Je viens de lire l'étude in-vitro du mix hydroxychloroquine azithromycin de l'IHU Marseille. Paradoxalement, je pense qu'elle convaincra n'importe quelle personne raisonnable qu'aux concentrations étudiées, cette combinaison de drogues n'a aucun effet !
mediterranee-infection.com/pre-prints-ihu/
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Il n'est même pas nécessaire de comprendre le protocole, il suffit de regarder l'histogramme présentant les résultats. Sur l'axe des X, la molécule (ou combinaison de molécules) testée, et la concentration correspondante (en µM). Le contrôle est à droite. 
C'est un très bel histogramme de bruit. Visuellement, il est clair qu'aucune des combinaisons n'a probablement d'effet. Ce qui est bien avec des comparaisons multiples ultra bruitées, c'est qu'on peut en dire beaucoup de choses si on ignore les énormes barres d'erreur.
En regardant l'histogramme avant de lire le texte, je me suis demandé honnêtement ce que les auteurs allaient conclure... Une idée ?
La première barre est la situation de départ, la deuxième barre est inversement proportionnelle à la concentration de virus (plus c'est haut mieux c'est). Rien ne sort du lot. Mais comme il y a plein de comparaisons et des erreurs énormes, on pourrait cherry picker A5H5
Les auteurs concluent "The unique observed effect was with the combination of hydroxychloroquine at 2 µM and azithromycin at 10 µM, leading to total inhibition of viralreplication."
Donc déjà, je pense qu'ils se sont gourés de ligne dans leur cherry picking (A2H10 contre A5H5)
Donc déjà, je pense qu'ils se sont gourés de ligne dans leur cherry picking (A2H10 contre A5H5)
Donc selon les auteurs l'associations des deux drogues est synergétique. En jouant à ce jeu du cherry picking et en regardant H5 et A2H5, on pourrait s'amuser à conclure l'inverse, c'est à dire que l'azithromycin réduit l'efficacité de l'hydroxychloroquine...
Naturellement, rien n'est statistiquement significatif. Les auteurs font ils du p-hacking en négligeant les comparaisons multiples ? Mieux, ils ne font tout simplement pas de tests. Si on ne calcule rien, on ne peut pas se rendre compte que ce n'est pas significatif !
J'ajoute comme détail technique que les barres d'erreur sont trompeuses car chaque point est obtenu avec une moyenne sur n=3 tests, et donc l'écart type lui même est très bruité. Quand elles sont petites (comme pour A5H5), les barres d'erreur sont probablement sous estimées.
Je ne suis ni médecin ni microbiologiste, mais je suis assez confiant dans ma conclusion qu'on ne peut rien conclure d'une telle étude (même en oubliant que c'est une étude in vitro) rien qu'avec une compréhension élémentaire des statistiques.
Les auteurs concluent, sans aucune précaution, que la combinaison de drogues permet d'arrêter complètement la réplication du virus. Je pense que c'est assez irresponsable.
Le problème de ce type d'étude n'est pas qu'elles ne fournissent qu'une preuve faible (dont on pourrait se satisfaire en situation de crise), mais qu'elles ne fournissent absolument aucune preuve dans un sens ou dans l'autre.
Que certains auteurs soient connus, aient publié de bonnes choses dans le passé, soient "anti-système" ou aient de longs cheveux gris n'est pas pertinent. L'étude est de qualité catastrophique, sur la ligne de crête entre incompétence et charlatanisme.
Les auteurs écrivent à la fin que leurs données "support the clinical use of this drug combination". Il faut espérer qu'on attendra un peu avant de les suivre...
