Comme à chaque fois, j'ai arrêté de bouger.
De respirer.
De faire du bruit.
Et j'ai attendu que l'inconnu s'en aille, cachée dans mon propre appartement.
Pourquoi je réagis comme ça ?
Un thread ⬇️⬇️⬇️
L'immeuble est silencieux, normal pour un vendredi matin. Ma colocataire travaille et moi, je n'ai pas encore repris les cours.
Un homme en bleu de travail et des brosses de ramonage se tient devant moi.
" Il va falloir que je fasse l'entretien. Vous en avez besoin pour l'assurance habitation. Je vous donne les papiers"
Je lui indique que la chaudière vient tout juste d'être installée par le propriétaire et que notre assurance ne nous a rien demandé, sauf l'entretien dans un an.
Je tente de lui dire qu'il faut que j'en parle à ma colocataire et que nous le recontactons pour fixer un autre rendez-vous, mais qu'il est hors de question que je paye cette somme là, "maintenant" comme il l'exige.
Il s’énerve, commence à crier et gesticuler que ce n'est pas une gamine qui va l’empêcher de faire son travail.
D'une voix mal assurée et tremblotante, je demande au ramoneur de s'en aller. "Monsieur, je vais vous demander de partir de chez moi. Vous me faites peur maintenant"
J'avais l'impression d'avoir buggé, de ne rien comprendre à la situation et surtout, ne rien maîtriser.
Mon cerveau fonctionne à 10.000 à l'heure. Mon corps lui, est lourd comme du plomb.
Je commence à expliquer ce qu'il s'est passé, en mobilisant toutes mes forces pour être le plus claire possible lorsque j'entends des hurlements venant de l'appartement du dessus.
Tout mon corps tremble.
Les policiers arrivent en qq minutes et l'interpellent.
Lorsque j'entends qu'il l'ont emmené, j'ouvre ma porte et croise ma voisine et un policier.
La vieille dame me remercie d'avoir appelé la police.
Je m'excuse de ne pas l'avoir aidé.
Elle pleure.
Le policier me dis qu'il faut venir témoigner.
Le fils de la voisine arrive.
Je pleure.
- Avant ce soir ce serait bien.
Je donne mon numéro de téléphone.
Un policier remonte, le ramoneur accuse ma voisine d'avoir volé ses brosses, il va fouiller le domicile.
Ma colocataire arrive et me prends dans ses bras.
Je pleure.
Je ne viens pas porter plainte, juste témoigner pour ma voisine.
Je suis encore sonnée. J'essaye d'être le plus claire et factuelle possible pour raconter mon histoire au policier.
Gentiment il m'explique : si l'on demande à qq'un de sortir de chez soi, et qu'il n'obtempère pas, il s'agit bien d'une violation de domicile. Même si on l'a laissé rentrer avant.
Bon à savoir.
Il m'explique que ce faux ramoneur s'est spécialisé dans l'arnaque des personnes âgées, et qu'il l'ont déjà interpellé la veille avec dans sa sacoche, plusieurs chèques obtenus par intimidation.
Sur le bureau, les papiers de l'affaire... Le nom du type est inscrit dessus. Je le note mentalement.
Un type sympa quoi.
Je vais bien.
Les cicatrices sont là, ça ne sert à rien de les nier.
Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle entre le comportement de ce facteur et le harcèlement de rue d'ailleurs.
Pour lui il essayait juste de réussir sa vente en insistant comme un fou.
Les types qui abordent dans la rue pensent peut-être draguer "juste" un peu lourdement.
Mais ils arrivent après des dizaines d'agressions vécues par la fille qu'ils abordent ou ses proches.
Mais le faux-ramoneur voulait "juste" entretenir ma chaudière (ou faire semblant) au début.
Et c'est parti en vrille, totalement.
On a aucun moyen de savoir en fait.
Ne faites pas semblant de vouloir un verre d'eau pour pénétrer dans le domicile des femmes à qui vous voulez forcer la main pour un calendrier.
Et prévenez moi si vous voulez passer chez moi avant de sonner ou de frapper à la porte!😚
Bon ceci dit, 2010 c'était une année pourrie car après je me suis faite agresser deux autres fois (une fois dans le métro)(et une fois dans le RER mais là c'est parceque je suis intervenue pour aider une fille qui se faisait agresser 💪)