Pour en finir avec ce graphique si fréquemment brandi par les obsédés des inégalités. Il veut montrer que la fiscalité française serait "régressive" avec un taux d'imposition qui diminue pour les très riches. C'est une imposture. 
Pour parvenir à ce visuel, ses auteurs dilatent à l'extrême la partie droite de l'axe des abscisses : par décile jusqu'au neuvième, puis les subdivisions concernent des populations de plus en plus faibles, 0,01% pour la dernière, les plus riches, 1000 fois moins qu'au début...
Cette représentation donne donc une fausse idée des populations concernées par chaque part du graphique. Un effet de loupe très répandu des études sur les inégalités, qui témoigne de l'obsession les motivant. La légère baisse du total à droite n'existerait pas sans ce subterfuge.
Plus important pour y parvenir, ne retenir que des personnes en emploi de 20 à 65 ans. C'est écrit en petit et souvent oublié par le lecteur qui imaginera souvent de prime abord qu'il s'agit de tous les contribuables. Mais c'est essentiel à la supercherie.
Il s'agit en effet d'exclure tous ceux hors de l'emploi parmi les plus modestes qui présenteraient des taux de prélèvement bien plus faibles, nuisant ainsi à la démonstration d'une fiscalité injuste. Et c'est le moyen de réussir la plus grosse manipulation derrière ce graphique.
Regardez bien le graphique : ce qui est vraiment "régressif", c'est la courbe violette tout en bas. Si vous la retirez, vous trouvez une fiscalité au contraire très progressive. Or, de quoi s'agit-il ? Des cotisations sociales, qui ne concernent que les revenus du travail.
Bien sûr, pour les plus modestes au travail, ce revenu est tout ce qu'ils ont. A l'inverse, le dernier point qui concerne environ 2500 personnes (contre 2,5 millions pour les premiers points), c'est par construction les plus riches qui ont % beaucoup plus de revenus du capital.
Et pas de cotisations sociales sur les revenus du capital (CSG et CRDS sont classées autrement m). Donc la courbe violette, qui est archi dominante parmi les prélèvements jusqu'au point P95, soit pour 95% de la population concernée, diminue pour les plus riches.
Mais que sont ces cotisations, au juste ? C'est là où on atteint le cœur de la manipulation. Car il s'agit pour l'essentiel de cotisations contributives, et notamment, en grande partie, des cotisations retraite. Le fameux "salaire différé" auquel les syndicats sont si attachés...
C'est donc ça qui donne l'illusion d'une fiscalité injuste : des droits contributifs liés aux revenus du travail, par construction inexistants sur les revenus du capital, qui ne génèrent eux aucun droit d'aucune sorte. Et il fallait exclure les hors emploi pour avoir ce visuel.
Autre sujet derrière cette représentation : elle ne fait bien sûr apparaître aucune prestation venant compenser l'imposition des plus modestes. C'est particulièrement anormal s'agissant de la prime d'activité, qui réduit les prélèvements effectifs sur les plus modestes.
On pourrait aussi faire observer qu'une grande partie des droits contributifs des travailleurs du bas de la distribution sont en fait financés par la collectivité avec les allègements de cotisations dont bénéficient leurs employeurs. Là aussi, il n'en est pas tenu compte.
Cette combinaison de partis pris permet de tordre la réalité française et d'arriver à masquer la très forte progressivité de notre fiscalité directe, et de ne pas évoquer du tout les transferts massifs dont bénéficient notamment les plus modestes, en particulier hors emploi.
Voilà une présentation beaucoup plus juste de comment fonctionne le système fiscalo-social direct français : gagnants ou perdants nets en % du revenu disponible par décile (et si on éclatait comme eux le dernier, on arriverait à des niveaux bien plus élevés de contribution... ;)
En particulier en écartant les retraités et les chômeurs et la prise en compte leurs revenus, forcément peu taxés dans cette analyse puisque justement ils n'acquittent pas de cotisations sociales, la fameuse courbe violette qui est au cœur de la démonstration recherchée.
