On continue notre série d'articles consacré à la Peste noire. Aujourd'hui, épisode 13 : « Quelques conseils médiévaux pour passer le confinement ». Boccace, dans son Décaméron, propose des solutions qu’on peut sans problème imiter... Un thread ⬇️ ! #histoire 
Boccace, écrivain florentin, a vécu la Peste de 1348. Dans son Décaméron, il raconte l’histoire de dix jeunes personnes, de haute naissance, qui en pleine épidémie décident de quitter la ville pour s’isoler à la campagne.
Conseil n° 1 : bien choisir son lieu de confinement : le lieu décrit par Boccace est un jardin ressemblant au paradis terrestre. Oiseaux et fleurs, fruits et ruissellement de l’eau, musique et amis : tous les désirs corporels et spirituels y sont satisfaits
Bon, merci Boccace, mais si on veut arrêter le virus, il faut précisément NE PAS s’enfuir des villes avec nos meilleurs amis... Alors passons au conseil n° 2 !
Conseil n° 2 : lancez-vous un défi quotidien. Chaque jour, les protagonistes de Boccace doivent se raconter mutuellement des histoires, autour d’un thème fixé par le roi ou la reine de la journée. Tout à fait applicable aujourd'hui !
Evidemment, on choisira avec soin ses thèmes : le premier jour, les amis réfléchissent à des histoires qui « parlent de ce qui sera le plus agréable à chacun », et les récits de la cinquième journée se concentrent sur « des fins heureuses terminant des amours tragiques ».
D’autres thèmes font la part belle aux suspens et aux retournements de situation. Par exemple, le roi du septième jour propose des histoires « Où l'on parle des tours que les femmes, poussées par amour ou pour leur salut, ont joués à leurs maris, conscients ou non »
Conseil n° 3 : inventer des histoires drôles... ou coquines. Le dernier récit de la troisième journée raconte l’histoire d’une jeune fille païenne et innocente nommée Alibech. Désireuse de connaître le dieu des chrétiens, elle voyage dans le désert égyptien
Elle y rencontre un ermite, Rustique, qui lui promet de l’initier au christianisme. Mais en réalité Rustique, séduit par la beauté d’Alibech, met en place une machination. Après plusieurs jours, il lui dit que désormais ils vont prier... dénudés
Alibech s’étonne alors de la réaction anatomique de Rustique : « quelle est cette chose que je vois poindre en-dehors de toi, et que moi je n’ai pas ? »...
Rustique explique alors que le diable prend possession de son corps, et que la seule solution c’est de le « remettre en enfer ». Or – comme ça tombe bien ! - l’enfer, c’est ce qu’Alibech a entre ses cuisses... Et les voilà qui s’emploient à « faire baisser la tête à ce diable »
Le récit a tellement de succès qu’en italien médiéval, le sexe féminin est parfois désigné comme « le Ninferno », déformation de la phrase de Boccace, « rimettere il diavolo in inferno »
Mais finalement Rustique est pris à son propre piège. Alibech aime de plus en plus cette occupation et ne cesse de demander à Rustique de lui prêter son diable. Au point que l’ermite est épuisé, « froid comme glace » : bref, il n’en peut plus !
Rustique prie alors pour le départ de la jeune fille. Heureusement, un prétendant vient la chercher et sauve l’ermite... Le conte finit sur une note coquine : « jeunes dames, apprenez à remettre le diable en enfer, car la chose est très agréable à Dieu et à ceux qui la font ! »
Vous savez désormais ce qu’il vous reste à faire pour vous occuper pendant le confinement 😉 et si l’inventivité vous manque, vous pouvez lire le Décameron... ! La suite au prochain épisode !
