Thread by @JulieOudet

#Vaccination J’entends ça et là des questions sur le « miracle toulousain » vaccinodromique ; voire que d’autres se contentent d’imaginer une recette mais sans les grands principes qui en font le succès.
Alors #SyndromePostGarde oblige, a thread ⬇️.

Comment font les mangeurs de chocolatine que sont les étudiants de Toulouse, les secouristes, les professionnels du @CHUdeToulouse & le @sdis31officiel pour envoyer du bois vaccinal dans la joie et la bonne humeur ?
C’est plutôt simple.

1) Ils mettent leurs égos de côté, en gardant toujours en ligne de mire l’intérêt des patients, nos concitoyens.
#OhWait #ChocolatinePowa

2) Ils se parlent et se respectent. Tous. Mutuellement.
#AttentionCetteCascadeEstRéaliséeParDesProfessionnels
Et oui, les points 1) et 2) témoignent du même horrible travers, et je préfère prévenir, c’est aussi le cas du point 3).

3) Ils ne partent pas du principe qu’ils ont la science infuse.
Donc les pros (dont je suis, #BiberonnéeÀLaMédecineDeCatastrophe) anticipent, pensent, organisent.
Et écoutent.
Écoutent leurs partenaires, écoutent les patients, écoutent le réel.
Et s’adaptent. Améliorent.

Ça paraît évident, ces 3 points ? Force est de constater que ce qui nous paraît évident, à toute l’énorme team pompiero-hospitalo-secouristo-estudiantine, ici, n’est que méprisé chez tant d’autres.
D’ailleurs nous essuyons le mépris de tout ceux qui nous croient idiots.

Mais comment ? Des blancs et des rouges qui se parlent, sans chercher à s’imposer les uns sur les autres ? Bah oui, ça fait rose. Et ici c’est la couleur de la ville.
Respecter des associatifs ? What ?
Pire : respecter des étudiants ? Mais vous n’y pensez pas.

Ça sert à rien de nous envoyer aux uns et aux autres de longs messages plus ou moins officiels pour connaître notre expérience bla-bla-bla, si l’idée de vous respecter les uns les autres vous fait vomir. Vraiment. « Notre » recette ne prendra pas sans cet élément fondamental.

Twitter je vais te montrer une image choquante. Âmes sensibles s’abstenir. C’est un dessin. Réalisé par une de mes pioupious d’amour.

Pire encore. J’ai des photos. Regarde. Ils bossent ensemble.
Guess what, quand on rame tous dans le même sens, la galère avance vachement mieux.

Tu vois, on est même tellement des gueudins qu’en plus de faire en sorte de former tout le personnel, et de se mélanger entre professionnels aguerris, on mélange même nos recrues. Ici un néo-pompier se forme auprès d’un pioupiou expérimenté, ça aurait pu être l’inverse.

Au delà du syndrome post garde, tu sais pourquoi je me fends de ce qui pourrait passer pour de la mièvre bisounourserie ?
Parce que c’est vrai.
Ça fonctionne de ouf.
Et c’est beau.

Et parce qu’il est malheureux de voir que « s’inspirent » de ce que nous faisons des choses qui sont à hurler.
Je vais parler par exemple de ce qui relève de l’intégration des étudiants dans un tel fonctionnement, puisque c’est le point dont je suis la grande prêtresse.

[mais d’abord interlude because Morfalette going au dodo]

[Tiens j’y pense à cause du hérisson & des cloportes (oui c’était un livre d’histoire animalier) que le 1er qui se ramène dans mes mentions avec une interprétation partisane voulant servir ses préjugés ou intérêts corporatistes devrait se méfier et lire ma bio et avant de jouer]

Les pioupious.
Qui sont ils, quels sont leurs réseaux ?

Ce sont des étudiants. Toutes filières. Volontaires. Formés. Encadrés. Dont les compétences sont mises en valeur. Les choix respectés. Payés. Dont la priorité doit rester leurs études.
Bref ils sont considérés.

Nous recrutons des étudiants suffisamment nombreux pour que leurs absences n’aient pas de limite.
Si ceux-ci doivent réviser 3 semaines puis avoir 1 semaine d’exams, et ben vous savez quoi ? OSEF. Ou plutôt OSEF pas, on pense fort à eux en espérant qu’ils réussissent au mieux.

Ils sont volontaires. Ce qu’ils font est juste incroyable.
Le reste c’est juste la base du respect que nous leur devons.
Les former. Les encadrer. Les payer. Respecter leur liberté.

Esclavagistes passez votre chemin.

Il est des endroits où les étudiants en santé sont enrôlés de force sur leurs temps de stage pour remplir des missions qui n’ont rien de pédagogique.
Venez pas pleurer dans 10 ans sur « gnagnagna les jeunes pro de santé savent plus rien, y’a plus de saisons ma brav’dame. »

Le pire (oui le post-garde ça me désinhibe, j’en profite sciemment) c’est quand ce genre de comportements vient de nos rangs d’urgentistes.
Sérieux les gars c’est quoi que vous avez pas compris dans le dogme de médecine de catastrophe comme quoi il faut « ménager sa monture » ?

Ici nous sommes conscients que les pro de santé, les secouristes, les pompiers... sont merveilleux mais pas inépuisables, et qu’ils sont aussi nécessaires ailleurs.
Et que les étudiants... étudient.
Les prendre pour des larbins : NOT ON MY WATCH.

Et ils sont libres. Le possessif « mes » pioupious signifie que quiconque les regarde de travers ferait mieux de rapidement passer un angioscan aortique.
Parce que je les aime, pour les côtoyer et voir à quel point ils sont fabuleux.
Mais ils ne m’appartiennent pas.

Tsé quoi ? En plus de parler aux pompiers, aux secouristes et aux étudiants, on parle même aux médecins libéraux.
Si certains veulent en recruter dans des centres de vaccination, on se cale et je les forme. Je suis pas à 500 ou 600 près.
#TousDansLaMêmeGalère

Aux conditions évidentes qu’ils soient libres donc volontaires, respectés, encadrés et payés ; bref comme chez nous. Et qu’après tout ça on fasse une grosse teuf, aussi. #LesPrioritays

Faut-il des miracles d’imagination pour comprendre qu’un immense centre n’a pas seulement besoin de gens qui piquent ? Non.
C’est de la médecine de catastrophe.
C’est du pragmatisme.
C’est prendre en considération les compétences de chacun.
#GrosMots

Nos recrues étudiantes émanent d’une trentaine de filières différentes.
Pharma, lettres modernes, astrophysique, commerce, biologie, musicologie, maths, histoire, médecine, économie, informatique, architecture, etc etc etc.
C’est une richesse inouïe.

Ils font quoi ?
Ils accueillent. Accompagnent. Traduisent. Dispatchent. Préparent les doses. Les acheminent. Font la paperasse sur les ordis ou veillent au bon fonctionnement permanent de ces derniers. Assurent la surveillance post vaccinale. Gèrent la logique. Leur planning.

Assurent la transmission des infos (changement des recos, modif dans un logiciel, etc) entre eux et avec tous nos partenaires. Dès lors qu’identifiés pour leurs capacités à le faire, supervisent une de ces tâches ou une des nombreuses que je n’ai pas cité.

Assurent la formation pratique. Pointent les présences aux amphis dans lesquels les nouveaux reçoivent la formation théorique commune « socle » que j’assure. Font une veille scientifique et des recommandations. Calculent les doses à préparer en ajustant continuellement, au top.

Veillent comme moi au moral des uns et des autres, par une écoute, une disponibilité, mais aussi des animations pour joindre le fun avec la nécessaire mise à jour des connaissances de chacun. [D’ailleurs on monte « le jeu des 1000 schokobons »,donc ceci est un appel au dons miam]

Parmi les étudiants, certains ont déjà une expérience et une vision globale qui leur vaut une place dans l’équipe de supervision, avec le chef de centre du @sdis31officiel & le médecin senior du SAMU, qui savent trouver en eux ce qu’ils ont d’extrêmement précieux.

Vous savez ce que font, tous les jours, ces piliers de supervision, en direct lien avec les architectes du centre (dont j’ai l’honneur d’être) ?
Tous les jours. Ils observent, analysent, écoutent, et notent ce qu’il faudrait améliorer. Et mettent en œuvre de telles évolutions.

Tous. Les. Jours.
Ensemble.

Comme tous les jours, le référent étudiant de cette équipe a eu de bonnes idées (ils sont fatigants ces jeunes, avec leurs cerveaux rapides).
En a parlé avec le chef de centre du SDIS, le médecin superviseur, mon chef de service, et m’a appelé.

Et c’est comme ça qu’on avance. Hier c’était en discutant avec les pompiers qu’a émergé une modif à faire. Un détail pour vous, mais pour nous un point d’amélioration. Une autre fois c’était parce qu’un étudiant avait remarqué un micro point qui a permis une idée lumineuse.

Alors oui, je suis pas peu fière, dans cette immonde galère qu’est le covid, de faire partie de l’aventure humaine extraordinaire qu’est le vaccinodrome toulousain.
Parce qu’on avance ensemble, en cherchant à faire toujours mieux que la veille. #LUnionFaitLaForce