Ce qui est amusant avec l'étude RTE-AIE sur un système à part élevée de renouvelables, c'est que de nombreux commentateurs l'invoquent pour défendre leur position. Je me demande combien l'ont lue.
Il s'agit d'une étude de faisabilité technique : est-ce que physiquement et techniquement c'est envisageable ?
Ce n'est pas une démonstration de l'intérêt, ni une étude du coût économique et social de faire cela.
Le rapport est très clair là-dessus.
[2/15]
Page 14 : « The report does not address whether those scenarios are socially desirable or appealing, or how much they cost and whether they are financially sustainable. »
[3/15]
Pour prendre une analogie (certes ridicule) ça reviendrait à étudier les conditions techniques de l'envoi de nos déchets sur la lune (il faut des fusées, des pas de tir...).
C'est une analyse essentielle mais insuffisante pour conclure quant à la pertinence de le faire.
[4/15]
Cette étude ne couvre pas la question du coût, des aspects sociaux, ni de la pertinence de le faire. C'est juste pour savoir si on pourrait techniquement le faire et à quelles conditions.
[5/15]
Le rapport en remet une couche plus loin (toujours page 14) : « Even if one or more scenarios may appear
technically feasible, any conclusions on their socio-economic desirability would thus require further analysis. »
[6/15]
Et précise qu'il ne compare pas ces scénarios avec d'autres (sous-entendu avec moins de renouvelables et plus de nucléaire).
Ce rapport ne permettra donc pas de conclure sur le fait que d'autres scénarios peuvent ou non être plus optimaux.
[7/15]
Page 14 : « Moreover, the report does not compare high renewables scenarios with others, either technically or economically. »
[8/15]
Concernant la faisabilité, le rapport n'est pas très optimiste.
P 17 "From a technical point of view, four main issues would prove challenging in transitioning to very high shares of variable renewable energy sources in a large
electricity system like France’s."
[9/15]
Il mentionne page 20 le besoin de « A considerable amount of demand-side flexibility. » (en gros savoir consommer quand il y a du courant).
La flexibilité est un levier important, mais qui n'est pas anodin à actionner, surtout à large échelle (« considerable »).
[10/15]
Page 21 le rapport précise que « the environmental footprint of deploying these flexibility resources – on land use and critical materials – must be considered. »
(Référence aux matériaux pour batteries et électrolyseurs, etc.)
[11/15]
Page 25, les aspects d'emprise au sol et d'acceptabilité sont mentionnés « A power system with very high shares of renewables would mean a bigger footprint for grids (as well as generation units), and local resistance to grid reinforcement is sometimes already high »
[12/15]
Page 25 toujours, le rapport parle d'un besoin de renforcement « fondamental » du réseau (le qualificatif n'est pas neutre).
« Beyond 2030, fundamental grid expansion, reinforcement and restructuring will be needed to reach high shares of renewables. »
[13/15]
Bref, cette étude (très intéressante) est à lire avec attention et on ne doit pas lui faire dire ce qu'elle ne dit pas.
Elle n'étudie pas les aspects économiques et sociaux (ça viendra plus tard).
[14/15]
Elle ne compare pas non plus les scénarios à forte part d'EnR avec d'autres.
Elle dit juste que des scénarios à forte part d'énergies renouvelables sont envisageables du seul point de vue technique sous certaines conditions non triviales (« challenging » page 17).
[15/15]
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Il est tout à fait positif que la production de biométhane (issu de méthanisation) ↗️ en France, car il peut se substituer à des carburants fossiles.
Cependant, l'utiliser pour produire de l'électricité n'est probablement pas le meilleur usage qu'on puisse en faire.
[1/5]
Des alternatives bas carbone existent pour produire de l'électricité (nucléaire, hydraulique, éolien, PV...) tandis que certaines conso énergétiques nécessiteront durablement des combustibles, notamment dans l'industrie et la mobilité lourde (navires, bus, camions...).
[2/5]
Certes le plus simple quand on produit du biométhane est de l'utiliser dans des applications actuellement servies par du gaz fossile.
Cependant, atteindre la neutralité carbone impose d'adopter une approche systémique.
Il reste 2 centrales à charbon en 🇫🇷 : Saint-Avold exploitée par Gazel Energie, qui devrait bientôt fermer, et Cordemais, exploitée par EDF, qui pourrait bénéficier d'un sursis pour stabiliser le réseau normand moyennant une conversion à la biomasse (projet Ecocombust).
[2/5]
La France touche donc à la fin de sa sortie du charbon et c'est très bien. C'est très bien... mais ce n'est qu'une petite partie du sujet et ça ne suffit pas à rendre la France "vertueuse" sur le plan du #climat.
Si on suppose (hypothèse arbitraire) que ce gisement produira 500 000 b/j, il sera épuisé en 3-4 ans (c'est sans tenir compte des taux de récupération qui ne sont pas de 100%).
[2/4]
En attendant, Pemex, la compagnie pétrolière nationale mexicaine, a vu ses extractions décliner de 1,8 Mb/j depuis 2004 (ses extractions étaient de 3,4 Mb/j en 2004 et sont de 1,6 Mb/j aujourd'hui...).
L’uranium étant une forme d’énergie très concentrée, le coût du combustible compte peu dans le coût de l’électricité nucléaire.
[2/X]
@mbompard@LaurentGarnier_@montebourg Ainsi, la Cour de comptes évaluait en 2014 à 60 €/MWh le coût de production de l’électricité nucléaire, au sein duquel elle évalue à 5,7 €/MWh (soit 10%) le coût du combustible.
Shell, l'une des principales majors pétrolières au monde, annonce avoir passé son pic d'extraction de #pétrole et estime le déclin à venir à 1 ou 2% par an.
Cette annonce s'inscrit dans un contexte plus large. Les découvertes de #pétrole conventionnel déclinent depuis les années 60-70 et sont inférieures aux extractions depuis les années 80.
[2/6]
Les compagnies pétrolières privées ont donc le plus grand mal à renouveler leurs réserves, d'autant que l'instabilité du prix du pétrole rend risqué tout investissement dans des gisements particulièrement chers à exploiter.
Si certain(e)s en doutaient, la France n'extrait quasiment plus de matières fossiles sur son territoire, à l'exception d'un peu de pétrole, notamment dans le bassin parisien et aquitain (et encore, ça représente 1% du pétrole consommé dans l'Hexagone...).
[1/7]
Graphique : SDES
Cette situation n'empêche pas la France de continuer à consommer beaucoup de combustibles fossiles (importés).