Thread by @ChPiret

Aujourd'hui au procès des #AttentatsJanvier2015 on poursuit l'interrogatoire sur les faits d'Amar Ramdani. Hier, on l'a entendu s'expliquer sur ses déplacements à Lille et ses anciennes relations amoureuses sont venues témoigner.

LT de l'audience du jour a suivre ici et compte-rendu de celle d'hier par @sophparm là > franceinter.fr/justice/au-pro…

L'audience reprend avec tout d'abord le rejet de la demande de certains avocats de parties civiles d'entendre Mohamed @Sifaoui
La cour estime être suffisamment informée sur l'islam radical.

Apres de nouvelles questions de planning (et notamment la question d'une journée d'audience le 11 novembre), Amar Ramdani est invité à réagir aux témoignages de ses deux anciennes relations amoureuses entendues hier.

Ce moment où l'assesseur demande à Amar Ramdani au sujet d'un restaurant évoqué par un témoin dans son audition : "vous y alliez avec quelle femme? Parce que nous on en a vu deux ..."
Amar Ramdani, sourit : "c'était avec Agnès".

Amar Ramdani est prié de s'expliquer sur le fait qu'il a présenté une promesse d'embauche d'un employeur dont des frères ont été impliqué dans une affaire de terrorisme : "je n'ai aucun lien avec cette famille, je ne les connais pas"

Les témoins attendus aujourd'hui : ami gardien de prison, acheteur d'une voiture de Coulibaly ne sont pas là. Amar Ramdani est donc confronté à leurs dépositions devant les enquêteurs.

Il est ainsi question de la vente d'une voiture d'Amedy Coulibaly et allée vendre dans un garage en compagnie d'Amar Ramdani. Celui-ci affirme qu'il ne faisait qu'accompagner Coulibaly car lui-même était intéressé pour vendre une de ses propres voitures.

Dans ses dépositions, le garagiste, lui, explique qu'en fait c'est Amar Ramdani qui a mené toute la négociation pour la vente de la voiture d'Amédy Coulibaly. Les 16 000 euros récupérés ce jour-là ont pu servir ensuite aux attentats, d'où l'intérêt de la cour pour cet événement.

Me Daphné Pugliesi à son client Amar Ramdani : "de cette vente vous n'avez rien touché?"
- Non
- Vous n'avez pas participé à l'escroquerie de la Mercedes ?
- Non

L'assesseur vient d'apprendre que le témoin Miodrag A. est arrivé. On s'apprête donc à l'entendre. Cet homme, également ancien détenu de Villepinte est celui qui a qualifié le groupe qui travaillait à la buanderie de "secte de la buanderie", ce qu'Amar Ramdani conteste.

Miodrag A. se présente : "50 ans, sans profession".
Assesseur : "vous devez parler sans haine et son crainte, dire toute la vérité, rien que la vérité. Je vous demande de levez la main et dire "je le jure"."
Le témoin : "la main droite?"
- Le code ne le précise pas.

Le témoin est invité à s'exprimer : "je ne sais pas ce que je fais là, moi."
Assesseur : vous connaissiez Amar Ramdani?
- On était incarcérés en même temps.

Témoin : "moi j'étais affecté à la maintenance, eux à la buanderie."
Assesseur : "c'est qui eux ?"
- Amar Ramdani, Michael Pastor Alwatik [tous deux accusés au procès ndlr], Amédy Coulibaly.
- Vous aviez quel type de relation?
- c'était amical, service pour service

Assesseur :"on dit d'Amedy Coulibaly qu'il était très calme, réservé ...."
Témoin : "on n'avait pas beaucoup de discussion, il était très calme comme vous dîtes, distant. Etant chrétien et lui musulman, il ne voulait pas me serrer la main."

Assesseur : "vous êtes le père d'une formule qui va devenir célèbre : "la secte de la buanderie" ...
Témoin : "j'ai dit ça au téléphone avec un ami, j'ai dit ça en rigolant. Et puis j'étais choqué, j'aurais jamais imaginé qu'ils soient liés de près ou de loin à ça".

Le témoin poursuit sur son expression de "secte de la buanderie" qui a été beaucoup reprise dans le dossier : "j'ai dit ça en rigolant au téléphone avec un ami, après le policier l'a rajouté. Mais c'était un peu fort".

Le témoin explique qu'il a été interpellé sur la route de Slovénie, "je suis du Monténégro et mon père venait de décéder d'un AVC. On m'a interpellé parce qu'on pensait que la personne qui était avec moi était Amar [Ramadni ndlr], que je l'aurais exfiltré ou quoi ...."

Assesseure : "c'est quoi une secte pour vous ?"
Témoin : "quand je dis ça, je blaguais avec mon pote au téléphone. Mais je regrette d'avoir dit ça. Vous me dites que je suis le père d'une phrase ... mais je blaguais."

Le témoin, passablement énervé : "je ne sais même pas pourquoi je suis là! Moi j'ai même divorcé à cause de cette histoire parce que ma femme elle croyait que j'étais mêlé à ça. Alors rien que d'être là, ça me gonfle !"

Me Cechman : "est-ce que d'une manière générale, les détenus parlent du motif pour lequel ils sont là?"
Témoin : "non rarement. On essaie de savoir que ce n'est pas un violeur d'enfant, un pointeur ... après voilà."

Me Elie Korchia : "je voudrais faire remarquer qu'on un témoin qui regarde pendant tout le temps de son audition un accusé ...."
L'audience dégénère. Tout le monde s'insurge.
Président : "je crois que le spectacle de cette nature entre avocats n'est pas ce qu'il y a de mieux"

Le témoin s'énerve : "je suis entré, j'ai regardé personne. C'est un mytho ..."
Enorme brouhaha.
Le président n'arrive pas à faire revenir le calme. "Sinon, je suspend l'audience et le témoin va repartir, c'est tout !"

Le témoin raconte ce moment où il a été interpellé parce qu'on croit qu'Amar Ramdani est dans sa voiture : "on m'a fermé une autoroute, monsieur. Un commando qui est descendu d'hélicoptère. On m'a mis une cagoule, on m'a mis dans une maison, je ne sais pas où, en Slovénie."

Avocat général : "vous avez été incarcéré à plusieurs reprises. Vous avez l'habitude des procès-verbaux"
Témoin : "toute ma vie, on m'a fait ça dans les commissariats .... je relis. Et magiquement, ça disparaît et ça réapparaît autre chose ! Police partout, justice nulle part."

Me Christian Saint-Palais : "nous avons appris par votre audition que vous étiez sur écoute. Elles ne sont pas au dossier .... "
Avocat général : "vous êtes en train d'indiquer quoi? Que la juge d'instruction a fait des écoutes sauvages et ne les a pas mis en procédure?"

Me Christian Saint-Palais (avocat d'Amar Ramdani) : "je crois comprendre que vous avez un conflit avec Coulibaly ?"
Témoin :"non, juste au début ... mais après pas de conflit. C'était une embrouille, un petit truc. On en fait tout un plat !"

Témoin : "J'ai été choqué d'apprendre que Pastor [Alwatik ndlr] et [Amar ndlr] Ramdani étaient mêlés à ça parce que je les voyaient pas du tout comme ça. Même aujourd'hui."

Me Marie Dosé : "comment était Michael Pastor Alwatik en prison?
Témoin : "il n'a pas changé. Il a juste changé de coupe [de cheveux], c'est tout. Mais sinon, il était toujours aussi fou à rigoler ..."

Le témoin s'exprime avec verve, en faisant de grands gestes avec les bras : "je cautionnerai jamais ce qu'ils ont fait, s'ils ont fait ça.
Moi je suis un voyou, je continue tous les jours, le box je connais.
Mais je commets pas l'irréparable. Je vais pas assassiner des gens !"

Ce moment où Me Malapert (avocate de Michael Pastor Alwatik) préviens (dans un petit tacle au président De Jorna, à moins que ce ne soit à certains avocats de parties civiles) : "j'ai une question longue mais je pense que je ne suis pas la seule à poser des questions longues".

Me Delphine Malapert (avocate de Michael Pastor Alwatik) : "est-ce qu'on peut dire aujourd'hui que le mythe de la secte de la buanderie s'est effondré?"
Témoin : "ah ben oui ...."

Me Daphné Pugliesi : "on vous a fait écouter vos écoutes téléphoniques et ça ne figure pas au dossier, vous comprenez notre gêne ...."
Témoin : "ça va être nouveau dans l'histoire de la justice qu'on modifie pas un PV? Vous êtes au courant qu'on modifie les PV, quand même !"

Un nouveau témoin s'avance à la barre. Il annonce d'emblée :"sur cette affaire, je sais rien du tout moi. Vous voulez savoir quoi?"
Assesseur : "vous connaissez certaines personnes?
- Amar Ramdani, je l'ai connu en détention à Osny. Et quand je suis sorti dehors, je l'ai revu.

Il est beaucoup question de vente de voitures dans ce procès. A son tour, ce témoin raconte comment "j'étais parti à Lyon pour acheter une voiture à crédit", selon le même système d'escroqueries pratiqué et déjà expliqué à l'audience par Amar Ramdani.

L'assesseur rappelle que lorsque les forces de l'ordre viennent interpeller le témoin (qui a été placé en garde à vue dans le dossier), il saute par la fenêtre.
"J'ai paniqué, j'étais dans mon sommeil, je ne sais pas ce que j'ai fait" explique aujourd'hui le témoin à la barre.

Le témoin est interrogé sur le fait qu'il a cassé sa puce de téléphone le jour de l'Hyper Cacher. La question est de savoir si c'est à la demande d'Amar Ramdani (qui a fait de même).
"Personne m'a demander de le faire. C'est parce que j'aime bien changer de puce ...."

Me Metzker (PC) : "vous avez reçu un sms le 9 janvier à 12h43, 20 minutes avant l'Hyper Cacher. Vous l'avez lu?"
Témoin : "je me souviens pas. J'ai même pas le souvenir de ce que j'ai mangé ce matin ...."

Le témoin est interrogé sur les agissements d'Amar Ramdani et Saïd Makhlouf, accusés du procès. Il répond : "il faut leur demander à eux, pas à moi !"
Me Cechman (PC) : "oui, mais vous êtes témoin ...."
- "Je suis témoin de moi, pas des autres, madame !"

L'audience est suspendue jusqu'à 14h30.

L'audience reprend. Un témoin s'est avancé à la barre. Il explique qu'il est un "ami d'enfance à Saïd Makhlouf et puis voilà".
Le président : que pouvez-vous nous dire d'autre ?
- bah que c'est un ami d'enfance, on a grandi ensemble.

Invité à en dire plus le témoin développe (un peu) : "on a grandi dans la même cité, il habitait en bas de chez moi. On se voyait tous les jours."

Un autre témoin prévu ce jour est absent. L'assesseur précise qu'il "est en fuite et recherché pour une affaire fiscale et pénale".

Le président lit dont des extraits de ses auditions devant les enquêteurs. Le témoin absent aujourd'hui y déclare notamment : "les attentats me pose problème pour trois raison : morale, théologique et pratique : cela ne sert à rien, n'apporte rien et ne fait rien avancer."

Au sujet d'Amédy Coulibaly, ce même témoin a déclaré aux enquêteurs : "j'ai fait du business avec un mec lambda et qui s'est révélé être un terroriste"

En raison d'un feuillet manquant dans le procès-verbal de l'audition du prochain témoin, l'audition est suspendue 10 minutes.

Le feuillet numéro 9 manquant au procès-verbal d'un des témoins n'ayant pas été retrouvé, l'avocat de Willy Prévost, Me Hugo Lévy, demande à ce que l'audition de ce témoin soit reportée.

C'est donc un autre témoin qui s'avance à la barre. Il a connu Amédy Coulibaly "bien même", en prison. "On faisait beaucoup de sport ensemble, mais on ne parlait jamais de religion, pourtant je suis musulman moi aussi."

Président : "vous vous êtes connus où en prison ?"
Témoin : "à Fleury, à D3". Il raconte qu'il faisait des concours de traction en promenade. Amédy Coulialy était le plus fort "incontestablement".

Le témoin a continué à voir Amédy Coulibaly hors de prison : "quand j'allais chez lui, à aucun moment j'ai vu sa femme. Il ne voulait pas que je la voie."
Président : "aux enquêteurs vous avez dit que vous l'aviez vue et qu'elle n'était pas voilée ..."
- je l'ai entraperçue ...

Ce moment où le président indique au témoin : "il n'y a pas que la religion musulmane qui interdit de tuer les gens ...."

Président : Amédy Coulibaly vous a acheté votre voiture"
Témoin : "oui, il cherchait une voiture et je vendais la mienne"
- Ca tombait bien alors ...
- Il y avait pas une histoire de dette d'argent?
- Non
- Liée à du shit ...
- Ah si !

Pour la troisième fois, le président reprend le témoin : "écoutez monsieur, c'est pas exactement ce que vous avez dit aux services de police ...."

Et le témoin de répondre : "peut-être que je m'emballe un peu, mais je vous assure que je lui [à Amédy Coulibaly ndlr] ai vendu ma voiture".
Président : "c'était votre voiture à vous ?"
- Ah oui !
- C'était pas une voiture de société ?
- Si, mais c'était ma société

Ce moment où le témoin explique que "jusqu'à aujourd'hui, j'ai encore les conversations Facebook" avec Amédy Coulibaly.

Président : "ça ne vous a pas paru bizarre qu'il [Amédy Coulibaly ndlr] change régulièrement de téléphone?
Témoin : "tous les trafiquants changent de téléphone"
- mais trafiquant de quoi?
- de shit ...
- pas d'autre chose ?
- je ne savais pas justement

Ce moment où le président évoque la voiture d'Amédy Coulibaly "Audy, de gamme quand même supérieure, une Audy S1" en comparaison à celle du témoin "vous aviez une Clio 2 places, bon en terme de standing ...."

Président lit une audition du témoin devant les enquêteurs. "En fait, vous faisiez partie intégrante des escroqueries aux voitures"
Témoin : "c'est vrai, je m'en rappelle"
- c'est vous qui faisiez les faux papiers
- oui, c'est moi

Le président au témoin : "vous l'avez remboursé Coulibaly ?"
- Oui, je suis réglo ...
- Euh, réglo, peut-être par rapport à lui ... mais faire des faux papiers, c'est pas ce qu'on appelle être totalement réglo. Déjà le trafic de stups, c'est pas très réglo"

Un nouveau témoin s'avance à la barre, lui aussi ancien détenu à Villepinte, en même temps qu'Amar Ramdani et Michael Pastor Alwatik. Il a travaillé avec eux à la buanderie de la prison.

A son tour, l'ancien détenu raconte l'ambiance à la buanderie de la maison d'arrêt de Villepinte : "ambiance bon enfant. On travaille, on est là. On essaie de travailler correctement pour avoir un aménagement de peine."

Le témoin est en voiture avec l'accusé Michael Pastor Alwatik le 9 janvier lorsqu'ils entendent à la radio que le terroriste est Amédy Coulibaly :
"Il y croyait pas. Il a dit "mais c'est pas possible". C'était choquant parce que c'est quand même une personne qu'on a côtoyée"

Ce moment où le témoin n'est plus tout à fait sûr de la date de son propre mariage : "c'était le 4 décembre .... euh non ... le 5 décembre"

Le témoin qui explique par ailleurs qu'"à la mairie, je suis arrivé en retard, à la soirée 2 heures et demie en retard ...."

L'audience est suspendue jusqu'à demain 9h30.

Le compte-rendu de l'audience du jour est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/au-pro…