Thread by @LeStagiairite

Comme promis, petit thread sur la méthodo de l’ASP pour les Capesien.
Vous êtes perdus ? Vous ne savez pas par quel bout prendre cette épreuve complexe ? Alors suivez le guide. (je prévient, ça va être TRÈS long)

Poke @krokogyptienne @MthNath @gazettemoderne

Mais avant de commencer, vous pourriez vous dire, mais qui es tu, Stagiairite, pour te sentir légitime à nous aider pour cette épreuve que personne ne semble comprendre dans son essence ?

Très bonne question Jean-Philippe, et bien pour te répondre, outre le fait que j’en ai chié des ronds de chapeau avec une formatrice géniale l’an dernier (cœur sur elle), je pense que mes résultats en ASP Géographie parlent d’eux même.

Maintenant que la question de la légitimité est réglée, passons au premier point, la préparation.
Les quelques semaines qui arrivent sont PRIMORDIALES. Vous perdez sans doute toute motivation car vous avez l’impression d’avoir foiré les écrits,

et n’êtes certainement pas dans le mood de vous relancer dans un rythme digne du concours. Hey bien il va falloir se bouger, car c’est maintenant que tout se joue.

LE secret pour réussir les oraux est d’une simplicité sans nom : L’entraînement. Pas les révisions, pas le bachotage, les colles, toujours les colles. Prenez TOUS les créneaux libres. 2 colles par semaine est un bon deal (ASP et MSP), mais si vous pouvez en faire plus, faites le!

Si votre formation ne propose pas assez de colles, faites vous passez des colles entre vous sur le temps libre, c’est très formateur pour celui qui passe, et encore plus pour celui qui fait passer. Tout cela n’est pas toujours possible, mais c’est pour moi ce qui a marché.

Maintenant, mais que faut il réviser ? La première chose c’est que votre priorité ABSOLUE doit être l’épistémologie et l’historiographie. C’est là que vous pouvez gagner des points faciles, en particulier en épistémologie vu le faible nombre de géographes qui passent le concours.

Faites vous une chronologie des courants et écoles géographiques et historiques, apprenez une liste d’une trentaine de géographes et historien et les concepts/champs d’étude qu’ils ont marqué, c’est là-dessus que vous arriverez à vous différencier !

Voilà pour ce qui est de la préparation, colles, épistémologie/historiographie. Beaucoup conseillent d’apprendre les programmes, personnellement je ne vois pas l’intérêt puisque les BO sont fournis pendant les épreuves.

Consultez les, faites vous une idée générale du thème principal de chaque année (surtout au collège), mais ne perdez pas votre temps à les apprendre par cœur. Ils vont rentrer au fur et à mesure que vous ferez des COLLES (FAITES DES COLLES PUTAIN !).

Entrons dans le vif du sujet, l’ASP ! Tout d’abord, petit rappel du cadre de l’épreuve :
L’ASP vise à l’étude d’un dossier documentaire composé d’extraits de BO et de la fiche eduscol correspondante, d’extraits de manuels, d’un texte scientifique et d’un texte relatif à l’EMC.

Tout cela doit servir à répondre à une problématique du type « Enseigner le génocide Juif en 1ère ES » ou « enseigner la croissance démographique en classe de 5ème ».

Maintenant, je vous invite à faire une pause dans ce thread, et à aller consulter le cadrage de cette épreuve dans le dernier rapport du jury. J’attends.

Vous n’avez rien compris, pas vrai ? C’est normal, il n’y a rien de concret, tout est flou, à se demander si les correcteurs eux même savent ce qu’ils veulent. Car cette épreuve sert à mesurer deux choses.

La première c’est votre maîtrise de l’épistémologie et de l’historiographie, d’où mes conseils de révision. La seconde, c’est de répondre à la question « est ce que je considère le candidat en face de moi capable de tenir une classe dans un peu moins de deux mois».

Il faut donc faire preuve d’assurance, de confiance, et surtout d’organisation et de clarté. Voilà comment je vous conseille d’organiser votre oral :

Introduction : vous présentez votre sujet, le niveau qu’il concerne, vous définissez le concept que vous allez étudier, bref vous définissez les termes de votre sujet, je ne vous apprends rien. Là, vous pouvez faire preuve d’originalité en raccrochant votre sujet à l’actualité.

Vous avez un sujet sur la construction européenne ? Parlez du Brexit. Vous avez un sujet sur l’impact économique des jeux olympiques ? Parlez de la situation du Brésil. Bref, montrez que vous essayez de trouver un sens à votre sujet, de l’intégrer dans une réflexion globale.

MONTREZ QUE VOTRE SUJET EST GÉNIAL QUOI ! Soyez enthousiaste, ça fait toute la différence. Et bien sûr, présentez vos documents. Mais vous savez tous faire une introduction, alors passons à la suite.

1ère partie : Confrontation BO/Fiche Eduscol et manuels. Sans doute la partie la plus simple. Regardez votre sujet, lisez le BO et la fiche eduscol, et essayez de cerner ce qu’ils demandent et dans quel type de démarche historique ou géographique on se situe.

Histoire du temps long, histoire sociale, ou géographie physique, géographie sociale, géographie appliquée ? C’est là que votre maîtrise de l’épistémologie parlera et que vous allez carburer.

Vous avez maintenant répondu à la question « que demande le BO ? ». Parfait, ne le remettez pas en cause, même si cela vous semble absurde, le BO le dit, c’est ce que vous devez faire, point. Vous critiquerez les programmes quand vous serez titularisés.

Maintenant, étudiez les extraits de manuels et répondez à la question « Est-ce que les manuels répondent aux attendus du BO », ont-ils la bonne problématique ? Proposent-ils des documents qui peuvent être exploités ? Quel type d’activité ils proposent ?

Bref, mettez vous dans la peau d’un enseignant et demandez vous « Est-ce que je peux me baser sur ce manuel pour faire mon cours sur ce sujet ? ».

Spoiler, la réponse n’est pas toujours oui. Au contraire, certains extraits de manuels sont choisis parce qu’ils sont complètement à côté de la plaque. Vous DEVEZ le noter. Vous DEVEZ critiquer les manuels, dire ce qu’ils font bien, et ce qu’ils font mal.

Exemple : Le BO de 5ème sur la croissance démographique demande à ce que l’on étudie ses conséquences sur un pays en particulier, dans le manuel c’est l’Inde, et on nous propose une carte des densités des villes indiennes.

Cette carte est elle utile ?Pas forcément, ou en tout cas pas toute seule, ça tombe bien puisque dans l’autre manuel il y a une carte en anamorphose de la population indienne.

En liant les deux ont propose une activité d’analyse cartographique complète, qui lie la spatialisation et le caractère numérique des populations indiennes, jackpot.

Résumons cette première partie : Comprendre ce qu’attend le BO, expliquer et CRITIQUER les propositions de réponse à ces attentes dans les manuels. Organisez vos sous parties de manière thématique, en vous intéressant à deux trois aspects/savoirs importants présentés dans le BO.

2ème partie : Partie épistémologique ou historiographique : Partie souvent la plus difficile à maîtriser, car pas intuitive du tout. Pour cette partie, vous devez vous baser sur le texte scientifique (document D souvent, juste après les extraits de manuel).

Ce dernier va vous donnez l’orientation à prendre dans votre analyse. Ce document propose quasiment toujours une réflexion autour d’un concept ou d’une méthode de la discipline, qui n’est quasiment jamais la même que celle du BO.

Exemple : Si votre BO parle du programme de médiévale au collège avec une orientation histoire temps long, votre texte scientifique parlera histoire sociale, comment elle permet une meilleure compréhension de la période que la vision très statistique et surplombante des annales.

Vous vous souvenez que je vous disais ne pas critiquer le BO ? C’est là que ça devient complexe. Cette partie doit vous permettre de mettre en avant ce que le BO ne traite pas, mais ce que la partie scientifique (et non scolaire) de la discipline a fait comme avancées.

En gros, il faut dire que le BO ne peut pas tout traiter, et qu’en plus d’être des enseignants, vous êtes des scientifiques, vous savez que les travaux plus ou moins récents ont développé d’autres aspects de votre sujet. On vérifie que vous êtes enseignant ET scientifique.

Alors que faire me direz vous ? C’est très simple : de la chronologie. Expliquez comment le concept ou la question que vous étudiez a évolué dans le temps.

Comment sommes nous passé d’un milieu à un espace, puis à un territoire, avant d’arriver à un environnement dans la discipline géographique ? Quels historiens/géographes ont travaillé sur la question, comment les visions se sont elles opposées ?

Exemple : Si vous avez un texte d’Yves Lacoste qui explique que la géopolitique s’est imposée dans le champs des études géographiques africaines, pour enfin sortir le continent de l’anonymat dans lequel la nouvelle géographie l’avait gardé.

Dites en quoi la géographie a d’abord été une étude physique où l’Afrique avait peu de place, puis une discipline plus sociale qui a justement réfuté la géopolitique dans l’après guerre car usée par les régimes totalitaires pour justifier leur expansion,

et expliquez enfin qui a travaillé sur ce concept de la géopolitique, sur les mécaniques de frontières, sur les guerres, et en quoi les études africaines sont très marqué par cette géographie des conflits.

C’est très complexe et ça demande une grosse maîtrise de l’épistémologie, mais c’est là que vous montrerez qu’en plus d’être un bon prof, vous êtes un bon scientifique. Donc citez des scientifiques, expliquez les concepts, et comment ils évoluent,

mais ne faite pas non plus du name droping, ne parlez que des auteurs qui ont un lien direct avec votre sujet, à commencer par l’auteur du texte de votre corpus

(je vous le rappelle, c’est sur ça que vous devez vous baser pour choisir votre angle d’attaque, vous ne pouvez pas vous contenter de recracher un historique hors sujet).

Enfin, 3ème et dernière partie : L’ouverture sur l’EMC.
Là encore, il faut vous baser sur le texte dévolue à la question dans le corpus, c’est toujours le dernier texte du corpus.

Ce dernier traite un aspect de votre question, et ses liens avec l’EMC. Ici il faut montrer que vous êtes prêt à former des citoyens.

Alors que faire ? J’ai une technique assez simple : la fleur.
L’EMC, c’est 4 piliers : La sensibilité (soi et les autres), le jugement, le droit et la règle, et l’engagement.

TOUS les sujets rentrent dans ces 4 dimensions en même temps, mais votre texte va vous diriger vers l’une des 4 en particulier. Première étape : définir laquelle, car c’est sur cette dernière que vous ferez votre proposition pédagogique.

Si l’on vous parle de militants, d’associations, d’acteurs, vous êtes dans l’engagement. Si l’on vous parle de dispositions légales, de grandes lois, vous êtes dans le droit et la règle. Bref, vous avez compris l’idée.

Maintenant, comment organiser vos parties ? C’est très simple, vous remplissez les pétales de la fleur. Regardez le programme d’EMC et listez toutes les notions de l’année ou du cycle concerné et qui se raccrochent à votre sujet.

Ensuite, mettez les dans votre fleur et regardez quelle pétale est la plus petite, c’est celle que vous traiterez le moins, donc conjointement avec une autre pétale.

Exemple : Vous avez un sujet sur l’enseignement de la révolution en 4ème et votre texte civique porte sur la participation citoyenne à la démocratie.

Vous regardez votre BO, et vous voyez que vous pouvez traiter du fonctionnement démocratique (droit et règle) de l’engagement politique (engagement), du droit de vote (il va un peu partout celui là), etc...

Vous remplissez votre fleur et vous avez vos trois parties (dont une qui liera deux pétale, dans notre cas le jugement et le droit et la règle à travers le droit de vote, par exemple).

Enfin, si votre texte s’intéresse particulièrement à l’engagement citoyen dans la démocratie, alors cela doit être votre partie la plus importante, et surtout celle où vous allez proposer une activité concrète (vous pouvez le faire pour les autres, mais restez simples).

Pour cette proposition didactique, c’est simple : vous êtes libre, tout est plus ou moins accepté tant que c’est justifié. Rencontre avec un élu, représentant d’association, tenu d’un scrutin dans la classe, tout ce que vous voulez.

Ça peut être l’occasion de montrer que vous avez une bonne maîtrise du calendrier des journées thématiques ou mémorielles (si vous avez un sujet sur la presse, vous pouvez proposer une activité le jour de la journée de la presse le 3 mai, en collaboration avec le ou la prof doc)

Enfin, n’oubliez pas de mettre le doigt sur la construction citoyenne des élèves. Comment ces enseignements d’EMC les préparent à exercer leur citoyenneté et à être des français à part entière, chérissant les valeurs de la république, tout ça tout ça.

Enfin, la conclusion : C’est simple, vous résumez rapidement ce que vous avez dit, vous répondez à votre sujet, et possiblement vous faites une ouverture sur un thème connexe

(j’ai traité de l’idéal révolutionnaire, comment enseigner les difficultés de la gestion de cet héritage républicain pendant l’affaire Dreyfus avec des 1ère), mais c’est optionnel. Soyez juste clair, et rappelez de quoi vous avez parlé de manière synthétique.

Enfin quelques conseil d’ordre technique :
Gérez votre temps, essayez de faire 8 minutes par partie, ce qui vous laisse un peu de temps pour l’intro et pour la conclusion.

Vous ne pouvez pas finir cette épreuve en 20 minutes, ni être coupé par le jury au milieu de votre partie 2, surveillez votre montre et exploitez votre demi heure au maximum.

Le diapo doit être le plus minimaliste possible, une diapo par partie, pas plus. Intro : votre sujet et votre plan. Partie 1 des captures d’écran des manuels pour montrer des documents ou consignes précises.

Partie 2 les idées/concepts principaux que vous allez développer, que le jury peut prendre en note facilement pour suivre ou vous en êtes dans le plan. Partie 3 les 4 dimensions de l’emc avec les idées que vous traitez, et une diapo de conclusion si vous avez le temps.

Voilà, c’était très long, mais j’espère que cela vous a éclairé. Pardon pour les fautes qui se sont surement glissées dedans. Je prends une petite pause, et je vous fais un thread sur la gestion de l’entretien, à toute !