Bon, disons de façon plus nuancée que le PR a des limites importantes, et qu'il faut savoir l'utiliser avec prudence. Ce n'est pas non plus une abomination totale...
Mais allons y pour ses défauts :
1. Cela tend à imposer un canevas de rédaction trop canonique. Les refs ont tendance à vouloir une organisation de l'écriture très conventionnelle, car cela rend plus facile la vérification de leurs critères. Bref, on reste ds une vision rigide de l'évaluation, le plus svt.
2. Les responsables de revue peuvent très facilement contourner les conséquences des évaluations. En gros : on va choisir les relecteurs en fonction du genre de retours qu'on veut sur un texte. Et donc orienter les résultats des reviews. Inutile de se voiler la face, ça se fait.
3. Ce système tend à déléguer aux revues un pouvoir d'évaluation des carrières, qui devrait être plus distribué. Puisqu'il faut publier pour être recruté, les boards de revue ont de facto du pouvoir sur les carrières. Et comme ce pouvoir est sans contrôle, il est discutable.
4. Cela installe l'idée chez les jeunes ch que la mise à l'épreuve de leur travail se fait de manière discontinue (une fois le travail terminé) et "objective". Or la construction d'un savoir social est l'objet d'un processus continu de cadrage, critique, élaboration.
Suite : vous me direz que l'un n'empêche pas l'autre, et c'est vrai. Mais ce fonctionnement tend à produire un schéma où les jeunes travaillent dans l'isolement et rencontre la critique de façon sporadique et autoritaire. A mon sens c'est une limite importante.
5. Cela pose la question de l'accumulation des tâches d'évaluation pour les chercheurs. Comme il y a une course aux publications qui fait qu'on écrit souvent pour avoir un job et pas pour être lu, on s'entraîne mutuellement ds une fuite en avant qui n'est pas bonne.
6. Tout cela étant dit, on peut avoir une conception pluraliste : il existe de nombreuses façons d'éprouver la valeur scientifique d'une recherche en Sc Soc, donc le mieux est de toutes les expérimenter.
Mais le peer review n'est que l'une d'entre elles, et pas la meilleure.
congrats to us all : une discussion avec arguments contradictoires sur un sujet sensible, et zéro invective.
Je raccroche ici il fil complémentaire aux arguments de Sam Hayat et moi >
La première page de "Energie et équité" de Illich (1974).
Ca dépote un maximum non ?
Ce n'est pas le moindre des maux du changement climatique de nous contraindre à un débat sur l'origine de l'énergie que l'on consomme. Car en acceptant cela, on se détourne du débat sur la valeur sociale de l'énergie consommée.
Et Illich est l'un des rares à envisager une véritable modernisation socio-politique sans exubérance énergétique. Il ne suit pas trop la pente de l'idéalisation du passé et imagine une autonomie collective (le rêve libéral) sans sa confiscation par l'accumulation.
La question est complexe : est-ce que ces techno fonctionnent à l'échelle ? Sont-elles sûres ? Sont-elles économiquement viables ? Peuvent-elles être déployées rapidement ?
Mais aussi : est-ce qu'il faut opposer les réductions d'émissions (ordinairement préconisées par les écolos) et les techniques d'émissions négatives - qui pourraient avoir pour csq de maintenir à flots les énergies fossiles ?
@SRContretemps Je ne vais pas écrire de réponse à ce texte, vous publiez absolument ce que vous voulez. Mais à l'évidence l'auteur a fait un travail baclé. Il suffit de lire les questions par lesquelles il commence pour s'en rendre compte :
@SRContretemps "pourquoi se contente-t-il de questionner la « construction juridique et technique » de la « mégamachine » ? Pourquoi nous propose-t-il slt une « mutation politique » plutôt qu’une mutation économique ; une « révolution technique et juridique » plutôt qu’une révolution sociale ?"
@SRContretemps Honnêtement il suffit de lire la table des matières pour comprendre que la mutation politique décrite est économique et sociale - ce dernier terme étant au centre du livre, défini et redéfini sans cesse.
@LionCordier En plus c'est idiot cette histoire de ressources finies. Très souvent il s'agit de flux et pas de stocks, donc on parle de seuils, de sensibilité, et c'est un dialogue avec des usages. Bref l'antienne liberté infinie monde fini c'est bof bof scientifiquement
@LionCordier On me demande des précisions.
Donc prenons l'exemple des fossiles. Ce sont des ressources qui existent en quantités limitées, ok. Mais le pb n'est pas que l'on en manque, plutôt qu'il y en a trop (si on les brûles toutes, on est foutus).
@LionCordier Si limite il y a, elle se trouve du côté de l'effet de serre induit par l'accumulation de CO2 atmosphérique. C'est le forcage du bilan radiatif planétaire. Et c'est pas une ressource stock, c'est un flux, un ensemble d'échanges chimiques et physiques - et c'est ce qui est menacé.
Heureusement que je suis en vacances, sinon je devrais expiquer que si, un certain capitalisme est compatible avec une certaine écologie, et que c'est bien cela le problème.
Et que le capitalisme a existé sans poser de pb écologique majeur pdt longtemps...
Le pb est que le capitalisme - l'application générale d'une logique d'accumulation marchande à la société - est une utopie, pas une réalité. Il a tj besoin de béquilles institutionnelles (fiscalité, réglementation du tr, services publics) et morales (don de temps aux enfants)...
...pour exister. L'Etat moderne lui est organiquement lié, comme qqch qui l'accélère et le limite en même temps.
Donc l'écologie pourrait tt à fait devenir une nouvelle béquille institutionnelle pour permettre la perpétuation de la rationalité marchande et de ses inégalités