Thread by @lmgaveriaux

En #Turquie les bureaux de vote ferment

Le taux de participation est bien plus bas que d’habitude (à préciser, tournerait autour de 82%)

Un peu de fébrilité chez une de mes sources AKP… c’est le seul facteur d’incertitude pour les équipes de #Erdoğan

Soirée électorale ⬇️

En attendant les 1eres remontées, je voudrais en profiter pour analyser la stratégie d’entre deux tours d’#Erdoğan qui me semble caractéristique de sa philosophie politique nationaliste depuis 20 ans :

Tandis que #Kilicdaroğlu a exploité à fond le discours anti-Syriens, #Erdoğan a eu des déclarations claires sur le fait qu’il ne "mettrait pas dehors" ses "frères syriens"

C’est vrai, il perdrait ainsi un de ses leviers de chantage sur l’#UE, mais c’est plus profond que ça :

Ce faisant il s’adresse au système de valeurs islamiques de son électorat, dont l’accueil du "frère d’infortune" (qui n’est d’ailleurs pas un réfugié, mais un "invité" en #Turquie) est articulé à une vision renouvelée de la grandeur turque (qu’on appelle parfois "néo-Ottomane").

Pas les mêmes protections que pour le statut de réfugiés, celui d’invité s’assortit néanmoins d’une certaine mentalité d’assistance ; sans ce référentiel, je ne vois pas comment la société #turque aurait pu absorber si mécaniquement 3 millions de Syriens depuis 10 ans.

puis il ne faut pas oublier que la pierre angulaire de la politique régionale d’#Erdoğan a été la lutte acharnée contre #Assad pendant ces dix ans.
S’il suit le mouvement de réhabilitation de la #LigueArabe, il ne peut pas faire avaler la pilule à son électorat…

… sans un minimum de formes.

Ainsi l’une des promesses de l’entre-deux tours d’#Erdoğan : prendre le lead diplomatique d’un plan de retour négocié des réfugiés syriens moyennant un cahier des charges sécuritaire "strict" - pour reprendre ses mots.

Et les #Turcs applaudissent particulièrement sa diplomatie pro-active, qui leur donne l’impression de rayonner au plan international (cf: son rôle depuis l’invasion russe de l’#Ukraine dans les accords pour le blé de la mer Noire, dont les pays africains lui savent gré).

Voilà comment la majorité de l’électorat turc peut motiver son vote par son référentiel nationaliste, plus que par la crise économique - qui impacte pourtant tout le monde

C’est le fruit deux décennies de formatage de la société (universités et médias sous contrôle ideologqiue).