“Attention. Elle ne vit plus au premier étage. Elle vit au troisième droite.”
Mais là, elle a pris super cher quand même !
J’ai tout fait foirer.
Ou une peur justifiée d’être espionnée de partout.
Pour sa sécurité.
« On a retrouvé les couches dans des poubelles en face de l’immeuble. Mia nous a grillé. »
Lui: L’Enfer est pavé de bons sentiments.
Moi: C’est physiquement impossible.
Moi : Heu...Ok…Sympa...
Lui : Nous ? Rien. Et vous non plus d’ailleurs !
Lui : Complètement oui.
Moi : On doit faire quelque chose. Pour lui. Non ?
Lui : Non.
Moi : J’ai pas l’impression que vous servez à grand chose en fait.
Moi : C’est pratique.
Lui : C’est comme ça.
Lui : Moi et mes collègues.
Moi : Je n’ai vu que vous.
Lui : Et vous ne verrez pas les autres.
Il y a un silence. Puis.
Lui : Non.
Moi : Pourquoi ?
Moi : C’est pratique.
Lui : C’est comme ça.
Lui: Si vous n’avez pas compris le bonnet, c’est que vous n’avez rien compris.
Il est temps de rompre.
Moi : Est-ce qu’on s’est tout dit ?
Lui : Oui.
Je vais pour raccrocher...
Lui : C’est dans votre intérêt.
Et il raccroche en premier le bâtard !
Sans réponse.
Une vraie dernière fois.
Et Cisco a souvent raison. Alors je l’écoute. Pour une fois.
Ça aurait pu être pire…mais ça aurait dû être mieux.
Ce sera mon épitaphe.
Mon père, c’est OSS 117 mais sans l’excuse de vivre dans les années 50.
J’ai envie de lui dire qu’être un homme c’est aussi rester auprès de sa femme.
Lui : « Je suis amoureux. »
Mon père : Je sais toujours de quoi je parle. Sinon je ne parle pas.
Mon père : Justement. Je n’ai pas couché avec elle alors je sais que c’est vraiment de l’amour.
Une logique approximative.
Mais avant, je dois régler quelque chose d’important.
Mais elle accepte qu’on se voit. Cela me rend heureux.
Elle arrive. Elle est trop belle. Trop belle pour moi. Je le sais.
C’est normal et pas normal.
Et je ne sais pas si c’est pour le mieux.
A Montréal. Moins cool.
Elle : Je ne cherche pas à t’éviter si c’est ce que tu crois. C’est même plutôt l’inverse, j’ai l’impression.
Elle me fixe. Et elle me dit quelque chose qui confirme mes peurs.
« On ne peut pas les fuir, tu sais. »
Un rond avec un point. Comme un œil.
Et c’est là qu’elle m’a un peu perdu.
Grâce à son ancienne activité de streameuse, Aude connaît des personnes qui connaissent des personnes qui ont un pied dans le Darknet.
Les Supérieurs.
L’entendre parler comme ça tout en fumant des clopes, ça me fend le cœur. (Et ça m’excite un petit peu. Mais c’est pas le sujet.)
Elle : C’est un répulsif, on va dire.
Et d’après Aude, il a été aussi utilisé pendant longtemps contre les Supérieurs. Pour les repousser.
Moi : Dommage.
Elle se rapproche de moi. Près. Très près. Elle sent la clope et la rage.
« Intéressant… » En plissant les yeux.
Moi : Non.
Aude : Tu veux un exemple concret ?
Moi : Ouais.
Moi: Ça t’arrive souvent ça ?
Elle: Le fait que tu poses cette question prouve que t’es un mec.
Je vais arrêter de parler un peu.
Damn Aude…
Moi : Non mais qu’est-ce qui les empêche de prétendre qu’ils ne connaissent pas ce symbole ?
Aude : Comme je t’ai dit. J’ai pas peur d’eux.
Putain. Est-ce qu’elle la joue cool ? Ou est-ce qu’elle est inconsciente ?
Elle : Plus il y aura de gens qui utiliseront ce signe, moins ils feront les malins.
Moi : Et en attendant, c’est dangereux. Voire stupide.
Elle m’énerve tellement.
C’est de la provoc.
Moi : Oui mais c’était pas pareil. C’était moi que je mettais en danger.
Elle : Et pourquoi c’est différent quand c’est moi ?
Je suis mort de honte. Je veux revenir en arrière. Juste 10 secondes. Pas plus. Allez putain ! Contrôle Z ! Là maintenant !
Aude : Oui. Je le sais.
C’est sincère. Mais c’est tout. C’est tout ce que je pourrais avoir d’elle.
Peut-être que je n’aurais jamais pu l’avoir en fait.
Peut-être que c’est ça mon problème. J’ai cherché à l’avoir…au lieu de chercher à la connaître.
Aude : Montre leur que tu n’as pas peur.
C’est peut-être la dernière fois que je la vois. J’essaie de garder en tête l’image de ses derniers pas. Elle, de dos, qui s'allume une clope.
La dernière fois que je la vois sûrement.
Et j’ai le plus beau sweat capuche du resto.
On commande à manger. Elle ne prend une salade. Au moins, elle ne coûte pas cher à mon père. Pour l'instant.
Elle sourit tout le temps. Elle rit beaucoup. Trop, je dirais.
Comme dans une émission de télé.
Et son regard bloque sur ma main.
Et là… elle ne dit plus rien.
Elle mange les yeux baissés.
Elle n’a rien mangé de tout le repas.
Nathalie arrête de faire semblant de manger. Puis elle me lance un petit sourire faussement aimable.
Je sais.
Je sais qu’elle sait.
Elle sait que je sais.
Elle part et promet de rappeler mon père.
Moi : Rien.
Il ne me croit pas. Et pourtant, c’est vrai.
Il me soupçonne toujours. Il m’en veut. Tant pis. Je lui ai sauvé la vie à ce con.
Mais je sais comment je vais la vivre.
Je vais être vigilant. Mais pas effrayé.
Merci.
Pour tout.