[FIL] Exemple typique de confusion persistante, chez les journalistes, entre la question des armes autonomes et celle - différente - des drones armés. lemonde.fr/international/…
Cet article de @lemondefr sur l'avis du Comité d'éthique de la défense sur les armes autonomes, qui vient d'être rendu public, porte en réalité sur la "question de l’usage de drones armés" et est illustré par une photo de MQ-9 Reaper français.
Or, les drones armés utilisés aujourd'hui tels que le Reaper ne sont ni des systèmes d'armes létaux autonomes (SALA), ni intégrant de l'autonomie (SALIA) : en clair, ils ne détectent ni n'engagent pas leurs cibles tout seuls. C'est toujours l'humain qui le fait.
Certains drones ont des fonctions automatisées - ils peuvent décoller et atterrir tout seuls - mais elles concernent la navigation, pas le choix de la cible et le tir. Or, c'est bien de cela qu'il s'agit lorsque l'on parle des SALA/SALIA, à divers degrés. janes.com/defence-news/n…
Cette confusion entre les drones et les armes plus ou moins autonomes (SALA/SALIA) est récurrente : d'un côté, les articles sur les drones armés dérivent vers les armes autonomes (comme je le dénonce régulièrement, là
de l'autre, les articles sur les armes autonomes dérivent vers les drones armés - comme je le relevais en 2014 dans @Pol_Etrangere, parce qu'à l'époque la confusion était courante (et entretenue notamment par le Pakistan) dans le débat onusien sur les SALA cairn.info/revue-politiqu…
Le débat onusien a progressé de ce point de vue, les ONG aussi : il est désormais plus rare de confondre les drones existants avec les armes +/- autonomes qui pourraient exister demain. Ce qui rend la confusion d'autant plus regrettable lorsqu'elle est entretenue dans les médias.
[EPILOGUE] Une heure seulement après ce fil, Le Monde corrigeait son article, manifestant une belle réactivité et un rare professionnalisme.
[FIL] Guerres et #terrorisme, épisode 4. Le débat sur les causes du terrorisme se poursuit @lobs@BibliObs. Nous répondons à la tribune mobilisant "des études" pour faire croire à un lien de causalité entre interventions militaires et attentats terroristes nouvelobs.com/bibliobs/20201…
1/ Passons sur les attaques ad hominem nous reprochant d’être tous "affiliés ou proche de l’Ecole militaire", ce qui est faux en plus d’être ignorant (l’EM est un lieu, pas un établissement), et nous comparant à G. W. Bush (reductio ad Bushum, sophisme de la mauvaise compagnie).
[FIL] Régulièrement, comme hier dans Mediapart, on tente de créer un "débat" sur les #drones armés en France. Si ça ne prend jamais, ce n’est pas parce qu’il est "confisqué", mais parce qu’il repose sur au moins quatre prémisses erronées. mediapart.fr/journal/intern…
1) D’abord, la prémisse que, si les Français ne se révoltent pas, c'est simplement parce qu'ils ne savent pas. En 2013 déjà, Grégoire Chamayou s’étonnait que la décision française d’acheter des drones américains n’ait pas "déclenché un tollé". telerama.fr/monde/un-drone…
Il faut dire que, pour lui, acheter des drones américains était comparable à "importer en France les méthodes de torture de la CIA". D’où sa surprise. Et la seule explication qu’il y trouvait était que "l'opinion publique française est mal informée sur la question des drones".
[FIL] Le risque d’une pandémie avait bien été anticipé, parfois très précisément, par les prospectivistes des 15 dernières années, alertés par l’épidémie de SRAS (2002-3).
1/ En 2004, le National Intelligence Council (NIC) américain anticipe qu’en 2020 seules deux choses pourraient stopper la globalisation (et non pas seulement la ralentir) : une guerre mondiale ou une pandémie.
2/ En 2008, le NIC anticipe pour 2025 "l’émergence d’une maladie respiratoire virulente, nouvelle et hautement contagieuse pour laquelle il n’y aurait pas de traitement et qui pourrait initier une pandémie globale".
[FIL] Quelques commentaires sur cet excellent papier de @piosmo qui pose les bonnes questions : "jusqu’où la bascule doit-elle aller ? Le contraire de l’ingérence est-il la froide indifférence ?". lemonde.fr/idees/article/…
1/ Je ne pense pas qu’@EmmanuelMacron partage avec le président russe une vision selon laquelle "la question des valeurs s’efface au profit de la souveraineté". Ce qu’il dénonce est d’avoir voulu "imposer" nos valeurs, pas de les avoir tout court ou de les défendre.
2/ Il y a depuis toujours en politique étrangère une tension entre valeurs et intérêts et la question n’est pas de renoncer à l’un au profit de l’autre mais au contraire de trouver le point d’équilibre permettant de défendre les deux.
[FIL] Utiles rappels de @GerardAraud sur la #Libye (2011) dans son livre (p. 232-7). 1/ La résolution 1973 du CSNU autorisant l’intervention a bénéficié du soutien de la Ligue arabe via le Liban, prouvant au passage "que l’affaire n’était pas un ‘complot occidental’".
Elle a aussi bénéficié du ressentiment que Kadhafi suscitait en Afrique où "il n’y avait pas un Etat qui n’ait eu à déplorer ses ingérences", et du contexte des Printemps arabes faisant "qu’aucun pays ne voulait se retrouver du mauvais côté, celui des dictateurs en fuite".
2/ La proposition franco-britannique initiale ne demandait pas de "recourir à tous les moyens nécessaires". C’est la volte-face américaine qui a rendu le texte plus robuste, Washington ayant conditionné son soutien à la non-ambiguïté sur l’autorisation de recours à la force.
[FIL] Pourquoi est-il important de ne pas laisser dire qu’après (seulement) "les Etats-Unis, le Royaume-Uni et Israël" la France avait armé ses drones ? Pas seulement parce que c’est faux. Le problème n’est pas de savoir si la France est le 4e, le 16e ou le 35e Etat à le faire.
Le problème est qu’en ne citant que ces trois Etats on alimente le préjugé répandu selon lequel le drone est une arme "occidentale" par nature, "l’arme d’une violence postcoloniale" comme disait déjà Chamayou en 2013 dans un livre idéologique : laviedesidees.fr/Ideologie-du-d…
Ce faisant, on oublie qu’une quinzaine d’Etats ont des drones armés, et parmi eux des pays arabes, africains, asiatiques, qui bien souvent achètent des drones chinois. L’armement du drone est un phénomène global et la Chine est le premier "proliférateur". nationalinterest.org/blog/buzz/real…