[FIL] Utiles rappels de @GerardAraud sur la #Libye (2011) dans son livre (p. 232-7). 1/ La résolution 1973 du CSNU autorisant l’intervention a bénéficié du soutien de la Ligue arabe via le Liban, prouvant au passage "que l’affaire n’était pas un ‘complot occidental’". 
Elle a aussi bénéficié du ressentiment que Kadhafi suscitait en Afrique où "il n’y avait pas un Etat qui n’ait eu à déplorer ses ingérences", et du contexte des Printemps arabes faisant "qu’aucun pays ne voulait se retrouver du mauvais côté, celui des dictateurs en fuite".
2/ La proposition franco-britannique initiale ne demandait pas de "recourir à tous les moyens nécessaires". C’est la volte-face américaine qui a rendu le texte plus robuste, Washington ayant conditionné son soutien à la non-ambiguïté sur l’autorisation de recours à la force.
3/ Le Russe a laissé faire, n’ayant "visiblement pas instruction de s’y opposer", comme la Chine. Inde et Brésil ont suivi. Tous, avec "au dernier moment" l’Allemagne, se sont abstenus.
4/ Après l’intervention, "la Libye sembla sur la voie d’une reconstruction pacifique avec des élections générales réussies et le maintien de la paix civile". Ce n’est qu’ensuite que les troubles éclatèrent.
5/ Ce n’est pas la communauté internationale qui a été indifférente, mais les Libyens eux-mêmes qui ont refusé "la notion même d’une force de maintien de la paix de l’ONU".
6/ Finalement, n’était-ce pas mieux avec Kadhafi ? La réponse d’Araud "en tant qu’Européen" "serait sans doute qu'il servait les intérêts de notre continent mieux que l’instabilité actuelle ; aux Libyens de répondre en ce qui les concerne".
(mon commentaire) Impossible à dire (contrefactuel) car il faudrait comparer la situation actuelle avec ce que le pays serait devenu si l’on avait laissé la guerre se développer sans intervenir (alors que les troupes de Kadhafi pénétraient dans les faubourgs de Benghazi).
Toutefois, le drame syrien rappelle que la non-intervention aussi a un coût, non seulement sur la population civile mais également sur la région : les intérêts européens n’auraient pas été épargnés par des années de guerre civile libyenne même avec Kadhafi au pouvoir.
7/ La conclusion d’Araud ("en politique étrangère, il n’y a jamais de ‘bonne’ ou de ‘mauvaise’ décision") est très juste et a des accents aroniens (Le Spectateur engagé, p. 405).
8/ Dans le même esprit, j’avais moi-même dénoncé "dix mythes" sur l’intervention en Libye, dont celui de la fausse causalité entre les troubles actuels et l’intervention de 2011
