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Lucas 🏀 @LucasJcb
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Aujourd'hui on part du côté de l'Indiana, avec une traduction de la lettre de Victor Oladipo pour The Players Tribune, juste avant d'avoir commencé les playoffs !

Bonne lecture ⬇😁
(cc @PacersFRA @PacersFrance)
Quand votre mère vous appelle par votre nom complet, c'est rarement bon signe.

"-Victor, qu'est ce qu'il se passe?
- Je sais pas maman, vraiment j'en sais rien."
C'était au mois de Juin dernier, je venais tout juste d’atterrir d'OKC et mon téléphone a littéralement pris feu quand je l'ai allumé.

Je savais que le trade via les Pacers était bel et bien vrai. Mais le fait de le voir partout en ligne, m'a vraiment secoué.
Tout les commentaires m'affectaient, j'étais là, assis, à me demander si "bon gars de vestiaire" était un compliment ou non.

Vous savez, on entend tous les jours que le sport est un business, mais c'est aussi ça ma vie.
J'avais déjà été transféré il y'a un an, via Orlando. Dans ces moments c'est dur de ne pas penser que c'est vous le problème, quand deux équipes se passent de vous et vous abandonnent.

Peu importe qui vous êtes, ça vous affectera, peu importe l'estime que vous avez de vous.
Quand votre mère se pointe et vous demande ce qu'il se passe, on ne sait pas toujours quoi dire. Je pouvais pas non plus lui dire que c'était une décision purement basket.

Mon deuxième SMS était pour Doma (Sabonis), il fallait que ça soit pour lui. Domantas c'est mon gars.
Il allait être le seul à pouvoir me comprendre. On est déjà passés par là, il a été drafté en 2016 par le Magic, on est partis à OKC, puis d'OKC vers Indiana.

Indiana, je savais que Doma ne voulait pas que je minimise notre départ...
Alors je lui ai envoyé un message, avec le fond de ma pensée mais aussi ce que je savais déjà : Je te jure, si on gagne ici à Indiana, ils t'aimeront comme personne d'autre.

Je me sentais déjà mieux après lui avoir dit ça.
J'ai appelé ma mère et je lui ai dit que tout irait bien.

Je le pensais vraiment. J'ignorais comment les choses allaient vraiment se passer, mais je le sentais bien.
Chaque trade est différent, comme chaque Etat des USA l'est. Ce n'était pas n'importe quel trade, c'était Indiana, les Pacers.

Je n'allais pas dans n'importe quelle équipe, je rentrais chez moi.
Je suis arrivé à Bloomington, dans l'Indiana en 2010. Je sortais du Maryland, j'avais choisi Indiana pour leur programme, mais je n'avais aucune idée s'ils prenaient le basketball au sérieux.
En toute honnêteté, je pense que peu de gens en dehors de l'Indiana reconnaissent autant l'importance du basketball que nous le faisons.

Il y'a des drapeaux des Hoosiers et des Pacers partout. Chaque coin de rue a son panier de basket.
C'était drôle à mon arrivée, je me rappelle, personne était capable de prononcer mon nom de famille correctement, les premières semaines j'avais le droit à la même conversation avec les professeurs

Oh-laDIppo?
Oh-laDaïpo?
Oh-laPi-do ?

"O - LA - DI - PO"
Quand je suis arrivé la première année, je me rappelle dans le gym j'étais seul à m'entraîner quand un type est venu me parler.

Je ne le connaissais pas, il était tard, j'avais peur de ne pas avoir le droit d'être ici à cette heure.
-Qu'est ce que tu fais ici à cette heure ?
-Je dois être là tous les soirs si je veux jouer un jour en NBA
- Mec, la NBA ?

Il a secoué la tête et m'a dit :"t'as encore beaucoup de chemin" tout en partant en secouant la tête.
Très tôt j'ai eu des soucis à me faire confiance. Je m'entrainaîs tout l'été et ça n'a pas empeché Verdell Jones de me déchirer au premier jour d'entraînement.

Il m'a fait la totale et n'a pas arrêté de scorer. J'étais incapable de tirer quoi que ce soit de mes attaques.
Je suis allé m'asseoir sur le banc, les larmes aux yeux. J'avais bossé tout l'été et c'était parti en poussière en deux secondes. On aurait dit que j'avais fait ça pour rien.
Le jour suivant s'est déroulé comme le premier, je me suis mis à penser que je n'étais pas assez bon pour la fac et que c'était peut-être la dernière fois qu'on entendrait parler de "Victor Olaïpido".

Vers la fin de saison j'ai eu quelques fois le droit d'être titulaire.
Et pour ma deuxième année, j'étais starter. J'étais pas une tête d'affiche, mais les gens ici apprenaient à me connaître.

Et pour une fois, ce n'était pas pour prononcer mon nom de famille.
Je me rappelle, je portais mes écouteurs dès que je sortais de chez moi, jusqu'à m'asseoir en cours, pour ne pas être en retard à m'arrêter parler avec tout ceux qui venaient autour de moi.

La plupart du temps, j'avais même pas de musique, j'entendais les gens murmurer mon nom.
J'aurais voulu parler à tout le monde, vraiment, être "connu" comme ça, ça donne des frissons.

Quand les gens parlaient de moi ou me pointaient du doigt, ça me donnait encore plus envie de progresser et d'être meilleur sur le terrain.

Donner le meilleur de moi-même.
Ces trois années à Bloomington m'ont vraiment changé. Au delà de devenir un meilleur joueur, c'était la première fois que je voyais des gens se passionner pour notre équipe, pour le basket.

Le basket peut vous aider à faire partie de quelque chose plus grand que vous-même.
J'ai fini par quitter IU pour aller en NBA, j'avais eu assez de crédits pour partir avec mon dipôme un an plus tôt.

Le jour de la remise des diplômes, le mec du gymnase est venu me demander si je me rappelais de lui.
Je lui ai dit que oui et que j'allais intégrer la NBA.
Il s'appelle Dave. Maintenant Dave est un de mes meilleurs amis.

Après tout il avait tellement raison. Il avait dit que le chemin était encore long, mais pas qu'il était impossible.
Vous voulez savoir où j'ai joué mon premier match à l'extérieur pendant mon année rookie ?
A Indiana. A la présentation des joueurs, j'ai reçu une standing ovation.

C'est de l'amour dont je vous parle. On se sent chez soi ici.
Passer d'une personne dont le nom est à peine prononcé correctement par les gens à personne dont le nom est scandé par 20 000 personnes alors que vous êtes dans l'équipe adverse, c'est juste inexplicable.

Orlando, OKC...
Et maintenant, nous y voilà.
Qui est déjà allé dans l'Indiana ? Pour visiter ? Non, c'est juste un état qu'on survole en avion et qu'on sait à peine mettre sur une carte.

Le jour du trade, je parie que vous avez cité les joueurs du trade dans cet ordre :

Paul George
Victor Oladipo
Domantas Sabonis.
On sait ce que c'est d'être négligés. Et comme beaucoup de gars dans cette équipe, comme beaucoup de gens dans cette salle. On sait ce qu'on ressent quand on vous abandonne.

Mais ça, c'était avant. C'est fini, plus personne abandonne qui que ce soit.
Je savais qu'Indiana nous adopterait, Doma et moi, comme aucune autre ville peut le faire.

Et maintenant Indy, on va avoir besoin de toi. La Ligue nous a peut-être oubliés, mais pas vous.
Oubliez le classement, la course du MVP, vous savez pour quoi on joue, pour qui on joue.

On a certainement beaucoup de choses à prouver aux yeux du monde, mais ça ne m'a jamais arrêté auparavant.

Victor Oladipo.
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