L’apparition et le développement de la Covid 19 a profondément marqué la planète et met à l’épreuve les systèmes de santé : prise en charge des malades, production de vaccins, etc.
Or, depuis le début des années 1990, les politiques de santé s’alignent sur une approche mainstream : retrait de l’assurance maladie obligatoire, développement de l’assurance privée, développement d’instruments de gestion issus du secteur privé, etc. #pluralisme
L’objectif de ce travail est de montrer que la crise n’est pas seulement pandémique, elle est également celle dont l’économie mainstream pense la santé et celle dont le politique réforme le système de soins.
La crise a mis en évidence l’impossibilité pour l’économie mainstream de penser la crise (1) et la nécessité de sortir de modèle (2).
Jean-Paul Domin commence la présentation de la première section : « L’économie, la santé et le politique »
La pandémie doit être appréhendée comme un rappel aux fondamentaux : l’Homme est mortel contrairement à l’homo œconomicus qui est invincible. Le malade inquiet n’a rien à voir avec le consommateur clairvoyant.
L’économie de la santé est restée prisonnière des hypothèses fondamentales de la théorie standard. Elle considère que l’on peut limiter l’opportunisme du patient et du praticien par un simple dispositif d’incitation.
La crise de la Covid-19 est une manifestation de la surdité de l’économie mainstream vis à vis des patients et des soignants. #pluralisme
Par ailleurs, pour l’économie mainstream, la crise actuelle est considérée comme étant purement sanitaire. L’économie subit donc la santé. La crise économique qui a suivi est une conséquence de la pandémie.
Les stratégies de confinement de déconfinement sont assez significatives du débat entre la volonté d’encadrer la pandémie et celle de favoriser la croissance économique.
Or, si les politiques d’austérité ont des effets négatifs sur la santé, les politiques de relance limitent la diminution des revenus et la dégradation des conditions de vie et ont un effet positif sur la santé.
Jean-Paul Domin entame maintenant la présentation de la deuxième section : « Changer la politique de santé en sortant de l’économie mainstream »
La crise est une crise de l’économie de la santé mainstream. #pluralisme
Le développement de la pandémie a mis en évidence les limites de la capacité d’absorption du système. L’exemple des lits de réanimation est sur ce point éclairant.
Entre 2006 et 2016, la réduction du nombre de lits de soins aigus a été plus importante en France (-13,8 %) que dans le reste de l’Union européenne (-9,5 %).
La façon dont le système de santé a été réformée, largement inspirée par la théorie mainstream, a favorisé le développement de la crise (voir @LaCasseDuSiecle@PA_Juven@dasilva_p13 et d'autres) :
D’une part le médecin, en raison de l’asymétrie d’information, peut prescrire plus de soins que ne l’exige l’état du patient. Il faut donc diminuer son pouvoir discrétionnaire en limitant ses moyens (le nombre de lits).
D’autre part, les comptes de la santé sont influencés par la théorie mainstream. La Consommation de soins et de bien médicaux est rapportée au PIB et la dépense courante de santé sert à savoir qui paye (Sécurité sociale, État, organismes complémentaires et ménages) et combien.
Dans le même ordre d’idée, les comptes de l’hôpital ont été mis sous observation ce qui a conduit à réduire les moyens humains et matériels… moyens qui font cruellement défaut aujourd’hui.
Pour sortir de la crise, prendre ses distances avec le mainstream. La crise de la Covid 19 a changé la façon de voir la dépense de santé. L’incitation à adopter des pratiques économes à pour l’instant été évacuée du discours politique. #pluralisme
Dans le même ordre d’idée le discours distinguant le gros risque (financée par la solidarité) et le petit (pris en charge par la dépense privée).
Avant la Covid-19, le recours à l’assurance privée était fréquent dans le discours politique. Mais le discours change et la gratuité du soins n’est plus une hérésie.
Le défaut d’assurance complémentaire est un frein à l’accès aux soins (les soins chers ont pour fonction de lutter contre l’aléa moral, mais entravent l’accès aux soins).
La crise de la Covid 19 a mis en lumière les inégalités de santé. La maladie touche d’avantage les catégories les plus âgées de la population, mais également les plus pauvres.
En conclusion Jean-Paul Domin explique que la crise de la Covid-19 a mis en lumière les différences entre la vision de l’économie mainstream et la façon dont elle est vécue par les populations.
L’économie mainstream n’est pas responsable du développement de la pandémie, mais elle est responsable de l’impréparation du système de santé face à celle-ci. #pluralisme
L’avantage de la pandémie est qu’elle nous incite à penser le monde d’après. Deux solutions semblent s’imposer :
La première consiste à désencastrer la santé de l’approche mainstream (le malade n’est pas un agent rationnel qui cherche à maximiser son capital santé ; la gratuité de la santé ne génère pas une demande illimitée.).
La seconde revient à donner la parole aux citoyens (démocratie sanitaire). Depuis des années, la politique de santé et la théorie économique tendent à donner une dimension technique aux décisions de santé - alors que le cœur est le politique.
Il faut du #pluralisme en économie de la santé pour mieux comprendre et sortir de la cirse de nos systèmes de santé !
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Anne Eydoux, du CEET, prend la parole pour son intervention intitulée :
"Interventions publiques en temps de crise : l’impossible redevient pensable"
La crise sanitaire a été l'occasion d'intervention publique massive en rompant avec les dogmes budgétaires : "quoi qu'il en coute !".
Dans ce présentation il s'agira d'abord des politiques de l'emploi (notamment chômage partiel, 30Mi d'€, etc.) : L’État se retrouverait-il employeur en dernier ressort ?
1.L’intervention d’Hélène Tordjman s’intitule : « Transition écologique : une perception de la nature extractiviste et marchande »
2. Son livre, intitulé « La croissance verte contre la nature. Critique de l’écologie marchande » paraîtra en mars prochain aux Éditions La Découverte @Ed_LaDecouverte
3. D’ici là, nous vous conseillons de lire : « Dématérialiser la nature pour la faire entrer dans la sphère du marché », Document de travail du CEPN, Université Paris 13, n° 2018-12, hal.archives-ouvertes.fr/hal-01948581/d…
Robert Boyer, de l’Institut des Amériques (@idameriques), prend la parole pour présenter quelques thèses développées dans son livre :
« Les capitalismes à l’épreuve de la Pandémie »
A nouveau les économistes standards sont face à l’embarras face à la crise et sont cantonnés au silence. L'objectif de cette présentation sera de tirer les enseignements de la crise.
Cette crise n'est en rien comparable à la crise de 2008. Elle n'est pas liée à la pandémie mais à la décision de confiner. Il n'y a pas de récession mais bien plus un arrêt de l'économie.
Le monde va mal. La pandémie, nous allons en parler d’abord avec Robert Boyer qui a réussi à en faire une lecture en temps réel. Et avec la pandémie, le confinement, qui dévoile et révèle comme toutes les crises, et qui révèle la société facturée, les visibles et les invisibles.
1. Last december, our president Florence Jany-Catrice reminds Adrien de @Tricornot the lack of pluralism in the teaching of economics.
A thread on students’ struggles for pluralism in the teaching of economics at the university ⤵ xerficanal.com/strategie-mana…
2. To get started, we recommend you to read this paper, in which, among other things, A. Orléan @OrleanAndre distinguishes different ways of being pluralist in the teaching of political economy : variances.eu/?p=3626
3. In this paper, A. Orléan begins by recalling that, over the last 20 years, in France, the teaching of economics in higher education raised strong controversy.
1.En décembre dernier, Florence Jany-Catrice, rappelait à Adrien de @Tricornot le manque de pluralisme dans l’enseignement de l’économie.
Voici un fil pour rappeler quelques événements et références sur ce thème ⤵ xerficanal.com/strategie-mana…
2. Pour commencer, nous vous conseillons de lire d’article d’André Orléan @OrleanAndre qui, entre autres, distingue différentes manières d’être pluraliste dans l’enseignement de l’économie : variances.eu/?p=3626
3. Dans cet article, André Orléan commence par rappeler qu’en France, « l’enseignement supérieur de l’économie fait l’objet d’importantes et vives controverses », ce, depuis une vingtaine d’années.