Thread by @nourrirlemonde

#Néonicotinoïdes Ils ont osé.
Amertume et colère ce matin.
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Lundi, je vous racontais comment le "Conseil de surveillance" sur la ré-autorisation ciblée des pesticides néonicotinoïdes tentait de faire passer en force des dérogations aberrantes.

https://twitter.com/nourrirlemonde/status/1356254869808689157

Ce matin, l'arrêté (daté d'hier) est publié au "Journal officiel". Il contient bel et bien ces dérogations malhonnêtes et dramatiques pour la biodiversité.
L'article 3 (et l'annexe 2 bis) prévoient donc explicitement de cultiver du maïs ou du colza /
[2/n]
legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTE…

... dès l'année suivant le semi de betteraves traitées, sous réserve d'appliquer des protocoles censés protéger les abeilles domestiques.
Dans les 2 cas, il s'agit d'implanter des bandes indemnes de néonic, où les abeilles sont censées aller butiner préférentiellement. /
[3/n]

Comme je l'avais souligné lors de la réunion du "Conseil de surveillance", ces protocoles évacuent de façon insoutenable la question des pollinisateurs sauvages, qui iront évidemment sur le maïs et le colza (pour le colza, c'est même indispensable sinon les agriculteurs /
[4/n]

... perdraient 20% de rendement : par définition, en implantant du colza "non butiné par les abeilles", ils savent pertinemment qu'ils tueront les pollinisateurs sauvages. Ce cynisme est ahurissant, et les membres du "Conseil de surveillance" censés se soucier de /
[5/n]

... biodiversité mais ayant voté "pour" ou "abstention" au vote de l'avis final devront s'expliquer.
En outre, même l'efficacité sur les abeilles domestiques n'est pas certaine, ce n'est pas par hasard si d'autres pays sont bien plus drastiques.

https://twitter.com/FuretAnne/status/1357977542511190024

/
[6/n]

Sur le fond, ces dérogations sont donc choquantes et manipulatoires (détournant l'attention des pollinisateurs sauvages, sacrifiés dans l'affaire).
Sur la forme, c'est encore pire.
1) Le fait d'envisager ces dérogations n'a été évoqué qu'en séance, sans document /
[7/n]

... préparatoire & sans aucun argumentaire scientifique : il fallait "croire sur parole" une position d'autorité. Nous n'avons d'ailleurs toujours pas reçu le moindre argumentaire scientifique.
2) J'ai explicitement soulevé une objection agronomique (20 à 30% du rendement /
[8/n]

... du colza vient de la pollinisation croisée) & écologique (par définition si cette pollinisation n'est plus assurée par les abeilles domestiques, elle le sera par des pollinisateurs sauvages : cela revient à les sacrifier, en contradiction totale avec les engagements).
/
[9/n]

Puisque j'avais soulevé une double objection (ce n'était manifestement pas prévu dans leurs plans), il y aurait dû y avoir débat. Il devenait IMPOSSIBLE de prétendre que ces dérogations faisaient consensus, et de cacher leurs fragilité scientifique.
Mais non.
J'ai espéré /
[10/n]

... que cette non-discussion à la hussarde préparait seulement un futur débat réel, pour l'arrêté 2022. La déclaration publique du président du Conseil de surveillance a montré que c'était, au contraire, bien une manipulation pour forcer la main /
lebetteravier.fr/2021/01/28/il-…
[11/n]

... au ministère de l'environnement dans les discussions interministérielles, en prétendant mensongèrement que ces dérogations ne posaient pas de problème.
Et cette tactique a payé.
Alors que la ministre de l'environnement avait déclaré très nettement et sans équivoque /
[12/n]

... qu'il était hors de question de déroger aux limites sur les rotations post-betteraves (un beau "non" ferme et rassurant), l'arrêté final montre qu'une fois de plus, les arbitrages présidentiels ont été en défaveur de l'environnement.

https://twitter.com/BruCardot/status/1352931947446722561

/
[13/n]

Le lobby betteravier, avec complicité active du président du Conseil de surveillance (cf. son interview qui en fait un acteur résolu de cette pression manipulatoire), a donc réussi un passage en force, en instrumentalisant notre Conseil.
[14/n]

Que ce soit clair. @barbarapompili @Ecologie_Gouv, si les animateurs du Conseil de surveillance vous ont affirmé que ces dérogations pour le maïs & le colza font consensus et ne posent pas de question scientifique, c'est un MENSONGE. Je pèse mes mots.
C'est d'autant plus /
[15/n]

... flagrant que même des membres du Conseil représentant la biodiversité ou les abeilles ont voté "pour" ou "abstention" à l'avis final, ce qui aurait été impossible s'ils avaient su que c'était autre chose qu'une piste à travailler pour l'avenir. Jamais ils n'auraient /
[16/n]

... soutenu un avis anti-biodiversité s'ils avaient su qu'il était destiné à servir d'argument crapuleux dans un arbitrage interministériel.
En tant que membre du Conseil de surveillance, je m'estime méprisé et insulté. J'ai explicitement soulevé des objections, qui /
[17/n]

... n'ont été suivie d'aucun débat. Aucun. Néant. Et encore, n'étant pas dupe, j'ai au moins voté "contre" l'avis. Les personnes censées défendre biodiversité et abeilles, qui n'ont pas rejeté l'avis par incompréhension, ont été encore plus insultées et manipulées, et /
[18/n]

... j'espère qu'elles s'indigneront et demanderont des comptes. Oui @OFBiodiversite, je pense notamment à vous.
Cette mascarade (un Conseil de surveillance manipulé, à qui l'on demande de voter un avis flou sur des protocoles avancés à la hussarde sans débat ni document) /
[19/n]

... et ce passage en force (un "avis" sans valeur puisque sans débat scientifique, invoqué abusivement dans une négociation interministérielle) sont exactement ce qui tue la politique en France. Ne venez pas ensuite vous plaindre.
(Et ça tue la biodiversité aussi !)
[20/20]