C’est basé sur ma mémoire , alors n’hésitez pas à corriger je vais surement oublier des trucs . #teampoissonrouge
La première fois, ça fait toujours un peu bizarre, voir un peu mal : c’était en 2007.
A l’époque, on s’était rendu compte, collectivement, que la production (qui patinait à cause de mauvaises récoltes) risquait de ne pas couvrir toute la consommation.
Ca à été la panique + l’arrivée des financiers qui ont senti la bonne affaire : les prix ont « rationné la demande», comme on dit pudiquement , et on a au passage eu des émeutes de la faim dans certains pays.
En 2008, faillite de Lehmann Brothers, crise financière , mais aussi bonne récolte mondiale : tout pour faire chuter les prix brutalement, ce qu’ils firent joyeusement.
Un peu l’effet porte de saloon si vous voulez.
A cette époque on a découvert les mots « sécurisation», « arbitrage » (« to hedge en anglais : on « hedge du grain » ), et les marchés à terme ont pris tout leur sens puisque sans eux, il aurait été impossible de passer le cap.
Ensuite, 2009, rien de spécial, bonne production, consommation classique, les prix bougent un peu, mais rien de méchant. On se dit qu’on a vécu un épisode exceptionnel, et puis BAM !!
En 2010, sécheresse sur le bassin de la Mer Noire (Russie/Ukraine principalement), la production de cette zone (une des principales zone d’exportation du monde) chute.
Les prix remontent, et puis, un beau jour du mois d’aout, Vladimir Poutine décide que plus un seul grain de blé ne sortira de Russie , pour garantir aux Russes qu’ils auront à manger : c’est l’#embargo
MAIS c'est un c’est un drame pour les pays d’Afrique du Nord (notamment l’Egypte) qui leur avaient acheté du blé : les bateaux ne seront jamais livrés, ils devront se recouvrir ailleurs (entre autre chez nous😎 )
Là, niveau hausse des prix en une journée, c’était du jamais vu.+10,+15,+25 € la tonne en quelques heures!
La facture sera insupportable pour une partie du monde, les prix de l’alimentation vont flamber , et le printemps Arabe l’année d’après en sera une des conséquences.
Le temps passe, les moissons de l’année d’après arrivent, et en 2011, les prix rebaissent . Oh, pas longtemps, le printemps aux US est sec, l’été caniculaire :la production de maïs chute .📉
Les USA produisent en gros, 1/3 du 🌽de la planète : quand ça tousse chez eux, c’est toute la planète qui s’enrhume.
Et c’est le cas ! Retour à la case départ, on remonte au plafond.
A la différence près que cette fois, la production mondiale de céréales n’est pas vraiment en déficit , le principal problème se situe sur le maïs Américain.
Donc c’était plutôt chouette pour les producteurs Européens qui ont eu une récolte normale MAIS des prix élevés
Et puis ensuite, comme à chaque fois que les prix montent, on augmente la surface cultivée partout, la production augmente : les prix rebaissent.
Les campagnes s’enchaînent : 2014, 2015, et même 2016 où la France se prend l’effet inverse : les conditions météo ont étés désastreuses, la production FR chute MAIS les prix ne remontent pas, sous l’effet d’une grosse production mondiale.2012 à l'envers !
Petit coup de chaud à l’été 2019 avec des craintes liées à la sécheresse, craintes qui finalement ne se seront pas réalisées : retour à la baisse.
Pas aussi bas qu’avant tout de même, certains pays exportateurs étant à la ramasse niveau production (coucou l’Australie)
Et puis, dans la même période, la Russie instaure un système de taxes à l’exportation histoire que tout le blé ne parte pas à l’export : pas question, en cas de problème, de refaire le coup de l’embargo.
Ils ont maintenant un outil très souple qui leur permet d’ouvrir ou de fermer le robinet des exportations.
Pourquoi ce système ? Les récoltes sont abondantes, certes. MAIS la demande mondiale continue d’augmenter de façon linéaire.
Et 2010 est un TRES mauvais souvenir
Donc, lentement, on voit une hausse se dessiner (bon, avec des très gros à-coups, le #covid est passé par là aussi), mais au fur et à mesure des incidents météos (Canada, Argentine,Europe, etc), les prix remontent.
La #Chine est aussi très présente aux achats, que ce soit en protéines végétales en Amérique du Sud / Usa ou en maïs Ukrainien, et même en blé Français !
Et la demande ne faiblit pas, on revient donc tutoyer les sommets.
Plusieurs réflexions à en tirer de ces mouvements de marché :
✅Il faut faire avec une production en dents de scie selon la météo, couplée à une consommation qui augmente tranquillement, et qui augmentera encore dans les années à venir
😩Les producteurs ne bénéficient pas forcément de toute la hausse : on ne vend qu’une fois, et on peut avoir vendu plus tôt (pour des tas de raisons). Des outils pour optimiser ses ventes existent cependant, mais ils coûtent cher aussi.
😎On peut par contre vendre en avance une partie de sa récolte et bénéficier de prix qu’on jugerait intéressants
📉📈Sur 15 années, on a eu 3 années avec des épisodes de forte hausse, on est dans le 4ème : c’est proportionnellement assez peu
Les marchés ne bougent jamais en ligne droite : on a des jours de hausse, des jours de baisse, et de grosses variations dans la journée : autant d’occasion de se planter
💸Le revenu des producteurs fait donc le yoyo, avec des coûts de production souvent en décalé par rapport au prix de vente des céréales
La hausse du coût de l’alimentation est gérable dans des pays comme la France, mais c’est loin d’être le cas partout dans le monde
On est toujours les plus forts avec le journal du lendemain 😉
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Aujourd’hui, #threadagri historique : on va parler de la plus spectaculaire et dramatique faillite du monde agricole, celle des établissements Bach en côte d’or, en 1991.
Attention, ça va parler gros sous, cavalerie, banques louches 💸💸💸
La chute du négociant privé , aussi brutale qu’inattendue, aura provoqué des faillites d’agriculteurs en cascade, mais aussi des suicides, des divorces, et en tout état de cause, des conséquences à très long terme sur l'agriculture de la région.
Petit point vocabulaire : un négoce agricole diffère d’une coopérative en ce qu’il est détenu non pas par les agriculteurs, mais par des propriétaires privés.
La plupart du temps ce sont des sociétés familiales, ce qui ne les empêche pas d’atteindre une taille très importante.
#unpopularopinion : au niveau mondial, l’agriculture vivrière a vocation à disparaître pour laisser place à une agriculture plus productive, qui génère des excédents permettant de nourrir au-delà du producteur.
La population mondiale est de plus en plus urbaine , et de moins en moins rurale .
Il faut donc que le travail de ceux qui sont à la campagne permette de nourrir ceux qui sont en ville, tout en faisant vivre correctement ceux qui sont à la campagne.
L’agriculture vivrière n’est pas un modèle d’avenir : c’est une agriculture de survie qui ne permet pas aux populations de s’extraire de la pauvreté et du risque de famines .
C’est toujours un choix par défaut, et on s’en échappe dès que c’est possible.
Il faudrait selon eux des « communautés autonomes », et il surtout « s’extraire du capitalisme ». Ca peut marcher à la marge : chacun est libre de vivre en totale autonomie sur sa ferme.
Les exemples cités ici sont soit des #ZAD comme a #NDDL, soit des jardins partagés : un des points communs est donc de n’avoir jamais acheté ou loué les terres en question, mais les avoir soit occupés par la force, soit en avoir obtenu la jouissance par une administration.