Thread by @lafilledct

Voilà, on a bien rigolé parce que qu'est ce qu'on a changé depuis 2012 mais on va en profiter pour parler d'un truc pas marrant.

On va parler gras, corps et grossophobie sa mère. [et TCA etc...]
Le terme n'est pas choisit au hasard.

On est moins gros.se.s que l'on ne se SENT gros.se et moi, c'était dans le regard de ma mère.

J'l'ai toujours été et la légende familiale raconte qu'à peine née, petite crevette je me suis jetée comme un monstre sur le sein de ma mère

Et pouf 3 semaine plus tard j'étais devenue « un beau bébé » !

Enfant, j'étais « potelée » c'était mignon, mais ma courbe de poids commençait à inquiéter.

A 9 ans chez le médecin on m 'expliquait que j'avais toujours été au-dessus de la courbe, regarde tu n'as jamais été dans la norme chérie.

C'était systématiquement négatif et forcément un peu de ma faute.
Allez, on attaque l'adolescence par des restrictions alimentaires !

Ma mère qui avait été très grosse dans son adolescence et y associait tout son mal-être de cette époque.

Le regard qu'elle posait sur moi était dégoûté et furieux et si mtnt je sais que c'est de la peur, à l'époque je me sentais juste écœurante

Parallèlement, je n'allais pas bien évidemment.
Le collège cette jungle, surtout pour une petite grosse tjrs le nez plongé ds ses bouquins.

Alors qd je rentrais je m'asseyais devant Détective Conan (♥)
J'étais seule et affamée (un jour nous parlerons de la nourriture de self…)

Et je mangeais, en bon ado des familles. Je cachais les papiers des gâteaux, de chocolat ou tout ce qui pouvait trahir mon goûter.

Quand elle tombait sur des preuves de mon grignotage ou qu'elle le soupçonnait, les reproches de ma mère pleuvait.

Le matin au petit déjeuner elle vérifiait la couche de beurre sur mes tartines et le nombres de cuillères de cacao dans mon chocolat.

Elle m'expliquait que ses amis avaient trouvé que j'avais grossi. Que je grossissais à vue d’œil.

Que je ressemblais à un cochon. J'étais dégoûtante.

Et moi j'étais d'accord.
Pcqu'il n'y avait pas que ma mère qui m'aime et ne pourrait pas me mentir, il y avait tout le reste.
Tout le monde.

A commencer par les PANTALONS (cette engeance du diable).
Depuis que j'ai 8 ans je ne rentre plus dans un pantalon de taille « normale ».

Comme j'étais en plus petite, la honte était aussi grande que mes ourlets sur des pantalons en 12 ou 14 ans quand on j'en avais seulement 10

On ajoute à cela la mode des jeans taille basse que je ne pouvais jamais refermer ou qui faisait 20 centimètres de plus que mes jambes.

A 10 ans, acheter des vêtements, m'habiller était devenu une terreur.

Bien sûr, tout cela était ma faute, je mangeais trop, trop gras, trop sucré et j'étais un gros tas nul en sport. Alors je me punissais.

J'essayais de m'empêcher de manger. Je culpabilisais de ne pas arriver à me faire vomir et je culpabilisais de la moindre chose avalée.

Paradoxalement (non) j'étais incapable de tenir un seul régime et je commençais à alterner les phases de boulimie et d'anorexie.

sans avoir aucune idée que cela puisse avoir un nom ou être un pathologie.
Pour moi c'était évident que j'étais juste une grosse ado grasse.

Je n'attendais qu'une chose, quitter le domicile familial.

Pas pour que échapper à la pression, puisque c'était la vérité mais pc que ma mère m'avait raconté qu'elle avait minci en s'installant seule

Alors quand j'habiterai seule je n'acheterai de nourriture, je n'aurais plus de tentation, je ne mangerai plus et je deviendrai enfin belle.

Ça n'est jamais arrivé.

Ce qui est arrivé en revanche c'est que j'ai rencontré des gens formidables qui m'ont montré beaucoup de choses.

Que j'étais bonne en sport et que ça ne dépendait pas de mon poids.

Que j'étais désirable et que ça ne dépendait pas de mon poids.

Que j'étais pleine de vie et d'intérêts, peut-être même de talent et que ça ne dépendait pas de mon poids.

Et globalement qu'on s'en tapait royalement de mon poids.

Et j'ai commencé à être heureuse.
J'ai même commencé à arrêter de me détester dès que j'avalais quelque chose.

J'ai appris à aimer manger. Manger n'importe quoi, même gras, sucré pour enfin manger bien.
Et devinez quoi ? J'ai grossi ET RIEN A FOUTRE.

J'étais déjà obèse médicalement et je le suis restée mais cela n'a pas dégradé ma santé, au contraire puisque dans cette vie plus saine

Je fais plus de sport, je suis plus tonique et je mange plus sainement.

Qd je suis passée au veganisme, effet secondaire j'ai appris à aimer bcp de choses, je me suis replongée dans la cuisine passionnément

Et c'est devenu un de mes plus grand bonheur.
Je pose là que de mon humble avis il vaut 100x mieux vivre "gros.se" que vivre ac des TCAs

Si je n'aime pas encore mon corps, j'ai appris à aimer celui des autres.
La photographie m'a beaucoup aidée

Et le cabaret a été décisif.
[Ci-joint Lady Adeilaïde Greed & Minnie Valentine]

Si parfois j'ai l'impression que des hasthags comme #bodyposi ou #AugustAdipose enfoncent des portes ouvertes je me rappelle vite de tout ça

Et je pense qu'il faut parfois rendre à César toussa et je remercie des gens qui comme @theutoptimist qui ont le courage et la force d'être

Alors pourquoi je vous raconte tout ça dans les détails et je m'arrête pas là ?

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Parce que dans le grand tri de ma vie, en étant rentrée chez mes parents je suis retombée hier soir sur un vieux disque dur rempli de photos

et je me préparais à rigoler, à me moquer gentiment de la petite grosse, la larve qui était devenue mon moi-papillon.

Et je suis tombée là-dessus.
Elle était où la petite grosse ?

Alors j'ai été chercher avant dans les albums photo la petite fille qui inquiétait les médecins

L'adolescente qu'il fallait absolument emmener chez les nutrinionistes alors ?!?

Alors c'est pour CA que l'on m'a culpabilisée pendant plus de 20 ans ?!

Pour CA que l'on craignait pour ma santé au point de contrôler tout ce que je mangeais ?

Que j'ai hurlé, que je me suis affamée, découpée, dissociée de mon corps à en être dingue ?

Et oui, j'ai découvert hier que tout ça, tout mon poids, c'était dans ma tête.

Oui, on l'avait ENFONCÉ dans ma tête pendant des années, vissé, coulé, on m'en a gavé à m'en étouffer !!!

MERDE aux pantalons MERDE aux mères MERDE aux affiches MERDE aux dicos des filles MERDE aux régimes MERDE à la télé et aux adultes.

MERDE MERDE MERDE MERDE
LAISSEZ LES PETITES FILLES TRANQUILLES !!!

Alors voilà ce que je voulais vous dire:
Si vous pouvez discutez avec vos petites soeurs, vos filles, vos nièces, mes amies jeunes, écoutez

Et lorsqu'elles vous diront "je suis trop grosse" ET ELLES LE DIRONT ne leur répondez pas "mais non" ne les contredisez pas

Elles sont aveuglées par tout ça, elles ne peuvent pas l'entendre, on leur hurle tous les jours autre chose.

Proposez. proposez leur des modèles, des images ou des histoires avec des personnes grosses (ou pas, mais pas maigres) et fortes, admirables

Dites que des fringues qui VONT VRAIMENT à leur corps existent.
Ne pas rentrer dans un habit c'est un habit est petit pas un corps trp grand

Que l'on peut être potelée, ronde, pulpeuse, grosse, avoir des gros bras, des grosses cuisses, un double menton, des vergetures

Et être à la mode, être à énergique, être bonne en sport, que ça ne rend ni bête, ni sale, ni nulle.

Écoutez les petites, écoutez-les vraiment, aimez-les et surtout, surtout, rendez les FIÈRES.
Aucune enfant ne devrait avoir honte d'elle.

Et voilà, c'est fini.
Merci d'avoir lu.
Prenez soin de vous. Et des autres.