Thread by @DocteurGonzo4

🔻#Thread L’immigration italienne en France : plus d’un siècle de racisme, de rejet et de violences jusqu’à l’arrivée d’une altérité plus marquée : les immigrés venus d’Afrique et d’Asie à partir des années 1960.

En 1861 naît l’Italie moderne qui brise le système féodal. Mais les riches propriétaires terriens plutôt que d'améliorer leurs terres, préfèrent en acquérir de nouvelles ou investir en titre, ce qui appauvrit la population et provoque des dizaines de milliers de cas de pellagre.

Entre 1860 et 1960, 26 millions d'italiens sont venus s’installer en France.

Entre 1876 et 1900 on dénombre déjà plus de 220.000 départs annuels d’Italiens qui fuient la pauvreté.

De 1900 à 1915, ce sont plus de 8 millions d’Italiens qui quittent le royaume

Avec les États-Unis et l'Argentine, la France fut l'une des principales destinations des italiens. La France a besoin pour soutenir son développement industriel et colonial d'une main d'œuvre importante, les italiens y viennent travailler dans l'agriculture ou dans les usines.

Agriculteurs, ouvriers, maçons, mineurs... les travailleurs italiens sont surexploités et acceptent les taches les plus rudes et des salaires dérisoires. Ils participaient au développement économique du pays non sans subir la violence du racisme et des préjugés.

Les vêpres marseillaises : en 1881, des émeutes anti-italiennes éclatent à Marseille, elles font trois morts et 23 blessés côté italien.

A l'époque, une importante communauté italienne vit à Marseille : 57.900 Italiens sur 360.000 habitants (16% de la population phocéenne). Des ouvriers, souvent journaliers, venus chercher en France un travail qu'ils ne trouvent pas dans leur pays.

Très pauvres, ils sont plutôt mal perçus par la population locale, qui voit parfois en eux des rivaux dans la lutte pour l'emploi. La présence pourtant très minoritaire, parmi ces immigrés, d'anarchistes, n'améliore pas leur réputation.

Le fait qu’ils partagent la même religion n’était pas un facteur d’intégration. D’ailleurs, à la fin du XIXème siècle, la France urbaine était sécularisée. On considérait leur religiosité comme archaïque. Par exemple, la pratique des processions contribuait à les stigmatiser.

La haine des italiens atteint son paroxysme le 17 août 1893, lors de la tragédie d'Aigues-Mortes lorsqu'une altercation entre travailleurs français et italiens tourna au massacre, avec une foule excitée poursuivant les italiens. Il y eut 8 morts et 50 blessés.

La presse étrangère (en particulier italienne) prend le parti des ouvriers Italiens.

Au final, le procès de cette tragédie prononce l'acquittement général, alors que 16 inculpés français ont clairement été désigné coupable des faits.

La foule organise donc régulièrement des chasses aux Italiens en toute impunité, en 1881, en 1893 ou encore en 1894 à Lyon, après l'assassinat de Sadi Carnot par Sante Geronimo Caserio.

Le Président de la République française Sadi Carnot était l'une des cibles du mouvement anarchiste, notamment parce qu’il a refusé la grâce de Ravachol et d'Auguste Vaillant.

https://twitter.com/docteurgonzo4/status/1212147422698319872

Le 24 juin 1894, Sadi Carnot reçoit un coup de poignard mortel de Sante Geronimo Caserio, alors qu'il quitte un banquet organisé à la Chambre de commerce à l'occasion de l'exposition universelle, internationale et coloniale à Lyon.

Pour rappel sur ce genre d’événement :

https://twitter.com/GonzoOff/status/1305731544665985025

On criait: « Le Président de la République vient d’être victime d’un attentat! II a été frappé d’un coup de poignard! »

Dans les jours qui suivent, des boutiques appartenant à des Italiens sont attaquées à Lyon, saccagées, dévalisées... atelier-histoire.ens-lyon.fr/AtelierHistoir…

Le coupable, arrêté sur le coup, répond aux policiers dans un très mauvais français. Il déclare qu’il est d’origine italienne, qu’il a 22 ans, habite Sète depuis 6 mois et n’est à Lyon que depuis le matin même.

On trouve sur lui un livret d’ouvrier dans lequel il est dit qu’il est né à Monte-Visconti, province de Milan. Impossible d’en tirer autre chose : il dit qu’il ne parlera plus que devant la cour d’assises. Sante Geronimo Caserio est guillotiné le 16 août suivant.

Cet assassinat est suivi du vote de la loi scélérate du 28 juillet 1894 qui vise directement les anarchistes en les nommant et en leur interdisant tout type de propagande. De nombreux journaux anarchistes comme Le Père peinard, sont interdits.

Durant cette période, les italiens ne sont pas bien acceptés par la population française, ils sont considérés comme des voleurs de travail et des malfrats. On leur donne des surnoms comme les «macaronis» , les «ritals» ou encore les «pipis».

Les enfants italiens subissent aussi le racisme, les insultes, les bagarres de la part des enfants mais aussi des autres parents.

François Cavanna, écrivain et journaliste français d'origine italienne, raconte dans son autobiographie les insultes qu'il subissait au quotidien.

« Les Ritals, vous êtes bons qu'à jouer de la mandoline »

« Dans votre pays de paumés, on crève de faim, alors vous êtes bien contents de venir bouffer le pain des français !»

F. CAVANNA, Les Ritals, Paris, 1978

Pendant l'entre-deux guerres, les italiens fuient Mussolini et le fascisme. Puis, des années 50 au début des années 60, des italiens viennent s'installer, mais ils sont moins nombreux qu’avant : c'est la dernière vague d'immigration italienne en France.

En extrapolant à partir des 25 millions d'habitants de l'Italie à l'époque de l'unification du pays, la fécondité et la mortalité, la population italienne aurait dû atteindre 65 millions en 1970 alors qu'elle n'était, en raison de l'émigration du XXe siècle, que de 54 millions.

Aujourd'hui les immigrés et descendants d’immigrés italiens sont considérés par tous à l’égal des français mais l’Histoire montre que ça n'a pas toujours été le cas. Violences, racismes, préjugés contre des gens qui venaient, pour la plupart, travailler et échapper à la pauvreté.

Les migrants d’aujourd’hui, venus d’Afrique et d’Asie, sont vus d'un mauvais œil par certains français qui, par contre, se délectent devant des médias financés par des colonialistes et des marchands de mort tels Bouygues, Bolloré ou Safa.

https://twitter.com/DocteurGonzo4/status/1345562314234335236