Dans les affaires d'agressions sexuelles sur mineures, l'immense majorité des prévenus sont des hommes. Mais aujourd'hui je vais vous parler des femmes. De certaines femmes. De certaines mères. Quoi que je doute qu'elles méritent encore ce qualificatif.
Ces femmes qui prennent fait et cause pour leur mari, leur compagnon, le soutenant pour traiter leur propre fille de menteuse.
Celles qui, quand l'homme a reconnu l'existence des relations sexuelles avec sa fille/belle-fille, accusent leur enfant d'allumeuse, de provocatrice.
Celles qui considèrent leur fille comme une rivale dont elles deviennent jalouse parce que leur conjoint semble + attirée sexuellement par elle.
Celles qui obligent la justice à faire placer l'enfant dans un foyer car elles refusent que leur conjoint quitte le domicile.
Celles qui sont enfermées dans leurs certitudes, dans un immense déni de la situation, préférant couper les ponts avec leur propre enfant, que de s'avouer à elles-mêmes qu'elles sont en couple avec un pédophile.
Celles qui à l'audience, face à leur enfant en pleurs, décrivant les sévices subis de la part du père /beau-père, restent de marbre et déclarent "que ce n'est plus leur fille, qu'elles se considèrent dorénavant sans enfant" et sont entièrement d'accord avec le retrait de
l'autorité parentale sollicitée par le Parquet à leur encontre.
Celles qui, au courant des agressions car leur enfant a fini par parler à une infirmière scolaire, giflent, frappent, punissent.
Celles qui culpabilisent leur enfant à coup de "si tu en parles, tu vas détruire la famille, tu seras placé(e) en foyer, tu ne verras plus ton petit frère, ton père ira en prison, moi je me retrouverais toute seule, c'est ça que tu veux ?!?".
Celles qui savent très bien ce qui se passe sous leur toit mais ferment les yeux parce que pdt que leur conjoint s'en prend à leur fille, il ne s'en prend pas à elles.
Celles qui détruisent autant leur enfant par leur silence, leur haine, leur mépris, que l'agresseur sexuel.
Celles qui font des orphelins, rejetant leur enfant, lequel se retrouve ainsi sans père et sans mère, parfois même sans fratrie car la mère a bien pris soin de faire passer sa fille pour la + grande des menteuses auprès de toute la famille. De l'accuser d'avoir créé le chaos.
Celles qui, une fois le mari condamné et incarcéré, continuent à le soutenir lui et à haïr leur fille, responsable de tout ça. Qui vont dire au juge des enfants "qu'elle peut bien rester en foyer car il est hors de question qu'elle revienne à la maison, cette petite sal*pe".
Ces femmes existent, je les ai toutes rencontrées au détour des dossiers de viol/agressions sexuelles sur mineur.
Elles étaient souvent prévenues à côté de leur conjoint, poursuivies pour non-dénonciation voire même complicité.
Elles participent beaucoup au silence, au verrouillage de la parole des victimes.
Elles ne sont pas la majorité, fort heureusement.
Mais elles m'ont toutes marquées par la noirceur de leur âme.
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Jeune JI à l'époque, je l'avais rencontré quand il était venu dans mon bureau, j'avais chargé sa brigade d'une commission rogatoire dans une affaire de cambriolages en série. La trentaine, le regard pétillant, un humour dévastateur. Je le revois me donnant du "Mme le juge" à
chaque phrase, un ton empreint de respect mais aussi d'un soupçon d'irréverence.
On est vite devenu amis, rien de plus mais rien de moins non plus.
A travers lui, j'ai découvert l'envers du décors, la vie d'un gendarme OPJ. Ce qu'il se passait une fois que j'avais envoyé ma CR.
Je programmais une interpellation, pour moi une date d'interrogatoire dans mon agenda, pour lui une opération pouvant mal tourner.
Je demandais une surveillance dans un dossier de stup, pour moi l'espoir d'obtenir des preuves, pour lui le stress de se faire repérer.
Petit thread sur la comparution immédiate.
C'est une procédure qui devait à la base rester plutôt exceptionnelle = réservée aux affaires simples, dont l'enquête est terminée et dont les faits (notamment leur gravité) justifient une réponse immédiate.
Car la CI est une justice d'urgence = le suspect est immédiatement conduit au tribunal après sa garde-à-vue pour y être jugé le jour même (je simplifie et squeeze le JLD). Et s'il est condamné, il peut partir immédiatement en prison, quelque soit le quantum de la peine.
Pour comparer, la procédure classique de jugement devant un tribunal correctionnel, c'est : après avoir été entendu par les enquêteurs, le suspect reçoit une convocation à l'audience prévue quelques mois plus tard. Et le jour de l'audience, si peine de prison il y a, le principe
"donc vous vous êtes constitué partie civile pour la dégradation de votre rétroviseur, avez-vous chiffré votre préjudice ?"
"Oui je demande 30 000€ pour le préjudice moral et 150€ pour la franchise"
(véridique)
"Combien demandez vous pour votre préjudice Madame, suite aux coups reçus ?"
"Je ne sais pas, je vous laisse décider"
"C'est impossible"
"...."
[et de voir les avocats souffler gentiment un montant à ma pauvre partie civile]
Sinon nous cette semaine, c'était les AG du tribunal.
L'occasion de faire un point sur la situation en terme d'effectifs notamment.
Petit exposé explicatif, sachant que ce qui se passe dans mon TJ se passe dans la majorité des autres TJ.
L'état des lieux = 4 postes vacants de magistrat, 6 postes de greffier.
C'est pas nouveau, c'était déjà le cas l'année dernière, mais ça s'est juste encore aggravé avec des départs en retraite non remplacés.
Depuis plusieurs années, pour pallier ces vacances de poste, on déshabille Pierre pour habiller Paul = on retire tel greffier /magistrat de tel service qui allait pas trop mal pour les affecter à un service qui était en train de couler.
Pourquoi filmer et diffuser les audiences est une très mauvaise idée ?
Déjà, les audiences correctionnelles et la plupart des audiences civiles sont déjà publiques = tout le monde peut venir y assister, s'il pleut dehors et que vous savez pas quoi faire, vous pouvez rentrer.
1/19
Les journalistes sont les bienvenus et la PQR se fait un plaisir de raconter les comptes rendus d'audience dans ses pages.
Avec les noms des justiciables en fonction de la délicatesse du journaliste /des demandes des avocats.
2/19
L'argument de la publicité ne tient donc pas. Alors, oui, diffuser un procès facilite l'information = plus besoin de se déplacer, on peut regarder les audiences bien au chaud dans son canapé.
Mais pour un avantage de confort, combien d'inconvénients majeurs ?
3/19
La loi de mars 2020 a créé des nouvelles peines, telles le sursis probatoire.
Notre logiciel Ksiop n'est toujours pas à jour 6 mois + tard, ces nouvelles peines lui sont toujours inconnues, les greffiers s'arrachent les cheveux.
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Concrètement, le Tribunal prononce 6 mois sursis probatoire, le logiciel ne connaît pas cette peine et sort donc "6 mois ferme".
Pareil pour le mandat de dépôt à effet différé :
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Ce mandat doit être immédiatement signé par le président.
Sauf que Ksiop ne connaît pas non plus cette nouveauté, donc impossible de sortir la trame, le greffier doit à nouveau bidouiller une autre trame.
Que de temps de perdu et de risques d'erreurs !!!
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