Constat lucide, et sans appel. Mais qui malheureusement ne se limite pas à l’Ukraine.
Combien de sujets écartés par ce paysage médiatique fr. obsédé par la figure présidentielle, les jeux de personnes et où l’éditorialiste a pris le pouvoir sur le journaliste de terrain ?
Et quand je dis journaliste de terrain, c’est au sens large. C’est celui qui part en reportage au loin, mais aussi celui qui creuse ses sujets, qui développe des connaissances, une capacité de recul.
Un exemple tout bête. Jeudi soir, le sommet européen bat son plein. Je le suis de chez moi, en soutien aux journalistes de @Contexte sur place. J’écoute une grande radio publique à l’heure du diner. Un débat est organisé sur la réunion des Vingt-Sept. C’était fascinant à écouter
Fascinant d’entendre trois ou quatres journalistes / chroniqueurs échanger sur un sujet sans n’avoir rien préparé. C’était vaporeux, déconnecté des résultats attendus. J’en suis persuadé, aucun n’avait lu les conclusions qui allaient sortir (et qui circulaient dans les rédac)
Par contre, on sentait le frisson les parcourir quand ils pouvaient raccrocher le sujet à Macron.
Ce n’était pas plus concret, « blabla la PFUE », ou « blabla la présidentielle » mais ils étaient à l’aise.
Aucun doute possible, j’aime mon métier. Mais oui, bien entendu qu’il y a une faillite médiatique en France. Elle est là depuis des années, l’Ukraine n’est qu’un révélateur.
Suivisme, des services politiques qui sont l’alpha et l’omega, manque d’expertise pour sortir des sentiers battus, trop de « Paris », pas assez de « régions » ou « d’ailleurs », etc…
Puis là, imaginez le cataclysme. Chaque présidentielle est attendue comme le graal, le zénith absolu. Mais voilà la fête promise chamboulée par une queue de comète d’épidémie qui n’en finit pas et une guerre en Europe #remboursez
Bref, après 10 minutes de supplice en vidant le lave-vaisselle, m’être retenu d’hurler deux fois, j’ai lâchement capitulé en coupant la radio. Même si j’espère qu’un jour, les lignes finiront par bouger dans la profession et le paysage médiatique
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Quinze ans que je couvre l’Union et ses pérégrinations. Je n’ai jamais vu la machine se mettre en ordre de marche aussi vite, de façon aussi large et avec autant d’intensité. C’est assez impressionnant #Ukraine
L’impression d’un réveil soudain, d’une mécanique qui était là, mais que ses créateurs, les Etats, n’avaient jamais voulu utiliser ou que très partiellement.
Difficile à dire aujourd’hui ce que les Européens vont faire de cet élan sans précédent. A eux d’en décider collectivement. Mais depuis lundi soir, les tabous tombent vite. A côté, l’endettement commun de 2020 apparait presque dérisoire.
Ukraine: sur la suite des évènements, nous serons fixés aujourd’hui. Poutine vient de déclarer qu’une décision serait « prise aujourd’hui » concernant la reconnaissance (ou non) des républiques séparatistes pro-russes de Donetsk et Lougansk.
Première fois que j'écoute en direct un Conseil de sécurité russe. C’est une expérience particulière, un monde parallèle, comme une impression film de série B.
Je vous rassure, les intervenants soutiennent l’idée de ces reconnaissances. Ca rappelle le schéma utilisé en Géorgie en 2008.
Il y a qqch. que je n’arrive pas à saisir dans la défense acharnée de la Russie par certains. Cette idée sous-jacente que les deux pays seraient unis par l’Histoire. S'il y a bien eu l'alliance franco-russe de la IIIe République, on s'est aussi énormément fait la guerre.
Nous sommes par ex. toujours sans nouvelle de la Grande Armée de Napoléon. La Russie a aussi participé à certaines guerres contre la Révolution (et n'a pas trop trop respecté les conditions de la paix de 1807)
Lors du premier conflit mondial, la Russie devenue communiste nous lâche avant la fin (sympa hein), et nous nous battons ensuite contre elle, plus ou moins indirectement jusqu'en 1920 (troupes déployées + guerre russo-polonaise, avec le miracle de la Vistule).
Décryptage en accès libre. Crise entre Varsovie et Bruxelles, mais de quelle crise parle-t-on ?
Contrairement à ce que véhiculent bcp. de politiques fr., l’enjeu premier n’est pas la primauté du droit européen sur le national à proprement parlé.
En arrivant au sommet européen, hier après-midi, le Premier ministre polonais a répété ce qu'a dit le tribunal constitutionnel dans l'exposé oral de ses motifs:
« Nous respectons la supériorité du droit européen sur le droit national »
Si, si.
La Pologne n'entend pas du tout commencer à dire « le RGPD, je n'en veux plus », ou « le droit de la concurrence, non merci », « puis cette histoire de temps de travail, je vais zapper je crois ». Du tout.
Concernant les conséquences de la crise pour l’Europe de la santé, c’est en cours au niveau européen. La Commission a déjà fait qq. propositions et la Conférence sur l’avenir de l’Europe (qui vient d’être lancée) doit fournir d’autres pistes de travail.
Que diriez-vous, pour bien débuter la journée, d'un peu de lecture sur le concept tendance à Bruxelles: l' « autonomie stratégique ».
Soyons fous.
Le sujet a émergé au printemps dernier, et depuis, il est devenu un vrai enjeu politique à Bruxelles.
Explication rapide du principe: lors du premier confinement, les Européens se sont rendus compte qu'ils dépendaient trop de l'extérieur, dans certains secteurs stratégiques. Médical et sanitaire en l'occurence.
Mais aussi, que la Chine n'avait aucun souci à utiliser ses capacités de production à des fins politiques. Que oui, derrière la beauté du commerce international, des transformations technologiques, il y a des enjeux de puissance.