Je suis toujours un peu ahurie quand j'entend ma mère me raconter son boulot. Elle est hôtesse de caisse dans une grande enseigne de distribution. Un boulot *un peu* difficile : "On se fait chier dessus tous les jours par les client.e.s, mais faut leur dire merci."
Sa boite n'est pas passée à côté de la mode de la notation partout. Les client.e.s encarté.e.s à cette enseigne reçoivent un questionnaire de satisfaction quelques jours après qu'ils ou elles y aient fait un achat.
Seulement, depuis un an, les primes des employé.e.s sont indexées sur les résultats de satisfaction. Inutile de vous dire que le taux maximum est désormais à peu près impossible à atteindre.
Mais là dessus s'ajoutent quelques anecdotes qui seraient drôles si elles n'étaient pas profondément déprimantes. Dans le magasin de ma mère, les toilettes client.e.s sont fermées depuis des mois pour des raisons techniques.
Et, on peut le comprendre, les client.e.s s'en plaignent dans leur notation. Résultat le niveau de satisfaction baisse...et les primes des employé.e.s aussi.
"Autant je peux comprendre de me prendre un tir quand j'ai mal fait mon boulot, mais là...j'y peu rien si la direction veut pas faire les travaux nécessaires depuis des mois. Sauf que du coup, je touche moins d'argent à la fin du mois", me dit ma mère. A raison.
Mais l'inertie est partie pour durer. Cette situation ubuesque aussi, donc. "Remarque, c'est un moyen astucieux de moins nous payer", reconnait ma mère. Beaucoup trop belle joueuse...qui refuse désormais de noter qui ou quoi que ce soit quand on lui demande.
