Mais pour cela, il faut, comme tous les jours désormais, attendre les sommations d'huissier à l'accusé Ossama Krayem qui refuse toujours de comparaître.
L'audience reprend. Une nouvelle fois à ce procès, un des témoins cité aujourd'hui a fourni un certificat médical. Cette fois-ci cependant, il semblerait que ce soit en raison de réels problèmes de santé. Les auditions du témoin devant les enquêteurs seront donc lues à l'audience
L'autre témoin du jour, elle, apparaît sur le grand écran de la cour d'assises, en visioconférence depuis Bruxelles. Il s'agit de la soeur aînée de l'accusée Yassine Atar, 39 ans, mère au foyer : "je m'occupe de mes trois enfants".
Iman Atar, voile clair et veste beige déclare : "tout d'abord, j'aimerais faire part aux victimes de ma plus grande compassion. J'aimerais aussi condamner de manière très ferme, ces actes barbares, injustes et inhumains. Cela me tenait vraiment à coeur."
Iman Atar : "je voulais aussi dire que dès le départ on a jugé mon frère Yassine coupable, non pas du fait d'éléments contre lui mais par association. Vous n'êtes pas sans ignorer qu'il est le frère de, le cousin de. Les enquêteurs belges ont mené une enquête uniquement à charge"
Iman Atar : "par rapport aux victimes, celles qui se déplacent tous les jours pour entendre la vérité, j'ai l'impression qu'on leur jette de la poudre aux yeux. On leur doit la vérité et ce n'est pas en enfermant un innocent qu'on leur donnera."
Iman Atar : "j'ai lu qu'on disait de Yassine qu'il parlait beaucoup. C'est vrai. Mais il faut remettre cela dans le contexte : c'est un homme qui attend depuis six ans dans une cellule de pouvoir s'exprimer."
Invitée à s'exprimer sur son frère aîné, Oussama Atar, commanditaire des attentats du #13Novembre 2015, Iman Atar demande au président : "s'il vous plaît, dîtes "Oussama" mais pas "votre frère". Car je ne le considère plus comme mon frère.
Moi, mon frère c'est Yassine."
Iman Atar s'excuse de chercher un peu ses mots et se répéter "mais juste avant de me présenter à vous, un policier a fait un malaise. Je l'ai laissé entouré de médecins, mais je suis encore secouée par cet événement".
Iman Atar au sujet de son frère aîné Oussama, commanditaire des attentats : "c'était quelqu'un de très renfermé sur lui-même, déjà adolescent. Mais quand il est revenu [d'Irak, ndlr], il parlait encore moins. On parlait des choses de la vie, des enfants. Mais pas de religion".
Président : "en 2003, Oussama Atar est parti en Syrie puis en Irak. Il a été arrêté par les forces américaines puis emprisonné. Vous avez fait partie du comité pour sa libération"
Iman Atar : "en 2003, il est parti sans prévenir personne. C'est la Croix Rouge qui nous a prévenus"
Président : "il vous a parlé de ce qu'il a fait là-bas?"
Iman Atar : "il était déjà renfermé mais après ces 10 ans, il était encore plus dans son monde. Un jour ma soeur a vu des traces sur sa main, elle a demandé si c'était des traces de tortures, il n'a pas voulu répondre."
Iman Atar : "l'image d'Oussama était celle d'une personne renfermée qui ne parlait pas beaucoup. J'ai du mal à me dire que c'était lui qui aurait radicalisé [nos cousins les frères EL-Bakraoui]. Mais, je n'étais pas là pendant les visites [en prison, ndlr]."
Iman Atar : "[Oussama] m'appelait de temps à autres, pour prendre des nouvelles de la famille principalement. Mais c'était toujours très concis. Les dernières nouvelles que j'ai eues c'étai pour me dire qu'il s'était marié et qu'ils avaient eu un garçon".
Président : "est-ce qu'Oussama [Atar] avait des contacts avec d'autres membres de la famille?"
Iman Atar : "à part moi et ma maman, non je ne pense pas."
Iman Atar : Yassine n'a jamais été radicalisé, il ne tenait même pas ses prières. Son souci c'était son apparence, être bien habillé, bien coiffé, il était très sportif, il aimait sortir tard. On ne parlait pas de religion ensemble, ni même en famille. Il écoutait Aznavour, Zaz."
Iman Atar : "Yassine a toujours été un frère protecteur et même surprotecteur parce mon papa faisait beaucoup d'aller-retour entre la Belgique et le Maroc et donc c'est un peu comme s'il avait pris la place du père. Il a vu les jumelles grandir, il est surprotégeait."
Iman Atar : "les jumelles [soeurs Atar, ndlr] ont suivi une scolarité sans voile, cela ne posait pas problème chez nous."
Le président, cite des conversations entre Yassine et Iman Atar.
Iman y dit à Yassine :"Oussama tu crois le connaître, mais tu te trompes".
Le président : "vous en parlez souvent d'Oussama ..."
Iman Atar : "non, on en parlait pas souvent et ça remonte à il y a 6 ans"
Iman Atar : "les messages que vous citez qui sont des bribes de conversations laissent à penser qu'on se levait Oussama [leur frère et commanditaire des attentats], qu'on vivait Oussama. Mais ce n'était pas du tout le cas. Yassine avait sa vie, moi la mienne."
Assesseure : "à partir de quand vous avez considéré qu'Oussama n'était plus votre frère ?"
Iman Atar : "depuis que son nom ressort au procès de Paris et que des informations circulent à son sujet, comme commanditaire des Atar. Il y a beaucoup d'informations qui ont émergé."
Iman Atar : "Yassine et Oussama, il y avait un froid entre eux. Oussama m'avait dit qu'il reniait Yassine en tant que frère devant Dieu. J'ai compris qu'il disait ça à cause de son mode de vie et son dossier de stupéfiants [dans lequel Yassine Atar a été condamné, ndlr]"
Me Kempf, avocat de Yassine Atar : "lorsque votre frère Yassine est arrêté en mars 2016, est-ce que cela a été médiatisé?"
Iman Atar :"énormément. Les médias se sont acharnés sur Yassine. On a entendu de tout. Tout était mélangé, les gens ont du mal à faire la part des choses."
Nicolas Le Bris (avocat général) : "vous ne considérez pas qu'il y a un paradoxe a avoir une opinion aussi tranchée au sujet d'Oussama et avoir des doutes sur Yassine?"
Iman Atar : "non, je me sens légitime à dire que je connais assez bien Yassine pour dire qu'il est innocent".
Nicolas Le Bris (avocat général) : "votre frère a été absent pendant presque 10 ans, il repart et vous n'arrivez pas à savoir qu'il est parti en Syrie?"
Iman Atar : "on n'a jamais su exactement où il était. J'ai supposé qu'il était en Syrie ou en Irak."
Nicolas Le Bris : "et vous n'en parlez pas à votre famille, du fait que vous pensez qu'Oussama est en Syrie ou en Irak?"
Iman Atar : non, c'était déjà assez difficile à vivre
- vous restez toute seule avec ça
- oui
- et vous trouvez ça crédible comme réponse?
Nicolas Le Bris : "quand Oussama est revenu d'Irak, vous ne lui posez aucune question ?"
Iman Atar : "il nous a fait savoir que c'était tabou. Il ne voulait pas en parler. On savait qu'il avait été dans des prisons comme Abou Ghraib et on a respecté son choix de ne pas en parler"
Me Chemla (PC) : "je n'arrive pas à comprendre alors que tout la famille s'est mobilisée pendant 10 ans pour faire sortir Oussama Atar de prison en Irak, qu'elle n'ait pas cherché à comprendre ce qui s'était passé"
Iman Atar : "on savait que ça susciterait de la souffrance"
Iman Atar : "pour nous, Oussama avait été condamné pour avoir franchi illégalement une frontière, qu'il avait été de prison en prison. Le ministère nous a informé qu'il avait une tumeur, qu'il était gravement malade. Et donc on voulait faire bouger les choses".
Me Chemla : "on a l'impression qu'il y a un espèce de combat entre Oussama et Yassine auprès des femmes de la famille pour être le référent religieux"
Iman Atar : "on est dans l'interprétation. Chacun était libre de pratiquer la religion comme il l'entendait."
Me @ChStPalais : "Oussama Atar quand il rentre en Belgique, il dit à la juge qu'il avait été innocenté en Irak des faits de terrorisme et condamné pour avoir franchi illégalement la frontière irakienne. C'est donc ça qui est votre conviction dans la famille?"
Iman Atar : oui.
@ChStPalais Me @ChStPalais : "et en 2016, Oussama Atar vous fait croire qu'il n'a rien à voir avec les attentats? Et vous vous accrochez à cette conviction dans la famille?"
Iman Atar : "tout à fait, Maître."
Me @ChStPalais : "vous savez que le premier prénom du fils de Yassine, c'était Oussama. Est-ce que vous savez pourquoi ce prénom avait été choisi?"
Iman Atar : "c'était la volonté de ma maman. Yassine n'était pas pour mais il avait cédé pour faire plaisir à maman"
Me @ChStPalais : "est-ce que vous savez qu'on reproche à Yassine Atar d'être acquis aux thèses de l'Etat islamique?"
Iman Atar : "je trouve ça totalement ridicule. Yassine n'a jamais eu la tête dans la religion. Au contraire, il parlait plus de choses du quotidien."
Iman Atar : "quand on essaie de lui coller cette étiquette de radicalisé, ça me fait rire nerveusement parce que c'était l'opposé. Il allait boire des verres avec sa femme, dans des piscines mixtes avec sa femme. C'était une vie lambda quoi."
Iman Atar : "on essaie de le faire passer pour ce qu'il n'est pas, je suis dépité d'entendre ce genre de choses. Si on prend un message qui dit qu'il ne veut pas que sa femme aille dans telle piscine, il faut alors aussi dire qu'il allait à la piscine mixte avec sa femme."
Me Fanny Vial, avocate de Farid Kharkhach interroge Iman Atar sur ses cousins germains, les frères El-Bakraoui, logisticiens du #13Novembre2015
"Ibrahim était réservé, discret. Khalid c'était l'opposé, il parlait vite. Mais je ne les fréquentais pas."
L'audience reprend après la pause café habituelle de l'après-midi.
Le deuxième témoin du jour s'avance à la barre. Il s'agit de l'oncle de Yassine Atar Mustapha B., : "j'habite à Bruxelles, j'ai bientôt 47 ans et je suis handicapé".
Mustapha B. : " tout d'abord, je m'incline devant les familles des victimes. Quand je le fais sincèrement. Et je peux dire que quand Yassine Atar condamne les attentats, il le fait sincèrement parce qu'il n'a rien à voir avec les attentats."
Mustapha B. : "après les attentats de Bruxelles, je suis arrêté et je comprends que c'est par rapport aux attentats parce que je suis l'oncle [des deux kamikazes les frères El-Bakraoui]. Mais on me dit qu'on me soupçonne de préparer un attentat contre la marche contre la peur"
Mustapha B. : "on nous a mis des micros dans nos voitures à nos insu. Et on avait des conversations retranscrites qui disaient : "on gare les voitures et on sort et bam bam bam bam ..." En fait, pas un de ces mots n'avait été prononcé."
Mustapha B. : "ils ont utilisé des méthodes d'un pays où l'Etat de droit n'existe pas. Ce n'est pas que dans les romans d'Agatha Christie ou les séries Netflix. Alors moi, on m'a annoncé une bonne nouvelle : non-lieu. Mais Yassine Atar, lui, est resté inculpé."
Mustapha B. : "il y a Oussama Atar pour qui j'ai beaucoup d'empathie, le petit rachitique de 19 ans avec ses boutons d'acné. Et il y a Oussama Atar qui revient 10 ans plus tard. Il n'est plus en jean-basket. Quand il regarde le JT, il met un paravent car c'est une présentatrice".
Président : "quand il est revenu, il était radicalisé donc ..."
Mustapha B. : "fondamentaliste dans sa pratique, une personne qui répète le dogme à la lettre. Ce n'était plus le Oussama souriant qui se promenait dans le parc main dans la main avec sa petite amie".
Mustapha B. "j'ai eu des contacts avec Ibrahim [El-Bakraoui] quand il était en détention en Turquie [pour aller en Syrie, ndlr]. Mais j'ai été surpris parce qu'Ibrahim n'affichait pas ses idées, à la différence de Khalid [El-Bakraoui] qui ne cachait pas sa radicalisation".
Président : "qu'est-ce qui vous fait dire que Khalid El-Bakraoui était radicalisé?"
Mustapha B. : "des conversations sur les chiites. Il me disait : ce sont des hérétiques. Je suis moi de confession chiite. Khalid approuvait à 100% l'Etat islamique. Mais Ibrahim pas du tout."
Mustapha B., oncle des frères El-Bakraoui, logisticiens du #13Novembre : "il faut remettre ça dans son contexte. A l'époque [en 2014-2015, ndlr] en Belgique, on n'a pas eu d'attentats. Donc on dénonçait pas quelqu'un de sa famille qui était radicalisé. Aujourd'hui, on le ferait"
Mustapha B. : "je ne me souviens plus de la date mais quand il y a eu le rapt des enfants par Boko Haram, Khalid El-Bakraoui légitimait ça. On a eu une dispute dans la cuisine de sa maman, donc ma soeur".
Mustapha B. sur les SMS litigieux de Yassine Atar : "ce sont des messages d'amour. Car Yassine est infidèle. C'est le fils spirituel de Bacchus, dieu du vice et du sexe. Il fait le tour des bordels de Tanger. Pire quand il est marié, encore pire quand sa femme est enceinte."
Le président résume pudiquement : "visiblement, Yassine Atar menait une vie un peu dissolue. Mais selon un témoin, à partir de 2013, il n'a plus cette vie de barreaux de chaise comme on dit."
Mustapha B. : "pas du tout, une personne intégriste ne va pas voir des prostituées".
Mustapha B. : "je vous assure que Yassine Atar, l'Etat islamique ce n'est pas son truc. C'est un poisson d'eau douce et si vous le faites nager en eau de mer, il meurt.
Et l'Etat islamique c'est loin d'être les bordels de Tanger".
Mustapha B. : "le maréchal Foch avait l'habitude de dire : "enfin, de quoi s'agit-il?". Pour Yassine Atar, de quoi s'agit-il? Vous ne devez pas l'acquitter parce qu'il est sympathique. Vous devez l'acquitter parce qu'il est innocent".
Président : "on a déjà une plaidoirie ..."
Président : "la radicalisation de Khalid El-Bakraoui se manifestait comment ?"
Mustapha B. : "j'avais un ami chiite, quand il le croisait, il changeait de trottoir."
- il ne serrait pas la main des femmes ?
- je ne l'ai jamais vu en présence de femme, mais ça m'aurait pas étonné
Mustapha B. : "si Khalid El-Bakraoui affichait ses idées envers moi, son oncle, je pense qu'il le faisait avec les autres personnes autour.
Mais bon, à ce moment-là, il n'y avait pas encore les attentats. Donc on peut se dire que le radicalisme va s'arrêter là."
1ere assesseure : vous dites qu'Oussama Atar mettait un paravent devant la télé si c'est une femme qui présentait, vous l'avez vu vous-même?
Mustapha B. : non, c'est des bruits qui circulaient dans la famille.
- vous en avez parlé avec sa mère?
- non. Pour moi c'est une anecdote.
Assesseure : "quand Oussama Atar est revenu, il ne fallait pas parler de ce qui s'était passé en Irak?"
Mustapha B. : "moi, personnellement je ne lui ai pas demandé : est-ce que tu t'es fait torturé? est-ce que tu as subi des sévices sexuels à [la prison ndlr] Abou Ghraib ?"
Assesseure : "est-ce que vous avez vu Yassine Atar dans les jours autour du #13Novembre ?"
Mustapha B. : "j'avais des relations très fréquentes avec Yassine, trois ou quatre fois par semaine. quand je l'ai vu après les attentats, il était effondré et en pleurs."
Assesseure : "pourquoi vous êtes devenu chiite ? Est-ce que c'est une discussion que vous avez eue avec Yassine Atar?"
Mustapha B. : "il s'en fout royalement de ça. Lui, il faut lui parler de belles voitures ... mais la religion, il s'en fout totalement."
Me Arab-Tigrine : "diriez-vous que la radicalisation d'Ibrahim El-Bakraoui n'était pas visible avant les attentats? "
Mustapha B. : "il n'affichait pas vraiment. Autant Khalid [son frère, ndlr] on le voyait. Autant Ibrahim, il avait des projets de vie etc."
Mustapha B. : "dans le cas d'Ibrahim et Khalid El-Bakraoui, la détention n'a pas joué dans leur radicalisme. C'est plutôt les visites d'Oussama Atar."
Me Arab-Tigrine : vous confirmez que c'est une déduction que tous ont fait a posteriori.
- oui, c'est quand on remonte le film.
Me Arab-Tigrine : "quand vous évoquez ici ce qu'il s'est passé à l'audience, c'est parce que vous lisez ce qui ressort des live-tweets qui vous révèlent la teneur de ce qui se tient devant cette cour d'assises?"
Mustapha B. : "c'est la pression médiatique".
Ce moment où, alors que le témoin finit son propos par une question en l'air, le président rétorque avec un sourire : "la procédure c'est que c'est moi qui pose les questions, je ne peux pas répondre".
Me Vial revient sur la radicalisation affichée de Khalid El-Bakraoui, selon le témoin.
Mustapha B. : "en tous cas avec moi, il approuvait l'idéologie de l'Etat islamique. Pas en réunion familiale, mais je pense que s'il l'a fait avec moi, il a pu le faire avec d'autres".
Me Vial poursuit ses questions sur la radicalisation, affichée ou non, de Khalid El-Bakraoui, question cruciale.
Le témoin recule quelque peu : "s'il l'a fait avec moi [notamment lors d'une conversation dans leur cuisine, ndlr], j'imagine qu'il a pu le faire avec d'autres.
Me @ChStPalais (avocat de Yassine Atar, neveu du témoin) : "je pense que votre déclaration n'était pas tout à fait ce que Yassine Atar espérait. Parce que les bordels de Tanger, je ne crois pas qu'il pensait qu'il en serait question".
Mustapha B. au sujet des frères El-Bakraoui : "ils n'aurait jamais fait confiance à Yassine [Atar ndlr]. Jamais".
Me @ChStPalais : "ils le traitaient de clown, c'est ça? Au point où vous en êtes, vous pouvez y aller dans les adjectifs dépréciatifs ..."
- c'est vrai.
@ChStPalais Me @ChStPalais : "on reproche à Yassine Atar d'être acquis aux thèses de l'Etat islamique ..."
Mustapha B. : "c'est vraiment pas l'idéal de Yassine Atar. Il aime les belles voitures, les belles motos, les femmes aussi ..."
1/2
@ChStPalais Me @ChStPalais : je ne suis pas certain que tous les cadres de l'Etat islamique renoncent au plaisir charnel. Qu'est-ce qui vous fait dire qu'il n'avait pas de volonté d'action violente?
Mustapha B. : sa bonne vie et moeurs. On dit comme ça en France? Son casier judiciaire.
2/2
@ChStPalais Mustapha B. : "ce qui est vraiment au coeur de la vie de Yassine Atar c'est le blé, le flouze, le cash ... l'argent quoi"
Me @ChStPalais : "et bien ses avocats s'en souviendront."
Rires dans la salle.
Le président : "je croyais que c'était une commission d'office."
@ChStPalais Fin de l'audition du témoin. Un témoin suivant attend encore dans la salle, rappelle le président. Mais il souhaite au préalable interroger Yassine Atar sur sa relation avec son frère Oussama, commanditaire des attentats du #13Novembre
Yassine Atar affirme qu'il n'a jamais été en contact avec son frère Oussama après son départ en Syrie en décembre 2013.
"J'ai dit à ma soeur que s'il avait quelque chose à me dire, il m'appelle directement. Parce qu'il y avait eu des grosses insultes. Mais il m'a jamais appelé".
Yassine Atar : "Oussama ne mettait pas de qamis. Il était en Adidas."
Président : entre les baskets Adidas et le haut, il y avait quelque chose?"
- il mettait un sweatshirt Adidas. Il achetait le même en plusieurs couleurs et en basket. Et il avait une barbe, ça c'est sûr."
Président : "il y a un téléphone saisi à votre domicile dans lequel, il y a Oussama dans le répertoire, avec plusieurs numéros belges et turcs."
Yassine Atar : "c'était un très vieux téléphone. Mais s'il y a un numéro Oussama, c'est soit Oussama mon frère, soit un autre Oussama"
Yassine Atar : "Oussama ne voulait pas parler de l'Irak. Parce que c'est difficile de parler de ça. On sait ce qu'il s'est passé à Abou Ghraib. Nous tout ce qu'on voulait c'était qu'il se soigne. Et qu'on passe à autre chose. Donc on n'en parlait pas."
Yassine Atar au sujet de sa tentative de visite d'Oussama en Irak : "moi je ne vous cache pas que je ne voulais pas y aller. Parce que j'aime bien voyager, mais Bagdad, bon ...
Je suis arrivé, j'ai été reçu par l'ambassade belge en Jordanie, il m'avait expliqué comme faire."
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Yassine Atar : "arrivé à Bagdad, personne m'attendait. Au téléphone, l'ambassadeur me dit de prendre un taxi. Moi : t'es fou, c'est la guerre ici. J'ai demandé un billet. Bruxelles, Paris il n'y avait pas. On m'a dit Dubai, j'ai pris. On m'aurait dit Mogadiscio, j'aurais dit oui"
Suspension de 15 minutes, annonce le président. Avant l'audition du dernier témoin de la journée.
L'audience reprend. Le dernier témoin s'avance à la barre.
"Je m'appelle Paul C., j'ai 76 ans".
Le président : "il est très tard, si vous souhaitez une chaise ..."
- "Ah non, ça va, je suis resté assis pendant 6 heures ! Je suis vieux mais quand même ...."
Rires dans la salle.
Paul C. : "je suis là à la demande des avocats de monsieur Atar. J'ai beaucoup hésité. J'ai entendu les parties civiles, j'ai été submergé par l'émotion comme tout le monde. Mais j'ai aussi entendu un désir de vérité. Et je me suis dit que j'avais quelque chose à dire ici."
Paul C. : "je suis retraité de l'éducation nationale, je suis athée, je ne supporte par l'intégrisme religieux, ça c'est clair.
Je suis depuis 12 ans visiteur de prison à Fresnes. Et c'est là que j'ai rencontré monsieur Atar."
Paul C. : "j'ai vu monsieur Atar pour la 1ere fois en septembre 2018. Depuis, je l'ai vu à peu près 60 fois au parloir du quartier d'isolement pour des visites de 1h à 2h. Après son transfert, on s'est écrit. Ensuite je l'ai vu 3 fois à Fleury-Merogis depuis le début du procès"
Paul C. : "quand je suis arrivé à Fresnes, le surveillant m'a dit : est-ce qu'un terroriste ça vous convient? J'ai été un peu surpris. Et ça m'intéressé parce que je me suis demandé ce qu'un djihadiste prêt à tirer sur des gens peut avoir envie de dire à un kouffar comme moi."
Paul C. : "la première fois que j'ai rencontré monsieur Atar, il m'a dit : "monsieur, j'ai honte qu'on vous présente à moi comme un terroriste alors que je suis innocent." Sur les 82 détenus que j'ai rencontré, aucun ne m'a jamais dit qu'il était innocent."
Paul C. : "Je crois que vous l'avez auditionné hier. Monsieur Atar, c'est quelqu'un qui parle plus vite que son ombre. On a du mal à le suivre. Mais c'est quelqu'un qui a besoin de s'exprimer. Ca a toujours été la caractéristique de monsieur Atar : je veux dire les choses"
Paul C. : "monsieur Atar était son dossier, il en parlait tout le temps. Mais on a aussi parlé de sport, de sa famille et son petit garçon qu'il s'inquiétait de ne pas voir, des émissions qu'on regardait mais bon il était plutôt Cyril Hanouna sur M6 que 28 minutes sur Arte."
Paul C. : "monsieur Atar n'a jamais eu d'incident avec l'administration pénitentiaire. Mais moi, si j'avais été détenu, j'aurais eu des choses à dire sur la façon dont monsieur Atar était traité : l'humiliation n'a jamais fait partie de la peine. Mais bon, c'est comme ça. "
Paul C. : "monsieur Atar m'a aussi parlé de sa femme qui voulait divorcer. Il était sous le choc mais il l'a accepté. Et j'ai trouvé ça bien par rapport à ce qu'on peut dire de la soumission de la femme dans ces dossiers-là."
Président : "à votre connaissance, il avait d'autres visites que vous?"
Paul C. : "une fois je crois. Mais sinon, j'étais tout seule."
- il vous a parlé de sa famille?
- il était catastrophé pour ses parents parce qu'un fils qui meurt en djihadiste en Syrie et un autre emprisonné
Paul C. : "les djihadistes et les visiteurs de prison se croisent rarement en prison. Il n'y en a pas beaucoup qui demandent un visiteur de prison. Ils sont dans un autre monde que nous, les kouffars selon eux."
Me Kempf, avocat de Yassine Atar rebondit sur la question des conditions de détention de son client : "même quand il voit ses avocats, il est fouillé à nu après les parloirs. Ce qui sous-entend que ses avocats pourraient lui donner des objets qu'il cacherait dans son anus".
Me Didier Seban (PC) : "est-ce que vous avez parlé de religion, de radicalité?"
Paul C. : "pas du tout. Il était à 1000 kilomètres de ça. Lui, ce qui l'intéressait c'est son dossier. Au début, je lui ai dit : "je suis athée". Lui : "je suis musulman". Et voilà, c'est tout."
Fin de l'audition de ce dernier témoin. "Il est tard, mais il faut qu'on avance dans les lectures", avertit le président.
Qui s'apprête donc à donner lecture des auditions de l'un des témoins absents aujourd'hui.
Les autres, "on les fera plus tard".
L'audience est suspendue pour aujourd'hui. Reprise demain avec les interrogatoires de Hamza Attou et Ali Oulkadi, qui comparaissent tous les deux libres et sont accusés d'avoir aidé Salah Abdeslam dans sa cavale après les attentats du #13Novembre
L'audience du jour devrait être consacrée à la suite de l'interrogatoire de Mohamed Bakkali ainsi qu'à l'audition de témoins le concernant, mais l'accusé a fait usage de son droit au silence hier et plusieurs témoins refusent de venir.
Beaucoup d'interrogations donc.
C'est jour de reprise au procès des attentats du #13Novembre
19e semaine, 70e jour d'audience. Et donc fin de la pause imposée par la contamination au Covid de l'accusé Ali El Haddad Asufi.
Hier, le président a annoncé aux avocats que les débats pouvaient reprendre aujourd'hui, "l'état de santé de monsieur El Haddad Asufi le permettant de nouveau".
Et voici d'ailleurs les accusés qui s'installent dans le box les uns après les autres.
Si vous voulez vous rafraîchir la mémoire, la (très courte) dernière journée d'audience est racontée ici > franceinter.fr/justice/proces…
Osama Krayem qui a accepté de venir à l'audience hier pour son interrogatoire, mais il refuse à nouveau de comparaître aujourd'hui. L'audience ne reprend donc que pour être immédiatement suspendue, le temps des somations d'huissier.
On se retrouve donc un peu plus tard avec le LT de l'interrogatoire de l'accusé Adel Haddadi à suivre ici.
L'accusé Osama Krayem refusant toujours de venir dans le box, l'audience sera immédiatement suspendue pour les sommations d'usage. Elle reprendra ensuite avec la 2e partie de l'interrogatoire de Mohamed Abrini, alias l'homme au chapeau.
L'audience reprend pour de bon. Le président indique qu'il "passe outre l'absence d'Osama Krayem aujourd'hui."
"Par contre, il est prévu de l'interroger demain", rappelle-t-il.
17e semaine de procès des attentats du #13Novembre 2015. 65e jour d'audience.
L'audience devrait reprendre normalement aujourd'hui, la dernière expertise médicale de Salah Abdeslam ayant conclu qu'il était en état de comparaître.
Dans les conclusions de cette expertise que nous avons pu consulter, il est indiqué que "depuis le 3 janvier 2022, en application des recommandations en vigueur les plus récentes, il [Salah Abdeslam , ndlr] est apte sur le plan médical et sanitaire à assister aux audiences"
Au sujet du dernier test positif de Salah Abdeslam, les experts ont pris le soin d'ajouter que "la persistance d'une PCR positive plus de 10 jours après le début des symptômes (...) ne correspond pas à une excrétion de virus viable et n'est donc pas associée à une contagiosité".
62e et dernière journée d'audience de 2021 au procès des attentats du #13Novembre 2015.
Le compte-rendu de la dernière journée, illustré par @ValPSQR est disponible ici > franceinter.fr/justice/proces…
Aujourd'hui, on doit notamment entendre Patrick Calvar, ancien patron de la DGSI, ainsi qu'un expert sur les faux passeports.
Mais les accusés Osama Krayem et Salah Abdeslam refusent toujours de comparaître dans le box. Et un troisième accusé, qui comparaît libre est en retard.
L'accusé qui comparait libre et qui était coincé dans le RER en grève vient d'arriver à l'audience.
Celle-ci va pouvoir reprendre ... pour être suspendue le temps des sommations d'huissier à Salah Abdeslam et Osama Krayem.