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J'ai finalement Internet, je commence le live-tweet de la séance : PhilosophEs aux Féminins, "la question des savoirs situés" #paf
Guilhem Corot commence la séance en parlant de « l’actualité du standpoint féministe ».
Il cherchera à montrer en quoi les concepts forgés autour de la théorie du « stand point féministe » sont toujours pertinents pour la philosophie des sciences aujourd’hui. À interroger avec l’actualité politique aussi, en contexte de montée internationale du féminisme.
Pourquoi a-t-on besoin d’une épistémologie féministe en philosophie de la connaissance ?
Petits rappels autour des féminismes de la seconde vague : ils ont conceptualisés par exemple la question du travail domestique, les questions de reproduction, discutées dans des groupes de discussions qui ont politisé progressivement les femmes.
Des concepts créés comme ça à l’intérieur des groupes : concepts de lutte au départ, innovations conceptuelles quand même – puisque de fait les concepts sont restés (« sexisme », « viol conjugal », etc.).
Deuxième point de départ de la réflexion, question de philosophie des sciences.
1. Dans le sillage du mvt féministe, il y a eu un changement social important de la recherche : grosse féminisation.
2. Un ensemble de changements scientifiques attribués parfois au fait qu’il y a eu cette entrée massive des femmes sur la scène, ou attribuée au fait qu’elles étaient féministes, ou les deux.
Exemple : la féminisation de la primatologie. Les primatologues considéraient que les mâles structuraient les groupes de primates, ça biaisait le regard (voir Haraway). Guilhem Corot cite une série d’exemples de biais créés par le point de vue des chercheur·ses.
Trois thèses à aborder rapidement ce soir :
1. Les savoirs sont situés : tout savoir porte la marque sociale du contexte historique général et des conditions sociales des scientifiques qui les produisent (genre, classe, race…)
2. Le privilège épistémique : certaines expériences collectives sont porteuses de potentialités historiques pour faire avancer les savoirs – toutes les positions ne se valent pas.
3. Les sciences engagées : transformer la posture scientifique légitime, valoriser l’engagement des scientifiques envers la société, pour produire un « bon » savoir scientifique, défini alors comme vrai + utile socialement.
Globalement ces trois thèses structurent à peu près le champ mais selon les autrices elles sont développées différemment.Comment articuler ce caractère situé du savoir et ne pas tomber dans le relativisme ?
1. La thèse du privilège épistémique est notamment développé par la féministe marxiste Nancy Hartsock, à partir du schème marxiste traditionnel. Selon ces théories de base, adopter le point de vue du prolétaire est la seule manière vraiment efficace pour se rendre compte
qu’un contrat de travail n’est pas égalitaire, mais bien un rapport de force. C’est à partir du point de vue du prolétaire qu’on peut développer une théorie de l’exploitation et mieux comprendre le capitalisme en tant que système économique et politique.
Cf. aussi les thèses de Lukacs : le prolétariat, ssi il est bien conscient de sa place dans la société, est capable de bien comprendre alors l’ensemble de la société. Hartsock dit : ajoutons une troisième protagoniste, la femme (du prolétaire),
dont le point de vue collectif – parce qu’elle participe à des groupes de prise de parole – permet d’enrichir le tableau en reconceptualisant la question du travail (puisque amène le travail collectif).
L’idée de base : quand il y a un système de domination par défaut l’idéologie dominante est celle du groupe dominant, et elle masque pour les dominés leurs conditions réelles d’existence.
Cela ne signifie pas que par essence, comme de manière innée, certains groupes sociaux soient plus pertinents que d’autres. Être une femme en soi = condition nécessaire mais non suffisante pour parler du patriarcat.
On parle bien de « point de vue prolétarien » ou de « point de vue féministe » : sans les groupes de conscience ou les moments de rencontre, pas de privilège épistémique.
« Je suis une femme dans un système patriarcal et je m’organise avec d’autres femmes pour lutter → là oui, j’ai un point de vue privilégié sur le patriarcat ».
Tout cela aussi dans l’idée de produire un savoir plus juste : plus juste parce que plus adéquat, plus juste parce que permet de penser la révolution sociale.
2. La thèse des savoirs située, elle, a notamment été développée par Donna Haraway. Tout savoir est situé, impossible de passer outre ses conditions de productions.
Haraway se situe plus du côté de la philosophie des sciences : elle critique la position du scientifique qui se croit détaché de tout, mais aussi la position des marxistes parce que les théories universalisantes tendent à masquer les savoirs minoritaires
(par exemple on peut reprocher à Hartsock, à un certain moment de l’histoire de ses réflexions, de ne pas bien articuler les différentes conditions de vie des femmes : de ne pas prendre en compte la situation réelle des femmes noires par exemple).
Tout savoir est situé : chacun·e doit prendre ses responsabilités, prendre en charge sa trajectoire personnelle pour ensuite tisser des liens de coalition entre différents centres d’intérêts issus de positionnements minoritaires.
3. La thèse des savoirs engagés peut elle être traitée à partir de Sandra Harding. Elle est la philosophe qui a constitué le « standpoint feminism » comme objet de recherche en soi.
Elle accepte la critique politique (pas de prise en compte des femmes noires par exemple) et scientifique (tout savoir est une construction sociale) de Haraway, mais impose l’idée que tous les savoirs ne se valent pas :
certains sont meilleurs que d’autres, et alors il nous faut des critères épistémiques pour pouvoir les distinguer.
Ses développements ont plusieurs volets : d’une part, transformer l’organisation sociale de la science et des buts qu’elle se fixe – par exemple intégrer les points de vue minoritaires ;
promouvoir « l’objectivité forte » (plutôt que neutre), une posture scientifique féministe à l’opposé de la posture qui consiste à se croire détaché de sa situation sociale (ex. de Bourdieu qui se trouve bien placé pour parler de la domination masculine...).
Harding essaie en quelque sorte de renverser la hiérarchie des sciences : mettre au premier plan les sciences humaines, pour comprendre comment nos situations affectent nos manières de penser y compris dans la pratique scientifique.
Conclusions. En France, on connaît surtout Haraway (c’est elle qui est la plus traduite). Voir le livre de Maria Puig de la Bellacasa pour des commentaires sur toutes ces autrices. Un champ de débats plus anglo-saxons : les « science wars » autour du point de vue situé.
Voir aussi les textes de Shapin, ou de Helen Longino, pour discuter les questions d’objectivité et de « bonne science ». Intérêt de continuer à questionner le « standpoint feminism » : considère des groupes sociaux antagonistes et est une manière de fonder un projet politique.
Delphine Frasch prend la parole maintenant pour parler de la question du positionnement des savoirs chez Patricia Hill Collins – une formulation spécifique de ces épistémologies.
D’où parle-t-elle, elle ? Née en 1948 à Philadelphie, fille unique d’un ouvrier et d’une secrétaire ; petite fille noire, elle vit les premiers moments des politiques de mixité raciale dans les écoles –
les Noir·es et les femmes ont un accès nouveau à l’éducation ou à d’autres domaines mais en même temps on continue de les exclure. Elle fait ses classes dans une école bourgeoise et blanche : seule petite fille noire de classe populaire, elle y découvre qu’elle est noire.
Études de sociologie. Professeure à Boston ensuite, avec des élèves majoritairement pauvres et/ou non blancs. À ce moment-là, se forme aux « théories critiques de la race » et aux textes des mouvements de lutte antiracistes : pour trouver de quoi aider ses élèves au départ.
Quand elle reconstruit sa trajectoire, affirme que ça lui donne une approche différente du travail théorique : importance pour elle de la question de l’utilité de la théorie dans les luttes contre les injustices.
Progressivement devient une figure très importante de la sociologie états-uniennes. Désormais son travail est mondialement connu. En France en général quand on la connaît c’est en tant que représentante du Black Feminism (et c’est vrai, ms c’est tout court une grande sociologue).
Deux buts à l’intervention :
1. Montrer comment Collins repense la thèse du privilège épistémique de Hartsock.
Thèse de Collins : à travers les expériences de lutte contre la domination s’exercent des formes d’intelligence collective qui permettent l’émergence de visions d’un monde meilleur. Elle reformule cette thèse à partir d’une réflexion autour du concept d’intersectionnalité.
2. Comprendre ce qu’est alors une science engagée.
Première partie, reformuler le privilège épistémique à partir d’une réflexion sur l’intersectionnalité. Collins utilise l’intersectionnalité pour :
- Penser la complexité des expériences individuelles (rompre avec un modèle marxiste étroit qui accorde le monopole à un rapport de domination),
- Mais sans renoncer à deux choses auxquelles Haraway elle tend à renoncer,
soit :
1. la possibilité de parler d’expériences communes au sein des rapports de domination,
2. montrer qu’elles donnent lieu à des pratiques de résistance, collectives, qui donnent lieu à des visions du monde meilleures – on revient à la thèse du privilège épistémique donc.
Haraway ds certains textes parle d’érosion du patriarcat capitaliste blanc; Collins considère que l’époque contemporaine est plutôt marquée par une transformation des rapports de domination – ms pas par une érosion. Combinaison de formes multiples d’exploitation et d’oppression.
Pour Collins, il reste possible de parler d’expériences communes au sein des rapports de domination. Exemple pris : un homme noir aux États-Unis, toutes classes sociales confondues, est confronté au moins au risque de la répression légale.
Collins s’intéresse plus aux expériences communes aux femmes noires états-uniennes. En 1986, publie « Learning from the Outsider Within: The Sociological Signifiance of Black Feminist Thought ». Développe plusieurs aspects de ces expériences communes :
1. Dans leur expérience, les dominations classe, genre, race, sont d’emblée imbriquées. Difficile de les séparer.
2. Elles ont été assignées à un travail de care faiblement rémunéré, notamment au travail domestique au sein de familles blanches bourgeoises.
« Outsider within » : d’une part, plus que des hommes noirs dans le même contexte, les femmes noires ont un accès au fonctionnement parfois intime des classes dominantes ; d’autre part en même temps elles restent des outsider, jamais intégrées aux familles blanches.
Alors elles ont un point de vue unique sur l’univers dominant ; seul groupe à être à la fois inside et outside.
À chaque fois Collins essaie de montrer que l’articulation à une multiplicité de formes de domination fait prendre des formes plus spécifiques et complexes aux expériences oui, mais n’empêche pas des formes d’expérience communes.
Maintenant l’enjeu : ne pas renoncer à la thèse du privilège épistémique, tout en la corrigeant ou en la modulant en partie. Ce concept permet de distinguer différentes modalités d’exercice de l’intelligence collective :
Certaines formes permettraient plus spontanément que d’autres de faire émerger un standpoint. Pratiques ancrées dans des expériences communes de la domination à fortes convergences, qui apparaissent de manière très forte :
ex. l’expérience commune des femmes noires employées de maison.
En sous-texte, une critique notamment de Hartsock : dans un féminisme plus mainstream, on a pensé le standpoint féministe comme une sorte de rupture radicale avec le passé – prise de conscience, bim, plus rien ne sera plus jamais pareil.
Collins ne nie pas qu’il y ait des moments historiques de rupture. Mais cette conception tend à limiter la définition des pratiques de résistance à certains contextes très particuliers – concrètement ceux où c’est possible. Implicitement, cela tendait aussi à dire
qu’il n’y avait pas de résistance ni d’intelligence collective dans les moments où la domination était plus forte. Pour Collins au contraire, même si défendre l’action révolutionnaire reste un objectif, il faut élargir la définition du militantisme
pour y inclure des pratiques plus ordinaires, y compris celles qui sont plus quotidiennes, qui ont lieu dans des contextes plus difficiles, qui st plus invisibles (aux yeux des personnes extérieures à ces pratiques; parfois volontairement rendues invisibles pour les dominant·es).
Repenser donc la définition du standpoint : des savoirs locaux, des formes de sagesse traditionnelles, etc. C’est tout l’objet des premiers textes de Collins : faire reconnaître des formes de féminismes chez les femmes noires, non nommées comme telles,
mais réelles et passant par des traditions de langage, d’expression de soi, artistiques, etc. Pour elle, cette intelligence collective ordinaire fait émerger une vision du monde aux immenses potentialités.
L’une de ses thèses c’est que le concept d’intersectionnalité n’est pas né d’un coup des textes de Crenshaw; elle, oui, a rendu le concept audible à l’université, ok; ms sur fond de cette intelligence collective formée par des femmes noires ordinaires pendant plusieurs décennies.
L’intersectionnalité permet aussi de distinguer des formes spontanées de standpoint et des formes moins spontanées, quand la convergence des expériences est moins nette.
Exemple typique : la construction d’une solidarité entre femmes en général, l’émergence d’un standpoint féministe en général. Beaucoup moins évident que le standpoint des femmes noires ; les cas sont trop différents même s’il y a des convergences. Un enjeu politique pourtant.
On conclut sur l’idée de sciences engagées. Comment Collins reformule-t-elle la thèse des sciences engagées ?
Comme chez Hartsock et Harding, il ne s’agit pas pour Collins de disqualifier des formes d’intelligence plus « théoriques » (au sens épistémologiques : activités intellectuelles en partie libérées du rapport à des pratiques immédiates ; typiquement : la recherche à l’université),
mais il faut aussi admettre la possibilité que la recherche soit une activité militante à part entière. Pour elle, « because ideas and politics are every-where, the potential for intellectual activism is also everywhere. »
Pour lutter contre la prétention du pouvoir à détenir un monopole sur la vérité, lutter par toutes les voies possibles. Ne pas se laisser dévorer par l’Université.
À quelles conditions une activité théorique peut-elle être une activité militante, qui participe à la lutte contre les dominations ? La condition essentielle, pour Collins : la chercheuse doit ancrer son activité théorique dans sa participation à l’intelligence collective.
Elle doit jongler entre plusieurs communautés de connaissances, pas que la communauté scientifique. Derrière : critiquer les manières établies de faire de la recherche. Autre condition : se soumettre au contrôle des pairs + au contrôle des communautés militantes.
Deux stratégies possibles :
- Développer une stratégie d’adresse au pouvoir (interpeler les pairs de l’Université pour transformer l’Institution de l’intérieur) ;
- Ou développer une stratégie d’adresse aux dominé·es pour favoriser encore l’émergence du standpoint.
Ce qui est très fort chez Collins : elle essaie vraiment d’articuler ces deux stratégies.
Marie Garrau, invitée en tant que référente, prend la parole pour remercier les deux intervenant·es. Elle souligne particulièrement :
1. Que c'était bien de ne pas présenter Collins QUE comme représentante du Black Feminism.
2. Que c'était bien de montrer que toutes ces théories
du savoir situé ne sont pas les mêmes, quand on a un peu trop tendance à les confondre.
Elle pose deux questions.
1. À Guilhem Corot : C’est quoi alors les critères pour savoir quand un savoir est plus « adéquat », plus « juste » ? Comment on fait pour se prémunir du relativisme ?
2. À Delphine Frasch : En quoi la prise en compte de savoirs ordinaires fait-elle repenser le savoir "théorique"? On fait quoi en cas de conflit entre militant·es et chercheur·ses ? Surtout quand les militant·es ne sont pas d’accord entre elles ou eux… que devient la théorie ?
Réponse de Guilhem Corot par rapport à la manière de repérer quels sont les « meilleurs » savoirs : ça se réduit de manière pragmatique. Les luttes politiques décident à la fin de quel savoir est le meilleur. (C’est une proposition de réponse, pas une affirmation).
[Autres éléments de réponse mais j'ai eu des problèmes de concentration 🤫]
Delphine Frasch répond à partir de l’idée de la responsabilité que les chercheur·ses ont à dire d’où ils et elles viennent, comment ils et elles tissent leurs solidarités.
Pour Collins il y a un privilège épistémique des femmes noires, pcq elles font plus l’expérience de la convergence des oppressions. Pour n’importe quel·le universitaire c’est fondamental. Nécessaire qu’ils et elles s’éduquent aux visions du monde qui émergent de ces standpoint.
Parmi les questions, qqn demande pq on a pris pour équivalents "standpoint" et "intelligences collectives". Delphine Frasch répond avec une certaine humilité que c'est une possibilité de traduction mais pas forcément un équivalent exact. "Standpoint" c'est difficile à traduire.
Elle remarque que dans les critiques qu'on fait au "standpoint", souvent il y a le soupçon d'un certain essentialisme ; la notion d'"intelligences collectives" permet un peu d'empêcher une vision figée du "standpoint".
Une des organisatrices prend la parole aux questions aussi pour souligner ce fait paradoxal que pour un séminaire qui souhaite ouvrir la science, on refait quand même quelque chose de très "théorique" universitaire. Pose aussi la question de la manière dont on arrive finalement
à lire ces autrices ? Ce sont des savoirs un peu difficiles à atteindre, à connaître, on fait comment ? Collins est dans un savoir hors université, pourtant pour la connaître il faut être hyper universitaire. Delphine Frasch répond que pour le coup il y a une vraie différence
entre ce qui se passe en France et ce qui se passe aux États-Unis. Aux EU le travail de clarté, hors de l'Université, est vraiment mené par Colllins. Guilhem Corot renchérit en signalant qu'en France on commence à peine à s'intéresser au black feminism d'une manière générale.
Une autre organisatrice répond que oui, double injonction : en même temps si on fait un séminaire trop clairement engagé, ça passera pas auprès de l'Université.
Et pourquoi on devrait choisir, en fait ? entre le théorique et le militant ?
Un élément de réponse : on n'est pas qu'universitaires, on est aussi enseignant·es et c'est là qu'il y a une réunion des pratiques théoriques et militantes.
Autre question : pourquoi Donna Haraway ? pourquoi c'est elle qui est traduite ? Guilhem Corot ne trouve pas immédiatement de réponse ; peut-être le hasard ; peut-être parce qu'elle est célèbre à double titre (point de vue situé + primatologue).
Delphine Frasch ajoute : en termes de stratégie individuelle Haraway a mieux réussi, dans le sens où elle est très intégrée dans de grands réseaux universitaires. Marie Garrau ajoute encore : en France les SHS ça se vend mal, la théorie féministe encore moins, et en plus
on traduit peu. Donc quand il y a des traductions c'est souvent que certaines chercheuses ont porté un projet spécifique à bras le corps, mais c'est un peu le hasard.
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