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Quand je dis "jouer avec le feu", j'euphémise en fait. C'est céder à la pire idée qui soit, réclamée par certains syndicats de police de manière irresponsable en décembre dernier.
Ce qui apparaît peut-être aux yeux de certains comme un acte d'autorité régalienne est en fait un aveu d'impuissance, la reconnaissance d'une impossibilité à faire autrement que de mélanger dangereusement les genres en brouillant les fonctions.
Et au cas où certains se mettraient à fantasmer sur le fait que les chefs militaires actuels se réjouiraient de voir l'ordre public se colorer de kaki, vous faites fausse route, vraiment. Ils sont souvent les plus lucides sur le degré de gravité de ce type de décision.
Alors je vois venir les contre-feu subtiles : ils ne feront que du statique sur certains lieux sensibles, ne se trouveront pas face aux manifestants. Mais: 1/ vu le degré de maîtrise de la situation, l'improbable peut devenir réalité.
2/ Le gouvernement choisit visiblement d'utiliser #Sentinelle aussi à des fins de communication sur sa capacité à répondre au désordre et la décision joue donc aussi sur ce plan, quelle que soit la réalité du dispositif en place.
Mes quelques lignes de conclusion sur #Sentinelle dans "Le soldat méconnu". En les écrivant, j'espérais (très) vaguement que les confusions qu'entretient cette opération soient peu à peu levées, que le politique comprenne... 
Je reprends ma bordée de tweets : B. Grivaux parle d'un usage "conformément à la mission du dispositif". Expliquons cette phrase : Sentinelle répond à la menace terroriste. Donc, en toute logique...
... Sentinelle va répondre à la menace terroriste là où des forces de l'ordre surmobilisés ne pourront plus le faire. Devant des bâtiments, lieux de pouvoir, lieux sensible, etc. C'est le seul moyen d'être "conforme à la mission du dispositif". MAIS ... (suspens de dingue)
... MAIS, donc, B. Grivaux procède par omission. Omission d'une précision essentielle pour éviter que ces mots ne viennent brouiller la compréhension du rôle des militaires et donc créer de la tension. Et c'est là que ces mots comptent, jouent, ont un effet (grave, à mon sens).
Parce que le "camp de l'ordre" va bondir de joie : "on envoie les armées face aux séditieux!", le "camp de la révolte" va pouvoir hurler : "on envoie les armées face aux révoltés!". Ceux qui tentent de tenir une ligne un peu claire, un peu honnête sont inaudibles.
On sème un peu de kaki, sans aucune explication claire propre à calmer les esprits (laissons la communication militaire ramer derrière...) dans une situation de tension et ce faisant, on ne résout rien, on ne calme rien. On alimente le jeu infernal de la montée aux extrêmes.
Je reprends le fil qui précède : un tour d'horizon rapide permet de vérifier facilement l'effet de sidération et d'alimentation de la tension que produit cette annonce confuse. Chapeau, les artistes.
"Les militaires appelés en renfort pour l'acte XIX des Gilets Jaunes", c'est donc bien ainsi que l'utilisation de #Sentinelle samedi prochain est présentée au flash info à l'instant sur @RTL.
(Cf. tweets précédents pour comprendre le raisonnement dans lequel s'inscrit ce tweet)
(Cf. tweets précédents pour comprendre le raisonnement dans lequel s'inscrit ce tweet)
