Une semaine après la sortie médiatique des Jacob, analysons et revenons en détail sur cette prise de parole. L'analyse à froid, en 12 chapitres.
Thread un peu long à lire à tête reposée ⬇️ (1/25)
Il est évident que cette sortie médiatique a fait l'objet d'une préparation au millimètre par les avocats, en témoignent :
-la mise en scène avec les portraits
-le temps de parole limité à 20min par média (2/25)
-la préparation des questions faite en amont
-les réponses toutes faites des Jacob qu'ils répètent texto aux 3 médias
-les coupes du montage vidéo (3/25)
CHAPITRE 2 : MARCEL COMBATTIF
Marcel a clairement dirigé la défense du couple dans les débats, il quasiment monopolisé la parole, et a su alterner sans relâche les envolées d'indignation et les moments émotion (les rêves de prison, la chemise...etc). (4/25)
Il a parfois interrogé Jacqueline du regard sur les questions qui fâchent, mais son épouse l'a invariablement laissé se débrouiller tout seul. (5/25)
CHAPITRE 3 : JACQUELINE MUTIQUE
Au contraire de Marcel, on a découvert une Jacqueline Jacob vieillie, le regard vitreux, assez diminuée, et percluse de tics (notamment lorsque les questions l'embarrassaient par ailleurs). (6/25)
On l'a très peu entendue, si ce n'est pour marmonner quelques réponses toutes faites "on nous bousille notre fin de vie", et pour couronner le tout, son micro semblait dysfonctionner. Elle laisse l'image d'une personne peu combattive, renfermée, qui va surement la desservir. 7/25
CHAPITRE 4 : LES VOIX
On n'avait pour ainsi dire jamais entendu les voix des Jacob depuis le début de l'affaire, ils avaient toujours soigneusement évité les médias. (8/25)
C'est surtout la voix de Marcel qui a interpellé, car comme nous l'avons rappelé, il a subi dans sa jeunesse une opération à la gorge qui lui a laissé la voix éraillée. La comparaison avec la voix du corbeau est troublante, même si les intonations sont différentes. (9/25)
Mettons à son crédit le fait que, s'il était véritablement le corbeau, il aurait pu se douter que sa sortie médiatique allait être analysée en détail, au risque de se dévoiler. (10/25)
CHAPITRE 5 : UN DISCOURS PRÉPARÉ
Que ce soit avec leurs avocats ou entre eux, il est évident que le discours a été préparé et rôdé à l'avance. A chaque fois que les questions les ont pressés, ils ont systématiquement répondu la même chose. (11/25)
A tel point qu'à un moment (27'42" sur la vidéo de BFM), on les surprend à répondre mot pour mot la même phrase. "Vous savez pourquoi on tient le coup? Parce qu'on a absolument rien à se reprocher"
Idem à 18'23" lorsque le duo répond presque en cœur "100% innocent!" (12/25)
CHAPITRE 6 : L'AUTOCENTRISME PERMANENT
Le discours de défense est totalement autocentré. Cette stratégie revient comme une rengaine à chaque fois que les journalistes posent les bonnes questions. (13/25)
Pour eux, l'indignation et les lamentations sont des portes de sortie systématiques.
"Qu'est-ce qu'ils voulaient savoir en garde à vue?
-on vous donne un cachet pour vous laver les dents, une serviette pour l'hygiène intime" (14/25)
"Est-ce que vous pensez qu'on saura un jour la vérité? Y"a pas de mots, on a bousillé notre fin de vie, 44 ans de boulot..." (15/25)
CHAPITRE 7 : L'ABSENCE D'EMPATHIE
La sensation d'autocentrisme est renforcée par l'absence manifeste d'empathie, que ce soit à l'égard de Grégory, dont il n'est jamais fait mention, ou à celui des parents Villemin. (16/25)
Pas un mot pour espérer la vérité et la justice, pas un sentiment pour les victimes. Une petit phrase comme "on a une pensée pour les parents et on espère que le coupable sera trouvé un jour" ne mangeait pas de pain. (17/25)
CHAPITRE 8 : ILS NE SAVENT RIEN
Il faut être honnête, dans ces interviews, on n'apprend strictement rien. Et on s'en doutait un peu. Car leur stratégie est claire, et Michel Mary l'a bien comprise : "Ils ne savent rien". (18/25)
Tout est beau et rose :
-il n'y a pas de secret de famille
-les jalousies entre les Jacob et les Villemin? pas au courant
-le passé honteux d'Albert ? Inconnu
-Marcel n'a jamais proféré d'insultes à l'encontre de J-Marie
-l'empoignade avec Albert? c'était 3 fois rien. (19/25)
-la connaissance du harcèlement opéré par le corbeau? on en avait vaguement entendu parler.
Il est évident que face à la quantité de témoignages qui prouvent le contraire, Marcel et Jacqueline mentent et minimisent grandement les faits. (20/25)
Lorsque le journaliste lui rappelle que dans la lettre du corbeau, le nom Villemin est mal orthographié, il feint la surprise avec très peu de finesse. Il en est assez mal à l'aide ensuite. (21/25)
CHAPITRE 9 : L'ALIBI
Le couple Jacob confirme sans surprise son alibi : "ils étaient à l'usine". Alibi vérifié pour Marcel, mais en réalité invérifiable, tant l'environnement était permissif sur les allées et venues. (22/25)
Dans le meilleur des cas, son alibi le couvre jusqu'à la fin de la réunion syndicale à 17h, ce qui l'exclut d'avoir pu participer à l'enlèvement, mais nullement d'avoir pu contribuer à la suite. (23/25)
CHAPITRE 10 : LES RECHERCHES
"Pourquoi n'avez-vous pas participé aux recherches?" lance Gaudin. Marcel prétexte qu'il travaillait. Il faut savoir qu'un petit nombre de salariés (24/25)
de la filature d'Aumontzey a pris part aux recherches, armés de lampes torches. Marcel ne semble pas s'en souvenir. (25/25)
Ce passage reste un des plus savoureux de l'interview de Vosges Matin. Ce qui est intéressant, c'est que Marcel n'a pas tenté de nier le fait que les jumelles (1/6)
étaient souvent de sortie sur la table de la salle à manger, fait révélé par sa propre fille Valérie. Il ne peut le contester, alors il préfère évoquer une passion pour le monde animal. Chacun se fera sa propre opinion à ce sujet. (2/6)
Retenons également la défense insensée de Jacqueline " Valérie, elle regardait souvent aussi, c‘est une menteuse. Pas forcément vers la maison. C’est elle qui les avait souvent, les jumelles". En quoi est-ce une menteuse si elle regardait souvent aussi? (3/6)
La sortie médiatique des Jacob, à visage découvert, fait repenser à une anecdote. On a pu voir sur les gros plans la fameuse cicatrice de Marcel, sur le côté droit de son cou. (1/9)
Celle-ci est la conséquence d'une opération à la gorge, à la suite de laquelle il a gardé une voix rauque.Anecdote relatée par @ThibautSolano dans le livre du même nom. Un soir de décembre 82, une échauffourée éclate tard dans la nuit après une banale histoire de circulation(2/9)
Gilbert, le frère de Jean-Marie, et son père Albert, sont aux prises avec Marcel Jacob visiblement éméché. La bagarre est évitée de peu, mais les mots fusent. "T'as beau faire du karaté, je t'éclaterai les couilles" lance Marcel à Jean-Marie. (3/9)
L'interview à venir des Jacob sera inédite : vraisemblablement finement orchestrée par leurs avocats Me Berna et Giuranna, elle témoigne avant tout d'un changement complet de stratégie. (1/11)
En effet, depuis 1984, les époux Jacob se sont toujours efforcés de passer sous les radars, de rester dans l'ombre, en évitant soigneusement les caméras et les micros. Depuis 1984, il n'existe aucun enregistrement audio ou vidéo où on peut les entendre. (2/11)
Inversement, ils ont également tout fait, notamment Marcel, pour rester discrètement au contact de l'enquête:
-via les aller-retour au tribunal avec Marie-Ange Laroche
-en essayant de se porter partie civile pour avoir accès au dossier (3/11)
En premier lieu, le recours à la nouvelle technique de recherche ADN par #parentèle. En général, une trace ADN prélevée sur une scène de crime est comparée à une base de données du FNAEG (Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques). (2/10)
Fichier qui compte aujourd’hui environ plus de 4 millions de profils génétiques. Toutes les personnes condamnés ou contre qui il existe de graves indices concordants sont fichées. Si l'ADN prélevé ne "matche" pas parfaitement à un profil de la base, on fait chou blanc. (3/10)
Le nouveau magistrat en charge de l'enquête aurait procédé à de nouvelles actes d’enquête début décembre. Des auditions de témoins ayant gravité autour des principaux protagonistes en 1984.
Suite à l'annulation du PV de garde à vue de Murielle Bolle, les enquêteurs ont pu reprendre leur travail d'enquête. C'est ce qu’annonçait Me Moser il y a quelques mois. (2/5)
Dans les prochaines semaine, une nouvelle expertise d'écriture sera versée au dossier. Il s'agit d'une analyse de stylométrie, commandée par la juge Barbier auprès d'une société suisse spécialisée dans la lutte contre les plagiats. (3/5)
Il y a quelques jours, France Télévisions a été condamnée pour diffamation publique à l'encontre de Bernard Laroche, au préjudice de Marie-Ange sa veuve et ses enfants. (1/6)
Selon la justice, le reportage "Envoyé spécial" diffusé en juin 2018 présentait Laroche de façon insidieuse comme le corbeau. On y voyait notamment la première graphologue, Marie-Jeanne Berrichon Sedeyn, affirmer ses certitudes sur l'analyse des lettres du corbeau (2/6)
Or, il faut rappeler que les expertises de Mme Berrichon Sedeyn ont été annulées pour vice de forme assez tôt dans l'enquête. Par la suite, 7 experts ayant analysé les lettres ont conclu que Laroche n'en était pas l'auteur. (3/6)