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On parle pas mal de consentement depuis quelques temps. Consentement sexuel, consentement médical. C'est cool. Mais saviez vous que pour certain.e.s, consentir ce n'est pas si simple. C'est le cas des personnes intersexes notamment.

Un thread.
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Rappel de base, consentir à un acte c'est quoi ?
C'est être prévenu de cet acte, des conséquences possibles, des risques, du bénéfice attendu. Il s'agit d'avoir toutes les cartes en main pour pouvoir dire si l'on est d'accord ou non, ou sous condition, ou à moitié.
C'est faire un choix conscient sans recevoir de pression, sans chantage, sans violence, sans contrainte.
Exprimer son consentement, c'est dire un oui plein et entier, sur et affirmé. Ce n'est pas seulement l'absence de refus, ce n'est pas une passivité.
Tout cela va sans dire, et j'énonce des évidences, mais il semblerait que certains réussissent le tour de force de ne pas encore être au clair avec la notion de consentement.
Bref les bases étant posées, avançons jusqu'au sujet qui nous intéresse ici.
Pour les personnes intersexes qui ont subi des violences médicales dans l'enfance/l'adolescence, il peut être compliqué d'exprimer son consentement. Mais il peut aussi être très compliqué de consentir à un acte (que ce soit médical, sexuel ou même simplement dans sa vie sociale).
Ce n'est pas seulement l'expression du consentement qui est brouillée, c'est la notion même de choisir, de savoir si l'on est d'accord ou non. C'est plus profond qu'une difficulté à s'affirmer et à imposer ses choix (même si je ne nie pas cette difficulté là pour certain.e.s).
Les violences médicales chez les personnes intersexes apparaissent souvent dans la petite enfance ou à l'adolescence. C'est l'âge où l'on construit sa personnalité, ses choix. C'est le moment où l'on apprend ce qui nous plaît et nous déplaît, ce que l'on veut.
C'est le moment où l'on commence à découvrir que notre parole a un impact, que l'on peut poser des limites, que l'on peut refuser et que cela aura un impact chez l'autre.
Les medecins nous volent ça.
Les medecins ne nous proposent pas de consentir. Ce n'est pas simplement qu'il n'écoutent pas nos refus, c'est tout simplement qu'ils ne nous offrent pas l'espace pour discuter leurs décisions. Ils ne nous expliquent pas ce qui va se passer.
Ils ne nous informent ni des risques, ni des bénéfices attendus. C'est comme ça, c'est tout.
"Il faut t'opérer." "Tu dois prendre ce médoc."
Nous n'avons pas à faire de choix. Ces choix si intimes, si personnels, de ce qu'il adviendra de notre corps, d'autres les font pour nous.
Souvent, nous ne sommes même pas informés de ce qui est fait à notre corps. Nous percevons les conséquences, mais personne n'a pris la peine de nous expliquer ce qui était fait, pourquoi, comment.
Notre corps est tout entier entre les mains des medecins.
Evidemment ce n'est pas sans conséquence. Si des choix de cette ampleur sont fait sans nous consulter, sans même que la question de notre avis se pose, alors pourquoi devraient-on avoir un avis ? Pourquoi devrions nous nous demander ce que nous souhaitons pour nous même ?
Ce qu'on nous apprend, c'est qu'autrui a un droit absolu sur notre corps. Ce corps ne nous appartient pas vraiment, puisque que quelqu'un d'autre peut choisir de le modifier selon son bon plaisir. Et s'il ne nous appartient pas, alors il peut bien appartenir à n'importe qui.
Si tu as envie d'opérer ce corps fais le, il ne m'appartient pas.
Si tu as envie de coucher avec ce corps, fais le, il ne m'appartient pas.
Les personnes intersexes sont souvent vulnérables aux violences sexuelles. Je ne parle même pas ici de fetichisation.
Les personnes intersexes peuvent souffrir de stress post-traumatique après les abus médicaux que nous subissons. L'un de ses symptômes est la dépersonnalisation. On est comme détaché de soi. Moi, ce n'est plus moi. Moi ne m'appartient plus. Ce qui arrive à Moi ne me touche pas.
Cela a des conséquences concrètes et directes, dont nous exposer à des situations à risque, telles que les violences sexuelles.
D'après les discussions que j'ai pu avoir avec d'autres inter, la proportion parmi nous de ceux qui ont subit des violences sexuelles est effarante.
Apprendre à se connaître, à comprendre quels sont ses désirs / limites, c'est compliqué pour tt le monde. Ça va pas de soi et encore moins dans une société où la culture du viol est si présente, où le pouvoir médical est encore présenté comme absolu (coucou les violences gyneco).
Mais pour une personne à qui l'on a appris justement tout le contraire, dont le corps même a été marqué par ce principe, "ton corps ne t'appartient pas", la tâche devient vraiment difficilement surmontable.
C'est de là que nous partons, personnes intersexes.
Pour pouvoir consentir, il faut être en mesure de ne pas consentir. C'est ça qui nous a été retiré.
C'est ça le chemin qu'on a à remonter pour parvenir à consentir vraiment.
Et on a même pas commencé à envisager d'exprimer son consentement !!
En tant que partenaire, que proche, que soignant de personne intersexe, c'est à vous de prendre cette difficulté spécifique en compte.
Outrepasser le consentement d'une personne, c'est toujours votre faute, votre entière responsabilité.
En matière de non-respect du consentement, c'est TOUJOURS le médecin qui est en faute, jamais le patient. C'est TOUJOURS le violeur qui est en faute, jamais la victime.
Vous ne devez pas simplement vous assurez que la personne consente, vous devez vous assurer que ce consentement est réel. Vous devez offrir à la personne l'espace nécessaire pour s'interroger sur ses envies, pour envisager simplement de refuser.
Vous devez offrir l'espace d'exprimer une hésitation, un refus. Et dans le doute, vous devez vous abstenir. Ce n'est pas négociable, jamais. Si vous ne faites pas ça, vous profitez de la vulnérabilité d'une personne déjà abîmée, déjà brisée. Vous valez pas mieux qu'un mutilateur.
(Ce que je raconte dans ce thread s'applique aussi aux personnes qui ont subi d'autres violences. Mais je parle depuis un point de vue intersexe uniquement pour ne pas risquer de voler la personne des concerné.e.s par d'autres violence.)
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