Au procès des #AttentatsJanvier2015 l'audience reprend pour la 8e semaine. Aujourd'hui est prévu l'interrogatoire sur les faits de l'accusé Metin Karasular.
Mais avant toute chose, le président tient à revenir sur l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine vendredi au cours duquel un enseignant, qui avait montré des caricatures de Charlie Hebdo à ses élèves, a été décapité.
Le président prend la parole : "au moment où la cour d'assises reprend les débats relatifs aux attentats de Charlie Hebdo, Montrouge et de l'Hyper Cacher dans lesquels 17 personnes sont mortes ..."
Le président : ... la cour "tient à exprimer son émotion suite à l’assassinat d’un enseignant mort du seul fait d’avoir transmis à ses élèves ce que représentait la liberté de pensée et la liberté d’expression."
A son tour, Me Jean Chevais, avocat de Metin Karasular dont l'interrogatoire est prévu aujourd'hui, se lève : "que l’on soit magistrat ou avocat, nous portons tous la robe symbole de l’expression de la liberté et de la liberté d’expression."
Me Jean Chevais : "quand un professeur est lâchement et odieusement décapité parce qu’il enseignait la liberté d’expression, nous sommes tous concernés.
Soyons unis le temps d’une minute pour Samuel Paty, ayons une pensée pour sa famille."
Me Maktouf (partie civile) prend la parole à son tour : "plus que jamais nous avons envie de nous inscrire en tant qu’avocat, peu importe notre place dans ce procès, dans les fondements de notre République et notre démocratie, à savoir la liberté d’expression et de pensée".
Enfin, Me Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo se lève : "la seule chose que nous avons à faire c’est de rendre hommage."
Il rappelle qu'"encore une fois, il est question des caricatures de Charlie Hebdo. Le travail de cet enseignant c’était de transmettre, contextualiser."
Les débats reprennent avec l'interrogatoire de Metin Karasular sur les faits qui lui sont reprochés, à savoir d'avoir recherché et possiblement fourni des armes à Amedy Coulibaly.
Le premier assesseur lit le rapport des enquêteurs belges (Metin Karasular vivant en Belgique a d'abord été entendu sur place) évoquant le "comportement assez difficilement gérable" de l'accusé. "Avec aussi bien des pleurs que des jérémiades."
Le premier assesseur poursuit dans sa lecture du PV des enquêteurs belges : "nous devons à plusieurs reprises lui demander de se calmer. Il nie des évidences liées à des constatations téléphoniques. Il dit alors "si vous ne me croyez pas, je vais me planter un couteau"."
Metin Karasular : "je sais que je suis pas parfait. Je suis joueur, je trompais ma femme alors que je suis marié avec elle, mais tuer des gens innocents, moi je ne mange pas de ce pain là. Je pense en toute honnêteté que je ne mérite pas d'être puni comme ça"
Metin Karasular : "j'ai six enfants, je peux voir les deux petits mais pas les quatre grands. Je peux pas téléphoner à ma femme. J'ai deux frères, je peux voir que le grand mais j'étais plus proche du petit. Vraiment, je mérite pas cette punition."
Metin Karasular est d'abord invité à s'expliquer sur sa rencontre avec Ali Riza Polat, autre accusé de ce procès, qui le mettra ensuite en contact avec Amedy Coulibaly. "Il avait un problème avec sa voiture, alors j'ai acheté la pièce et je l'ai réparée".
Metin Karasular s'est lui-même rendu à la police lorsqu'il découvre qu'Amedy Coulibaly est l'auteur des attentats de Montrouge et de l'Hyper Cacher: "tout m’est tombé sur la tête. J’étais choqué. J’ai eu peur. J’ai pris contact avec mon avocat et je me suis présenté à la police."
Premier assesseur : “vous allez acheter une voiture Mini appartenant à Hayat Boumeddiene. Vous ne l’avez jamais vue ?”

Metin Karasular :”si je l’ai vue, de loin, il faisait un tour avec …”
- Non, je parlais d’Hayat Boumeddiene …
- Ah non, elle jamais vue !
Metin Karasular : "une fois, ils sont venus [Ali Riza] Polat et [Amedy] Coulibaly au garage. Mais je sais plus quand. Moi je fumais 5 grammes minimum d’herbe par jour. Lui [il montre Polat] c'était un gentil garçon. Mais le noir [Coulibaly ndlr], il a jeté l'argent par terre".
Premier assesseur : "Amedy Coulibaly, il vous a dit comment il s'appelait?"
Metin Karasular : "Mourad. Mais moi j'avais jamais vu un Noir qui s'appelait Mourad. Et les convertis, ils ne prennent jamais le nom de Mourad parce qu'il n'y a pas de prophète qui s'appelle Mourad".
Metin Karasular au sujet de la relation d'Ali Riza Polat avec Amedy Coulibaly : "c'était comme un enfant avec son père ou M'Bappé avec Deschamps. Et je le prenais mal parce que c'est quelqu'un de mon pays [Turquie, ndlr], pourquoi il baisse la tête?"
Metin Karasular nie avoir accueilli Ali Riza Polat chez lui :"il faut être très très proche pour venir chez moi. J'ai quatre filles. Deux qui travaillent à l'hôpital, une qui a eu son diplôme d'avocate et l'autre je veux qu'elle soit médecin. Donc les copains c'est après"
Metin Karasular : "je fumais 5g par jour, je me souviens plus."
Premier assesseur : "vous fumiez 5g par jour de quoi, monsieur ?"
- D'Amnesia.
- C'est quoi ?
- C'est de l'herbe. On oublie tout. Le médecin m'a dit que mes poumons étaient finis, que j'étais au bout du tunnel.
Premier assesseur : "vous n'en avez jamais parlé. Ou alors j'ai oublié, mais sans autre explication".
Metin Karasular : "père de famille, 6 enfants, on est un peu gêné, c'est du stupéfiant. Ca détruit la mémoire."
- on va quand même continuer à solliciter vos souvenirs"
Metin Karasular : "j'ai menti, sur eux [il désigne deux coaccusés]. Tout le monde va mentir dans un dossier comme ça ! C'est du terrorisme. Tuer des innoncents."
Pendant l'interrogatoire de Metin Karasular, dans lequel il est beaucoup question d'Ali Riza Polat, principal accusé de ce procès, ce dernier lui tourne ostensiblement le dos dans le box d'en face.
Dans le garage de Metin Karasular, ont été retrouvées deux notes : une écrite de sa main avec liste d'armes, l'autre écrite par Ali Riza Polat avec des armes et leurs prix.
"C'était une vieille liste, ça n'a rien à voir avec les attentats !" se défend Metin Karasular.
Pour le reste, Metin Karasular rejette la responsabilité sur son ancien associé.
Premier assesseur : "vous avez dit : "il nous a tous enculés"
Metin Karasular : "c'est la plus grande pourriture que j'ai connue de toute ma vie. Mais très intelligent. "
Toujours au sujet de l'ancien associé de Metin Karasular, le premier assesseur lit : "vous avez dit que c'est lui qui a tué Yasser Arafat".
Metin Karasular : "oui, c'est lui qui me l'a dit. Quand il prenait de la cocaïne. Il avait un téléphone, comme ceux des présidents."
Premier assesseur : "on dit de vous que monsieur Catino c'est votre toto?"
Metin Karasular : "toto? c'est quoi ce mot là? Je sais que les jeunes en France entre eux, ils s'appellent "Poto" ...."
- Non, là c'est écrit "toto"
- Bah, je sais pas. Sinon Toto, c'est un joueur de foot.
L'assesseur fait le tri dans les déclarations de Metin Karasular : "ce jour-là, vous mentez?"
- Oui, déjà j'étais dans la merde parce que Coulibaly est venu à mon garage, puis on me dit Kouachi. Je suis tombé dans la mer, si je peux m'accrocher à un serpent pour remonter ...
Metin Karasular : "aujourd'hui, je vais dire la vérité. Sur mes enfants, ma maman qui est morte. Moi les terroristes, j'aime pas ces gens-là. Et je suis content qu'ils ont tué le chien [Amedy Coulibaly ndlr]. "
Metin Karasular : "en sortant de prison en 2015, j'ai été voir trois imams, tous les trois ils m'ont dit la même chose : "le musulman qui voit une caricature du prophète, il doit l'ignorer ou déchirer le dessin ... mais pas tuer"
Metin Karasular au sujet de ses frères : "le petit, il n'est jamais passé au feu rouge, il ne sait même pas ce qu'est un commissariat et l'autre, il est prof de sport. Il est dingue de son sport. Moi je suis le seul raté de la famille, qui fume, qui boit, qui fait du stupéfiant"
Il est question des deux armes retrouvées chez Metin Karasular.
Premier assesseur : "monsieur, deux armes trouvées sur votre toit. On a un peu tendance à dire "qu'est-ce que c'est que cette histoire".
Metin Karasular : "je les ai trouvées là!"
Metin Karasular digresse sans cesse, il est très confus. C'est difficile de le suivre.
"Abbad [un autre accusé ndlr] ne m'a jamais jamais jamais parlé d'armes ... au nom de Dieu, s'il y en a un, parce qu'il n'y a personne qui est jamais allé au paradis et qui en est revenu"
Metin Karasular au premier assesseur qui l'interroge : "c'est quoi toutes ces questions ? Vous croyez que je savais ce qu'ils allaient faire ces fils de pute ? C'est ça que vous pensez? Jamais je vais autoriser un truc comme ça!"
Metin Karasular au sujet de sa rencontre avec Ali Riza Polat : "il avait un problème avec sa voiture. Il est revenu 3 ou 4 jours après. Il a chargé les dates [qu'il importait de Belgique selon les explications précédentes ndlr]. Et en 3 jours, le bureau était rempli de fourmis."
Metin Karasular nie avoir parlé de religion à Amedy Coulibaly. Il semble très affecté : "je lui ai parlé des Kurdes. C'est une énorme injustice. On ne peut même pas parler notre langue. Il y a des innocents qui sont tués. C'est ça ce que je lui ai dit!"
Metin Karasular : "en prison, ils m'ont mis avec des gens qui venaient de Daech. J'ai eu des problèmes à Fleury. Ils ont dit que j'avais balancé Coulibaly."
L'audience est suspendue jusqu'à 14 heures avec les questions des différentes parties à Metin Karasular.
L'audience reprend avec les questions de parties civiles à l'accusé Metin Karasular.
Me Cechman rappelle qu'il est le seul à avoir été directement voir la police après les attentats. "Mais pourquoi ne pas l'avoir fait quand vous avez "trouve" deux armes sur votre toit?"
Metin Karasular : "chez nous [cet accusé vit en Belgique et aime à souligner à quel point les choses y sont différentes de la France], au grand marché de Charleroi, on peut trouver des armes sur 5 ou 600 mètres, c'est la ... comment on appelle ça? La brocante ..."
Me Marie-Laure Barré (PC) précise en se levant : "je voudrais revenir sur certains points parce que ce n'est pas clair ... et je crains que ce ne soit pas que pour moi."
Metin Karasular a du mal à suivre les questions d'une avocate de partie civile : "Madame, excusez-moi mais ça fait 5 ans et demi que je suis en prison, je n'ai jamais lu mon dossier. Jamais avec un avocat. "
Metin Karasular tente de s'expliquer sur cette liste d'arme écrite de sa main retrouvée dans son garage: "je tenais un café à Charleroi où tout le monde venait jouer, des trafiquants d'armes, tout ça. Il y a des jour où il y avait 800 000 euros sur la table. Mais c'est ancien."
Metin Karasular en réponse à l'avocate générale : "avec des on, madame, on peut faire une deuxième planète. Une kalachnikov, madame, je n'en ai jamais touché de toute mon existence".
Avocate générale : "et dans votre café, vous n'étiez pas armé?"
Metin Karasular : "madame, pour venir me voir dans mon café, il fallait passer devant 25 de mes neveux. J'ai pas besoin d'arme ! Pour me tuer, il faut d'abord tirer sur 25 personnes de ma famille!"
Avocate générale : "pourquoi vous accusez messieurs Abbad et Martinez [autres accusés] et vous vous incriminez en même temps?"
Metin Karasular : "Bah, c'est simple madame, je suis en train de noyer, je les ai tirés avec moi vers le fond. Comme ça, on se noie tous ensemble".
Avocate générale : "que pouvez-vous nous dire sur votre appartenance au PKK?"
Metin Karasular : "j'aime le PKK. Jusqu'en 2018, mon frère était le président du centre culturel du PKK de Charleroi. Il y a 5 mois il a été condamné à 36 ans de prison en Turquie pour ça".
Metin Karasular poursuit ses explications alambiquées. A plusieurs reprises, il est question d'Ali Riza Polat, autre accusé avec lequel il était en contact.
Dans le box d'en face, Ali Riza Polat ne parvient plus à se contenir : "j'en peux plus de ce fils de pute".
Metin Karasular se répète : "moi j'aime pas ces gens là ! [les terroristes ndlr]. Moi j'ai 6 enfants qui vont à l'école, à tout moment, il peuvent mourir dans un attentat. Ces gens-là n'ont pas de place dans notre monde, il faut les piquer, comme un chien quand il est malade."
Le frère de Metin Karasular "47 ans, maçon" s'avance à la barre. Il explique que le 9 janvier 2015 "il est venu chez moi avec sa femme et ses enfants. C'est peut-être la première fois que j'ai vu mon frère avoir peur."
Le frère de Metin Karasular à la barre : "je ne comprends toujours pas comment mon frère a atterri dans un dossier aussi lourd. C'est un truc de fou. Il ne faut pas avoir toute sa tête pour faire un truc comme ça, c'est comme ça que je vois les choses."
Le frère de Metin Karasular : "nous en étant kurdes, je peux vous certifier que notre façon de voir les choses est totalement contraire à celle de Daech"
Le frère de Metin Karasular quitte la salle d'audience. En partant, il se retourne et adresse un grand salut à l'accusé dans le box, en tapant son poing sur le torse à plusieurs reprises.
Un nouveau témoin s'avance. Il a travaillé avec Metin Karasular : "c'était une connaissance du quartier. On avait le garage ensemble, mais la mécanique c'était pas trop son truc, c'est plus moi."
A son tour, le témoin explique que c'est "le grec qui a tout fait". Pas Karasular
Me Coutant-Peyre (défense d'Ali Riza Polat) : "l'accusation prétend qu'il y avait un trafic d'armes dans ce garage."
Ancien associé de Metin Karasular : "non, madame, j'ai jamais rien vu de tout cela".
Ce moment où le psychiatre chargé de l'expertise de l'accusé Michel Catino tient à noter "que l'accusé est d'origine belge et qu'il présente donc un certain accent et des tournures de phrase particulières ... sans que cela compromette la bonne compréhension".
L'expert psychiatre qui a examiné Metin Karasular revient sur l'allergie à la farine de l'accusé "qui l'a contraint à se convertir" alors qu'il était boulanger.
Ce moment où il y a un débat sur le retard d'une demi-heure de Metin Karasular à au rendez-vous d'expertise psychiatrique.
"Il ne s'est absolument pas excusé", déplore l'expert.
"Vous ne l'aviez pas prévenu Comment pouvait-il savoir qu'il était en retard?", rétorque l'avocat.
Sofia, "40 ans, indépendant", s'avance à la barre : "je l'ai [Metin Karasular, ndlr] connu dans un café à Charleroi. C'est quelqu'un de gentil, respectueux, toujours bien avec moi"
Mais la témoin, qui s'exprime avec un fort accent, dit avoir "du mal à comprendre les questions"
Le président : "vous étiez sa petite amie ..." [de Metin Karasular ndlr]
Témoin : "on restait de temps en temps ensemble"
- mais sa résidence principale c'était avec sa femme ...
- oui, c'est ça.
La témoin, dont on apprend qu'elle est roumaine, catholique, continue à rendre visite à Metin Karasular en prison "peut-être une fois par mois, quand j'ai le temps, quand je peux".
Me Coutant-Peyre désigne son client, Ali Riza Polat : "madame, est-ce que vous l'avez déjà vu?"
La témoin (maîtresse de Metin Karasular) : non, jamais.
- parce que vous l'avez regardé en arrivant.
L'audience est suspendue 10 minutes avant la suite des témoins liés à Metin Karasular.
Place à l'audition de la psychologue qui a expertisé Metin Karasular. Elle résume les dires de l'accusé "je jouais beaucoup, je buvais beaucoup, je perdais beaucoup".
Interrogée sur les perspectives de réinsertion de Metin Karasular, l'experte psychologue estime qu'il " a pris conscience de la gravité des faits et donc des perspectives positives s'offrent à lui. Il y a des choses qui laissent à envisager les choses de manière optimistes"
A la barre, on entend désormais la femme de Metin Karasular. Elle bénéficie des moyens d'un interprète en langue kurde et raconte comment, après le 9 janvier, son mari a pris peur. Toute la famille a donc quitté le domicile et vécu deux mois à droite et à gauche.
Fin de l'audition de l'épouse de Metin Karasular. On attend que le greffier revienne avec le prochain témoin : l'ancien associé de l'accusé, alias "le Grec", celui aussi dont il a dit qu'il "nous a tous enc...."
Le témoin arrive à la barre. Il articule difficilement son nom, son age "58 ans". Puis continue son témoignage, quasiment incompréhensible. L'homme a un fort accent et une articulation difficile. Il explique avoir vendu la Mini Cooper achetée à Amedy Coulibaly "à la Grèce".
L'homme est interrogé sur sa nationalité. Il sort deux passeports qu'il montre à la cour : "la nationalité grecque et israélienne". Il a aussi deux noms, explique-t-il "pour protection moi".
Président : "Metin Karasular dit que vous étiez un agent du Mossad, que vous aviez tué Arafat"
"Non, explique le témoin sans sourciller mais "mon fils travaille au Mossad".
Le témoin explique qu'il a été en contact avec Ali Riza Polat, qu'il connaissait sous le nom d'Ali Kemal.
L'accusé est invité à se lever : "à l'époque, barbe", explique le témoin qui n'est "pas sûr" que ce soit le même homme.
"A priori, c'est lui", répond le président.
Le témoin va acheter la Mini Cooper à Coulibaly. "Vous avez rendez-vous porte d'Orléans, devant le Mac Donalds", rappelle le président.
"Oui, répond le témoin. Il demandait 16 000 euros, moi je voulais 12 000 euros".
On s'embrouille à l'audience sur la valeur de la Mini Cooper. "Vous êtes marchand de voiture, vous devez connaître le prix des voitures, ça on peut vous faire confiance", tranche le président.
Le témoin affirme qu'il finalement payé "12 000 euros, cash", la Mini Cooper lors du rendez-vous porte d'Orléans. Et qu'il est "reparti avec jusqu'en Belgique".
Ces affirmations qui sont en contradiction avec les éléments du dossier. Puisque la thèse de l'accusation est que la voiture a été payée en partie en argent et l'autre en armes. Mis devant ses contradictions, le témoin se souvient : "ah, peut-être que j'ai payé que 2000 euros"
Premier assesseur : "avant que vous arriviez, on nous a expliqué que la voiture, vous ne l'aviez pas entièrement payée, vous avez arnaqué tout le monde".
"J'oublie un peu, monsieur, mais j'ai payé 12 000 euros", martèle le témoin.
Ce moment où, en pleine audition, le téléphone du témoin se met à sonner. II le coupe.
Puis l'alerte d'un message retentit.

"J'en ai vu deux [téléphone ndlr], mais il y en a peut-être d'autres", indique le premier assesseur.
Ce moment où le téléphone du témoin sonne une deuxième fois en pleine audition à la barre.
"Bon, éteignez-le vraiment" s'agace le président.
Premier assesseur : "et Michel Catino ?"
Témoin : "Michel Catino?"
L'accusé en question se lève, baisse son masque, hilare.
Témoin : "non, je connais pas".
Michel Catino : "et la voiture de mon fils?"
Témoin : "j'ai oublié"
Premier assesseur : "un peu de sérieux, monsieur vous avez dit que Michel Catino est le bras droit de Metin Karasular"
Témoin : "j'ai dit ça, moi?"
Le président houspille un peu les avocats dans leurs questions. "Il y a encore un autre témoin et à 8 heures, on arrête !" (afin de permettre à chacun de regagner son domicile avant le couvre-feu de 21 heures).
Le témoin repart. "Con" lui lance Metin Karasular au passage.
Son avocat belge le réprimande : "si tu continues comme ça, moi je rentre, hein".
Le témoin suivant se présente à la barre : "41 ans, carreleur". Il a un fort accent de Charleroi.
Le président ne le comprend pas.
"Carreleur", insiste le témoin.
- Mais vous faites quoi?
- bah, des travaux ...
Cet homme aurait fait l'intermédiaire entre Metin Karasular et son ancien associé qui ne voulait pas payer pour la Mini Cooper qu'il avait achetée "et il se cachait".
"Il n'y a plus d'autre témoin. Il est 20h01" indique le président.
L'audience est suspendue. Reprise demain à 9h30 avec l'interrogatoire sur les faits de Michel Catino.
Le compte-rendu de l'audience du jour, avec l'interrogatoire de l'accusé Metin Karasular est à retrouver ici > franceinter.fr/justice/au-pro…

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