Thread by @LarrereMathilde

Je viens de visionner le docu fiction sur le procès de Marie Antoinette. Que ce film soit diffusé sur le service public, et notamment sur @ARTEfr qui jusque là avait qd même évité de verser dans la bernisation de l’histoire me consterne. Je vs explique⤵️

@ARTEfr 1)Arte produit donc à grand frais (de l’argent public !) un film sur le procès de l’ancienne reine. On peut commencer par se demander s’il n’y avait pas mieux à produire sur la révolution. Quel intérêt de faire pleurnicher sur Marie Antoinette en 2019 ?

@ARTEfr 2)Ah oui, je suis con, ça peut marcher, ça va faire de l’audimat, ça marche toujours la reine.

Pis ça permet de dire du mal de la révolution, c’est tjrs ça de gagné c’est ça ?

@ARTEfr 3)Non parce que ce téléfilm est pleinement dans la tradition doloriste, monarchiste et contre révolutionnaire. Tous les clichés y passent.

Le peuple révolutionnaire est brossé sous les traits d’incultes, grossiers, laids, vociférants. Les femmes sont des harpies demi mondaines

@ARTEfr 4)Les seules classes populaires qui n’éructent pas avec des gueules patibulaires, ce sont ceux qui restent déférents envers la ci-devant reine. Eux, ça va. sont mignons

(c'est terriblement manichéen!)

@ARTEfr 5)Franchement on dirait CNews parlant des gilets jaunes la vision que le doc a du peuple révolutionnaire (violent, qui veut des têtes, la voix off évoque à x reprises la "bassesse du peuple"... si si )

@ARTEfr 6)Ce peuple est par ailleurs tout à fait manipulable et manipulé, et ce par deux figures négatives, « l’animal politique » froid Robespierre et le « populiste ordurier  (si si c’est dit comme ça par la voix off) » Hébert, qui ne fait qu’éructer grossièrement

@ARTEfr 7)L’opposition entre les deux hommes est réduite à cela, sans que soit interrogé les désaccord politiques qui seraient pourtant intéressants. mais non.

@ARTEfr 8)Une scène emblématique :
Robespierre est dans son bureau, flanqué d’un gros chien
Le molosse grogne
La voix off parle alors de Robespierre comme d’un animal politique… facile de faire le lien avec le molosse grognant

@ARTEfr 9)Tout est évidemment fait pour qu’on s’apitoie en revanche sur le sort de la pauvre ci-devant reine, au demeurant remarquablement jouée par Maud Wyler. Bonne mère, bonne épouse, digne et tout et tout.

@ARTEfr 10)Le doc semble attester le fait que Marie Antoinette aurait eu un cancer de l’utérus, on la voit à deux reprises retirer des linges imbibés de sang et la voix off évoque ce cancer dont parlerait « ses biographes »

@ARTEfr 11)Alors, il serait bon de rappeler que cela ne repose que sur deux sources, Fersen, proche de la reine et qui le tenait d'un fiacre, et Rosalie son aide qui évoque juste les tissus ensanglantés.
Deux fidèles de la reine, et pas vraiment diplômés en médecine

@ARTEfr 12)La thèse du cancer a toujours fait les choux gras des écrits monarchiques, on le retrouve de nos jours sur les blogs de Louis XVI et Marie Antoinette… donc les « biographes » évoqués… comment dire

@ARTEfr 13)Ajoutons a cela que ça n’a d’autre intérêt que de faire s’apitoyer un peu plus sur la reine, car cela n’a sinon aucun intérêt historique

@ARTEfr 14)
Le téléfilm fait une fixette sur tous les objets de la reine : médaillon, montre, cheveux, dernière lettre. Présentés comme des témoignages du martyr, conservés comme des relique, les objets censés avoir appartenu à Marie-Antoinette fascinent depuis la fin du XVIIIe siècle.

@ARTEfr 15)Utilisées comme des fétiches ou brandis comme des trophées, ces marques du souvenir s’inscrivent dans la tradition funèbre du souvenir des victimes de la Révolution

@ARTEfr 16)La plupart d’entre eux sont faux. Mais c’est pas grave hein, l’important c’est qu’on espère que le spectateur en soit à son troisième mouchoir

@ARTEfr 17)Je passe sur le fait que la réalisation est d’un académisme désolant… aucune innovation depuis le film d’Enrico et Heffron de 1989

@ARTEfr 18)« C’est la chronique vraie des derniers jours de Marie antoinette » dit la voix off au début cependant que s’affiche ceci

@ARTEfr 19)Oui les personnages et les événements sont historiques, mais tt est dans la mise en récit, les mots utilisés, le point de vue adopté.
Or là, disons le, c’est un point de vue doloriste, monarchiste et contre révolutionnaire, même si le récit du procès s’appuie sur les faits.

@ARTEfr 20)Donc ce n’est pas faux, mais c’est profondément orienté
et à nouveau, qu’est-ce que cela vient faire sur le service public, et pas dans secret d'histoire, mais sur @ARTEfr