Thread by @FemmeD1flic

🔴L’importance de la preuve, dans les affaires de #ViolencesConjugales.
Je m’en vais vous raconter ma petite expérience perso.
Ou quand, devant le tribunal, je suis passée de victime à bourreau !
[ Thread ] ⤵️

https://twitter.com/SirYesS25095892/status/1343277586928037888

2. ( Ce thread est un peu long mais il est nécessaire que je pose le contexte pour sa compréhension.) ⤵️

3. Certains, ici, connaissent un peu mon histoire perso.
Femme d’un policier aujourd’hui, j'ai aussi été l'ex-compagne d’un homme manipulateur et violent psychologiquement. ⤵️

4. Un enfant en commun. Une fille.
Le premier grand amour de ma vie !
Un simple objet et un instrument de destruction pour lui.⤵️

5. Il faut savoir que se séparer d’un homme violent, quand on a un enfant en commun, c’est continuer à subir sa violence.
L’enfant permet de maintenir le lien.
Mais, quoi qu’il arrive, partir reste LE choix à faire ! ⤵️

6. Dans mon malheur, j’ai sûrement eu la chance d’avoir la version « light » de l’ex-compagnon violent.
Il ne m’a jamais frappée durant notre vie commune. ⤵️

7. Quoique je suis convaincue qu’avec le temps, on y serait arrivé…
Il fallait d’abord éradiquer tous mes proches et amis, autour de moi.
Ce qu’il avait presque réussi à faire ! ⤵️

8. Mon ex, c’est surtout quelqu’un pour qui l’image qu’il renvoie est très importante pour lui.
Beau parleur, séducteur… beaucoup sont ceux qui tombent dans le panneau ! ⤵️

9. À notre séparation, son truc à lui était de me terroriser afin que je prenne des mesures restrictives contre lui, pour ensuite se faire passer pour un papa victime, empêché de voir son enfant. ⤵️

10. Lorsque j’ai enfin eu le déclic pour le quitter, cela a été comme un signal de guerre pour lui.
Je me rappelle encore de ses mots « Maintenant, je vais te faire la misère ».
Et c’est ce qu’il a fait ! ⤵️

11. . J’ai saisi le juge aux affaires familiales dès notre séparation.
Dans cette attente, mon ex-compagnon m’a fait vivre un véritable cauchemar.
Il ne cessait de me harceler au téléphone.
Me menaçait de me priver de ma fille. ⤵️

12. Il allait régulièrement récupérer notre fille à la crèche sans me prévenir et sans me dire quand il me la ramenait.⤵️

13. Une fois, par provocation, il est venu avec elle sur mon lieu de travail afin, m’avait-il dit « de te permettre de faire un bisou à ta fille car tu ne vas pas la revoir avant plusieurs jours ». À contrecœur, j’ai dû laisser notre fille repartir avec lui…⤵️

14. Lorsque nous sommes enfin passés devant le juge aux affaires familiales (JAF), j’ai alors demandé à ce qu’il continue de récupérer notre fille à la crèche afin qu’il ne puisse pas venir à mon nouveau domicile. ⤵️

15. Cela me rassurait de savoir que la directrice de la crèche serait présente. ⤵️

16. C’est alors là que, dans toute sa contradiction, monsieur a alors indiqué qu’il ne pouvait pas venir à la crèche en raison de ses horaires de travail.
Le JAF a donc décidé qu’il pouvait venir à mon domicile pour y récupérer et ramener notre fille. ⤵️

17. Comme je m’y attendais, ses venues à mon domicile lui permettait de me proférer des insultes et des menaces en tout genre... ⤵️

18. Il aimait m’accuser de brutaliser notre fille, allant la pousser lui-même contre ma porte et la faire pleurer pour crier dans tout l’immeuble que je venais de la frapper. ⤵️

19. Une fois, il m’a prétendu qu’il ne pouvait pas récupérer notre fille pour son week-end de garde. Il m’avait laissé un message vocal pour m’en informer.
Sentant le coup tordu, le week-end venu, j’avais tout de même préparé ma fille à partir chez son père. ⤵️

20. Bien m’en a pris car, à l’heure où il devait sonner à ma porte, ce sont 3 policiers que j’ai trouvés en ouvrant.
Il était allé au commissariat en affirmant qu’il était passé chez moi et que je n’avais pas voulu lui remettre sa fille. ⤵️

21. J’avais heureusement gardé son message vocal m’indiquant qu’il ne pouvait pas venir pour son droit de garde et l’ai fait écouter à l’un des fonctionnaires de police présents.
Tout d’abord un peu sec avec moi, celui-ci s’est radouci en écoutant le message. ⤵️

22. . Ce policier m’a alors dit qu’il n’allait finalement pas prendre la plainte de mon ex-compagnon et qu’il allait simplement rédiger une main courante pour relater son intervention. ⤵️

23. Mon ex-compagnon était sur la pièce palière avec les 2 autres policiers.
J’ai donc dit au revoir à ma fille et l’ai laissée partir avec lui, au milieu de ces policiers. ⤵️

24. J’en ai ensuite pleuré de rage pendant des heures avant d’aller à mon tour au commissariat déposer plainte. ⤵️

25. Quelques temps après, à ma grande surprise, mon ex-compagnon a saisi le JAF pour demander une interdiction de sortie du territoire contre moi, ce qu’il n’a pas obtenu.⤵️

26. J’ai profité de cette opportunité pour demander à ce qu’il ne récupère plus notre fille à mon domicile puisque chacune de ses venues se passait mal. ⤵️

27. J’avais un avocat. Lui, non.
Grâce à mes mains courantes et aux retranscriptions de ses messages d’insultes et de menaces que j’avais fait établir par un huissier, j’ai obtenu qu’il récupère et dépose directement notre fille à l’école.
Ce qui l’a mis très en colère. ⤵️

28. Il a cependant disparu totalement pendant 10 mois avant de réapparaître, continuant toutefois à m’envoyer des messages pour me dire que s’il ne pouvait pas récupérer notre fille, c’était de ma faute car ses horaires de boulot l'empêchait de se rendre à l'école. ⤵️

29. Mais voyant que ses tentatives de culpabilisation de échouaient, il s’est décidé à revenir, devant se rendre alors à l’école pour récupérer et y ramener sa fille. ⤵️

30. Malheureusement, son besoin d’aller toujours plus loin dans sa haine l’a poussé à débarquer de façon inopinée à mon domicile. ⤵️

31. Il débarquait lors des week-ends où il n’avait pas sa fille, tambourinant à ma porte et nous terrorisant notre fille et moi. J’appelais alors la police mais il partait avant qu’elle n’arrive.
La nuit, l’on sonnait régulièrement à mon interphone…⤵️

32. Un jour où il s’était encore pointé à mon domicile, vers 20h, je me suis décidée à lui ouvrir pour essayer de le raisonner. ⤵️

33. Il m’a alors accusé d’avoir volé des vêtements qu’il avait laissés à notre fille.
Je lui ai alors dit de partir, sinon quoi j’allais appeler la police.
Il m’a répondu qu’il reviendrait le lendemain. ⤵️

34. Je n’y croyais pas vraiment mais, le lendemain, après avoir récupérer notre fille à l’école pour rentrer à mon domicile, je l’ai vu qui nous attendait dans ma rue.
Je suis alors entrée dans un magasin, en espérant qu’il ne me suivrait pas. J’étais totalement paniquée. ⤵️

35. Ne sachant plus quoi faire, et mon immeuble étant juste à côté, je suis sortie du magasin.
Il nous a alors suivi dans mon immeuble, m’empêchant de refermer la porte.
J’ai alors pris l’ascenseur (2 étages seulement). Il a pris l’escalier.
Je l’ai retrouvé sur mon palier. ⤵️

36. Tenant ma fille de la main gauche, le téléphone calé entre mon épaule gauche et mon oreille car je venais de composer le 17, je tentais de ma main droite d’ouvrir ma porte. Je tremblais de partout et avais tout le mal du monde à mettre ma clé dans la serrure. ⤵️

37. C’est là que mon ex-compagnon m’a mis un coup de poing qui, je le crois, avait pour but de faire tomber mon téléphone puisque j’ai reçu ce coup dans le coin de ma mâchoire. ⤵️

38. En me penchant pour le ramasser, mon ex m’a alors poussée et a donné un coup de pied dans le téléphone pour l’éloigner. ⤵️

39. En me poussant, j’ai alors percuté la porte de l’appartement de ma voisine.
J’ai alors cogné en espérant qu’elle était présente.
À mon grand soulagement, la porte s’est ouverte. ⤵️

40. Je m’y suis alors engouffrée avec ma fille.
C’est ma voisine qui, par la suite, a contacté la police
Une fois en sécurité, moi qui jusque-là m'étais contenue pour ne pas affoler ma fille, j'ai éclaté en sanglots. Ma petite aussi... ⤵️

41. À ma grande surprise, mon ex est resté sur le palier.
Les policiers l’ont donc trouvé là à leur arrivée.
Nous sommes donc partis tous les 2 au commissariat dans 2 véhicules différents.
Ma voisine a gentiment gardé ma fille pendant ce temps.⤵️

42. Au commissariat, c’est donc un OPJ qui a pris ma plainte.
Il m’a encouragée à accepter de me rendre à l’unité médico-judiciaire alors que je lui avais dit que je n’étais pas blessée. Mais il a insisté. ⤵️

43. Cela était prévu le lendemain matin. Je me suis vue délivrer 1 jour d’ITT. ⤵️

44. Une confrontation avec mon ex a eu lieu l’après-midi même.
A la fin de la journée, j’étais informée que le parquet engageait des poursuites et que mon ex allait être convoqué devant le tribunal correctionnel dans 2 mois. ⤵️

45. Par la suite, j’ai reçu un courrier du tribunal pour la préparation du procès.
On me demandait de communiquer des pièces et d’établir le montant des dommages et intérêts si je comptais en demander. ⤵️

46. Je pense être totalement passée à côté du fait que je pouvais prendre un avocat.
Mes souvenirs étant maintenant trop lointains, je ne me rappelle plus si j’avais lu dans ce courrier que cela était possible pour moi. ⤵️

47. N’y connaissant rien aux procédures judiciaires à l’époque, j’étais persuadée que mon statut de victime était déjà établi et que le procès ne serait qu’une simple formalité.
Je n’ai fourni qu’un constat d’huissier faisant état des messages de harcèlement que je recevais.⤵️

48. Le jour du procès, je suis arrivée seule, sans avocat.
Mon ex-compagnon avait, lui, bien le sien à ses côtés ! ⤵️

49. Alors que d’autres affaires étaient en train d’être jugées avant la mienne, son avocat est venu me remettre ses pièces.
C’est là que j’ai alors découvert l’ampleur de la catastrophe qui m’attendait…⤵️

50. Son dossier était truffé de mains courantes contre moi et d’un nombre impressionnant d’attestations de ses proches et amis disant qu’il était un bon papa à qui l’ex-compagne empêchait de voir son enfant… ⤵️

51. Son avocat n’a fait qu’une bouchée de moi !
Il a même joué sur le fait que je n’avais pas pu avoir le téléphone à mon oreille gauche lorsque mon ex m’a frappée, puisque j’étais droitière. (???🙄???) ⤵️

52. J’ai eu la stupeur d’entendre, de la bouche du substitut du procureur, que c’était moi la manipulatrice et l’affabulatrice.
J’avais l’impression que tout était surréaliste, comme si j’étais en-dehors de mon corps. Comme anesthésiée…⤵️

53. Avec le recul, je sais aussi que j'étais en pleine dépression et ai traversé de longs mois de harcèlement sans trop savoir comment j'ai pu tenir le coup, seule, sans famille à proximité. ⤵️

54. Mon ex-compagnon a finalement été relaxé.
Après cela, j’en ai beaucoup voulu à la Justice.
Mais avec le recul, je réalise que les preuves n’étaient pas suffisantes de mon côté.
Que le combat devait être mené jusqu'au bout de la procédure.⤵️

55. Aussi, je tenais à dire aux victimes que, quoi qu’il arrive, malgré l’existence de violences, un ex-compagnon violent peut échapper à une condamnation si votre défense est mauvaise ! ⤵️

56. Par conséquent, il faut cumuler les preuves, quand c’est possible, et toutes les fournir ! TOUTES !
Le plus important, c’est d’avoir un avocat à ses côtés qui, lui, fera le tri.
Je considère que c’est indispensable, même lorsque l’avocat n’est pas obligatoire.
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