62e et dernière journée d'audience de 2021 au procès des attentats du #13Novembre 2015.
Le compte-rendu de la dernière journée, illustré par @ValPSQR est disponible ici > franceinter.fr/justice/proces…
Aujourd'hui, on doit notamment entendre Patrick Calvar, ancien patron de la DGSI, ainsi qu'un expert sur les faux passeports.
Mais les accusés Osama Krayem et Salah Abdeslam refusent toujours de comparaître dans le box. Et un troisième accusé, qui comparaît libre est en retard.
L'accusé qui comparait libre et qui était coincé dans le RER en grève vient d'arriver à l'audience.
Celle-ci va pouvoir reprendre ... pour être suspendue le temps des sommations d'huissier à Salah Abdeslam et Osama Krayem.
LT à suivre une fois ces procédures effectuées.
L'audience reprend pour de bon. Avec l'audition de Patrick Calvar, ancien patron de la DGSI qui s'avance à la barre.
"N'hésitez pas à me demander de monter le ton de ma voix car j'ai l'habitude de parler assez doucement".
"Je suis né le 26 novembre 1955."
Patrick Calvar : "avant de répondre aux questions, je souhaitais vous parler de la direction générale de la sécurité intérieure, en particulier en novembre 2015, les moyens qui étaient à sa dispositif et les méthodes de renseignement que nous utilisions à l'époque."
Patrick Calvar : "J'ai servi pendant 40 au sein de la police nationale et pendant 25 ans j'été impliqué dans la lutte contre les terrorismes. Toutes ces années ont été marquées par un certain nombre d'attentats."
Patrick Calvar : "je pense à toutes les victimes et je n'oublie par que le terrorisme islamiste tue avant tout des musulmans dans leurs propres pays.
Tous ces attentats ont été des échecs pour nos services."
Patrick Calvar : "je voudrais dire aux parties civiles qu'elles ne doivent jamais douter de l'engagement total des services. Je sais que les mots n'effacent jamais la douleur mais je voudrais dire ce qu'est notre travail pour qu'elles le comprennent mieux, hors polémique."
Patrick Calvar : "les missions de la DGSI sont la protection des intérêts fondamentaux. C'est un service qui dispose également d'une capacité de police judiciaire. Et nous avons toujours eu des relations de très grande confiance avec la section antiterroriste du parquet de Paris"
Patrick Calvar : "si nous avions quelqu'un qui acceptait de travailler pour nous avec tous les risques qui étaient les siens et qui à un moment pouvait entrer dans une association de malfaiteurs terroristes, nous n'aurions jamais pu le sortir judiciairement de cette affaire."
Patrick Calvar : "c'est ça la réalité. Nous n'aurions jamais été en capacité de pénétrer physiquement un réseau.
L'autre source de renseignement ce sont les infiltrations techniques."
Patrick Calvar : "le troisième moyen d'acquisition du renseignement c'est ce que nous appelons la coopération nationale.
Et dès avril 2012, nous avions en place une task force sur la Syrie. Et nous avons monté avec la DGSE une cellule commune.
On est montré d'un cran en 2015."
Patrick Calvar : "en juin 2015, nous avons monté une cellule ALLAT qui regroupe tous les services de renseignement. Tous les cas étaient mis sur la table, était décidé de la stratégie à mettre en oeuvre. Il fallait éviter les angles morts et surtout éviter les compétitions".
Patrick Calvar : "les fiches S ont fait beaucoup de littérature. C'est quoi une fiche S? C'est un outil, une alerte. Si monsieur se trouve en vacances, cela ne va pas m'alerter. Si monsieur se trouve dans un aéroport pour prendre un avion vers Istanbul, ça va m'inquiéter."
Patrick Calvar : "nos fiches S ont aussi été inscrites dans le SIS, c'est-à-dire dans l'espace Schengen.
Mais nombre de services de renseignement des autres pays ne sont pas des services de police donc n'ont pas la capacité à consulter ou à mettre des fiches S."
Patrick Calvar : "au matin du #13Novembre 2015, nous avions 568 individus français ou résidents en France présent en zone irako-syrienne dont 199 femmes et 16 mineurs combattants. 247 individus de retours sur le territoire national, 141 individus présumés morts."
Patrick Calvar : "nous avions aussi 256 individus en transit dans un pays tiers, 707 individus ayant exprimé l'intention de se rendre en Syrie. Soit un total de 1760 individus formellement identifiés auxquels il faut ajouter tous ceux que nous ne connaissions pas."
Patrick Calvar : "sur le plan de l'activité judiciaire, nous avions 156 enquêtes ouvertes, 275 individus interpellés dont 131 écroués."
Patrick Calvar : "j'ai entendu tellement de choses depuis le #13Novembre 2015. Je n'ai jamais pris la parole publiquement. Nos mots ne les consoleront jamais mais je voudrais qu'elles comprennent qui nous étions, comment nous travaillions."
Patrick Calvar : "[Abdelhamid] Abaaoud est entré dans nos radars après la fameuse vidéo où il tractait des cadavres.
Mais je vous rappelle que nous sommes un service d'action nationale et nous n'avons pas d'action en dehors de notre territoire."
Patrick Calvar : "ils arrivent le 12 novembre 2015, ils frappent le 13. Ils n'ont aucune base de repli. On le verra avec Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh [survivants du commando des terrasses après le #13Novembre ndlr]. Ce qui veut dire que nous étions aveugles."
Patrick Calvar : "je sais que mes camarades belges ont été souvent critiqués, très critiques. Je sais qu'il est toujours facile de réécrire l'histoire après. Moi, je ne me le permettrais jamais. Car je sais l'abnégation de ce métier."
Patrick Calvar : "moi je vais être très franc avec vous. Qu'est-ce qu'on veut? Plus de sécurité ? Pus de liberté? Si on veut plus de sécurité, il va falloir entrer plus de technologie. C'est possible, mais il faut qu'on accepte plus de restrictions de nos libertés individuelles."
Patrick Calvar : "on sait que chez les terroristes, les cibles sont souvent d'opportunité avec l'objectif de faire un maximum de victimes. L'idée est toujours la même : je frappe pour faire un maximum de victimes et donc avoir un maximum d'impact sur la population"
Patrick Calvar : "pour moi ce qui s'est passé au Bataclan est malheureusement, tristement, une cible d'opportunité. Comme le Stade de France l'a été. Comme les terrasses l'ont été."
Patrick Calvar : "on dit toujours : les services ne se parlent pas. Faux. Les services se parlent toute la journée. Par contre les systèmes ne sont pas harmonisés. Mais, je vous le dis : si vous voulez un contrôle aux frontières, ce n'est pas avec Frontex que vous le ferez"
Patrick Calvar : "je pense que cette lutte contre ce fléau qui est moins d'être terminé et il y en a d'autres, bah il va falloir faire un choix sur nos libertés et ce qu'on souhaite."
Me Maktouf (PC) interroge le témoin sur la stratégie adoptée sur les frères Clain.
Patrick Calvar : "on a eu des longues discussions. Les Clain nous les connaissions parfaitement. Les laisser partir volontairement [en Syrie, ndlr] : non. Mais certains sont partis en voiture."
Patrick Calvar : "j'ai été particulièrement surpris d'apprendre qu'[Abdelhamid] Abaaoud se trouvait sur notre territoire. Et pour moi c'était incroyable qu'ils aient fait cette action [les attentats ndlr] sans capacité de se réfugier, notamment venant de quelqu'un comme Abaaoud."
Patrick Calvar : "si vous voulez me faire dire que nous sommes passés à travers plusieurs fois, que parfois nous nous sommes trompés dans les appréciations, je vous crois."
Me Szwarc (PC) : "je voulais savoir si vous étiez susceptible de reconnaître certaines erreurs, merci."
Le président intervient : "je vous rappelle que nous sommes là pour évaluer les charges sur les accusés par pour faire le procès de quelque institution que ce soit. Nous ne sommes pas commission parlementaire. Je crois qu'on a tendance à l'oublier depuis un certain temps."
Patrick Calvar revient sur Abdelhamid Abaaoud : "je suis tombé de l'armoire quand on m'a dit qu'il était réfugié dans un buisson. Je me suis dit : on recherche un type qui est responsable de la mort de dizaines de personnes. Je ne sais pas comment fonctionnent ces gens-là."
Patrick Calvar énumère les 11 fichés S liés aux attentats du #13Novembre 2015 : "Abaaoud, Akrouh [2 membres du commando des terrasses, ndlr] les frères Clain, Mostefai, Amimour, Mohamed-Aggad [3 membres du commando du Bataclan, ndlr], Chouaa, Abrini, Krayem, Laachraoui."
Me Delas : "vous avez fait le distinguo entre la phase non-judiciaire et la phase judiciaire et vous nous avez dit que vous étiez moins efficace en phase judiciaire"
Patrick Calvar : "la difficulté qu'on a c'est qu'on puisse apporter au parquet des éléments suffisamment probants"
Camille Hennetier (avocate générale) : à partir de quand la France est devenue une cible prioritaire de l'Etat islamique?
Patrick Calvar : "je pense que le terrorisme est la conjugaison d'une terre de djihad et d'un mal-être profond dans une société."
Patrick Calvar : "depuis longtemps, nous avons un souci dans le rapport à l'islam. Dans la confusion entre islamisme et islam. Nous avons aussi souffert d'une crise d'identité profonde d'un certains nombres de jeunes d'origine marocaine, tunisienne, algérienne."
Patrick Calvar : "nous avions énormément de Français et de francophone sur zone [irako-syrienne, ndlr] et donc ça ça crée une cible. D'autant qu'elle est emblématique. Les autres cibles emblématiques c'est Israël et les Etats-Unis, mais c'est difficile d'attaquer les Etats-Unis"
Patrick Calvar : "la Belgique a toujours eu tendance d'exporter son terrorisme vers nous. Rappelez-vous les attentats du GIA en 1995, ils venaient aussi de Belgique."
Patrick Calvar : "vous frappez de là ou vous venez. On a le terrorisme qu'on mérite."
Me Xavier Nogueras (défense) : "pourquoi selon vous ces terroristes disent qu'ils frappent la France parce que la France est intervenue [en Syrie, ndlr] ?"
Patrick Calvar : "j'en pense que c'est l'expression de la haine la plus pure. Ces gens-là haïssent ce que nous sommes."
Fin de l'audition de Patrick Calvar.
"On va enchainer", avertit le président en lançant la vidéoconférence avec une experte "qui va témoigner en visio depuis Lyon en raison de problèmes de transport".
La connexion est établie avec Lyon pour l'audition de Sophie Carliez, "technicienne en chef de police technique et scientifique".
Elle a été chargée au cours de l'instruction d'analyser les faux passeports syriens des terroristes du #13Novembre
L'experte détaille les éléments de fabrication d'un passeport : "une couture au centre, chaque page est en fait une double porte, elles comportent un filigrane et des fibres mises de façon aléatoires qui apparaissent sous une lumière fluorescente."
Après un exposé bref de l'experte et en l'absence de questions des avocats de parties civiles et de la défense, l'audition s'achève.
Le président : "il y a une autre demande? J'ai cru qu'il y avait un regain d'activité sur le banc des parties civiles. Non? Tant mieux. Je crois que nous avons tous besoin de respiration. Cette audience va être suspendue quelques jours. Je vous donne rendez-vous le 4 janvier."
L'audience reprend ... mais est immédiatement suspendue pour les sommations d'huissier aux accusés Salah Abdeslam et Osama Krayem, comme c'est le cas depuis le 25 novembre.
LT à suivre ... une fois ces procédures effectuées.
L'audience a repris pour de bon cette fois. Avec, tout d'abord, le rejet de la demande de remise en liberté de l'accusé Farid Kharkhach. La cour considère en effet que sa remise en liberté pourrait nuire au bon déroulement du procès, notamment du fait du risque de fuite au Maroc.
1ere assesseure : "vous vous êtes mariée avec Kevin Gonot?"
Jennifer Clain : "j'avais 15 ans et demi."
- ça s'est passé où?
- chez ma mère
- vous avez combien d'enfants avec votre mari?
- 5 enfants
- ils ont quels âges?
- 14, 12, 10, 9 et 5 ans.
Jennifer Clain : "aujourd'hui, avec le recul, je me rends compte que ma mère faisait certaines choses et que du coup je la prenais en modèle parce que c'était ma mère.
Mais on est tous coupables de ce qu'on a fait, cru ou voulu."
Jennifer Clain au sujet de la revendication des attentats du #13Novembre 2015 par ses oncles : "si ça avait été vraiment eux, ça auraient été une fierté de le dire. Ils m'ont dit qu'ils avaient été obligés. Et vous savez là-bas, on peut vous forcer à faire n'importe quoi."
60e journée d'audience aujourd'hui au procès des attentats du #13Novembre
Le compte-rendu d'hier au sujet, notamment du "clan Clain", avec les illustrations de @ValPSQR est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/proces…
L'audience ne débute qu'à 14 heures aujourd'hui en raison d'un mouvement de grève des magistrats et greffiers.
A noter par ailleurs que Salah Abdeslam et Osama Krayem sont toujours absents du box et qu'il faudra le temps des sommations d'huissier désormais habituelles.
Aujourd'hui, la soeur aînée des Clain et sa fille ainsi que la mère du terroriste du Bataclan Foued Mohamed-Aggad doivent témoigner à l'audience.
@ValPSQR L'audience reprend, mais Salah Abdeslam et Osama Krayem refusent encore de comparaître aujourd'hui.
L'audience est donc immédiatement suspendue "pour les sommations d'usage" précise le président.
@ValPSQR A suivre, les auditions des proches des terroristes décédés Chakib Arkouh et Najim Laachraoui.
@ValPSQR Au programme aujourd'hui : les auditions du père et de la soeur du terroriste du Bataclan Samy Amimour.
LT à suivre ici.
Et l'antenne de @franceinter c'est @sophparm dès le journal de 13h.
L'audience reprend. Mais ni Salah Abdeslam, ni Osama Krayem ne sont présents dans le box.
Comme le veut le code de procédure pénale, l'audience est donc immédiatement suspendue le temps des sommations d'huissier.
L'audience reprend. Comme depuis le début des auditions des enquêteurs belges, des accusés ont refusé de venir dans le box. Aujourd'hui, il s'agit d'Osama Krayem, de Salah Abdeslam et de Sofien Ayari.
L'audience est donc suspendue le temps que l'huissier procèder à la sommation.