Thread by @fondation_me

#22mé #Sonjé
La Martinique fête en ce jour l’abolition. Mais cette fête est aussi un jour de lutte autour du sens à donner à cette journée. Le 22/05/1971, il y a 50 ans aujourd’hui, Aimé Césaire apportait sa réponse à cette question. Par un discours, et par une statue THREAD 1/13

En 1971, Aimé Césaire est maire de Fort de France. Et le 22 mai de cette année-là, il est à Trénelle, un quartier populaire de la ville, pour inaugurer une "place du 22 mai" en souvenir du soulèvement de 1848 qui a permis d’anticiper l’abolition 2/13

https://twitter.com/fondation_me/status/1263818040157896704

Le 22 mai n’est pas dans le calendrier officiel. En Martinique, après la 2ème GM, on fêtait le 21 juillet, date de naissance de Schoelcher. Contre le culte schoelcheriste, mais sans renier Schoelcher, Césaire préférait marquer le 27 avril, date du décret d’abolition de 1848. 3/13

Le 22 mai était porté par les communistes martiniquais. Les querelles de dates autour de la mémoire de l’esclavage ne date pas d’aujourd’hui.
Ce texte permet de resituer le contexte des années 1960 en Martinique sur ces questions👇 4/13
touscreoles.fr/wp-content/upl…

En choisissant en 1971 d’investir à son tour le 22 mai, Césaire fait le choix d’une affirmation de soi, comme il l’avait fait en 1956 en rompant avec Thorez sur ce mot d’ordre : « L’heure de nous-mêmes a sonné » 5/13
humanite.fr/node/488777

Dans son discours, qu’il faut lire en entier👇👇(comme sa lettre à Thorez), il dit que célébrer le 22 mai, c’est "légitimer l’entrée en scène de nos ancêtres, une scène sur laquelle ils n’avaient pas été invités, en mai 1848". 6/13
aime-cesaire.blogspot.com/2011/05/discou…

Il ne dit pas que cela. Il ne fait pas que cela. Il inaugure aussi une statue, réalisée en fer forgé par l’artiste Kho Kho René-Corail, « Martiniquais, souviens-toi ». Artiste militant, Kho Kho René-Corail revendique son art comme politique. 7/13
reseau-canope.fr/art-des-caraib…

Dans son discours, Césaire compare la statue de Kho Kho René-Corail avec celle de Victor Schoelcher qui trône devant le Palais de Justice de Fort-de-France – c’est la statue qui a été détruite l’année dernière. 8/13
reseau-canope.fr/art-des-caraib…

Il compare les deux œuvres, leur contexte, leur message, la vision qu’elle donne de l’émancipation. La sienne est celle d’"une liberté non pas octroyée mais arrachée de haute Lutte ; [d’]une émancipation non pas concédée mais conquise". 9/13

Mais il ne condamne pas Schoelcher, il l’arrache au contraire au "schoelcherisme officiel". Ce Schoelcher-là, dit-il, " n’est pas le nôtre et je dois à la vérité de dire qu’il n’a avec le vrai Schœlcher qu’un rapport très lointain". 10/13

Il termine en rappelant les 3 rues qui mènent à la place du 22 mai : la rue Jean-Jacques Rousseau (le penseur révolutionnaire), le Boulevard Patrice Lumumba (le leader anticolonialiste), et la rue Gérard Nouvet (lycéen de 18 ans tué par la police en 1971 à Fort-de-France) 11/13

A propos de Gérard Nouvet, auquel @PCHAMOISEAU a consacré un texte en 1975 12/13
cases-rebelles.org/gerard-nouvet-…

Dates, statues, Schoelcher, noms de rue, mémoire de l’esclavage, de l’abolition, des luttes, celles d’hier et celles d’aujourd’hui : c’était il y a 50 ans, c’est maintenant. La pensée d’Aimé Césaire est toujours une pensée vivante. Fin du Thread ! 13/13