Une explication plus détaillée de la raison pour laquelle les séquences de génomes de virus Ebola responsables de l'épidémie actuelle en Guinée inquiètent :
Contexte : il y a 2 épidémies d'Ebola en cours, toutes deux détectées en février, a priori très rapidement vu le nombre de cas relativement faible. Des moyens sont mobilisés depuis pour suivre efficacement les contacts et vacciner largement (oui, on a des vaccins contre Ebola).
Ces épidémies sont pour l'instant localisées en RDC et en Guinée, des pays ayant déjà dû lutter contre ce virus et qui ne partent pas du tout de zéro.
On sait depuis un moment que le virus Ebola peut persister assez longtemps chez certains survivants.
Ça peut générer des rebonds épidémiques alors qu'on pensait être tirés d'affaire. Le cas considéré comme le premier de l'actuelle épidémie actuelle en RDC est d'ailleurs la femme d'un survivant (la dernière épidémie là-bas s'est terminée en novembre 2020, c'est pas vieux).
Les données qui viennent de sortir concernent l'épidémie en Guinée, dont le départ est moins bien compris. L'analyse des génomes des virus impliqués montre qu'ils ressemblent énormément à ceux de la précédente épidémie.
Le hic c'est qu'en Guinée, ça remonte à cinq ans.
Et c'est la première mauvaise nouvelle. Qu'un virus persiste pendant des mois chez des porteurs asymptomatiques mais contagieux c'est une chose. Et ça avait déjà été reporté à environ 500 jours, pour Ebola. ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/P… Qu'il persiste 5 ans, c'est le cran au-dessus
On n'a pas formellement démontré que cette nouvelle épidémie a été causée par un survivant de la précédente, mais la proximité des génomes est très forte.
En fait, et c'est la deuxième mauvaise nouvelle, ces génomes sont même étonnamment proches, vu la durée écoulée.
En gros on se serait attendus à une centaine de mutations par rapport à la souche d'il y a 5 ans, et il n'y en a qu'une dizaine.
Or, découvrir un truc surprenant c'est intéressant pour les virologues, mais quand on parle d'Ebola, tout le monde préfère comprendre ce qui se passe.
Est-ce que le virus peut vraiment persister aussi longtemps ? Si oui à quel point c'est fréquent ? Est-ce qu'il y a eu des petites chaînes de transmissions asymptomatiques non détectées ? Qu'est-ce qu'on peut faire pour éviter des reprises d'épidémies dues à ça ?
On ne sait pas.
A cette incertitude malvenue s'ajoute un autre problème : cette découverte risque d’aggraver la stigmatisation des survivants des précédentes épidémies. Parce qu'en fait survivre à Ebola, c'est pas la fête.
D'une part parce qu'en général ça veut dire qu'on a perdu des proches (le virus est contagieux et très mortel, il est rare que tous les membres d'un foyer s'en tirent). D'autre part parce qu'il peut il y avoir des symptômes persistants.
Plus la stigmatisation, donc.
Il y en a déjà, d'après ce que j'ai pu lire (ce n'est pas du tout mon domaine). Mais si les survivants commencent à être considérés comme des sources de contamination en puissance, ça ne va pas s'arranger...
Comprendre ce qui se passe est donc aussi important pour permettre une information et des mesures de prévention adaptées, limitant les départs d'épidémies mais n'empêchant pas les survivants des précédentes de vivre.
(Ebola se transmet par les fluides corporels, ça se maîtrise.)
Voilà, c'est une nouvelle qui inquiète les virologues et les personnes sur le terrain ou directement concernées. Mais a priori ça ne devrait pas empêcher les personnes qui lisent ce tweet de dormir.
Et de toutes façons, il vaut mieux se réjouir d'avoir repéré le truc.
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Quelques chiffres tirés du rapport She figures de la commission européenne nous sont présentés par @Coni777 : c'est pas brillant.
Remarque pertinente sur la question des role models : les femmes scientifiques présentées sont souvent exceptionnelles.
Du coup il est difficile de s'identifier à elles et de se dire que soi, personne normale, on peut faire la même chose.
Il faut présenter des profils + variés.
Petit thread qui me parait important. Je ne comprends pas pourquoi aucun journaliste ne s'est emparé de cette question.
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La publication sans délai des rapports du conseil scientifique est rendue obligatoire par l'article L. 3131-19 du code de la santé publique, qui s'applique en cas d'état d'urgence sanitaire.
Et nous sommes en plein dedans, il vient même d'être prolongé jusqu'à juin 2021.
Du coup il y a deux explications possibles à cette absence de publication :
1⃣ Aucun rapport n'a été rendu depuis mi-janvier, alors qu'on est dans une période charnière où les décisions politiques sont régulièrement réajustées. Ce qui me paraitrait inquiétant.
Le rapport du 13 janvier du conseil scientifique revient sur :
- les différents variants et leurs circulations en France
- la campagne de vaccination
- les mesures conseillées solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis_c…
Il y a toute une partie sur les données d'efficacité du couvre-feu (p21).
Il est regrettable que ce rapport non modifié depuis le 13 n'ait pas été en ligne hier au moment des annonces du gouvernement et qu'il n'apparaisse toujours pas sur la page internet centralisant les rapports du conseil scientifique : solidarites-sante.gouv.fr/actualites/pre…
La stratégie du couvre-feu à 18h est la plus légère parmi celles proposées par le conseil scientifique, qui insistait aussi sur l'importance du télétravail et la limite des déplacements inter-régionaux.
En attendant d'avoir le temps de centraliser proprement les informations du jour, récap en un tweet : le nouveau variant du corona est très certainement plus contagieux mais non, le profil d'âge des personnes infectées n'a pas l'air d'avoir changé.
Ça reste une mauvaise nouvelle.
Si vous voulez éplucher les infos tout de suite, parcourez les tweets que j'ai aimés (twitter.com/SciTania/likes), c'est là que je range ce que je repère pendant ma veille avant de faire le tri.
Bon, j'ai fini ma biblio et je maintiens mon tweet.
Les données sur les tranches d'âges sont particulièrement bordéliques et c'est peu surprenant : ce sont des remontées de terrain, pas des manips bien conçues pour éliminer les facteurs de confusion.
Dimanche dernier, j'ai publié un article (destiné aux personnes produisant des contenus pédagogiques) pour expliquer pourquoi il me parait malvenu de marteler qu'il est *impossible* que les ARNm des vaccins modifient nos génomes. tanialouis.fr/2020/12/27/le-…
Précisions ci-dessous⏬
Cet article a finalement touché un public plus large et a généré beaucoup de questions et quelques incompréhensions. Je voulais clarifier certains points une bonne fois pour toutes et après on s'arrête-là.
Inutile de me mentionner dès que vous voyez un truc sur le sujet, svp.
Oui, il existe des mécanismes dans nos cellules qui font que des ARNm peuvent potentiellement, dans un mauvais concours de circonstances, être rétrotranscrits et finir par se retrouver dans le génome.
C'est rare, ok, mais à quel point ?
Tout le monde a envie de profiter des fêtes de fin d'année pour revoir ses proches et les annonces d'hier soir ont manifestement déjà déclenché une ruée sur les billets de train.
Au lieu de m'angoisser, autant partager quelques conseils qui me paraissent pertinents. 🔽
Notes préliminaires :
- j'ai bloqué les réponses parce que je n'ai pas envie de gérer trouzemille notifications.
- dans l'absolu il est beaucoup trop tôt pour organiser les fêtes de fin d'année, il faudra voir la situation de l'épidémie à ce moment-là.
Si vous avez la flemme de lire ce thread, prenez au moins le temps de lire cet article @AdiosCoronaFR sur comment retrouver ses proches pendant les vacances en minimisant les risques : adioscorona.org/questions-repo…