Quinze ans que je couvre l’Union et ses pérégrinations. Je n’ai jamais vu la machine se mettre en ordre de marche aussi vite, de façon aussi large et avec autant d’intensité. C’est assez impressionnant #Ukraine
L’impression d’un réveil soudain, d’une mécanique qui était là, mais que ses créateurs, les Etats, n’avaient jamais voulu utiliser ou que très partiellement.
Difficile à dire aujourd’hui ce que les Européens vont faire de cet élan sans précédent. A eux d’en décider collectivement. Mais depuis lundi soir, les tabous tombent vite. A côté, l’endettement commun de 2020 apparait presque dérisoire.
Et si même les Américains sont impressionnés. Enfin, au moins l’ancien ambassadeur US auprès de l’Union (juste avant l’arrivée de Trump)
Ukraine: sur la suite des évènements, nous serons fixés aujourd’hui. Poutine vient de déclarer qu’une décision serait « prise aujourd’hui » concernant la reconnaissance (ou non) des républiques séparatistes pro-russes de Donetsk et Lougansk.
Première fois que j'écoute en direct un Conseil de sécurité russe. C’est une expérience particulière, un monde parallèle, comme une impression film de série B.
Je vous rassure, les intervenants soutiennent l’idée de ces reconnaissances. Ca rappelle le schéma utilisé en Géorgie en 2008.
Il y a qqch. que je n’arrive pas à saisir dans la défense acharnée de la Russie par certains. Cette idée sous-jacente que les deux pays seraient unis par l’Histoire. S'il y a bien eu l'alliance franco-russe de la IIIe République, on s'est aussi énormément fait la guerre.
Nous sommes par ex. toujours sans nouvelle de la Grande Armée de Napoléon. La Russie a aussi participé à certaines guerres contre la Révolution (et n'a pas trop trop respecté les conditions de la paix de 1807)
Lors du premier conflit mondial, la Russie devenue communiste nous lâche avant la fin (sympa hein), et nous nous battons ensuite contre elle, plus ou moins indirectement jusqu'en 1920 (troupes déployées + guerre russo-polonaise, avec le miracle de la Vistule).
Décryptage en accès libre. Crise entre Varsovie et Bruxelles, mais de quelle crise parle-t-on ?
Contrairement à ce que véhiculent bcp. de politiques fr., l’enjeu premier n’est pas la primauté du droit européen sur le national à proprement parlé.
En arrivant au sommet européen, hier après-midi, le Premier ministre polonais a répété ce qu'a dit le tribunal constitutionnel dans l'exposé oral de ses motifs:
« Nous respectons la supériorité du droit européen sur le droit national »
Si, si.
La Pologne n'entend pas du tout commencer à dire « le RGPD, je n'en veux plus », ou « le droit de la concurrence, non merci », « puis cette histoire de temps de travail, je vais zapper je crois ». Du tout.
Concernant les conséquences de la crise pour l’Europe de la santé, c’est en cours au niveau européen. La Commission a déjà fait qq. propositions et la Conférence sur l’avenir de l’Europe (qui vient d’être lancée) doit fournir d’autres pistes de travail.
Que diriez-vous, pour bien débuter la journée, d'un peu de lecture sur le concept tendance à Bruxelles: l' « autonomie stratégique ».
Soyons fous.
Le sujet a émergé au printemps dernier, et depuis, il est devenu un vrai enjeu politique à Bruxelles.
Explication rapide du principe: lors du premier confinement, les Européens se sont rendus compte qu'ils dépendaient trop de l'extérieur, dans certains secteurs stratégiques. Médical et sanitaire en l'occurence.
Mais aussi, que la Chine n'avait aucun souci à utiliser ses capacités de production à des fins politiques. Que oui, derrière la beauté du commerce international, des transformations technologiques, il y a des enjeux de puissance.
« Accord historique » pour certains. « Echec de Macron » pour d’autres.
Essayons de raison garder, et de démêler ce qui a été négocié pendant 4 jours et 4 nuits à Bruxelles et finalement approuvé.
Fil (qui risque d’être un peu long).
Tout d'abord, il faut savoir que les 27 ont approuvé ce matin deux choses: le plan de relance + le budget 2021-2027 de l'Union. Les deux sont liés, mais restent deux choses assez différentes. L'un est ponctuel, l'autre est structurel. On va commencer par le plan de relance.
750 milliards d'euros dont 390 de subventions. C'est-à-dire de l'argent qui va être distribué aux Etats selon les besoins liés à la crise économique. Les chiffres sont encore flous, mais cela représenterait plus de 60 milliards pour l'Italie. Plus de 55 pour l'Espagne.