Nous sommes aujourd'hui le 15/03.

C'est pour moi un anniversaire très spécial. Les trois semaines de fin février et début mars m'ont dévasté psychologiquement. Finalement, ce soir-là, j'ai écrit le fil ci-dessous, qui reste mon tweet épinglé.

Un très long fil, un an après⬇️
Je m'étais épuisé au près de ma hiérarchie, de mes collègues et de mes connaissances à signaler la gravité de l'épidémie, la nécessité de confiner au plus tôt si nous ne voulions pas vivre la même chose que le Hubei, puis la même chose que l'Italie du nord, sans effet.
En me relisant un an après, je ne trouve malheureusement pas grand chose à modifier. Pendant quelques mois, je me suis trouvé pessimiste avec ma prédiction de 100000 morts au final. Nous avançons inexorablement vers ce seuil.
La même angoisse irrépressible s'est emparée de moi fin août, et pour les mêmes raisons, puis encore fin décembre, avec l'arrivée de #B117. Et à chaque fois la catastrophe est venue, exactement comme chacun pouvait le voir. Je ne sais pas comment font les soignants pour tenir.
Dans ce fil de l'an dernier, sur ce compte, j'ai essayé maladroitement de faire passer deux idées. Je tente une nouvelle fois. J'aimerais tellement réussir à les transmettre.
La première est qu'il n'y a plus de sens à parler de politique - de gouvernement mutuel de la cité - au sens usuel après ce que nous avons vécu.
Nos dirigeants ont démontré 4 fois en l'espace de 12 mois qu'ils mettent leurs options politiques et la certitude qu'ils ont de leur valeur au-dessus de la vie et de la santé de centaines de milliers des nôtres. On ne négocie pas avec un tel pouvoir : on y adhère ou on le combat.
"S'ils avaient la moindre once de respect pour les charge qu'ils occupent, ils démissionneraient dès la crise passée. S'ils ne le font pas, et ils ne le feront pas, nous devons tout faire pour les en chasser."

Tout faire pour les en chasser.

Le gouvernement, à commencer par Emmanuel Macron, et ses parasites médiatiques sont directement responsables de 80000 des 90000 morts que nous comptons, mais nous avons aussi une responsabilité écrasante devant nous, dont nous ne pouvons nous défausser.
Nous avons la responsabilité de reconstruire ce qui s'est effondré par leur faute. À commencer bien sûr par notre système de santé. C'était déjà une évidence avant, je ne sais plus quels mots employer maintenant pour exprimer ma certitude.

J'aimerais tellement qu'une clameur collective monte de tous ceux qui voient le saccage de nos vies, pour réclamer que ceux qui ont tout fait pour nous sauver et nous protéger reçoivent enfin tout ce qu'ils ont jamais demandé : les moyens de faire leur métier.
La seconde est que le vice central du pouvoir d'Emmanuel Macron ne tient ni à l'incompétence propre de ses agents, ni même à leurs objectifs politiques en eux-mêmes.
Le principe structurant de ce pouvoir, c'est l'institution de leur propre point de vue comme dominant hiérarchiquement tous les autres : ce que pense, veut ou fait Emmanuel Macron est devenu par définition la norme du vrai, du bon et du succès.
L'expression d'un point de vue mettant en cause le leur est une division extrémiste de la République ; la description d'une politique alternative, un réflexe partisan de ceux qui critiquent au lieu d'aider.

Fonctionner ainsi, c'est presque par définition construire sa propre bulle cognitive, c'est se contraindre tout d'abord à l'ignorance, au déni de la réalité la plus évidente et finalement à l'anéantissement systématisé du lien entre le langage et la réalité.
Trois stades que l'on pourrait appeler respectivement le stade Ndiaye.

vie-publique.fr/discours/27487…
Le pouvoir LREM ne s'est pas enfermé dans sa propre bulle cognitive par hasard. C'est là la résultante d'un processus social, qui a permis à un groupe social de se séparer du reste de la société, de vivre en insularité cognitive, avec ses propres références, ses propres valeurs.
Et sa propre logique tautologique : nous détenons le pouvoir, en particulier le pouvoir de faire et d'empêcher de faire. Nous sommes donc les arbitres ultimes distribuant ou déniant l'existence. Ce que nous faisons est donc le bien. Les critiques sont donc le mal.
J'aimerais exagérer, mais cherchez une voix discordante LREM, une prise de parole qui reconnaisse la possibilité a priori d'une critique valide de l'action d'Emmanuel Macron. Déjà, il y a un an, et toujours un an après.

Cette logique hiérarchique est radicalement incompatible avec la pratique démocratique. Depuis quelques mois, nous voyons qu'elle l'est même avec les principes démocratiques élémentaires : la liberté d'association, d'expression et d'opinion, ou la tenue régulière d'élections.
Là encore notre responsabilité est écrasante. Nous devons reconstruire les conditions sociales d'expression d'une autre logique. Cela me paraît une tâche vitale : la condition pour que notre corps social puisse mitiger les inégalités qui le traversent, pour enfin qu'il réagisse
aux crises qui le menacent : non seulement l'épidémie, mais aussi la destruction environnementale et le dérèglement climatique. Quelle est cette autre logique ?
La "substitution aux anciens rapports hiérarchiques de dominations et de soumissions d'un nouveau type de lien social fondé sur la symétrie, la réversibilité, la réciprocité entre citoyens" comme l'écrivait Jean-Pierre Vernant.
La logique qui fait des entités sociales et mentales des entités qui ne se distinguent en principe plus entre elles par des caractères particulier et qui sont donc également interchangeables, comme l'écrivait Cassirer.

Ou bien cette reconstruction de la société, ou bien la catastrophe. Encore.
Tirons les leçons de la destruction systématique des instruments de délibération et de solidarité collective, de tout ce qui ne se fait pas pendant quelques années pour un profit immédiat avant de saisir une opportunité plus lucrative. Et opposons notre projet.
Une vie décente, l'éducation, la justice, la santé pour tous. La recherche pour elle-même. La démocratie comme principe permanent. L'égalité comme horizon.
Il y a un an, je concluais ainsi. Cette conclusion me semble terriblement d'actualité.

Restez chez vous, prenez soin de vous, soyez vigilants et portez vous bien. Dans les jours qui viennent, un monde va s'effondrer sous nos yeux. Nous en avons un à reconstruire.

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J'ai raté cet anniversaire, et pourtant...

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Le contexte : le 07/03, nous savons maintenant qu'Emmanuel Macron est au courant depuis déjà dix jours des éléments suivants, qui lui ont été transmis par son conseil scientifique et par la cellule de crise :
-L'épidémie est en croissance exponentielle en France.
-Si on la laisse circuler, elle causera entre 100000 et 500000 morts.
-Il n'y pas assez de masques, même pour les soignants.

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9 Mar
This is fascinating... and highly reminiscent of the phenomenon of omnivorous agreement (in the sense of Nevins), as for instance number agreement in Georgian, and even more so of omnivorous person agreement in Kichean (Mayan family) as studied for instance by Omer Preminger (P).
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Ce jour-là, un conseil des ministres exceptionnels consacré à l'épidémie de #Covid_19 est organisé à l'Élysée.

Que savions-nous le 29/02/20 ?
Tout d'abord, sur le strict plan scientifique, le 29/02 on connaît (imparfaitement par manque de transparence de la Chine) l'évolution de l'épidémie dans le Hubei (58 millions d'habitants) et parfaitement l'évolution de l'épidémie en Corée du Sud, en Italie et dans l'Oise.
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Très bien, je vais donc regarder ce que vous faites.

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