheresse… Rien de tout cela n’est vrai et n’a jamais été étayé par aucune source scientifique.
RTE, dans son gros rapport de 2021, s’est particulièrement intéressé à la vulnérabilité du système électrique (dans son ensemble, sans filtre ne laissant voir que le nucléaire) au dérèglement climatique.
Il y a évidemment des risques d’indisponibilités et de baisses de production des centrales nucléaires en cas de coup de chaud mais c’est un risque relativement marginal.
Par contre, je vous partage leur principale conclusion sur la vulnérabilité climatique : « du fait de l’évolution du mix, l’équilibre du système sera plus sensible 𝗮𝘂𝘅 𝗰𝗼𝗻𝗱𝗶𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗱𝗲 𝘃𝗲𝗻𝘁 et non plus essentiellement à la température »
Un mix tout-EnR est donc bien plus vulnérable à la météo et au climat qu’un mix nucléaire-EnR… Sans filtre, je vous disais !
Le mille-feuille argumentatif continue. Oui, il faut bien appeler un chat un chat, c’est une rafale à haute cadence d’arguments décousus, faux, non-sourcés et qui chacun demandent 5 min mini pour y répondre, c’est donc de la rhétorique assez navrante.
Il continue donc sur le… Danger.
Sans autre argument. « C’est dangereux », comme si ça mettait fin à la réflexion. J’entends des voix s’élever dans l’assemblée et dire que toutes les sources d’énergie sont dangereuses, c’est une évidence !
L’électricité elle-même, dans les foyers, l’est ! Donc non, on ne peut pas arrêter la réflexion à ça, mais… Ça semble vous convenir.
Vous dites ensuite – oui, le mille-feuille est dense, une vraie recette bretonne – qu’on ne sait pas « traiter » les déchets. Donc que l’on lègue purement et simplement ce problème aux générations futures.
Alors c’est l’occasion de rappeler que 80% des déchets nucléaire, les moins radioactifs et à vie courte qui sont majoritaires en volume, ont déjà des solutions de stockage définitives en place,
et que Cigéo constitue une proposition de réponse pour le restant (au delta près des FA-VL, je m’épanche pas sur les détails).
Rappelons à cette occasion que la raison d’être de Cigéo, c’est précisément d’éviter de léguer les déchets aux générations futures, à un horizon supérieur à environ un siècle.
Car aujourd’hui on sait tout à fait gérer les déchets, mais ça demande une activité humaine régulière, donc un leg de risque et de responsabilités.
Cigéo vise à mettre fin à cela en stockant les déchets de telle sorte que justement, les générations futures n’aient aucune action à mener.
Et je dois souligner qu’aujourd’hui, les opposants à Cigéo militent explicitement pour faire l’inverse, ne surtout pas enfouir et confier les déchets aux générations futures.
Vous continuez sur « y’a des rapports, dont le rapport négaWatt, qui montre qu’en 2045-50, on pourra faire le 100% renouvelables. »
Certes... et d’autres rapport qui précisent que c’est plus contraignant pour les populations et l’économie, que c’est dépendant de multiples technologies à la maturité encore incertaine
et que ça présente un coût et un risque d’échec supérieurs à ces mêmes scénarios avec une composante nucléaire.
On peut défendre le choix de courir ce risque supérieur d’échec de la transition énergétique, accepter ce coût supérieur pour la société, céder à la dépendance au gaz avec l’espoir d’un jour le décarboner,
et faire le pari de la maturité en temps et en heure de technologies encore au laboratoire.
On peut faire cet arbitrage, mais il faudrait le défendre honorablement, en exposant honnêtement les bénéfices et les risques, ce que vous avez absolument échoué à faire dans cette brève et si longue intervention.
Bon et pour finir, « Monsieur Macron il investit dans quoi, dans des petits réacteurs ? », sans vouloir défendre son bilan écologique clairement en demi-teinte,
il n’a que très peu investi dans le nucléaire, a fait plus de mal que de bien à la filière… Mais par contre le robinet à subvention pour le solaire photovoltaïque, pour l’éolien terrestre et pour l’éolien offshore n’a pas tari du tout, lui...
Donc cette hypocrisie est malvenue, Macron ou pas… Votre programme, défaire un système électrique qui marche pour tenter un truc qui marche pas mais n'apporte pas plus d'avantages, n'est pas si différent de son mandat, hein.
Brandolini vous salue.
Y'a des contradicteurs pas contents mais ça vole pas très haut, hein
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L'impératif de maîtrise des coûts, ça, ok, c'est une évidence. Coûts et délais (y.c. anticipation, si j'ose dire), complèterais-je.
En revanche, l'injonction à une meilleure maîtrise de la sûreté, je la perçois complètement infondée. Répondre à l'exigence d'une amélioration continue de la sûreté, c'est une tâche de fond, qui n'a que peu de jalons, ni aube, ni crépuscule, pas de finalité.
Plein de chose à noter 1) Jadot déclare avoir l'intention de faire justement ce contre quoi l'autorité de sûreté nucléaire a alerté 2) Jadot déclare se contenter d'une trajectoire de réduction du nucléaire un peu plus molle que ce qu'avait promis Macron durant son mandat
Et beaucoup plus molle que négaWatt.
Techniquement, en l'état (je pense qu'il ne s'en est pas rendu compte), la trajectoire court terme du programme de Jadot est donc moins anti-nuc que celle de Macron.
J'ai quand même qu'il y a une différence sur la justification du rejet du #nucléaire entre Mélenchon et Jadot. Le premier, c'est "olala, c'est terrifiant, ça va tous nous tuer". Le second semble juste considérer que l'énergie atomique est intrinsèquement maléfique.
Dans le premier cas, on a peur, on fait peur, on est dans une démarche complètement émotionnelle et irréfléchie.
Dans le second cas, c'est juste un postulat de départ, une évidence qu'on ne se préoccupe même plus de justifier, de questionner. Assez curieux.
Je crois que je préfère la méthode Jadot. On s'oppose au nucléaire, point barre. Pas besoin de raconter n'importe quoi pour le justifier, de mentir, c'est comme cela.
(Et on peut garder ses forces pour mentir sur d'autres choses...)
Mélenchon est (un abruti, un désinformateur et un incompétent mais surtout) contre la prolongation des réacteurs au-delà de leurs 40 ans, et donc la fermeture IMMÉDIATE de la majorité du parc nucléaire durant son mandat, SANS ALTERNATIVE.
Je rappelle qu'un arrêt des réacteurs à 40 ans, c'est ÇA :
Il se plaint de 11 GW arrêtés pour maintenance ? Il ferait arrêter 15 GW définitivement dès sont élection, puis 4 GW par an jusqu'à la fin de son mandat, et engerait l'arrêt de 15 GW supplémentaire d'ici 2035.
CE N'EST PAS UNE « SORTIE PROGRESSIVE », c'est un collapse.
Mais surtout au prix d'énormément d'incertitudes, de risque technologiques sur lesquels parier maximise la probabilité d'un échec de la transition énergétique.
Hey @barbarapompili@Ecologie_Gouv@gouvernementFR j'crois que le Président de l'ASN a un message pour vous, attention, c'est subtil.
On remet quand la sûreté #nucléaire dans le débat autrement que sous l'angle de la bêtise des opposants les plus médiatisés ?
Le fil complet des vœux du président de l'ASN pour ceux qui voudraient le contexte et les détails :
Et ouais, j'ai bien conscience que l'industrie, réacteurs comme (surtout) cycle, est largement en tort aussi, avec un manque critique de capacité à anticiper qui alourdit sévèrement les contraintes.