Une note de fouille des données @InseeFr sur les diplômes et l'emploi, qui conduit à sérieusement se questionner sur la politique de professionnalisation à l'Université.
Jusqu'à présent, à défaut d'emplois, les jeunes prolongeaient leurs études, ce qui réduisait mécaniquement le nombre de demandeurs d'emplois.
Problème : on a probablement fini notre massification, et on ne peut donc plus allonger la durée des études.
Ce levier nous manque.
De plus, les crises économiques réduisent le taux d'emploi des moins diplômés (ici, celle des subprimes).
Le risque est que, sous la pression démographique, cette réduction s'étendent aussi aux plus diplômés, qui seront aussi bientôt plus nombreux que les emplois.
Face au surplus de jeunes et une pénurie d'emplois, le risque est d'avoir un chômage significatif qui apparait à Bac+5, ce qui tuerait la « valeur des diplômes ».
C'est pourquoi on jugule les poursuites d'études.
Ici le décrochage entre L et M, suite à la réforme de 2014.
Problème : que faire des étudiants en 1er cycle (L) qui ne pourront pas poursuivre en 2d cycle (M) car il n'y a pas d'emplois ?
Hé bien là, on ne sait pas. On déploie alors des politiques de fuite en avant, en développant des filières comme l'apprentissage de façon déraisonnable.
Et puisqu'on sait que c'est insuffisant, on leur propose de faire des « stages hors cursus très mal payés ».
On voit bien que ces solutions ne correspondent pas à une stratégie à la hauteur des enjeux de notre nouveau contexte post-massification.
Pour comprendre cette situation post-massification, on peut faire un retour sur 50 ans.
On constate alors une augmentation du nombre d'étudiants, une baisse du nombre d'emplois, mais surtout une grande constance du chômage/inactivité.
En réalité, la formation joue historiquement un rôle « d'amortisseur » entre la jeunesse et l'emploi.
Quand des emplois sont disponibles, les jeunes sortent plus vite de la formation. Sinon ils y restent plus longtemps.
Ca permet de stabiliser le nombre de jeunes chômeurs.
Très très grossièrement, si on n'avait pas eu cette flexibilité, cad qu'on n'avait pas fait la massification, on aurait probablement doublé le chômage des jeunes, qui seraient aujourd'hui un sur trois sans emploi.
Or, il est possible, en post-massification, que nous ayons perdu cette flexibilité.
Si c'est le cas, face à la pression démographique, on est mal : on aura plus rien pour retenir une part croissante des jeunes de plonger dans le chômage.
On peut en conclure que la politique de "professionnalisation" des études universitaires est une grave erreur, qui va complètement délégitimer l'université...
Car elle va échouer, tout simplement car il n'y a pas d'emplois.
Pour conclure, il y a certainement quelque chose à réinventer, pour adapter l'Université à notre monde post-massification et post-plein-emploi.
Mais cela nécessite de sortir des carcans idéologiques actuels, et notamment de l’enseignement universitaire pour trouver un emploi.
Rien ne nous empêche de concevoir, au contraire, un enseignement universitaire parce qu'il n'y a pas d'emplois.
Au moins, cela serait en cohérence avec le contexte actuel. Sans doute cela nous permettrait-il d'attaquer plus sérieusement les autres problèmes, dont l'écologie.
Ici tous les traitements et des tonnes de visualisations :
Et ici une émission de @arretsurimages présentée par @NassiraELM, très intéressante sur le fond comme sur la forme, que je vous recommende vivement de regarder.
Intéressante réaction, qui démontre bien que le projet politique n'est pas d'améliorer notre système économique et social pour que les français vivent mieux, mais d'augmenter la précarité des jeunes pour qu'ils acceptent des conditions de vie dégradées.
Si on exclu les métiers saisonniers, on trouve : 1. des métiers peu qualifiés mais difficiles et qui ne permettent pas de bien vivre 2. des métiers qualifiés en santé et informatique (pour lesquels aucun effort public de formation n'est fait).
[#VeilleESR#LRU] Emmanuel Macron expose une réforme «systémique» de l'université
Il s'agirait donc de la troisième étape après la réforme systémique des formations (ORE 2018) et de la recherche (LPPR 2020). Ça vaut bien une analyse.
Le discours a été tenu devant le congrès de la CPU désormais appelée @FranceUniv qui représente « un nouvel élan, qui rappelle le rôle de partenaire essentiel des pouvoir publics / force de proposition et de transformation pour l'ESR » d'après M. Macron.
Le discours commence par des banalités : « concurrence pour les talents », « décloisonner pour favoriser les synergies », « Shanghai / Saclay »...
Mais surtout « conjurer notre histoire » avec « le vent de face en raison de la démographie ».
C'est important pour la suite.
[#VeilleESR#LPPR] Décret n° 2021-1449 du 4 novembre 2021 relatif au contrat de mission scientifique prévu par l'article L. 431-6 du code de la recherche
Disparition du terme « CDI », sur lequel la totalité de l'argumentaire reposait.
« sans préjudice », « à l'exception », « par dérogation »... Il faudrait l'aide d'un juriste pour aller fouiller les détails, mais ça ressemble quand même pas mal à une sortie du cadre de la fonction publique.
[#VeilleESR#Parcoursup] Emmanuel Macron présente le dispositif de diminution artificielle du taux de NEET des jeunes (sans formation ni emploi), qui menace d'exploser en conséquence de la politique éducative d'Emmanuel Macron.
La logique est fascinante : 1. On aligne le financement des formations sur le besoin du marché de l'emploi. 2. Comme ce besoin est inférieur au nombre de jeunes, on met en place des politiques d'éviction (#BacBlanquer, #Parcoursup, #EtudiantsSansMaster)
3. Les jeunes évincés remplissent donc mécaniquement le taux de NEET.
4. Les projections de l'économie post-covid sont inquiétantes, la démographie continue d'augmenter, et on a réduit l'amortisseur des études gratuites pour tous.
Je ne doute pas une seconde que Mme Pécresse, ancienne ministre de l'#ESR et porteuse de la loi #LRU, sans doute la plus transformante du XXIe, ait de fines connaissances du sujet.
Du coup, il y a plein de choses que je ne m'explique pas...
« On le sait très bien, il y a des universités surdotées, qui ont perdu des étudiants en premier cycle »
Alors pas à ma connaissance, non. Ça a augmenté de partout, et significativement.