Nous sommes aujourd'hui le 01/03. Il y a 365 jours, nous étions donc le 29/02, une date dont nous sommes nombreux à nous souvenir.
Ce jour-là, un conseil des ministres exceptionnels consacré à l'épidémie de #Covid_19 est organisé à l'Élysée.
Que savions-nous le 29/02/20 ?
Tout d'abord, sur le strict plan scientifique, le 29/02 on connaît (imparfaitement par manque de transparence de la Chine) l'évolution de l'épidémie dans le Hubei (58 millions d'habitants) et parfaitement l'évolution de l'épidémie en Corée du Sud, en Italie et dans l'Oise.
En Corée, on est passé de 1 nouveau cas détecté le 18 à près de 600 le 29. En Italie, 17 cas le 21 ; >200 le 29. En France, 3 nouveaux cas le 26 ; 16 le 29.
Tout indique ce que les études épidémiologiques avaient identifié dès fin janvier : le R0 de Sars-CoV-2 est supérieur à 3.
Étant donné le cycle viral de Sars-CoV-2, le nombre de cas, et par conséquent d'hospitalisations, de réanimations et de décès double donc sans réaction tous les 3 à 4 jours.
Avec un taux de létalité de 0,5% et un taux de réanimation de 1%, les données sont là : l'épidémie, si on la laisse circuler sans mesure particulière, anéantira les capacités hospitalières françaises en quelques semaines et provoquera des centaines de milliers de morts.
D'après l'enquête en bande-dessinée Patient Zéro, Emmanuel Macron en a été informé la semaine précédente en conseil scientifique, avec une estimation à 300 000 morts.
Tout cela était connu de tous (par exemple apparaissait sur Wikipedia). Voilà par exemple ce que j'écrivais ici le 28/02 (et j'étais loin d'être en pointe).
Il y avait d'autres choses qui étaient connues du Conseil des Ministres le 29/02, mais que le grand public ne connaissait pas encore : la pénurie de masques. Tous les détails sont ci-dessous, mais résumons rapidement :
"Mi-janvier, au début de l’épidémie en Chine, les stocks de masques sont quasi inexistants en France. [...] Ce choix n’est pas celui du gouvernement actuel. En 2013, la ministre de la santé, Marisol Touraine, avait en effet décidé de supprimer les stocks stratégiques de l’État"
Marisol Touraine. Celle donc qui a déclaré à la télévision que les masques étaient inutiles l'avant-veille du Conseil exceptionnel, et dont le cabinet comprend Benjamin Griveaux et Gabriel Attal. Belle performance.
Au lieu de profiter des mois de janvier et février pour reconstituer les stocks, le gouvernement se vante de sa bonne anticipation.
Le 26 février, Olivier Véran déclare que la France n'est pas « en réaction » mais « depuis des semaines dans l’anticipation ».
« Nous avons et nous garderons un temps d’avance », jure-t-il. « Il n’y a pas de sujet de pénurie », insiste de son côté Jérôme Salomon, le DGS.
Au sein de la cellule de crise, le discours est bien différent.
"Dès le départ, on savait que ce serait une gestion de crise liée à la pénurie – de masques, de tests, de respirateurs, de lits de réanimation. À partir de là, vous pouvez anticiper, faire un tas de choses bien – et on en a fait – vous avez perdu la guerre d'entrée"
Le 29/02, l'exécutif connaît donc les informations suivantes :
-L'épidémie circule sur le territoire, en croissance exponentielle. Tous les indicateurs doubleront tous les 3 à 4 jours sans réaction.
-Sans réaction toujours, elle provoquera des centaines de milliers de mort.
-Il y a une pénurie de masques, de respirateurs et de lits en réanimation. La cellule de crise mise en place pour répondre à ce problème patine et constate déjà son propre échec.
-Enfin, en Chine et en Italie, la seule mesure capable d'endiguer l'épidémie une fois la transmission communautaire exponentielle lancée a été le confinement. En janvier en Chine, mi-février en Italie.
La Corée a réussi à contrôler l'épidémie mais au prix d'efforts considérables et via une forme de confinement volontaire dans la ville de Daegu.
Qu'aurait pu faire un gouvernement honnête et responsable ? Constater la gravité de la situation. Reconnaître les limites de son pouvoir d'action. Se donner 3 jours pour préparer un confinement du pays, ou au minimum des grandes aires géographiques où les clusters sont identifiés
Si cela avait été fait, nous aurions confiné au minimum l'Île-de-France, la région Grand Est et la région Rhône-Alpes aux alentours du 4 mars. Peut-être l'ensemble du pays pour supprimer le virus. La première vague, jusqu'à suppression totale, aurait provoqué 4000 morts.
Quant à la durée du confinement, il est évidemment difficile de se prononcer mais sur une base d'une division par 2 tous les 10 jours, on aurait pu tabler sur deux mois de confinement pour une suppression totale.
Mars et avril.
Avec un peu moins de réactivité, ce qui peut éventuellement se comprendre face à une crise si nouvelle, l'exécutif aurait pu décider d'attendre. Constater 30 nouveaux cas le 01/03 et 60 le 02/03. Plusieurs centaines par jour en Italie.
En parfait accord avec une croissance exponentielle avec R bien au-dessus de 2. Dans cette hypothèse prenant en compte la faillibilité humaine, nous aurions confiné le 06/03 au plus tard. La première vague aurait fait entre 6000 et 10000 morts. Déjà une tragédie.
Voici le compte-rendu officiel du Conseil des ministres du 29/02.
Les décisions prises sont un allègement des mesures sanitaires, le rappel que "personne ne doit porter un masque [sans ordonnance]" et qu'acheter des masques "peut créer une pénurie".
L'exécutif sait depuis mi-janvier qu'il n'y a pas de stock et sa propre cellule de crise l'a informé qu'il y aura une pénurie. Mais s'il y en a une, ce sera donc la faute de ceux qui se "précipit[ent] sur les pharmacies pour demander un masque".
Dès le 29/02/2020, un allègement des mesures et s'il y a des problèmes, ce sera de notre faute. Voilà ce qu'ils ont décidé de jour-là.
Très bien, je vais donc regarder ce que vous faites.
Je ne vais même pas parler de votre bilan sur les autoroutes, à Eiffage, à la SNCF, pour EDF ou pour la réforme de l'assurance chômage. Défendre vos intérêts privés et les puissants est sans doute votre conception de la gauche
Je ne parlerai pas non plus de la loi asile et immigration et des bébés de 1 mois enfermés dans des cellules de centre de rétention où la température est de 10°C ⬇️
Je ne dirai rien des vieilles dames algériennes tuées dans leur appartement par un tir de grenade et de la décoration puis de la promotion du chef d'escadron qui commandait l'opération. lemediatv.fr/articles/2020/…
En fait, en écrivant ce message, je me suis rendu compte qu'il clarifiait la distinction que je vois entre Macron (et son monde) et Le Pen (et son monde), et également ce qui les rapproche.
L'objectif de Macron est de défendre la domination d'une poignée d'ultra-riches, dans une période où elle est devenue insoutenable écologiquement et socialement. Pour gouverner dans ce but, il n'a actuellement pas d'autre choix que d'attiser la haine et de semer la division.
Ces derniers jours, de nombreuses personnes se sont abonnées à ce compte. Je leur souhaite la bienvenue.
Et je voudrais vous demander à tous une faveur inhabituelle : lire en entier ce fil sur la série de Hilbert d'une intersection. Jusqu'au bout si vous le voulez bien.
Une série de Hilbert est un des nombreux avatars d'une idée fondamentale en mathématiques, qui remonte à Newton mais dont je pense qu'elle a pris sa place actuelle avec les travaux du grand mathématicien suisse du siècle des Lumières : Leonhard Euler. Quelle est cette idée ?
Cette idée, le principe des séries génératrices, est de prendre une collection infinie d'objets mathématiques - des nombres par ex. - dont on cherche à comprendre les propriétés et à les transformer via un certain dictionnaire en un objet mathématique unique de nature différente.
Puisque je vois ça en même temps que la Une de Libération, je précise qu'en cas de second tour Macron/Le Pen, je n'irai pas voter pour faire barrage au candidat le plus dangereux : jamais de ma vie vous ne réussirez à me convaincre de voter pour Marine Le Pen.
Et pour clarifier si c'est nécessaire :
-Est-ce que je considère que Macron et Le Pen sont indiscernables ? Non.
-Est-ce que je considère que l'idéologie de Macron est intrinsèquement plus dangereuse que celle de Le Pen ? Non.
-Est-ce que je voterais pour Le Pen ? Cf. plus haut.
-Est-ce que je considère que Marine Le Pen n'a pas le potentiel de faire des catastrophes ? Si.
J'estime en revanche qu'elle ferait face à plus d'oppositions (législative, médiatique, économique...) que Macron. C'est ce pouvoir sans limite qui a permis la catastrophe du
Qui se souvient de Céline, née en 1980, devenue enseignante à 22 ans, sans interruption de carrière ni temps partiel et qui part à 65 ans avec une retraite égale à celle du système actuelle (en bénéficiant en plus de la revalorisation massive des enseignants, la veinarde) ?
Qui se souvient de la simulation de carrière d'un chercheur où le passage Directeur de Recherche se faisait à 30 ans (je ne laisserai personne dire que ce n'est pas possible, Arthur Avila était DR à 29) ?
Au fait, j'ai cherché un lien vers les documents originaux.
Je sais que c'est so last monday de parler des menus à la cantine mais j'avais quand même envie de partager la viande du plateau de la cantine de mon lycée.
Et maintenant que vous vous félicitez de ce que l'on ne m'impose pas un menu sans viande, de vous raconter une histoire.
Je vais vous dire un mot du collège de mon fils, et de pourquoi il n'a plus qu'un cours d'histoire-géographie sur trois depuis la dernière modification du protocole sanitaire.
Le prof en question est personne fragile. Depuis le début de l'année, les cours étaient donc en visio.
À l'heure prévue, dans la salle prévue.
Et puis, le protocole "sanitaire" a été modifié et depuis cette semaine, il n'a plus qu'un cours d'histoire-géo sur trois. Pourquoi ? En quoi une modification du protocole sanitaire peut avoir cet effet ?