Dommage que la critique de la République ne soit présentée que comme d’origine réactionnaire. Comme si la République allait de soi et qu’il fallait seulement discuter de l’épithète : sociale ou libérale.
Après plus de deux siècles d’expérience, l’alliance constante entre réactionnaires et républicains libéraux lors des crises du capitalisme rend légitime l’interrogation sur la possibilité d’une République sociale. Ne faut-il pas un autre imaginaire pour guider l’action ?
Si la puissance de la contre-révolution aristocratique au 19ème siècle pouvait justifier l’attachement à la République qui était un progrès par rapport à l’ordre féodal, est ce que l’alliance des « libéraux » et des « sociaux » a encore du sens aujourd’hui ?
L’enjeu derrière ces questions, pour lesquelles je n’ai pas de réponse, est celle de la possibilité même d’un changement institutionnel émancipateur pour aujourd’hui.
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Dans ce texte j’analyse longuement l’échec du couple État-capital (capitalisme sanitaire) face à la pandémie de covid-19. Au delà, l’enjeu est de penser les stratégies de défense de la sécu.
Dans la première partie du texte (publiée en mai), l’analyse historique du système de santé en France a permis de mettre en évidence trois principaux résultats :
1. La sécu est une institution politique issue de conflits non institutionnalisés. En ce sens, les débats techniques (comme celui sur le «trou de la sécu») sont importants mais sans commune mesure avec la question politique du «qui décide» - le pouvoir.
Un plan de relance oui. Mais certainement pas sans un repartage du pouvoir. La crise a montré l’incapacité des capitalistes et de l’Etat à gérer la situation. Il faut impérativement socialiser les grands moyens de production. Aucune confiance dans les nationalisations.
Par exemple, qui veut d’un pôle public du médicament sous la férule du gouvernement ? Qui serait dirigé par Buzyn, Véran, Bachelot ou un autre ? Pour refaire des coups à la Alstom et cie ?
Socialiser les moyens de production c’est donner le pouvoir aux professionnels directement, à l’image des élections à la sécurité sociale à partir de 1945/6. C’est depuis qu’elle a été étatisée que la sécu se meurt et offre la santé aux capital. Expropriation des expropriateurs.
Merci @NadineLevratto d’avoir soulevé la question de la financiarisation dans des laboratoires d’analyses médicales que je ne connaissais pas. Sur la financiarisation de la santé, voici deux ou trois éléments :
Le cas le plus évident est celui de l’industrie pharmaceutique. On arrive à une situation où les systèmes publics de protection sociale solvabilisent leur spéculation financière. Mathieu Montalban est l’un des grands spécialistes de la question : cairn.info/revue-savoir-a…
Il y a bien sûr le cas des complémentaires santé privée à but lucratif, qui produisent des effets sur les mutuelles dont le comportement tend à se rapprocher des premières. Philippe Abecassis et Nathalie Coutinet évoque leur financiarisation ici : cairn.info/journal-recma-…
Le « trou de la sécu », ça n’existe pas !
(fil à dérouler)
A partir du graphique précédent, il faut poser deux questions :
1) Existe-t-il un besoin de financement de la sécurité sociale ?
👉Oui, tous les ans depuis 20 ans !
2) Existe-t-il un « trou de la sécu » ?
👉Non, c’est un construction politique.
Dire qu’il y a un besoin de financement de la sécurité sociale signifie, d’un point de vue comptable, qu’il y a pour une année donnée moins de recettes que de dépenses. L’éventuel besoin de financement est lié à l’évolution des dépenses ET des recettes.
Pour la première fois depuis 1945, le PLFSS 2021 prévoit qu'en 2020 la part des cotisations sociales dans le financement de la sécurité sociale soit inférieur à 50% (48%). 1/4
C'est le résultat, depuis 1991, de la création de la CSG/CRDS et de la politique d'exonération des cotisations sociales, endossée par tous les gouvernements.
Tout cela au nom de l'emploi, alors que ces politiques n'ont jamais fait reculer le chômage (voir @buissonet)
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